J'adore Sauguet! J'ai chanté une de ses mélodies, une merveille. J'ai aussi un cd de pièces pour piano, charmantes.
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J'adore Sauguet! J'ai chanté une de ses mélodies, une merveille. J'ai aussi un cd de pièces pour piano, charmantes.
Je souscris à toutes les recommandations ci-dessus, y compris à la réévaluation de Sauguet. Il ne faudrait pas réduire ce dernier à un mélodiste charmant mais facile, ses symphonies (merci au regretté A. de Almeida) témoignent d'une inspiration vigoureuse et forte.
Le problème avec les compositeurs peu représentés au disque ou au concert, c'est qu'ils sont tout de même mentionnés dans les histoires de la musique, généralement sous la forme d'un jugement expéditif en quelques lignes.
L'incuriosité se voit donc alimenter par le manque d'information, et ainsi de suite.
Les compositeurs français, pas plus que les autres, n'échappent à cette triste règle.
Dans le genre, j'ai sur mes étagères l'histoire de la musique parue il y a bien des années dans la Bibliothèque de la Pléiade. A l'époque on n'oubliait pas les compositeurs français de la fin du XIXe, mais la page consacrée aux écoles nationales expédiait Sibelius, auteur d'un concerto pour violon et de symphonies. Le livre ne me semblait pas pourtant d'inspiration leibowitzienne!
Cela dit c'était pareil pour les autres domaines : Caravage est ignoré des voyages en Italie au XIXe, et je crois encore après la guerre, même quand on décrit en détail des églises qui abritent quelques-uns de ses chefs-d'oeuvre.
Bonjour.
Roger Desormière s'étant beaucoup intéressé au cinéma, il est possible d'entendre ses arrangements ou ses compositions dans divers films. La liste que voici : http://akas.imdb.com/name/nm0246387 me semble honnête, même s'il ne doit pas tout y avoir. Notons que le distingo entre "conductor" et "musical director" tient à ce que le second est responsable non seulement de la direction d'orchestre mais aussi du choix et de l'arrangement des musiques non spécifiquement composées pour le film. Ainsi, pour "La règle du jeu" il doit avoir aidé Renoir à choisir les morceaux de Mozart et de Monsigny (qui c'est, çui-là?) que l'on entend.
Pour le manque de curiosité sur les compositeurs peu connus, je suis assez d'accord avec Gustave. Mais étant un garçon positif (oui, je suis un garçon :D), je me dis ceci: il y a trente ans, il n'existait aucune intégrale des symphonies de Martinu ou de Sauguet (très belles, effectivement) guère d'opéras de Vivaldi, pas grand chose de Schulhoff, nib de Joseph Martin Kraus, et certainement aucune intégrale de l'œuvre pour harmonium de César Franck ou de Siegfried Karg-Elert, toutes choses qui ont atteint les catalogues depuis. Je crois que nous vivons dans l'époque où la musique est le mieux documentée depuis les débuts de l'histoire. Donc je serais ravi d'entendre du Cliquet-Pleyel, et je ne doute pas que ça arrivera bien un jour - sauf si la dématérialisation de la musique change du tout au tout la façon dont les choses se conçoivent.
:coucou:
Le problème n'est pas tant dans le manque de curiosité à l'égard de ceux qui ne sont qu'un nom dans les histoires de la musique, que du réflexe (dont nul n'est totalement exempt, à mon avis) qui prête impitoyablement un talent mineur aux compositeurs qui n'y occupent pas des chapitres entiers.
Pour ma part, je préfère ne pas avoir du tout entendu parler d'un compositeur que de m'être fait une vague idée sur son art en lisant son nom dans une liste de prétendus "épigones".
Le disque est donc plus que jamais irremplaçable. La mode des intégrales ne correspond pas seulement à une démarche "marketing", mais obéit à un désir de connaissance hautement louable.
Je me réjouis de lire sur ce même forum des contributions encyclopédiques et systématiques (courage à Couack pour les quelques opus qui lui restent à commenter!) et des incitations à la découverte de musiciens plus rares. Les deux démarches se complètent et se nourrissent réciproquement.
Je partage assez largement ces choix.
Liszt, c'est absolument énorme, et ça tellement plus de tenue que la musique de ses collègues pianistes, qui nous servent de la pleurnicherie geignarde et de la colère grandiloquente à grandes louches. J'ai une aversion radicale pour le piano romantique et toute cette musique d'adolescents, mais Liszt m'éblouit.
Roussel, R-K : génial.
Boccherini : si je ne comprends pas pourquoi on réhabiliterait des gens comme Hummel ou Clementi, qui ont écrit des choses il est vrai très jolies, mais pas du tout originales ni personnelles. Boccherini c'est autre chose.
Quand on évoque la musique baroque, ce sont toujours 3 noms qui reviennent en premier, comme les 3 Mousquetaires : Bach, Vivaldi et Haendel. Je n'ai rien contre l'idée, mais il me semble que Couperin mériterait sa place à leur côté, bien que n'étant pas Gascon.
J'ai longtemps cru que Tournemire était sous-évalué : en écoutant ses symphonies, je me suis dit que finalement il était bien là où il est. Lekeu, je n'en ferai pas non plus un fromage. J'avoue en revanche avoir été récemment assez impressionné par Roger-Ducasse.
Couperin ne me semble pas réellement sous-évalué, si? On le cite sans doute un peu moins que les trois autres, je ne suis pas sûr d'ailleurs que tout le monde mette les trois autres sur un pied d'égalité, mais Couperin (et Rameau aussi, d'ailleurs) sont beaucoup enregistrés, et pas mal joués (plus Rameau grâce aux opéras, il est vrai). On peut même entendre régulièrement MA Charpentier, et là je vote pour!
Google Test :
- Bach 112 millions (fils compris)
- Handel 142 millions
- Vivaldi 19 milions
- Couperin 1,5 million (frères compris)
En général Bach est surévalué par rapport aux 2 autres parce qu'il fait plus intello et que ça fait plus chic aux réceptions de l'ambassadeur.
Rameau c'est magnifique, mais je ne le mettrais pas à la hauteur de Couperin, même si je crois qu'on parle trop peu de lui. Charpentier encore moins, question d'appréciation sans doute.
Edifiant, en effet... manifestement Haendel est grossièrement surévalué :mad:, et il n'a même pas de fils ni d'oncles... :siffle:
je mets pour ma part Charpentier :love:au-dessus de tous les autres sauf Bach, et pourtant je ne suis que très rarement reçu chez l'ambassadeur :(!
Bonjour.
Le surprenant du test Gogol est la première place de Handel, malgré les soucis de graphie (Händel? Haendel?) alors qu'il n'a pas de nombreuse famille pour l'aider. Le fait que Mozart et Beethoven soient bien en-dessous de lui comme de Bach est également une manière de surprise... Il va peut-être falloir que je me résolve à en écouter :peur:
non, non, ne fais pas ça, vraiment ; tu n'es pas obligé ; on apprécie ton dévouement, mais non... vraiment... la situation est grave, mais pas désespérée!
Je ne suis pas germaniste, mais cela peut-il avoir un rapport avec le fait que "handel" signifie "commerce" ? C'est en tous cas le mot chez les Scandinaves, et je soupçonne que c'est plus ou moins le même en allemand et en néerlandais.
Dans un autre sens, "bach" doit signifier quelque chose comme "rivière" si j'ai bonne mémoire.
Vivaldi par contre ne signifie rien, ça doit le pénaliser, car avec les 4 saisons il aurait dû faire un hit aussi grand que Haendel avec la Sarabande ou Bach avec la Toccata.
Test Google rectifié :
"J.S Bach" : 8,1 M
"G.F Handel/Haendel" : 1, 4 M
"Antonio Vivaldi" : 0,7 M
"F. Couperin" : 0,2 M
Voilà qui va faire plaisir à Lebewohl.
La peste soit de ces noms propres qui sont aussi communs. Une recherche Google sur Chausson donne en premier résultat ce lien
http://www.chausson-materiaux.fr
Mais c'est finalement assez logique: sauf erreur de ma part, Ernest Chausson était bien de cette famille, et la carrosserie était à l'origine de sa fortune.
J'aime bien, moi aussi, Jean Roger-Ducasse (1873-1954), dont Emile Vuillermoz disait : "Il possède une gourmandise un peu spéciale de l'impopularité".
Voici d'abord quelques propos sur (ou adressés à) Roger-Ducasse par notre "sacré Claude" (;)) :
1/ dans une lettre à Jacques Durand du 26.01.1909 :
"(...) J'ai entendu les Variations plaisantes sur un thème grave de Roger-Ducasse. C'est plein de qualités - encore un peu contradictoires - et ça dérange l'univers quelquefois pour une simple cymbale. Enfin, c'est propre et bien écrit. (...)"
2/ dans une autre lettre à Jacques Durand du 08.03.1911 :
"(...) Le Quatuor de R.-Ducasse est rempli de choses charmantes. Mais Seigneur ! que c'est difficile... (...)"
3/ lettre à Roger-Ducasse du 27.06.1913 (ce dernier avait envoyé du vin à C. D.) :
"Mon cher Roger,
Ebouli par votre envoi.
Respectueux des usages réservés aux grands vins, en ce moment... «Il repose.»
- Parlez plus bas !
- N'éveillez pas le vin qui dort !
Je ne croyais pas que vous prendriez au sérieux ce que je considérais comme une plaisanterie (facile).
Soyez remercié et croyez à l'amitié de votre
Claude Debussy"
4/ autre lettre à Roger-Ducasse du 09.05.1917 (le destinataire avait été absent lors d'un concert donné la veille à la S.M.I.) :
"Cher ami,
Vous savez déjà que vos deux Etudes ont eu un succès qu'il faut qualifier sans crainte de considérable, surtout l'étude en notes répétées qui fut bissée.
Pour mon humble part, j'ai rarement entendu un si fulgurant agencement de sonorités - je ne vous servirai pas la facile image de «feu d'artifice»... et pourtant ?
Les doigts de Madame M. Long semblaient s'être multipliés, et vous lui devez un «bis» enthousiaste.
Votre vieil ami bien content
Claude Debussy"
Je signale ensuite qu'on peut découvrir, sur les deux albums ci-dessous (tirés de la précieuse et déja ancienne collection "Patrimoine" chez Naxos), près de deux heures de musique symphonique composée par Roger-Ducasse :
http://nsm05.casimages.com/img/2011/...7117996310.jpg http://nsm05.casimages.com/img/2011/...7117996311.jpg
Enfin, à propos du compositeur, on peut lire la présentation suivante, par Solvejg Pollet, qui figure dans la brochure jointe au premier album :
"Roger-Ducasse est né à Bordeaux le 18 avril 1873 et mort au Taillan le 19 juillet 1954. Issu d'un milieu peu intéressé par le domaine musical, il découvre tardivement son attirance et son grand talent pour la composition. En 1892, il décide de se rendre à Paris, afin d'approfondir ses connaissances. Sa première composition, Hymne Blanc (une mélodie), date de 1895. Une Sonate pour violon et piano, composée en 1896 (dont le manuscrit a malheureusement disparu), lui permit de rencontrer Gabriel Fauré. Roger-Ducasse sollicita effectivement l'avis du maître sur cette pièce. Il entre alors au Conservatoire de Paris dans la classe de composition de Fauré en 1896 et travaille également la fugue et le contrepoint auprès d'André Gédalge à partir de 1898.
Fauré lui permet par la suite de le remplacer comme professeur à son cours du conservatoire et lui confie la réduction au piano de la partition de son Requiem (1900) et la réduction de la partition à quatre mains de la Suite de Pelléas et Mélisande (1901). En 1902, après deux essais malheureux (en mai 1900 et 1901), Roger-Ducasse se voit décerner le Second Prix de Rome pour sa cantate Alcyone, écrite sur un poème de messieurs Eugène et Edouard Adenis. En 1909, il est nommé Inspecteur Général de l'enseignement du chant dans les écoles de la ville de Paris et, en 1935, succède à Paul Dukas comme professeur de composition au Conservatoire.
Le début de la carrière de ce compositeur est très fortement empreint de l'esprit de Fauré, on peut même parler de fascination de Roger-Ducasse pour son maître. Des œuvres datant de 1897, comme les Deux Rondels de Villon, la Petite Suite, les Pièces d'Eau, certains fragments du Quatuor avec piano (l'Andante et le second thème du premier mouvement, 1899), le Noël des Roses (1903), la Barcarolle (1906), sont toutes baignées de l'atmosphère fauréenne. Suit alors une période de tâtonnements, de recherche, où le compositeur se libère de l'héritage du maître. Il écoute alors le génie de Debussy, et cela lui permet de mettre directement en œuvre «l'écriture sonore». Il fait ainsi preuve d'une grande originalité et son écriture devient plus touffue, plus complexe, mais aussi plus libre, plus originale, plus fantaisiste. Cette période vit naître des pièces comme les Variations Plaisantes de 1907, le Premier Quatuor à cordes et la Pastorale pour orgue (partie centrale), toutes deux de 1909, et quelques Études pour piano. Véritable révélation sur le plan de l'écriture bien sûr, mais aussi pour le public parisien, la Suite Française de 1907 le rend célèbre. Roger-Ducasse trouve enfin son langage. Il écrit alors le Joli Jeu de Furet (1909), le Prélude d'un Ballet (1910), la Sarabande (1910), l'Ave Regina (1911), les Trois Motets (1911), le Quatuor avec piano (terminé en 1912) et Orphée (1913), qui sont des œuvres où le compositeur, tout en continuant à chercher un mode d'expression qui lui est propre, exprime l'essence de son art, abordé dans la Suite française.
Roger-Ducasse se montre inventif et novateur : dans ses œuvres, l'ingénuosité abonde. Il mêle l'héritage de Schumann, de Fauré, de Saint-Saëns et de Debussy à ses idées novatrices. Jouant à l'extrême des particularités propres à la musique française, Roger-Ducasse est un orfèvre, un technicien subtil. Son écriture contrapuntique est étonnante, imaginative, éprise de nouveauté. Mais Roger-Ducasse est également un compositeur qui aime les rythmes, qui les oppose et joue sur les multiples possibilités de combinaisons. Audacieuses, ces pièces n'en sont pas moins limpides car fondées sur une structure solide et précise. Sa musique est intime, fine et élégante toute en délicatesse.
Il meurt le 19 juillet 1954 dans sa maison des champs, au Taillan, laissant plus de quatre-vingts œuvres parmi lesquelles des pièces de musique instrumentale : pour piano, Six Préludes, Études, Esquisses, Arabesques et un Quatuor avec piano; deux Quatuors à cordes dont le deuxième, créé au Festival de Bordeaux en 1953, représente le testament musical de Roger-Ducasse. Des pièces symphoniques : Suite française, 1909, Marche française, 1914, Nocturne de Printemps, 1920, Épithalame, 1923, Nocturne d'Hiver, 1931. Des œuvres de musique vocale : des chœurs, des motets avec orgue, des poèmes symphoniques avec chœurs : Au Jardin de Marguerite, 1901/1905, Sarabande, 1910, Ulysse et les Sirènes, 1937 (triptyque pour chœur et orchestre). De la musique de théâtre : Orphée, 1913 (mimodrame lyrique monté à l'Opéra de Paris avec Ida Rubinstein en 1926), Cantegril, comédie lyrique représentée à l'Opéra Comique en 1931. Des ouvrages pédagogiques : École de la Dictée, Paris, Durand, 1910/1937 et Solfèges, Paris, Durand, 1933 et Lemoine, 1907/1937, ainsi que des orchestrations de pièces de Fauré et de Debussy."
Jacques :coucou:
Sur YouTube, les vidéos permettant d'entendre des pièces de Roger-Ducasse ne sont pas vraiment remarquables. Mais il y en a, ce qui déjà n'est pas si mal :).
En voici deux, d'abord un extrait de la Petite Suite de 1900 pour orchestre (où l'influence de Fauré, notamment, se fait encore nettement sentir), puis un bref Prélude pour piano de 1913 (l'instrument, ici, est hélas excessivement réverbéré) :
YouTube - Jean Roger-Ducasse : Petite suite, pour orchestre (1900)[/URL]
YouTube - Roger Ducasse_Prelude.wmv[/URL]
Jacques