Ceci pourrait figurer dans la rubrique "Compositeurs" (je déplacerai le cas échéant) mais coup sur coup je découvre cette critique d'un album récent de Lachenmann :
http://classiqueinfo-disque.com/spip...php?article895
et cet album :
http://www.mqcd-musique-classique.co...&pictureid=263
qui est en fait un double album mais je n'ai encore écouté (3 fois :bebe:) que le premier des deux CDs - et comme ça faisait longtemps qu'on n'avait plus parlé de Lachenmann ...
Au programme : Salut für Caudwell, pour deux guitaristes, et Les Consolations, pour cordes et orchestre. Je suis à 100% d'accord avec ces deux phrases tirées de l'article de Gilles : Finalement Lachenmann poursuit le travail de Nono, mais il faut admettre qu’il le pousse très loin dans l’esprit du raffinement et de la beauté sonore. (...) Contrairement à beaucoup d’autres « compositeurs du son », Lachenmann compose des œuvres très cohérentes sur la longueur et : Difficile de ne pas aimer Lachenmann, puisque c’est tout simplement beau, y compris dans l’étrangeté ou l’âpreté car elles s'appliquent tout à fait (me semble-t-il) à Salut für Caudwell et aux Consolations. J'ai l'impression en écoutant ces deux oeuvres de mieux comprendre le cheminement ethétique du compositeur (même si comme je le crains je vais encore avoir un mal de chien à en parler ... :rose:) : une création d'une totale (?) inventivité, donc une musique et un langage qui restent a priori "difficiles" mais qui me semblent de plus en plus "accessibles" ! évidemment on n'atteint pas les sommet de La Petite fille aux allumettes - qui restera peut-être comme le plus grand chef d'oeuvre de L. avec Gran Torso - mais on n'en est pas loin. Je suis toujours aussi incapable qu'auparavant de comparer l'écriture de L. avec ce que les interprètes en produisent, mais il me semble que j'en "pressens" le sens, dans les Consolations notamment, sans pour autant parvenir à l'expliciter. En tout cas, le simple auditeur que je suis confirme cette impression de beauté dont il est question dans l'article, même si cette beauté est largement liée à l'impression d'un univers sonore inédit.
Salut für Caudwell quant à lui est directement inspiré du message de Christopher Caudwell, membre du 16e bataillon des Brigades internationales durant la Guerre d'Espagne, écrivain et poète, tué en 1937 alors qu'il combattait auprès de ceux qui s'opposaient au régime de Franco.
L'étrangeté de cette oeuvre est à la mesure de ce qu'on connaît déjà du compositeur : les sonorités de la guitare sont utilisées de manière inusitée, triturées, interrompues par les interventions parlées des interprètes.
L'intention politique est présente et directement inspirée de la pensée de Caudwell. Elle exprime ainsi (extrait du livret) ce refus adressé à ceux qui une nouvelle fois, déprécient la notion ainsi politisée de liberté et d'art, en lui imposant le carcan des doctrines idéologiques, qui se sont largement révélées n'être que de simples prétextes à de nouvelles formes d'oppression.
Votre liberté est incomplète parce qu'elle n'est enracinée que dans une partie de la société.
Toute conscience porte l'empreinte de la société. Mais comme vous n'en savez rien, vous vous imaginez libres.
Cette illusion que vous arborez fièrement est la marque de votre esclavage.
Vous espérez isoler la pensée de la vie afin de conserver une part de liberté humaine. Mais la liberté n'est pas une substance à préserver, elle est une force engendrée par le conflit actif avec les problèmes concrets de la vie.
Il n'y a pas d'univers artistique neutre.
Il vous faut choisir entre l'art qui n'est pas conscient de lui-même, qui n'est pas libre ni vrai, et celui qui connaît ses conditions et les exprime.
Nous ne cesseront pas de critiquer le contenu bourgeois de votre art.
Nous vous demandons simplement d'accorder la vie et l'art et l'art et la vie. Nous exigeons que vous viviez véritablement dans un monde nouveau, sans laisser traîner votre âme dans le passé.
Vous restez brisés et fendus tant que vous ne pouvez vous empêcher de mélanger mécaniquement les catégories usées de l'art bourgeois, ou de reprendre mécaniquement les catégories d'autres domaines prolétaires. Vous devez suivre le chemin ardu de la création, façonner à nouveau les lois et la technique de votre art, afin qu'il exprime le monde qui se crée et devienne une part de sa réalisation.
Alors, nous dirons ...