Erwin Schulhoff (1894-1942)
Bonjour à toutes et à tous,
Nous avons quelquefois parlé de Erwin Schulhoff au cours de diverses dicussions (8ème Symphonie, Musique de Jazz, etc...)
Il m'a semblé qu'il était utile d'ouvrir un fil sur ce compositeur à part, mort dans un camp de concentration en Bavière. Je n'inclus pas de biographie car on peût en trouver quelques éléments sur le Web.
J'avais parlé d'une traduction en anglais du livre de Josef Bek. L'éditeur m'a signalé qu'il attendait toujours le travail des traducteurs et qu'il ne fallait pas attendre une parution avant 2010. (Hélas!)
Je vais commencer par vous proposer un enregistrement inédit (non commercial) de l'opéra Flammen, tragicomédie musicale en deux actes sur un livret de Max Brod d’après Don Juan de Karel Josef Benes
Enregistré à Klangbogen Wien, 7 Août 2006 et au Theater an der Wien, le17 Août 2006.
Avec :
Orchester der Vereinigter Wien (Jazzband)
Arnold Schœnberg Chor, (chef de chœur : Erwin Ortner)
Radio-Symphonie-orchester Wien.
Bertrand de Billy, director
Raymond Very, Don Juan, Ténor Lyrique
Stephanie Friede, Soeur Margarethe / Donna Anna, Soprano
Iris Vermillion, La Morte, Mezzo
Markus Raab, Arlequín, Baryton
Karl-Michel Ebner, Pulcinella
Salvador Fernández-Castro, Commandeur, Basse
Karoline Kögl, Margarethe (Poupée) / Columbine
Andreas Jankowitsch, Pantalone
Armin Wolf, Récitant du prologue
Gabriela Bone, Nina Bernsteiner, Anna Peshes, Christa Ratzenböck, Hermine Haselböck, Elisabeth Wolfbauer, ombres, 3 sopranos et 3 contraltos
A écouter à travers mon compte S.M.
Le seul enregistrement commercial jusqu'alors disponible était la version parue chez Decca / London 444630-2 dans la serie "Entartete Musik" et dirigé par John Mauceri. Un superbe enregistrement qui surpasse à mon avis cette version live.
Ayant à peu près tout ce qui a été enregistré de Schulhoff, faites moi savoir ce que vous aimeriez écouter. D'ici quelques jours je mettrais le Manifeste du Parti Communiste (LP Supraphon, jamais réédité en CD)
Il y a déjà quelques oeuvres sur S.M. et vous pouvez consulter la discographie du compositeur ICI
Claude Torres
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
Bonjour Claude,
Je viens de passer rapidement sur votre site afin de ne pas dire trop de conneries ici. J'ai écouté il y a longtemps ( ça doit remonter à 10 ans peut être ) les symphonies dirigées par Valek chez Supraphon. Je n'en est pas gardé un souvenir impérissable, cependant je réécouterais bien!:siffle: Donc si vous pouviez en mettre quelque unes sur votre compte SM je serai très heureux!:)
thierry:coucou:
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
Citation:
Envoyé par
thierry h
Bonjour Claude,
Je viens de passer rapidement sur votre site afin de ne pas dire trop de conneries ici. J'ai écouté il y a longtemps ( ça doit remonter à 10 ans peut être ) les symphonies dirigées par Valek chez Supraphon. Je n'en est pas gardé un souvenir impérissable, cependant je réécouterais bien!:siffle: Donc si vous pouviez en mettre quelque unes sur votre compte SM je serai très heureux!:)
thierry:coucou:
Thierry,
Je mettrai les symphonies 2 et 5 par James Conlon et le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Capriccio 67080
Enr. 2-5 Dec. 2003 à Munich, Residenz, Herkulessaal
Je considère cet enregistrement comme très supérieur à celui de Valek (qui est le seul à avoir enregistré les 6 premières symphonies).
La 7ème (dite "Héroïque) reconstruite par Henning Brauel à partir de la partie piano restante n'a jamais été enregistrée ???
Nous avons déjà parlé de la 8ème que j'ai déjà vue sur S.M. (pas chez moi).
Claude
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
Citation:
Envoyé par
Claude Torres
Thierry,
Je mettrai les symphonies 2 et 5 par James Conlon et le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Capriccio 67080
Enr. 2-5 Dec. 2003 à Munich, Residenz, Herkulessaal
Je considère cet enregistrement comme très supérieur à celui de Valek (qui est le seul à avoir enregistré les 6 premières symphonies).
La 7ème (dite "Héroïque) reconstruite par Henning Brauel à partir de la partie piano restante n'a jamais été enregistrée ???
Nous avons déjà parlé de la 8ème que j'ai déjà vue sur S.M. (pas chez moi).
Claude
Merci!
( Je n'ai pas encore repéré cette 8ème symphonie sur S.M... ):rolleyes:
thierry
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
Citation:
Envoyé par
thierry h
Merci!
( Je n'ai pas encore repéré cette 8ème symphonie sur S.M... ):rolleyes:
thierry
Sur mon compte ;), mot clé KZ
Ph :coucou:
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
merci de faire écouter Flammen: cet opéra est à mon avis non seulement le chef d'oeuvre de Schulhoff mais l'un des quatre opéras majeurs du 20ème siècle, et on n'en trouve même plus de version disponible, le disque Mauceri apparaissant de temps en temps en occasion. Je ne connais pas la version Billy (on peut se faire une idée de la mise en scène associée car de nombreuses photos traînent encore sur le web) mais j'ai eu la chance de tomber sur une version dirigée par de Waart (un de ses derniers concerts je crois sinon le dernier) qui est absolument admirable, au moins pour la direction d'orchestre, et même supérieure à mon avis au studio de Mauceri.
J'encourage vivement tout le monde à écouter, d'autant plus qu'on peut assez facilement se passer du livret car Flammen est un opéra où l'on chante peu, et où les interludes purement instrumentaux sont nombreux et magnifiques. En fait je craindrais d'aligner les appréciations hyperboliques tant je trouve la partition sublime.
Afin de faciliter la compréhension de l'action je propose ci-dessous un synopsis. Après l'annulation de la création à Berlin, Flammen n'a connu qu'une seule représentation (en tchèque je crois) à Brno en 1932. Schulhoff a travaillé après cette date à un troisième acte qui s'ouvrait sur une scène d'orage achevée, et qu'on reprend en général avant la scène 7.
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
Flammen
Act1
Scène 1 : Nocturne
A l’ouverture du rideau, on se trouve dans une rue obscure où brillent les fenêtres éune maison aux fenêtres éclairées : trois ombres se détachent d’un chœur tenant fonction du chœur antique et commentent ce qu’elles voient : « Maison solitaire, lumière blanche tombant de la fenêtre, dans la nuit sombre… obscur endroit pour pêcher » Elles aperçoivent au loin un personnage en frac qui s’approche du carré de lumière sur le pavé. Ce personnage, dont on ne sait s’il souffre ou s’il rit, c’est Don Juan, que l’Obscurité à forcé à franchir à nouveau la frontière de la réalité : attachée à ses pas, une autre forme le surveille, comme son ombre, La Morte, servante et exécutrice du Trépas (la Mort en allemand est un mot masculin). L’homme en habit et haut de forme regarde les formes des nuages qui lui suggèrent des dessins obcènes, il se dirige, La Morte lui collant aux basques, vers la maison solitaire. On entend les cris d’extase de la femme qu’il vient de séduire.
Scène 2 : Le chant du Feu
Le chœur des Ombres commente ironiquement la passion de la femme qui s’est amourachée de Don Juan au point que sa passions la consume, et ravive sa flamme en retour. Dans leur imagination, con corps tout blanc est devenu un mannequin couleur rouge-sang.
Scène 3 La Messe de minuit
On se trouve à l’intérieur d’une cathédrale : Don Juan fait le vœu de se débarrasser de son désir : « assez de corps dans ma maison… » Mais voici qu’approche une nonne, et il change d’avis (aux cris de « Femme !..femme ») Quand il demande à la nonne de lui donner son âme, celle-ci le renverse et le jette à terre. Installée à l’orgue, La Morte commence à jouer un Gloria en signe d’avertissement, mais les notes de l’hymne religieux se noient dans un fox-trott endiablé.
Scène 4 : Chimère
Don Juan est au milieu d’une avenue sur laquelle errent des femmes nues, elles se dirigent vers le fond de la scène où elle tentent de gravir une montagne de femmes nues, dont seul le sommet est dans la lumière. Don Juan embrasse plusieurs des passantes avant de les rejeter l’une après l’autre : le chœur commente la pantomime poncutée par des « Déception ! » Don Juan voit au-dessus de lui La Morte qui l’observe. Désespéré, il recule de quelques pas dans l’ombre.
Scène 5 : La Galerie
Au milieu d’une glyptothèque, dans une galerie exclusivement meublée de nus masculins, Don Juan rencontre les statues grandeur nature de ses prédecesseurs, en cela qu’ils ont cherché le bonheur dans la satisfaction de leurs désirs. Derrière une des statues, La Morte, sans qu’il la voit cette fois, tend les mains vers lui dans un geste amoureux.
Scène 6 : Dialogue
Une femme (la nonne débarrassée de son costume) tire Don Juan de ses sombres pensers. La vision de la forme au loin d’une figure féminine baignée de lumière rouge réveille son désir. En la quittant, il lui crie, "tout est comme dans mon rêve."
Scène 7a : L’orage
Don Juan et Marguerite (de Faust) se tiennent au sommet de la falaise, ils s’embrassent. La Morte surgit, arrache Marguerite aux bras de Don Juan et la tue.
Scène 7 : Dialogue avec la mer
Don Juan est allongé auprès du corps de la morte. Il rêve qu’il meurt et tombe amoureux de La Morte : on la voit, silencieuse et brillante, entrer lentement dans la mer.
Acte II
Scène 8 : La nuit du Carnaval
Don Juan, en costume du 18ème siècle, danse un fox-trott avec Donna Anna, dans un décor de Commedia del Arte. Harlequin annonce la survenue d’une horrible scène nocturne, et, en effet, DonJuan poignarde le mari de Donna Anna, déguisé en statue du Commandeur, et qui, au moment où il est frappé, se transforme en une torche de lumière surnaturelle.
Don Juan se moque du mort et repousse Anna qui déclare : « Dans la vie-même Juan, tu es l’image de la Mort. J’appartiens à celui qui aime véritablement ». Elle expire dans les bras de son mari.
Scène 9 : Le Banquet
Don Juan tente de ranimer le cadavre de Donna Anna : apparaît une troupe de danceuses nues qui le distraient de sa tâche ; il se saisit brièvement de quelques unes mais la flamme du désir se retire de lui. Il dit à La Morte : « lumière de mon rêve ultime, je désire la constance, et t’être fidèle à jamais ». La Morte répond qu’il est plus proche d’elle vivant que mort. « Je t’aime trop pour parvenir à te détruire » dit-elle en le repoussant. Alors que le désir d’amour et de mort commencent à s’unir en Don Juan, apparaît une immense statue du Commandeur, qui le condamne à vivre éternellement. Don Juan se suicide, mais au lieu de mourir, il s’aperçoit qu’il est redevenu un jeune homme. Il s’écrit « Je suis condamné à demeurer jeune pour les siècles des siècles ».
Scene 10 Nocturne
Même scène qu’au début : La Morte et le chœur des Ombres suivent Don Juan dans une rue déserte où ne brille qu’une fenêtre. On entend les cris d’extase et d’agonie d’une nouvelle victime de l’amour.
La Morte, seule en scène demande avec rage: « Flammes de l’Amour et de la Mort, quand enfin vous rejoindrez-vous ? »
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
Citation:
Envoyé par
Fred Audin
le disque Mauceri apparaissant de temps en temps en occasion.
je viens de faire une recherche : l'occasion est hors de prix ces derniers temps, 110 € et 159 € sur les sites des amazones françaises et allemandes!!:sick:
thierry
ps : merci beaucoup pour le synopsis!
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
J'ai la version Mauceri, je peux la mettre sur mon répertoire si vous voulez. D'autant que ce fil me donne envie de l'écouter - car j'avoue à ma grande honte que j'ai accumulé du Schulhoff sans en écouter. Très bonne idée ce synopsis !
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
Citation:
Envoyé par
thierry h
je viens de faire une recherche : l'occasion est hors de prix ces derniers temps, 110 € et 159 € sur les sites des amazones françaises et allemandes!!:sick:
thierry
ps : merci beaucoup pour le synopsis!
C'est dommage que l'enregistrement Mauceri ne soit plus disponible. La partie de ténor pour don Juan n'est pas évidente et Kurt Westi est très supérieur à R. Very. J'ai assisté à une des représentations du theater an der wien en 2006 et j'avoue être surprise quand je lis que cet ouvrage se situe au même niveau que Wozzeck. Cela me semble bien excessif. Théatralement, le livret de Berg fonctionne et l'unité du texte et de la musique est parfaite.
On ne peut pas en dire autant de Flammen. Malgré la très grande qualité du texte de Max Brod (le seul point fort de l'opéra à mon avis) il n'y a aucune action dramatique. Il y a juste un collage de plusieurs mythes (don juan, faust et un peu le hollandais volant)
C'est un témoignage intéressant de ce qui s'est fait dans l'opéra germanophone entre les deux guerres mais çà ne vaut pas wozzeck, ni un opéra comme la maison des morts de janacek qui, lui s'affranchit vraiment des conventions du 19ème siècle.
Je ne connais pas toutes les oeuvres de Schulhoff mais j'avoue que je ne prise guère celles où son esthétique est marquée par le réalisme socialiste. Son oeuvre qui m'interesse le plus c'est le ballet Ogelala.
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
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sophie
Je ne connais pas toutes les oeuvres de Schulhoff mais j'avoue que je ne prise guère celles où son esthétique est marquée par le réalisme socialiste. Son oeuvre qui m'interesse le plus c'est le ballet Ogelala.
Ce ballet été jouée par l'ONF et Conlon au TCE en mars dernier. J'ai entendu ce concert sur FM, c'était vraiment très chouette. J'ai écouté Flammen il y a quelques temps, et j'ai beaucoup aimé.:love:
Frédéric
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
oui, je m'en souviens. Flammen, il y a une production scénique actuellement à Kaiserslautern (les représentations durent jusqu'à fin juin)
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
Citation:
Envoyé par
sophie
oui, je m'en souviens. Flammen, il y a une production scénique actuellement à Kaiserslautern (les représentations durent jusqu'à fin juin)
Je croyais qu'on ne jouait qu'au football à Kaiserslautern ! :mdr:
Frédéric
PS : pas trop le temps au mois de juin !
Re : Erwin Schulhoff (1894-1942)
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Zimrilim
Ce ballet été jouée par l'ONF et Conlon au TCE en mars dernier. J'ai entendu ce concert sur FM, c'était vraiment très chouette. J'ai écouté Flammen il y a quelques temps, et j'ai beaucoup aimé.
Frédéric
Dans le cadre de son cycle "Recovered Voices", Flammen a été donné au
Dorothy Chandler Pavilion - Los Angeles, CA les 07 et 10 Mars 2007, par le
Los Angeles Opera Orchestra dirigé par James Conlon avec :
Tatiana Pavlovskaya, soprano
Anthony Dean Griffey, tenor
Rodrick Dixon, tenor
Donnie Ray Albert, baritone
Martin Gantner
Ce cycle prévu sur plusieurs années prévoit pour le moment "Die Tote Stadt" de Korngold et "Der Kaiser von Atlantis..." de Viktor Ullmann.
Conlon étant parmi les chefs qui se sont le plus interéssés à ces musiques dites "entartete" je serais curieux de l'entendre dans Flammen.
En attendant j'ai mis sur S.M. les symphonies 2 et 5 et la suite pour petit orchestre dirigées par le même Conlon avec le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks (C'est un CD Capriccio 67080) Enr. 2-5 Dec. 2003 à Munich, Residenz, Herkulessaal.
Claude Torres