L’œuvre de Glenn Gould exerce une force d’attraction qui astreint à un déplacement de l’écoute en détournant toutes les conventions, les habitudes, et pour certains, le bon sens même.
A l’occasion de la sortie de son dernier album, l’enregistrement d’une re-performance de la version des Variations Goldberg de 1955 par les studios Zenph, il peut être intéressant de redécouvrir l’œuvre de ce génie musical qui a marqué l’histoire tant par ses excentricités que par ses interprétations singulières. Véritable prouesse technique, cette version hybride des Variations Goldberg nous permet de réentendre l’interprétation remarquable de Gould avec les privilèges d’une sonorité moderne. Par un système complexe de numérisation, l’œuvre de Gould est rejouée sur un piano de concert Yamaha. Réplique parfaite du jeu gouldien, chaque hauteur et durée des notes, chaque respiration, jeu de pédales, liaison, vitesse de frappedes touches, juqu'à l'infime détail, est reproduit et perceptible à l'écoute. D'aucuns crieront au scandale et invoqueront les problèmes éthiques, mais c'est oublier que selon Gould, la musique consiste à disposer la possibilité des possibles, à penser à l'oeuvre. Plutôt qu d'y projeter une inauthenticité musicale avérée, il faudrait plutôt y voir un refus de l'accidentel permettant de s'emparer du fondamental de l'oeuvre .
L'oeuvre propose, l'homme dispose.
Eloïse Baudry