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Discussion: Othmar Schoeck

  1. #1
    Administrateur Avatar de Philippe
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    Othmar Schoeck

    C'est suite à ce post de Jacques que je m'étais promis d'ouvrir ce fil sur Othmar Schoeck (1886 - 1957), un compositeur que j'ai découvert au début des années 2000 grâce au bouquin de Hoffelé-Kaminski.

    Voici le commentaire de ces derniers sur Notturno, un cycle de 5 mouvements pour quatuor à cordes et une voix : Un cycle d'une puissance rare : qui dépasse l'univers du Lied comme celui du Quatuor et qui se présente plutôt comme une vaste symphonie en cinq sessions. Schoeck exploite ici tous les registres : la nostalgie, l'angoisse voire l'effroi, le pastoralisme et même un ton facétieux très germanique.

    Je possède cette interprétation :


    avec Niklaus Tüller et le Quatuor de Berne, mais DFD l'a également enregistré à deux reprises (Q. Juilliard et Q. Cherubini).

    Il s'agit là d'une composition très originale, une sorte de "quintette pour voix et cordes" où le chant tiendrait le rôle du piano, et dont on ne trouve guère d'équivalent si ce n'est peut-être dans des oeuvres comme la Chanson perpétuelle de Chausson ou le quatuor à cordes n°2 de Schoenberg mais dans un style très différent. Schoeck, que l'on peut voir ici :


    a en effet toujours adopté pour ses compositions un langage strictement tonal, mais d'une puissance et, il faut le signaler aussi, d'une noirceur rares. J'avoue n'avoir guère perçu le "ton facétieux très germanique" mais je ne suis sans doute pas suffisamment familier de la culture alémanique

    Les titres des cycles de lieder dont il est l'auteur, portent la marque d'une vision tragique de la vie : Unter Sternen (Sous les étoiles) ; Lebendig begraben (Enterré vivant).

    Lebendig begraben (DFD, Orchestre symphonique de la Radio de Berlin, Fritz Rieger) est un long cycle expressionniste au ton triste, amer et angoissé, que j'ai trouvé chez l'éditeur Clavès :


    (je n'ai pas pu scanner la pochette, je ne remets pas la main sur le CD )

    Quant à Under Sternen, un cycle de Lieder sur des textes de Keller, avec piano cette fois, DFD, qui a toujours défendu l'oeuvre Schoeck, l'a également enregistré.
    FD estimait que ce cycle portait à sa perfection un genre initié par Schubert, celui d'un récit dramatique, voire philosophique, narré par le chanteur (Hoff-Kam p.1244). La pochette de l'éditeur Clavès :


    Unter Sternen constitue sans doute le cycle le plus abouti de Schoeck ; inutile de dire que j'en recommande chaudement l'écoute - tout comme celle des deux autres que j'ai évoquées déjà, Notturno et Lebendig begraben. C'est de la musique splendide, puissante, mais de toute évidence, pas très joyeuse ...

    L'univers de Schoeck ne se limite évidemment pas aux Lieder ; il est aussi l'auteur d'un concerto pour violon très réussi, et de nombreuses autres pièces vocales dont plusieurs opéras - que je n'ai pas (encore ?) écoutés. En tout cas, c'est un compositeur passionnant, à découvrir si on ne le connaît pas cette présentation est d'ailleurs très sommaire j'espère qu'elle pourra être complétée par d'autres interventions d'autres forumistes plus connaisseurs que je ne le suis de l'univers de Schoeck, je sais qu'il y en a(vait ?)

  2. #2
    Administrateur Avatar de Philippe
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    PS.

    À noter aussi, la présence d'une oeuvre de Schoeck à l'écoute dans notre BM : http://www.mqcd-musique-classique.co...ead.php?t=5191

    C'est malheureusement la seule oeuvre libre de droits que nous avons pu trouver ... mais elle mérite le coup d'oreille

  3. #3
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    Merci beaucoup, Philippe .

    Pour les raisons que vous savez (je ne possède à ce jour qu'un CD consacré à Othmar Schoeck, encore que Penthésilée, ce soit "vraiment quelque chose", comme on dit ), je me borne en l'état à prendre note avec intérêt de tout ce que vous venez de signaler ().

    Mais il en résultera probablement pour moi, dans un proche avenir, l'achat de plusieurs autres disques ().

    Jacques

  4. #4
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    Progressant dans ma découverte de la musique de Schoeck, j'ai désormais un CD trouvé cet après-midi (et acheté pour pas cher) dans le vieux stock d'un disquaire local, ainsi que deux commandes en cours .

    Consacré à la musique de chambre et au piano, le CD qui complète déjà ma version de Penthésilée a été enregistré et diffusé en 1986 par "ex libris", un label qui ne produit plus de disques depuis longtemps. Les interprètes (suisses et peu connus mais qui me semblent bons) sont le violoniste Ulrich Lehmann et le pianiste Charles Dobler. Les oeuvres enregistrées sont : 1/ la Sonate pour violon et piano Op. 16 (composée en 1908, c'est celle qu'on peut entendre dans la BM du Forum); 2/ la Sonate pour violon et piano Op. 46 (composée en 1931, soit six ans après Penthésilée, elle est sensiblement plus "hardie" que l'autre); 3/ quatre pièces diverses pour piano, remontant aux années 1907 et 1919.

    Voici ce CD :





    Je montre également les deux albums commandés, le premier publié par "cpo", le second par "ECM" :



    La version (très récente) choisie pour Notturno est malheureusement sans complément, de sorte que le disque correspondant dure à peine 43 minutes. Mais j'ai été séduit par les deux commentaires enthousiastes ci-dessous (venant de clients d'A*****), l'un en français, l'autre en anglais :

    "Cette oeuvre inconnue est magistrale et fondamentale pour tout passionné de musique post-romantique. On sent la continuité de la Verklärte Nacht de Schoenberg, en même temps qu'un style très personnel. Possédant une seconde version avec Fischer-Dieskau, je trouve ici Gerhaher magistral et sa voix encore plus adaptée à l'oeuvre. Le quatuor qui l'accompagne est superbe (comme souvent). Le son est très bon, une habitude pour ECM... Je recommande fortement ce CD !!"

    "Othmar Schoeck is a composer whose work deserves to be better known. This performance of his beautiful Notturno by the excellent young baritone Christian Gerhaher, with the Rosamunde Quartett, will certainly help to bring Schoeck to the fore again. Gerhaher has a wonderfully expressive voice and a warm tone, perfect for these poems of pain and loss. The ambient ECM recording creates an atmosphere of compelling intimacy. This disc was quite rightly included in Alex Ross' ten best discs of 2009. (...)"



    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 05/09/2011 à 19h26.

  5. #5
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    Je reviens sur ce fil, ayant reçu les deux albums d'oeuvres d'Othmar Schoeck que j'avais commandés le 5 septembre dernier (un troisième, commandé hier, doit me parvenir encore, et peut-être l'évoquerai-je aussi le moment venu) .

    En voici les faces arrières :



    Comme l'a dit Philippe, le Notturno Op. 47 ("Cinq mouvements pour quatuor à cordes et voix de baryton sur des poèmes de Nikolaus Lenau et un fragment de Gottfried Keller"), composé entre 1931 et 1933, est une oeuvre particulièrement originale. Elle est très belle, envoûtante, encore qu'on puisse la trouver d'un accès relativement difficile. Je n'en connais pour l'instant pas d'autre version, mais cet enregistrement récent (ECM Records) est vraiment remarquable.

    Le texte (rédigé par Heinz Holliger et Chris Walton) de la brochure jointe à premier disque n'est qu'en allemand et en anglais. N'ayant ni le talent ni la patience de le traduire correctement, je dirai seulement qu'il signale d'emblée que Schoeck fait partie d'une "troïka" de compositeurs suisses importants, les deux autres étant, comme il fallait s'y attendre, Arthur Honegger et Frank Martin.

    Plus loin, il ajoute que la musique de Schoeck était en son temps très admirée par Alban Berg, notamment. Ce qui, eu égard aux lignes tourmentées et aux harmonies hardies qui la caractérisent souvent, n'a rien pour surprendre. Son style, qui relève d'un postromantisme très "avancé", si j'ose dire, se distingue toutefois nettement de celui, plus radical, des tenants de la seconde école de Vienne.

    Quant au deuxième album (oeuvres pour orchestre), il s'accompagne d'un texte de Chris Walton également, mais avec une traduction en français. Vu son intérêt, du moins à mon avis, j'en reproduis de larges extraits ci-dessous :


    "Othmar Schoeck est né le 1er septembre 1886 à Brunnen, un village au bord du lac des Quatre-Cantons, en Suisse. Après des études au Conservatoire de Zurich puis chez Max Reger à Leipzig, il s'établit à Zurich, où il demeura jusqu'à sa mort, en 1957. En plus de ses activités de compositeur, il fut également accompagnateur au piano et chef d'orchestre. De 1917 à 1944, date où il fut frappé d'infarctus, il a dirigé les concerts symphoniques de Saint-Gall, dans l'est de la Suisse.

    Huit opéras font partie de l'oeuvre de Schoeck. Depuis les années quatre-vingts, trois d'entre eux, Venus (1919-1921), Massimilla Doni (1934-1936) et surtout Penthesilea (1923-1927), ont été repris avec succès dans de nouvelles mises en scène et sont également disponibles sur CD. Mais Schoeck est connu en tant que représentant de la tradition allemande du lied. Plus de trois cents lieder avec accompagnement de piano, dont la composition s'étend sur une période de presque soixante ans, constituent l'épine dorsale de son activité créatrice. Par contre, il a composé très peu de musique instrumentale. Dans sa maturité, il n'a produit qu'une seule oeuvre significative pour grand orchestre : il s'agit du Prélude Op. 48, dont nous présentons ici le premier enregistrement. De sa jeunesse, nous n'avons conservé qu'un mouvement de symphonie et une ouverture, tandis que le Festlicher Hymnus [Hymne solennel], daté de 1951, laisse transparaître cette lassitude due à l'âge qui est également perceptible dans plusieurs autres oeuvres de sa dernière période créatrice. Mais c'est en pleine possession de ses moyens que Schoeck a composé le Prélude. Il s'agissait d'une commande pour le 100e anniversaire de l'Université de Zurich, en 1933. (...) On y trouve un fugato, par lequel il voulait caractériser la science; on y entend également, comme dans l'Ouverture académique de Johannes Brahms, la chanson estudiantine «Gaudeamus igitur». Toutefois, il choisira finalement un titre neutre pour cette oeuvre, probablement parce qu'il ne voulait pas donner trop de poids à l'élément «académique». La première eut lieu le 29 avril 1933 dans la cour vitrée de l'Université. L'orchestre du «Tonhalle» de Zurich y était placé sous la direction de Volkmar Andreae. Ce fut loin d'être une réussite, car le Prélude, tout comme l'Ouverture des Maîtres Chanteurs [Wagner] qui figurait également au programme, furent étouffés dans cet espace gigantesque. Par la suite, Schoeck devait légèrement modifier l'instrumentation - mesure préventive pour le cas où le Prélude devrait à nouveau être interprété dans des conditions d'acoustique aussi déplorables.

    Schoeck fut rarement heureux des commandes qu'il recevait. Cependant, le Concerto pour cor et cordes Op. 65 constitue un des rares exemples de concordance entre une commande et un souhait apparemment préexistant chez le compositeur. En mai 1951, l'homme d'affaires et corniste amateur Willi Aebi de Burgdorf écrivit à Schoeck pour lui demander s'il ne pouvait pas écrire une oeuvre pour cor et piano, voire même un concerto pour cor. Schoeck répondit immédiatement qu'il avait entendu parler de ce projet de commande par un ami commun et que les deux premiers mouvements d'un concerto pour cor étaient déjà terminés. Le troisième et dernier mouvement fut bientôt composé. La première exécution eut lieu le 6 février 1952. Hans Will tenait la partie du soliste et était accompagné par l'orchestre de la ville de Winterthur, sous la conduite de Victor Desarzens. Le style des dernières compositions de Schoeck se caractérise par la présence du contrepoint, qu'il utilise à diverses reprises; alors qu'il était en train d'écrire son concerto, Schoeck confia à son ami Werner Vogel qu'il recherchait la clarté et la transparence. Dans le deuxième mouvement, lent, l'effectif des cordes est même réduit aux altos, aux violoncelles et à la contrebasse. Le concerto est techniquement très difficile pour le corniste, surtout le dernier mouvement, qui, selon Schoeck lui-même, doit être joué «aussi vite et léger que possible». Ceci n'a pas empêché le Concerto pour cor d'être, parmi toutes les autres oeuvres instrumentales de Schoeck, celle qui a connu, jusqu'à récemment, le plus grand nombre d'enregistrements.

    Schoeck a composé la Sérénade pour hautbois, cor anglais et cordes Op. 27 en 1930, lorsque son opéra Don Ranudo fut repris à Dresde dans une nouvelle mise en scène. Celle-ci fut couplée avec la première exécution de la cantate dramatique Vom Fischer un syner Fru [Du pêcheur et de sa femme], le 3 octobre, et les impératifs horaires expliquent qu'il ait fallu raccourcir considérablement l'opéra. Le deuxième acte fut supprimé; le chef d'orchestre Fritz Busch souhaitait le remplacer par un court intermède. C'est ainsi que Schoeck écrivit - en une seule après-midi, déclara-t-il - la Sérénade que nous proposons ici. Elle est basée sur une mélodie empruntée à la musique amoureuse du héros Don Gonzalo au premier acte. La Sérénade connut un succès immédiat et est restée l'une des oeuvres les plus populaires de Schoeck. Même plus tard, lorsque le Don Ranudo fut interprété dans son intégralité, on n'a pas pu renoncer à jouer ce morceau charmant.

    L'infarctus du myocarde qui frappa Schoeck en mars 1944 mit un terme brutal à sa carrière de chef d'orchestre. Comme il lui était pratiquement impossible de nourrir sa famille avec ses compositions et ses prestations d'accompagnateur, il dut recourir plus que jamais à la générosité de son mécène, Werner Reinhart. Ainsi, lorsque le propriétaire de la petite maison qu'il louait à Zurich mit celle-ci en vente, le salut vint à nouveau de Reinhart, qui la racheta et en fit cadeau à Schoeck. L'automne suivant, Schoeck composa sa Suite en la bémol majeur. C'est tout naturellement à Werner Reinhart qu'elle fut dédiée. Cette Suite fut interprétée pour la première fois en public, par Hermann Scherchen et l'orchestre de la ville de Winterthur, le 14 septembre 1946. Elle occupe une place à part dans l'oeuvre du compositeur car elle comprend cinq mouvements, au lieu des trois ou quatre habituels dans ses autres compositions de musique instrumentale. Seul son Deuxième Quatuor à cordes - qui, au départ, devait aussi s'intituler «suite» - reprend la même structure. Contrairement à la pièce populaire pour cordes Sommernacht, écrite peu de temps auparavant, la Suite a été rarement jouée depuis lors. Certes, elle est d'un abord plus difficile que Sommernacht, mais on peut y faire des découvertes, surtout dans les deux mouvements lents. Selon Schoeck, le deuxième, une «Pastorale», aurait beaucoup plu à Arthur Honegger. «Dans ce deuxième mouvement», nous dit le compositeur, «je me suis représenté la paix et la profondeur des forêts».

    Si, pour Schoeck, la musique instrumentale avait moins d'importance que ses oeuvres vocales, ce sont pourtant ses compositions pour orchestre - le Concerto pour cor ou le Concerto pour violon - qui ont contribué, pendant les années de relatif oubli (les décennies soixante et soixante-dix), à ce que son nom figure encore dans les programmes. Et c'est bien à l'orchestre de la ville de Winterthur - auquel Schoeck doit plusieurs créations et qu'il a lui-même dirigé à plusieurs reprises - qu'il revenait d'enregistrer un disque compact d'oeuvres pour orchestre de ce compositeur suisse de premier plan."


    Jacques

  6. #6
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    Je suis maintenant en possession de mon cinquième disque - au total - d'oeuvres composées par Othmar Schoeck (il est arrivé plus tôt que prévu) .

    Enregistré à Zurich en avril et septembre 1997, il se présente ainsi (la face arrière est montrée plus grande, pour rendre mieux lisible son programme) :



    Chris Walton en dit ceci (traduction de Nelly Lasserre) :

    " (...) C'est la première fois qu'est présenté à un large public l'ensemble de l'oeuvre pour piano de Schoeck [à l'exception de quelques «péchés de jeunesse»] (...). Sous une forme ramassée, ces pièces donnent un aperçu de toute l'évolution créatrice du compositeur, de sa jeunesse à son âge avancé. Si l'on ne saurait prétendre que l'oeuvre pour piano de Schoeck occupe une place centrale dans sa création, nous sommes persuadés que les auditeurs ne manqueront pas d'être fascinés et charmés par la diversité qu'elle manifeste."

    Comme on peut le constater, ce sont les vingt Ritornelle und Fughetten Op. 68 [1953] qui, sur cet enregistrement, "se taillent la part du lion" (toutes proportions gardées).

    Cet "hommage" rendu par Schoeck à J.S. Bach est assez austère. Il est aussi très loin d'atteindre le génie qu'avait mis Chostakovitch, deux ou trois ans auparavant, dans ses Vingt-quatre Préludes et Fugues Op. 87 [1950-1951]. Mais comme le remarque Chris Walton, on trouve néanmoins dans ce cycle tardif de Schoeck "des petites perles qui ne redoutent pas la comparaison avec les oeuvres les plus vigoureuses figurant sur le présent CD".

    À un autre endroit de son texte, Walton relève encore ce qui suit à propos de ce cycle :

    "(...) Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l'artiste se sentait toujours plus isolé. (...) Quelques années auparavant, il avait écrit : «Nous pouvons nous réfugier auprès de Bach comme auprès d'un père». Ses Ritornelle und Fughetten peuvent être considérées comme une tentative de se référer à ses anciennes racines, la fugue constituant l'une des formes pratiquées par tous les grands maîtres allemands. Comme Schoeck l'affirmait lui-même, «le principe de la fugue est primordial». (...) Schoeck affirmait [aussi], à propos de son opus 68, que ses thèmes de fugue - par ailleurs toujours empruntés aux ritournelles qui les précèdent - n'avaient rien de construit mais qu'ils lui venaient «tout naturellement». (...)"


    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 27/09/2011 à 15h51.

  7. #7
    - Avatar de mah70
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    Bonjour.

    Si j'en crois les minutages de la pochette, nous sommes face à des petites pièces. Ça rapproche derechef Schoeck des autres compositeurs suisses connus, Honegger et Martin, dont l'œuvre pour piano est également courte (1 CD par personne) et sans guère de "grande forme" (pas l'ombre d'une sonate). Autre point de rencontre: la principale œuvre pour piano de Martin est une suite de huit préludes, composés vers 1947-48, pas loin donc des 20 Ritornelle und Fughetten de Schoeck.

    Dans ce que je connais (Honneger et Martin, donc), je n'ai pas franchement été ébouriffé par la qualité des œuvres. Dans mon lointain souvenir, c'est très soigneusement écrit, et soit c'est très sérieusement conçu au point d'être presque aride, soit ce sont de petites pièces de divertissement sans conséquences: préludes ou toccatas d'une part, et de l'autre pièces de salon, réductions pour piano ou petits morceaux de circonstance. Mais je n'y ai pas trop senti la personnalité et le style habituels de ces compositeurs que j'aime tant. On a un peu l'impression d'un passage obligé où l'auteur perd un peu de son originalité propre, sans pour autant réussir à faire bien sonner l'instrument (j'ai l'habitude de dire qu'ils n'orchestrent pas bien pour le piano). Honegger et Martin ne sont pas seuls en cause: sauf erreur, on chercherait pareillement des choses essentielles pour le clavier chez des gens comme Britten ou Martinu, curieusement beaucoup plus à l'aise dans les œuvres concertantes...

    Qu'en est-il de Schoeck?

    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  8. #8
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    Citation Envoyé par mah70 Voir le message
    Qu'en est-il de Schoeck?
    Bonjour Mah70 .

    À propos d'Honegger et de Martin, mais aussi de Britten et de Martinù (d'autres noms me viennent à l'esprit, par exemple Sibelius), je trouve comme vous que leur oeuvre pour piano solo déçoit sensiblement (ou en tout cas est très "en retrait") par comparaison avec la plupart de leurs autres compositions. J'adhère aussi totalement à votre analyse.

    Et s'agissant de Schoeck, vous avez deviné juste () : sa musique pour piano est à mon avis loin de présenter le même intérêt que, notamment, son opéra Penthésilée et son Notturno pour quatuor à cordes et voix de baryton.

    C'est d'ailleurs l'écoute de ces deux oeuvres de Schoeck (bien plus originales et fortes que sa musique pour piano) que, au stade où j'en suis, je recommanderais en priorité à quelqu'un souhaitant découvrir ce compositeur relativement peu connu.

    Jacques

  9. #9
    - Avatar de mah70
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    Je connais aussi une chose un peu étrange, Vom Fischer un syner Fru, op. 43, une cantate pour solistes et orchestre enregistrée en son temps par Rudolph Kempe. Si je me souviens bien, c'était plus "pêchu" que du Martin dans un genre relativement post-romantique (bon, ça n'est pas du Richard Strauss non plus), mais ça n'en manquait pas de qualités pour autant. Au pif, je dirais que c'était plein de chromatismes, mais je ne sais pas si j'utilise le mot à bon escient (depuis Le vin herbé de Martin, je sais beaucoup aimer les chromatismes ).

    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  10. #10
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    Citation Envoyé par mah70 Voir le message
    Je connais aussi une chose un peu étrange, Vom Fischer un syner Fru, op. 43, une cantate pour solistes et orchestre enregistrée en son temps par Rudolph Kempe. Si je me souviens bien, c'était plus "pêchu" que du Martin dans un genre relativement post-romantique (...).
    J'avoue ne pas (encore) connaître cette cantate de Schoeck.

    Pour l'anecdote, je relève juste que son titre est typique du dialecte suisse allemand (Honegger l'avait appris de ses parents et le parla toute sa vie couramment, quand l'occasion s'en présentait ).

    Ce langage faisait parfois beaucoup rire mon prof d'allemand au lycée (en Suisse, selon l'usage germanique, on dit plutôt "gymnase"), une dame très cultivée et pleine d'humour originaire du nord de l'Allemagne.

    Jacques

  11. #11
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    Merci les gars de développer ce fil sur Schoeck ... heureux en tout cas qu'il puisse constituer une telle "découverte" pour l'un de ses compatriotes ...
    J'avoue traverser une période difficile où il m'est difficile de me livrer à mes loisirs favoris dont celui d'écouter de la musique - et par conséquent de suivre les conseils d'écoute ici proposés, mais ... curieux devant tous ces titres de moi inconnus (ne connaissant, jusqu'à présent, de lui, que les oeuvres que j'avais mentionnées au #1), je suis allé voir sur le le site des médiathèques belges et ... c'est surprenant !!! l'oeuvre enregistrée est beaucoup plus importante que je ne l'imaginais. Voici le lien, à toutes fins utiles :
    http://www.lamediatheque.be/med/rech...ion=Rechercher
    (on peut aussi cliquer sur "Discographie complète..." pour avoir la liste des supports et des interprétations disponibles)

    Autant dire que voici un compositeur que nous n'avons fini de découvrir ...

  12. #12
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Si elle vous parlait le "platt", vous deviez bien rigoler aussi!

    (je vous trouve un peu injustes pour les pièces pour piano de Martinu, souvent des bluettes, mais bien agréables à écouter, je trouve ; certes, pas tout à fait complètement totalement comparables aux symphonies ou au double concerto ou d'autres choses encore, mais enfin...)
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  13. #13
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Si elle vous parlait le "platt", vous deviez bien rigoler aussi!

    (je vous trouve un peu injustes pour les pièces pour piano de Martinu, souvent des bluettes, mais bien agréables à écouter, je trouve ; certes, pas tout à fait complètement totalement comparables aux symphonies ou au double concerto ou d'autres choses encore, mais enfin...)
    Pour le "platt" (l'une des langues régionales de Lorraine), je crois me souvenir qu'elle en avait donné aussi quelques exemples et qu'ils m'avaient fait rire, à l'époque.

    Remarquez que ma grand-mère paternelle, qui était bernoise, prétendait comprendre le "platt" sans trop de problèmes ...

    S'agissant des pièces pour piano de Martinù, j'admets avoir été un peu injuste. Je les écoute en tout cas volontiers et toujours avec plaisir. Mais pour une raison ou pour une autre, j'avais à vrai dire surtout en tête Bartók, dont la musique est certes bien différente de celle de Martinù mais dont l'oeuvre pour piano seul "pèse" quant à elle "d'un grand poids" par rapport au reste, si j'ose dire.

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 27/09/2011 à 21h53.

  14. #14
    Membre Avatar de Jacques
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    Merci à Philippe (), aussi, pour les remarques faites au post 11 et le lien qu'il a signalé.

    Je souhaite que s'arrangent et disparaissent au plus vite les difficultés qu'il traverse actuellement.

    Jacques

  15. #15
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Pardon, je me suis mal exprimé : je pensais au "plattdeutsch" ou "plattdüÜtsch" du Nord de l'Allemagne, comme votre professeur ; j'ignorais, je l'avoue, que c'était un des noms d'un des dialectes lorrains.

    Mon père était lorrain du bassin de la Sarre, et parlait le francique lorrain ou "platt", donc, et, avec de la famille en Alsace, parlait l'alsacien (bas-rhinois surtout), et aussi le luxembourgeois, et bien sûr l'allemand, et comprenait certains yiddish ; je crois en revanche qu'il ne comprenait pas grand chose au Schwyzerdütsch (je dois dire que, avec tout le respect dû à votre grand-mère, Jacques, quand j'entends des Suisses alémaniques le parler, je ne repère pas même un mot, alors que j'en devine pas mal en alsacien).

    Quant à Bartok et Martinu... oui, bien sûr, leurs oeuvres pour piano sont de poids assez différents... (remarquez je me demande, avec tout l'intérêt que je porte à Martinu, c'est sans doute vrai aussi de la plupart de leurs oeuvres, non? ou je blasphème? mais si l'on parle du poids relatif du piano et du reste, c'est très vrai ; je ne connais pas, chez Martinu, de suite "en plein air"!)
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  16. #16
    Membre Avatar de Jacques
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    Merci, Lebewohl, pour les précisions et mises au point relatives à divers dialectes germaniques figurant au post précédent, ainsi que pour vos remarques (très pertinentes ) concernant Bartók et Martinù.

    Cela dit, je ne saisissais pas un traître mot de ce que racontait ma grand-mère quand, étant enfant, je l'entendais parler le Schwyzerdütsch. Mais c'était un avantage pour elle, car elle pouvait se disputer dans ce dialecte avec mon grand-père (qui le comprenait quant à lui fort bien) sans risquer d'être comprise de ses petits-enfants et éventuellement de les choquer (... ).

    Des années plus tard, en raison d'une cohabitation forcée au service militaire avec de nombreux compatriotes suisses allemands, j'ai fini par comprendre un petit peu mieux ce langage. Encore qu'il diffère parfois sensiblement d'un canton à l'autre, ce qui ne simplifie pas les choses.

    Voici, parmi beaucoup d'autres du même genre, une vidéo permettant d'entendre la version bernoise du Schwyzerdütsch (c'est caricatural mais quand même assez fidèle à une certaine réalité; et quand j'entends ça, j'ai envie de partir en courant tant ces sonorités et intonations sont laides à mes oreilles ... ) :

    [/URL]


    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 28/09/2011 à 03h04.

  17. #17
    En attente de confirmation
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    Une oeuvre peu courue, en retrouvant de grandes voix, qui se sont retirées ou qui se sont tues définitivement, et d'entendre Mechthild Gessendorf, contemporaine de Dernesch, et son égale, jamais 'honorée' par le disque (mais le disque est-il un honneur ?) ce qui ne l'empêcha pas de faire une superbe carrière (comme quoi le disque n'est pas indispensable pour faire carrière !) :


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