Tsss... tout de même, l'opéra italien sait être sérieux
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Tsss... tout de même, l'opéra italien sait être sérieux
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Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.
Montaigne



C'est vrai. Je vous taquine un peu, hein!
Mais enfin si on veut chercher du pas sérieux dans les opéras des autres pays, on trouve aussi ; involontaire ou pas, bien sûr, de même que l'absence de sérieux de nombre d'opéras italiens est tout à fait involontaire.
Il est difficile pour la plupart des Français et des Belges francophones de ma génération d'entendre le début de l'air des bijoux dans Faust sans rigoler. Il est difficile à qui que ce soit de ne pas pouffer quand Siegfried découvre Brunehilde en s'exclamant "Maman!". Il est difficile à une proportion élevée de gens même ne détestant pas Wagner, même l'aimant, de prendre au sérieux une seule phrase du livret de Parsifal. Je connais énormément de gens qui éclatent de rire ou partent en courant à la seule pensée du livret de Pelléas et Mélisande (il suffit de voir à quel point c'est facile à parodier). Tout ça involontaire, bien sûr, je sais bien...
Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.
Montaigne



Attention : je parlais de sérieux au sens d'exigence musicale : éviter les facilités mélodiques ou rythmiques, soigner l'écriture... Mais bon, même en ce sens, il y a des opéras italiens qui sont sérieux.
IP
Bonjour.
Les Goncourt écrivent, en date du lundi 3 mars 1862, rapportant une visite à Théophile Gautier:
"Le nom de Verdi revient sur le tapis et nous lui demandons naïvement qu'est-ce que c'est : « Eh bien, Verdi, c'est un Dennery, un Guilbert de Pixérécourt, vous savez. Il a eu l'idée en musique, quand les paroles étaient tristes, de fraire trou trou trou, au lieu de faire tra tra tra. Dans un enterrement, par exemple, il ne mettra pas un air de mirliton. Rossini n'y manquerait pas: dans SÉMIRAMIDE, il fait entrer l'ombre de Ninus sur un air de valse ravissant... Voilà tout son génie en musique, à Verdi ! »"
Serait-ce cette tendance à vouloir à tout prix faire primer la mélodie suave sur le dramatisme que vous appelez "manque de sérieux"? Je partage parfois cette idée: les cabalettes stratosphériques entonnées par les sopranos pour couronner les "scènes de folie" du duo BelliniDonizetti me sortent un peu par les yeux...Qui donc parlait de ces gens poignardés qui chantent un contre-ut au lieu de crier?
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La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)



quand on aura redécouvert Cassandra de Gnecchi (copieusement plagié par Strauss dans Elektra) on reparlera du sérieux germanophile de Catalani qui, atteint d'une forme de complexe de persécution -et d'un cancer des bronches- passa son temps à incendier Puccini dont le succès précoce nuisait aux représentations de La Wally (sur lequel il ne devait toucher le dernier tiers de ses droits qu'à la 60ème représentation, qui n'eut pas lieu de son vivant) et Franchetti que Verdi avait recommandé à sa place (mais là, il avait peut-être raison).
Enfin s'il s'agit de sérieux à peu près tous les opéras de Pizzetti et un bon tiers de ceux d'Alfano et de Montemezzi sont très au-dessus des kitscheries rocambolesques de Catalani.



Disons une certaine facilité, un manque de soin dans l'exécution, le sacrifice de la complexité au brillant mélodique. Mais j'ai bien dit que je ne connais pas grand-chose à l'opéra italien et que l'idée que je m'en fais provient peut-être de mon ignorance. Toutefois, puisque Kaminski, justement, loue chez Catalani le refus de la facilité, il faut croire que Catalani tranche sur un ensemble de compositeurs dont le refus de la facilité n'est pas la qualité essentielle.
IP



oui, de génération en génération on répète ainsi des idées toutes faites sans se reporter aux sources.



Je crois que du point de vue du sérieux de la réalisation, Verdi est de tout premier plan. C'est extrêmement pointilleux dans l'écriture, extraordinairement écrit pour la voix. Certes, dans son jeune temps, il fait parfois poumpapapoumpapapoum, mais moins que d'autres. Et dans son moins jeune temps, ma foi (voir ci-avant)...*
Quant à Puccini, il était apprécié de Schoenberg, le célèbre comique troupier.
Vous parlez de facilité mélodique ; cela arrive, oui ; Rossini fait chanter la phrase la plus pathétique du Stabat mater ("un glaive transperça son âme gémissante, triste et douloureuse") par un ténor pimpant. Mais nombre de mélodies de Bellini, par exemple, quelque peu adaptées au texte qu'elles puissent parfois paraître, sont magnifiques : faut-il se priver du plaisir d'une mélodie réussie? Ne pas confondre don mélodique et facilité mélodique!
Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.
Montaigne



Catalani était inattendu (pour moi) à son époque : une époque qui n'avait plus rien à voir avec Monteverdi et qui n'était pas encore celle de Puccini. Je suis peut-être injuste (par ignorance) envers Verdi, mais enfin, si j'ai bien compris, Fred Audin a reconnu que Verdi préférait à Catalani quelqu'un qui ne le valait peut-être pas. Je ne vais pas m'obstiner à parler d'un domaine que je ne connais guère, mais si quelqu'un avait eu une phrase à dire sur la musique de Catalani (et non sur ses livrets), ç'aurait été bien.
IP
Bon, en fait, on est sans doute excessivement sévère ! Mais Catalani souffre de voisinages contemporains un peu écrasants. C'est de la bonne musique, c'est très écoutable, il y a des airs à fondre de plaisir. Mais Catalani et 'les autres', c'est un peu comme Salieri, ou Ambroise Thomas, ils sont bien, mais il y avait 'les autres' ! Et puis sa germanité d'inspiration lui est préjudiciable devant l'italianità artistique et politique de l'époque ; si vous trouvez que Martucci colle à Brahms, vous trouverez peut-être que Catalani colle un peu à Wagner. Tout cela étant, écouter La Wally (c'est à peu près le seul opéra qui ait franchi le temps) n'est pas un pensum, même s'il y a parfois des longueurs. C'est vocalement et instrumentalement très beau. Il doit y avoir pas mal d'enregistrements.
Je ne connais que "le" grand air de "la Wally" (grâce au film "diva"...), donc je ne vous dirai rien de Catalani. Mais pour Verdi, je n'irai pas dire que tout est bien, qu'il n'y a pas mieux, tout ça, mais enfin le fait que Toscanini, Kubelik, Giulini, Karajan, Solti, Abbado, Levine, Kleiber en aient autant dirigé me prédisposerait en sa faveur. On ne peut pas en dire autant de Donizetti, par exemple.
Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.
Montaigne
Combien y a-t-il de kilomètres entre Helsinki et Wellington ? Je n’ai pas calculé mais il doit y en avoir pas mal…
À l’oreille, toutefois, la "distance" entre la musique de Sibelius et celle du compositeur néo-zélandais Douglas Lilburn me paraît beaucoup moins grande ()…
À tel point que, sur la vidéo ci-dessous, on pourrait presque remplacer par des photos de beaux lacs finlandais les magnifiques paysages de Nouvelle-Zélande accompagnant Aotearoa ("Le Pays du long nuage blanc"), poème symphonique composé par Lilburn en 1940 () :
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Compositeur talentueux né en 1915, Douglas Lilburn se rendit à 22 ans en Angleterre, pour y suivre (de 1937 à 1940) l’enseignement de RVW au Royal College of Music. Puis il revint dans son lointain pays natal, où sa production fut relativement féconde et où il mourut couvert d’honneurs en 2001.
Sa musique n’est pas - ou très peu - moderniste. Mais elle est souvent fort belle et suggestive.
Le label Naxos a déjà consacré à Lilburn deux albums appréciables, enregistrés par le New Zealand Symphony Orchestra dirigé par James Judd : l’un avec divers poèmes symphoniques (j’en possède un exemplaire), l’autre avec ses Symphonies Nos 1 à 3.
Jacques
Bonjour.
J'avais, moi aussi, été frappé par la grande influence de Sibelius sur Lilburn. Sur sa 1ère symphonie, surtout. J'avais trouvé cette œuvre très passéiste (on ne dépasse pas le langage de 1910 pour une composition de 1949) et plutôt agréable. La 2e symphonie, de 1951, baissait un peu dans mon estime à cause d'un 4e mouvement très délayé. Quant à la 3e symphonie, de 1961, le compositeur la trouvait assez drue ("harsh" précisément), alors que ça sonne comme du sérialisme californien des années '50 versant musique de film, style Leonard Rosenman, en moins plaisant parce que plus ambitieux.
A vrai dire, j'avais du coup fait l'impasse sur un éventuel second volume![]()
L'influence de Sibelius sur le monde anglo-saxon n'est pas à mésestimer: il a beaucoup été joué aux USA - et pas seulement par Koussevitzky - comme en Angleterre - et pas seulement par Beecham. Il n'est pas si étonnant de le voir ressurgir aux antipodes...
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La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)
À ce sujet, je rappelle cette dédicace caractéristique mise par Vaughan Williams sur la partition de sa Cinquième Symphonie (1938/43) : "To Jean Sibelius, without permission".
S'agissant de Lilburn, vu les réserves faites par Mah70 sur les symphonies, je pense que je me contenterai de l'album que j'ai déjà, qui se présente ainsi :
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Ce sont surtout les quatre poèmes symphoniques Aotearoa - Overture, Drysdale Overture, Forest et A Song of Islands que j'apprécie, les autres pièces me paraissant d'un moindre intérêt (même si on trouve ici ou là, dans Festival Overture, certains accents "façon Walton" de bon aloi).
Jacques (qui souhaite "bonne élection" à ses amis français)
Mouais... si on veut... car, si on peut admettre quelques gestes marquants (le motif initial, par exemple) et quelques tournures mélodiques ressemblantes, il faut vraiment être de mauvaise foi pour parler de "plagiat", tant l'oeuvre de Strauss est supérieure à tous points de vue...![]()
Oh vous savez, moi, ce que j'en dis, hein...
Au post 181 de ce fil, Jonathan avait eu la bonne idée de mentionner Muzio Clementi (1752-1832), que Mozart, qui s'était mesuré à lui en 1781 à l'occasion d'une compétition pianistique organisée par l'empereur Joseph II, "jugea - peut-être par jalousie - «une mécanique sans un sou de sensibilité ni de goût»" (remarque de Marc Vignal). Et j'avais alors montré le gros coffret de 15 disques ci-dessus, acheté il y a déjà longtemps.
Or, je me suis récemment laissé tenter par ces deux volumes déjà parus chez Naxos (il y en aura quatre) du célèbre Gradus ad Parnassum :
Voici comment Marc Vignal présente ce recueil (Guide de la musique de piano et de clavecin, Fayard 1987, p. 261) :
"Le Gradus ad Parnassum (Op. 44) est une oeuvre en principe didactique comprenant cent pièces groupées en trois volumes, parus respectivement en 1817, 1819 et 1826. Tel quel, il résulte d'un processus de composition, de révision et d'assemblage qui s'étendit sur près d'un demi-siècle. Le titre fait référence à l'ouvrage théorique de Johann Joseph Fux (1725). Le recueil ne se limite pas à de simples exercices mais comprend également des mouvements vifs ou lents qui auraient aussi bien pu faire partie de sonates (et qui, peut-être, furent ainsi conçus à l'origine), des préludes, des fugues (où l'influence de Bach est manifeste), des canons, des pièces caractéristiques comme «Scena Patetica» (No 39) ou «Bizzareria» (No 95). Plus de la moitié des pièces est groupée en «suites» de trois à six mouvements dans la même tonalité. Au fur et à mesure qu'on avance dans ce recueil, les objectifs spécifiquement techniques s'effacent devant des considérations purement musicales, - et c'est avec raison qu'en 1827, un journal mit le Gradus sur le même plan que les «Préludes et exercices» de Bach. On sait que, dans «Dr. Gradus ad Parnassum», premier volet de son Children's Corner, Debussy caricatura assez méchamment le recueil de Clementi. Mais il n'avait probablement à sa disposition que les extraits publiés par Carl Tausig vers 1865, et ne comprenant que les «exercices les plus mécaniques» (selon l'expression de Léon Plantinga) : hypothèse d'autant plus vraisemblable que la pièce en ut majeur parodiée par Debussy est la première de la sélection de Tausig."
À en juger par ces deux premiers volumes, il est vrai que plusieurs de ces pièces, surtout les premières, font très "gammes qu'on entend dans les couloirs feutrés du Conservatoire". Des raisons personnelles (nostalgie d'une époque lointaine ?) font toutefois que ce n'est pas pour me déplaire ().
Mais beaucoup d'autres sont même tout à fait remarquables (). Je n'hésiterai donc pas à acquérir, le moment venu, les deux volumes restant à paraître.
Jacques


Bonjour Jacques,juste comme ca John Field est un pianiste et compositeur irlandais, né à Dublin le 26 juillet 1782 et mort à Moscou le 23 janvier 1837.Et il a suivi des cours de piano auprès de Muzio Clémenti
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