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Discussion: Quinze que j’en pense – Les belles et les bêtes

  1. #1
    Membre Avatar de ppyjc61
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    Cool Quinze que j’en pense – Les belles et les bêtes


    Afin de compléter mon survol des héros et des zéros de l’opéra , après ces messieurs c’est au tour des dames.

    Version originale (en anglais): http://operalively.com/forums/showth...5881#post25881

    Comme je l’ai fait il y a quinze jours, je vais vous proposer quelques uns des personnages féminins qu’on pourrait classer « bonnes » ou « méchantes », et ensuite vous laisser l’occasion de les comparer à votre liste.

    Les deux font la paire

    Comme on le rapportait la dernière fois, la tessiture vocale des personnages masculins permet aisément de distinguer les rôles – et leur place dans le spectre moral. Toutefois, les dames sont généralement toutes des sopranos, et doinc peu d’occasion de les démêler uniquement par leurs voix.

    Toutefois, livret oblige, on se doit de juxtaposer les rôles féminins, histoire de créer des conflits ou d’offrir un contraste. Par exemple, Bizet et Prosper Mérimée nous offrent Carmen et Micaëla:





    Une autre paire de sopranos d’un opéra fort différent: la Princesse Turandot et l’esclave Liù. Sans être une rivalité ouverte pour l’affection du mystérieux Prince, une est clairement amoureuse, l’autre reste à convaincre – ceci sous la dynamique de bien et du mal:





    Dans le modèle du conflit amoureux qui anime tant d’opéras, place à Amneris et Aida. Toutes deux amoureuses de Radamès, mais la princesse Egyptienne laissera sa cruauté prendre le dessus voyant à l’exécution des amants lors de l’ultime acte de l’œuvre :



    When I'm good, I'm very good

    C’est l’actrice Américaine Mae West qui est citée dans les prochjains deux titres, une citation fétiche qui se traduit “Si je suis bonne, je suis très bonne, mais quand je suis méchante, c’est encore mieux”.

    Cette citation annonce noitre regard des héroïnes, ces dames dont le sens moral est sans reproche. Bien sûr, au haut de la liste, la fidèle épouse de Florestan, Leonore:



    Et pourquoi pas Jeanne d’Arc – ici, version Tchaïkovski:



    But when I'm bad I'm better

    Et parimi les garces (si cous me passéz l’expression…) y a-t-il pire que Salome?



    Ou même Lady MacBeth:



    En plein « sur la frise », coimme on le dit au golf, on pourrait souligner Violetta Valery et Manon Lescaut.

    Votre tour – quelles sont vos belles et vos bêtes préférées?


    Blogue à Part: Puisqu’on parle de personnages féminins représentant le bien et le mal dans le monde de l’opéra, j’offre une réflexion la semaine prochaine sur l’opéra Canadien Filumena, marquant le 10e anniversaire de sa création et le 90e anniversaire de la pendaison de la principale intéressée, la seule femme pendue pour meurtre en Alberta. A lire et entendre le 7 mai sur mon blog blogspot@+

  2. #2
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    Intéressant: grâce à la réédition Naxos, j'ai pu mettre une date sur le coffret vinyle du Carmen de Solange Michel/André Cluytens, que j'ai trouvé pour 4€ dans un dépôt-vente. Les extraits disponibles ici me rassurent sur cette dépense somptuaire: ça vaut le coup d'écouter ce coffret; il est bien agréable d'entendre des voix sans le moindre accent (même pas breton!).

  3. #3
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    Citation Envoyé par ppyjc61 Voir le message


    Comme on le rapportait la dernière fois, la tessiture vocale des personnages masculins permet aisément de distinguer les rôles – et leur place dans le spectre moral. Toutefois, les dames sont généralement toutes des sopranos, et doinc peu d’occasion de les démêler uniquement par leurs voix.

    sur mon blog blogspot@+[/B]
    Bonjour je trouve votre sujet très intéressant. En matière de sopranos, ne faut-il pas distinguer les différents types: colorature, léger, dramatique, et aussi les mezzo-sopranos. Je pense par exemple aux duos de Norma et Adalgise...

  4. #4
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    Citation Envoyé par Niccolo Voir le message
    En matière de sopranos, ne faut-il pas distinguer les différents types: colorature, léger, dramatique, et aussi les mezzo-sopranos. Je pense par exemple aux duos de Norma et Adalgise...
    Sans compter les lyriques, les spinto, les lyrico-spinto, le dramatique d'agilité, le Falcon, le sopraniste, le "wagnérien " (???), le mezzo aigu, le mezzo central, le mezzosopraniste, le mafieux du New-Jersey, le rappeur français, etc., etc.
    Bon courage !

  5. #5
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    Juste une petite correction, emporté par mon élan (oui, j'ai un véhicule tracté par un élan, souvenir de Norvège, sympa et très écolo) j'ai mis un i grec dans du péninsulaire italique : lirico-spinto, le y n'étant pas utilisé en italien.


  6. #6
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    Soyons un peu sérieux svp car le sujet me semble intéressant comme je l'ai dit plus haut. Faut-il le rappeler:
    "Comme on le rapportait la dernière fois, la tessiture vocale des personnages masculins permet aisément de distinguer les rôles – et leur place dans le spectre moral. Toutefois, les dames sont généralement toutes des sopranos, et donc peu d’occasion de les démêler uniquement par leurs voix." (Je cite ppyjcc61.)

    C'est pourquoi j'ai cité l'exemple des deux duos des sopranos dans l'opéra Norma. Les tessitures choisies sont sans aucun doute délibérées: D'ordre musical c'est certain, mais peut-être aussi en rapport avec les oppositions d'ordre moral justement des deux protagonistes.

    Voici alors les questions que je me pose:
    Retrouve-t-on régulièrement dans le domaine de l'opéra et de rôles féminins ce genre de considérations?
    Existe-t-il finalement un code correspondant?

    Merci
    Dernière modification par Niccolo ; 25/03/2016 à 20h51.

  7. #7
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    Citation Envoyé par Niccolo Voir le message
    "et leur place dans le spectre moral."
    les oppositions d'ordre moral
    Que faut-il entendre par 'spectre moral' et 'ordre moral' ?

  8. #8
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    JE ne crois pas qu'il y ait systématiquement de lien entre le type de voix et les caractéristiques morales du rôle. Tout au plus entre la fonction dans un opéra ou l'âge du rôle ou sa catégorie du sociale : un jeune premier est rarement une basse, une soubrette est toujours un soprano, par exemple (je rappelle la boutade assez réaliste de GB Shaw : un opéra, c'est quand un baryton essaie d'empêcher le ténor de coucher avec le/la soprano). Mais, par exemple, la même voix va chanter Sarastro dans La Flûte enchantée, Osmin dans l'Enlèvement au Sérail et Hagen dans Le Crépuscule des dieux, tous trois sont, on imagine, relativement âgés, mais ils n'ont pas du tout la même place dans quelque "spectre moral" que ce soit. Enfin il me semble. (il y a peut-être une exception, c'est que tous les ténors wagnériens ou presque sont idiots, avec une mention spéciale pour Siegfreid, comme le faisait remarquer André Boucourechliev ; mais ce n'est pas une catégorie morale).
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  9. #9
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    JE ne crois pas qu'il y ait systématiquement de lien entre le type de voix et les caractéristiques morales du rôle[…] Mais, par exemple, la même voix va chanter Sarastro dans La Flûte enchantée, Osmin dans L'Enlèvement au Sérail et Hagen dans Le Crépuscule des Dieux, tous trois sont, on imagine, relativement âgés, mais ils n'ont pas du tout la même place dans quelque "spectre moral" que ce soit. Enfin il me semble. (Il y a peut-être une exception, c'est que tous les ténors wagnériens ou presque sont idiots, avec une mention spéciale pour Siegfried, comme le faisait remarquer André Boucourechliev ; mais ce n'est pas une catégorie morale).
    Voyons un peu, de ci de là, si les tessitures correspondent systématiquement à des profils dans « le spectre » ou « l’ordre » moral.
    Si l’on a la patience de lire ma très (trop) longue tirade, peut-être aurai-je réussi à un peu faire sentir que comme le dit leb, il n’y a peut-être pas « systématiquement de lien entre le type de voix et les caractéristiques morales du rôle », toutes époques confondues.

    Pendant plus d’un siècle et demi, il y eut des sopranos féminins et castrats, des altos et contraltos féminins et castrats, des ténors et des basses (on ne parlait pas alors de ‘barytons’).

    Voyons par exemple Giulio Cesare, du grand ami de Leb, George Friderick : le rôle de Sesto est un soprano féminin : Sesto, c’est un gentil ou un méchant ? César et Ptolémée, ce sont des castrats contraltos : ils sont gentils, ou méchants ?
    Vivaldi, Orlando furioso : Roland est un alto féminin et c’est un gentil, Roger et Médor des contraltos castrats gentils, Angélique est un soprano féminin gentil, Alcina (méchante) et Bradamante (gentille) sont des altos féminins.
    Dans L’Artaserse de Vinci, Artaxerxes prince de Perse et son ami Arbace sont des sopranos castrats, Mandane sœur d’Artaxerxes et Selira sœur d’Arbace sont aussi des sopranos castrats, Megabise général perse est un alto castrat, et ils sont tous gentils – seul Artaban est chanteur masculin, ténor, et c’est un méchant.
    Mozart écrit Idamante (Idomeneo), Cecilio (Lucio Silla), et l’Exsultate, jubilate pour le soprano castrat star Rauzzini.
    Rossini écrit le rôle d’Arsace (Aureliano in Palmira, 1813) et Meyerbeer celui d’Armand (Il Crociato in Egitto, 1824) pour un soprano castrat, Velluti.
    Wagner pensa un temps à écrire le rôle de Klingsor pour le castrat soprano Domenico Mustafà – pourtant, Klingsor est un méchant (enfin, je crois …)
    On va s’arrêter, les imbroglios de ce genre sont légion dans l’opéra, pendant au moins 150 ans.


    Les rôles de soprano :

    Néron – pas vraiment un gentil - dans L’Incoronazione di Poppea est un rôle écrit pour un soprano castrat, peut-être créé par le célebrissime Ferri.
    Armide est une ‘méchante’ – que ce soit chez Monteverdi, Lully, et quelques dizaines d’autres, c’est toujours un soprano.
    Alcina, c’est toujours un soprano – mais n’est-elle pas une ‘méchante’ magicienne, en définitive ?
    Médée, que ce soit chez Lully, Cherubini, et d’autres, c’est un soprano, mais elle n’est pas spécialement une « gentille » (bon, OK, Jason est un salaud, mais quand même, faire cuire ses propres enfants pour les servir en pot-au-feu à leur père n’est pas le signe d’une extrême gentillesse – si ?)
    Le rôle de Lady Macbeth est expressément attribué à un soprano (un soprano ‘dramatique’ de préférence) : c’est une méchante.
    Abigaille est soprano et pas gentille du tout.
    Elisabeth I° (Maria Stuarda) est un soprano méchant qui persécute un soprano gentil (Marie Stuart). Elle est toujours soprano mais n’est pas plus gentille dans Roberto Devereux
    La Reine de la Nuit est aussi un soprano – pas le même : il faut aller le chercher, le fa5 de Der Hölle Rache – et elle a beau être soprano colorature, elle est très méchante.
    Lucrezia Borgia est aussi soprano : trois maris empoisonnés ou assassinés. Mais certains persistaient à la trouver gentille.
    Turandot est un soprano – et quel ! – c’est aussi une méchante - et quelle : elle zigouille tous ses prétendants à la queue le leu ! - bon, elle devient gentille à la fin, mais quand même.
    Salomé, c'est un soprano, mais est-elle méchante, ou pas ? Ou juste sévèrement secouée et à côté de ses pompes grave ?
    Et Elektra ? Méchante ou gentille ?
    Et Kundry ? Et Lulu ? Ekaterina Ismaïlova ? Kostelnicka ? Emilia Marty ? Gentilles, méchantes ?

    Quelques rôles féminins graves :

    Orfeo est un gentil, chez Gluck c’est un contralto castrat (chez Monteverdi ce fut tout d’abord un soprano castrat avant de passer à la tessiture de ténor)
    Charlotte (Werther) est un mezzo-soprano et c’est une gentille.
    Fricka n’est pas marrante, certes – mais ce n’est pas une méchante, c’est une gentille, gardienne de la vertu et des bonnes mœurs, et tout et tout. Et cocue à n’en plus pouvoir, la pauvre.
    Amnéris … méchante aveuglée par l’amour et la jalousie …
    Azucena est un contralto – mais elle n’est pas méchante, elle est tout compte fait victime.
    Erda est aussi contralto, elle n’est pas méchante, elle est l’âme de la terre.
    Fidès (grand rôle de contralto, Le Prophète) est une gentille, victime elle aussi.
    La comtesse de La Dame de Pique, mezzo, n’est pas méchante.
    Cherubin est attendrissant, Quinquin/Oktavian aussi quoiqu’un peu cruel quand même …
    La Nourrice de La Femme sans Ombre n’est-elle pas gentille ?
    Et Suzuki (Madama Butterfly) est un bien protecteur et bien consolateur mezzo.
    Dame Geneviève aussi (Pelléas), dans son genre.
    Quant à La Prieure (Le Dialogue), comment pourrait-elle ne pas être du côté clair de la force (ouuuuuh, le très très vilain jeu de mots …)
    Bien sûr, Ortrud, Dalila, Vénus (Tannhäuser), sont aussi des mezzos et sont très méchantes.

    Les soubrettes et autres servantes peuvent aussi être de tessiture grave : Marcellina, Emilia (Otello), Néris (Médée/Cherubini), Giovanna (Rigoletto), la nourrice (Oneguine), …

    Quelques rôles de ténor :

    Tout d’abord, je protesterai contre l’idiotie généralisée des personnages wagnériens confiés à des ténors : c’est variable. Rienzi est idéaliste et utopiste, mais pas foncièrement idiot. Erik en effet ne brille pas par un esprit particulièrement coruscant. Lohengrin est naïf et éthéré mais pas forcément bête. Tannhäuser est torturé et velléitaire, mais est-il pour autant idiot ? Loge est retors et pervers, mais loin d’être bête. Siegmund est écrasé par le destin et pathétique dans sa lutte pour la survie, mais est-il pour cela stupide ? Siegfried est effectivement insupportable de prétention et de ‘brutitude’ de fonderie. Tristan, lui aussi victime, de la fatalité du philtre, mais pas idiot, si ? Stolzing est lui aussi assez insupportable, de suffisance de caste bornée. Parsifal n’est pas très futé au départ, certes, mais ça s’arrange un peu sur la fin …

    Par ailleurs, Don Ottavio ou Ferrando sont un peu co***les molles. Belmonte, lui, il en aurait quand même plus. Et Tamino aussi, ça dépend à qui on le fait chanter (type de voix et caractérisation – pour moi, c’est un rôle ‘héroïque’, à ne surtout pas confier à un tenore di grazia).
    Chouiski est un ténor diabolique ; Dimitri un ténor pas très finaud manipulé, pas du tout jeune premier loin de là. Yourodivi (L’Innocent) est forcément gentil, bien sûr.
    Vasco de Gama est un ténor de la lignée des salauds qui trahit pas mal de monde. On peut ajouter dans le sac le Duc de Mantoue ; et Hermann (La Dame de Pique).
    Le Tambour-Major et le Capitaine (Wozzeck) sont ténors peu fréquentables.
    Tom Rakewell, ténor ? Ce serait plutôt un méchant ? Qui finit puni par une sordide mort à Bedlam ?
    Peter Grimes ? A nouveau un gentil écrasé par son environnement.

    Quelques rôles de baryton :

    Don Giovanni est baryton : gentil, ou méchant ?
    Leporello est baryton. Gentil, ou méchant ?
    Kaspar est très méchant. Et Pizarro aussi.
    Posa est baryton : lui, c’est un gentil de chez gentil.
    Iago est baryton : lui, c’est un méchant de chez méchant. Et Scarpia itou.
    Rigoletto : alors, gentil, pas gentil ?
    Boccanegra, lui c’est un gentil torturé ; Paolo Albiani est un affreux traître.
    Et Falstaff ? Ah … allez, on va dire que grosso modo c’est un baryton gentil, et pas mal nigaud …
    Germont, Amonasro, gentils, méchants ?
    Le Hollandais, baryton aussi / plutôt gentil ?
    Sachs, lui, c’est un vrai gentil pur sucre.
    Alberich, c’est un baryton très méchant qui le reste avec constance (avec qui ?)
    Et Wotan ? Ah ah, il est quoi, lui ? Côté clair ou côté obscur ?
    Gunther n’est ni un gentil ni un méchant, c’est un niais.
    Lindorf, Coppelius, Dapertutto, Dr Miracle, bouh, les vilains !
    Oneguine, lui, c’est un gentil.
    Jokanaan, c’est forcément un gentil, puisqu’il se fait raccourcir par complaisance du tétrarque pour Salomé, mais bon, il est un peu sentencieux et casse-bonbons …
    Barak, c’est un gentil.
    Wozzeck, tout bien considéré, ce serait plutôt un gentil, écrasé par le destin …
    Mais le Dr Schön … vous le ‘classeriez’ où ?
    Golaud … un gentil ‘self-tortured’ qui devient carrément méchant à force de se triturer jalousement les neurones …

    Quelques rôles de basse :

    Fafner, Hunding, ce sont des vilains vraiment vilains.
    Fasolt, c’est aussi une basse, mais il serait plutôt gentil, même si pas très fufute …
    Banquo, c’est la noblesse perfidement assassinée.
    Philippe II, c’est une basse : il est gentil, ou pas ?
    Gurnemanz est une basse, et c’est un gentil très gentil.
    Boris, il est méchant, ou pas ?
    Mephisto (Gounod, Berlioz, Boito), on n’en parle pas, la méchanceté incarnée (façon de dire).
    Ochs (très grand rôle de basse) est sympathiquement ridicule.
    Procida est une basse noble et vertueuse.

    Etc. ... etc. ...
    Merci de votre patience.
    Dernière modification par The Fierce Rabbit ; 29/03/2016 à 19h49.

  10. #10
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    c'est vous qui avez été plus patient que moi, en plus d'être plus érudit.

    Oui pour les ténors wagnériens j'ai été réducteur ; les ténors GENTILS sont idiots ; les méchants, non, Loge est super! Bon Tristan... passe encore, mais enfin ce n'est pas une lumière quand même. Parsifal, c'est dans le livret, hein, l'imbécile heureux, der reine Tor (quoi? je traduis mal?)

    Sachs baryton? ou basse chantante? ou basse-baryton ou baryton-basse? Hotter chantait ça ; c'est un peu la tessiture de Boris, non?
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  11. #11
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    Euh, Leb', pas tout à fait d'accord : comme l'indique le lapin, Lohengrin et Tannhaüser, qui sont des "gentils", ne sont pas VRAIMENT idiots. C'est vrai que Tristan ne s'est pas cramé en inventant l'eau tiède, mais est-il vraiment un "gentil" ? Après tout, il a occis Morold et a accepté de livrer Isolde à son oncle Mark avant que le bug du philtre fasse son effet... Finalement, les deux rôles de ténor écrits par Wagner pour des personnages authentiquement idiots sont Siegfried et Parsifal. A la rigueur, je peux admettre que Parsifal est "gentil", encore que tuer un cygne comme ça, pour le plaisir, bof bof, ça montre qu'il en tient une sévère (d'ailleurs, Gurnemanz, excédé, le vire à la fin du premier acte). En revanche, j'ai un mal fou à trouver Siegfried "gentil". Ce qui le définit le mieux, AMHA, c'est "brute épaisse" (en plus d'être bas du front).

    Musicalement,
    l'obsédé-des-incunables

  12. #12
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Bon Tristan... passe encore, mais enfin ce n'est pas une lumière quand même. Parsifal, c'est dans le livret, hein, l'imbécile heureux, der reine Tor (quoi? je traduis mal?)

    Sachs baryton? ou basse chantante? ou basse-baryton ou baryton-basse? Hotter chantait ça ; c'est un peu la tessiture de Boris, non?
    Ah que voulez-vous, Tristan est peut-être un jeune homme intellectuellement brillant, mais le voilà handicapé de l’encéphale par l’amour, et une boisson diabolique qui lui inhibe toute faculté autre que sauter sa tante, alors bien sûr …
    Parsifal, ben oui, c’est un peu le simplet ! Mais heureusement quand même, ‘durch Mitleid wissend » le dévoilement survient et il accède à la connaissance, et il aura plein de petits Lohengrins (enfin ‘plein’ je sais pas, mais au moins un – et puis y’a pas besoin d’être prix Nobel pour savoir faire ça.)

    Sachs, baryton, basse chantante, etc … Question de timbre plus que de tessiture, je dirais. Sachs, Wotan, le Hollandais, le Héraut d’Armes de Lohengrin, Telramund, Kurwenal, Amfortas – mais aussi Amonasro, Rigoletto, Falstaff, Iago, Macbeth, Tell, Scarpia, Nabucco, Boccanegra, Posa, Luna, Vargas, Renato - Oreste (Gluck ou Strauss) – et encore Jokanaan, Barak, Boris, Don Giovanni, Leporello, Figaro (Mozart et Rossini), Pizarro, Kaspar, Oneguine, Valentin, les 4 méchants des Contes d’Hoffmann, Escamillo, Germont, le Grand-Prêtre de Dagon, Golaud, Barbe-Bleue, c’est le même emploi, le ‘Heldenbariton’, le ‘baryton Verdi’, le ‘baryton dramatique’, qu’on appele ça comme on voudra.
    Franz Betz, créateur de Sachs, et aussi créateur de Wotan, chantait aussi Carlo dans Ernani (c’est ce qui lui valut son embauche au Hofoper de Berlin), Don Giovanni, Tell, Falstaff, Luna, Germont, Oreste, Pizarro …
    George London chantait Boris – et comme !!

  13. #13
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    Citation Envoyé par co2monamour Voir le message
    . A la rigueur, je peux admettre que Parsifal est "gentil", encore que tuer un cygne comme ça, pour le plaisir, bof bof, ça montre qu'il en tient une sévère (d'ailleurs, Gurnemanz, excédé, le vire à la fin du premier acte).


    Pour l'anecdote, Peter Maxwell Davies, qui vient de mourir, a été un jour inquiété par la police car, sur son île des Orcades, il avait mangé un cygne, alors que, par défaut, tous les cygnes du Royaume appartiennent à la Couronne (ce qui permet l'existence de petits métiers comme swan upper ou swan marker).
    Il s'engendre beaucoup d'abus au monde ou, pour le dire plus hardiment, tous les abus du monde s'engendrent de ce qu'on nous apprend à craindre de faire profession de notre ignorance.

    Montaigne

  14. #14
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    Citation Envoyé par co2monamour Voir le message
    A la rigueur, je peux admettre que Parsifal est "gentil", encore que tuer un cygne comme ça, pour le plaisir, bof bof, ça montre qu'il en tient une sévère (d'ailleurs, Gurnemanz, excédé, le vire à la fin du premier acte).
    Il ne tue pas un cygne "pour le plaisir" - qu'est-ce qui permet d'affirmer que c'est "pour le plaisir", y a-t-il des éléments dans le livret qui l'étayent ? Il tue un cygne comme il tuerait un canard ou un daim ou tout autre animal qui lui permettrait de manger, puisqu'il erre seul de par le monde depuis pas mal de temps et que personne ne lui a appris que tuer un cygne sur le domaine sacré du Graal, où il ne sait même pas qu'il se trouve, ou tout autre animal, c'est sacrilège.
    Il n'"en tient pas une sévère", il est juste brut de fonderie, personne ne lui a jamais rien appris d'autre que de suivre son instinct et son bon plaisir, et son idéal est de devenir comme ces brillants cavaliers armés de pied en cap qu'il a un jour vu passer, qui l'ont ébloui, qu'il a suivis illico sans se préoccuper de quoi que ce soit d'autre fût-ce sa propre mère, qu'il a observés dans leurs agissements et ç'avait beau être de preux chevaliers, ce n'étaient pas des anges de douceur et la vie n'avait guère de prix pour eux. Alors avec des modèles pareils, pas étonnant qu'il ne fasse pas dans la dentelle. Il n'a aucune notion du bien et du mal, de qui est bon et qui est mauvais, de ce que c'est que le péché. Il est totalement 'nature', c'est un enfant doté de l'intellect d'un enfant inéduqué.
    Gurnemanz subodore bien qu'il pourrait être le 'reine Tor', le fol innocent annoncé par la prophétie. Parsifal n'est pas inaccessible à la pitié, les remontrances et explications de Gurnemanz pour la mort du cygne le touchent et l'émeuvent. Puisque le 'reine Tor' ignorant est censé devenir 'wissend', savant ou plutôt 'sachant', en éprouvant de la 'Mitleid', de la pitié, ou plus exactement de la 'douleur , Leid - avec , mit', il espère que le gamin éprouvera cette compassion simplement en étant témoin de la souffrance d'Amfortas. C'est pourquoi il l'emmène au temple, mais les gémissements et plaintes d'Amfortas ne provoquent rien en lui. La déception de Gurnemanz, à la mesure de son immense espoir, déclenche sa colère; et en effet il vire Parsifal en qui il voit 'nur ein Tor', juste un crétin, en qui il n'y a aucun espoir.
    Ce n'est que le baiser de Kundry qui déclenchera chez le gosse une abominable douleur physique, la même que celle d'Amfortas, et c'est cette douleur 'sympathique' avec le Roi du Graal qui provoquera le dévoilement et lui donnera la connaissance.

    Siegfried, en un sens, est un peu dans le même cas. Tout ce qu'il a connu, c'est la forêt, Mime, la forge, la chasse, la pêche, la cueillette. IL sait aussi que pour qu'il y ait de petits animaux, il faut des mâles et des femelles. Et il se demande bien pourquoi Mime n'a pas de femelle, puisque lui est censé être le rejeton. Le reste, nada de nada. Alors c'est vrai qu'il use et abuse de sa force, de là à dire que c'est une brute épaisse, peut-être pas. Relire peut-être Siegfried II-2, après le départ de Mime et la fabrication du chalumeau ; ou III-3, la découverte de Brünnhilde et la peur panique qui le saisit ; ou Le Crépuscule, II-2, la mort de Siegfried.

  15. #15
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Pour l'anecdote, Peter Maxwell Davies, qui vient de mourir, a été un jour inquiété par la police car, sur son île des Orcades, il avait mangé un cygne, alors que, par défaut, tous les cygnes du Royaume appartiennent à la Couronne (ce qui permet l'existence de petits métiers comme swan upper ou swan marker).
    Ce que c'est que la jalousie mesquine des voisins ...

  16. #16
    Membre Avatar de Niccolo
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    Marseille
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    Merci pour le long développement sur le sujet en cours. Je ne sais pas si il met un terme à toutes les interrogations mais il a le mérite de minimiser complètement ce genre de considérations d'ordre plus philosophiques que musicales.

  17. #17
    En attente de confirmation
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    Citation Envoyé par Niccolo Voir le message
    considérations d'ordre plus philosophiques que musicales.
    Oh et encore, 'philosophiques' est un bien grand mot !!

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