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Discussion: Bibliothèque musicale : discussion générale, actualité et bavardages

  1. #261
    Administrateur Avatar de Philippe
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    Re-bonjour à tous et à toutes !

    Pour entamer le menu, d'abord la septième partie de notre fil rouge (presque l'avant-dernière, je ne sais pas encore) avec, comme comme vous en avez pris l'habitude maintenant, Ozawa et Konoye.
    Aujourd'hui, par Ozawa, que du Tchaikovsky, avec une série de pages célèbres mais toujours captivantes ! et un peu de Konoye dirigeant l'incontournable "Inachevée" de Schubert.
    Par conséquent :
    - Tchaikovsky : le Capriccio italien ; le Concerto pour piano n°1 (soliste : John Browning) ; le Concerto pour violon (soliste : Erik Friedman) ; l'ouverture fantaisie Roméo et Juliette ; la Symphonie n°4 ; et la Symphonie n°5.
    Et, par Konoye :
    - Schubert : la Symphonie n°8 "Inachevée".

    Comme je le dis souvent, une fois encore, par nos deux Japonais, des pièces extrêmement connues, qu'il ne me semble donc pas indispensable de vous « présenter » davantage.

    Commençons par une petite escale aux sources de l'art de l'orgue, avec deux figures très différentes mais complémentaires si l'on cherche à comprendre l'évolution : Sweelinck (1562-1621), figure de transition entre Renaissance et période baroque, et W.F. Bach (1710-1784), fils aîné de J.S., nous livrent tous deux des pièces où l'art de la variation et la richesse contrapuntique règnent en maîtres.

    Jan Pieterszoon Sweelinck, maître d'Amsterdam, est à la croisée des chemins : héritier de la Renaissance et annonciateur du Baroque, il influença toute une génération de clavecinistes et d'organistes, notamment en Allemagne du Nord, ouvrant la voie à Buxtehude et à Bach.
    Avec W.F. Bach, nous entrons dans un autre monde. Son écriture d'orgue, parfois austère, à la fois savante et expressive, reflète un esprit libre, instable, mais plutôt original : son écriture d'orgue, tantôt austère, tantôt d'une expressivité surprenante, reflète un esprit libre et contrasté, alternant rigueur héritée de son père et élans préromantiques inattendus.
    Sur un plan plus anecdotique, on parle aussi parfois d'instabilité pour sa vie personnelle et professionnelle : il eut du mal à conserver des postes fixes (organiste à Dresde, puis à Halle, mais il démissionna ou fut en conflit) ; contrairement à ses frères, il n'a pas su se faire une place durable dans le paysage musical européen ; enfin, certains témoignages évoquent un caractère difficile, une gestion hasardeuse de ses affaires, et même des périodes de précarité à la fin de sa vie.
    Du coup, cette "instabilité" biographique se reflète souvent dans la perception que l'on a de son oeuvre, qui illustre une figure contrastée, imprévisible et singulière, dont la musique surprend par ses brusques changements de couleur.
    Ses chorals et ses pièces de facture contrapuntique témoignent d'un style inclassable, à la fois enraciné dans la tradition et déjà tourné vers les audaces préclassiques et l'expressivité du Sturm und Drang.

    Deux visages donc - l'un à l'aube du baroque, l'autre aux portes du classicisme - qui, mis en regard, montrent la richesse et l'évolution de l'orgue européen sur près de deux siècles.

    Quelques notes de piano pour poursuivre , grâce à trois univers pianistiques bien différents, mais qui dialoguent à travers le temps : en effet, bien qu'écrites à des époques et dans des styles distincts, ces oeuvres se mettent en perspective et s'éclairent mutuellement quand on les écoute côte à côte.
    Arnold Bax (1883-1953), figure de premier plan de la musique britannique du premier XXe siècle, se révèle dans ses sonates pour piano. La Sonate n°1 (1909) et la Sonate n°4 (1932) traduisent l'évolution de son langage : de la fougue romantique teintée d'influences impressionnistes à une écriture plus sombre, plus dense et personnelle. Ces pages, très exigeantes, rappellent combien le piano fut pour Bax un laboratoire d'expérimentations sonores.
    Ignace Paderewski (1860-1941), pianiste virtuose polonais devenu homme d'État, incarne un tout autre visage du clavier. Ses pièces brèves - Nocturne, Mazurka, Krakowiak, Variations ... - allient charme mélodique et brillance pianistique, héritières d'un modèle "à la Chopin" mais avec une touche personnelle pleine de lyrisme.
    Enfin, Ernest Chausson (1855-1899, càd trop tôt disparu), nous laisse avec son Concert en ré majeur, une oeuvre singulière pour piano, violon et quatuor à cordes. Entre musique de chambre et petit concerto, elle déploie une écriture riche, tour à tour intime et passionnée, où plane l'ombre de Franck mais aussi une sensibilité très française.
    Trois facettes donc - la modernité britannique, le romantisme polonais et l'élégance française - qui composent un tableau éclectique mais cohérent du répertoire pianistique élargi.

    Pour suivre, trois oeuvres de musique de chambre où les cordes trouvent des accents très personnels au contact du piano.
    Avec sa Sonate pour alto et piano, l'Australien Arthur Benjamin offre à l'alto une partition dense et lyrique, magnifiquement servie par le célèbre William Primrose. Entre gravité et intensité, elle témoigne de l'intérêt du compositeur pour l'instrument, encore peu favorisé par les grands cycles romantiques.
    La Sonatine pour alto et piano n°1 de Darius Milhaud (de 1944) explore un univers tout autre : celui de l'humour et de la clarté néo-classique. Rythmes piquants, contrastes vifs, saveurs harmoniques typiques de Milhaud en font une oeuvre aussi concise que savoureuse.
    Enfin, la Suite pour violon et piano de Henri Vieuxtemps (de 1844) ramène au coeur du romantisme. Ce compositeur liégeois, surtout célèbre pour ses concertos, révèle ici une veine plus intime, où la virtuosité du violon se marie à une écriture pleine de poésie.

    Le Barbier de Séville de Rossini par Abbado (enregistrement de 1972) en est une version bien connue. Avec son irrésistible énergie comique, ses airs inoubliables et sa verve dramatique, le Barbier est devenu l'une des pierres angulaires du répertoire. Sous la baguette de Claudio Abbado, la vivacité de l'écriture rossinienne retrouve toute sa fraîcheur et sa malice. Un monument de légèreté et de virtuosité vocale. Pourtant la critique n'a pas toujours été unanime : Hoffelé-Kaminsky, par exemple, écrivent : Un (....) enregistrement classique, un peu trop classique justement. (...) Berganza demeure (...) une Rosine à chérir, et - pour une fois - elle dispose ici d'un formidable Bartolo en la personne de Dara, que cet enregistrement contribua à révéler. Hélas, ni Alva (omniprésent et déjà fatigué) ni Prey (excellent chanteur mais allemand !) ne peuvent entièrement satisfaire. Le Guide du CD chez Marabout - qui lui attribue "seulement" la note de 3 étoiles (sur 5) - reste plus réservé également : Berganza chante Rosine avec grand style mais manque de finesse.
    Bon comme je le dis souvent, à chacun de se faire sa propre opinion ...

    Le Requiem de Cherubini, déjà bien connu ici grâce à la version de Toscanini, a été commandé pour commémorer l'anniversaire de l'exécution de Louis XVI. Ce Requiem sans solistes vocaux frappe par sa sobriété et son intensité dramatique. Beethoven l'admirait particulièrement (mah70 est prié de sauter cette phrase pour ne pas s'énerver ), et même Berlioz reconnut en Cherubini un maître de l'art sacré. L'oeuvre marie grandeur classique et gravité expressive, créant une atmosphère d'austérité et de recueillement.

    Et pour terminer, deux concertos de sûrement moindre envergure mais non sans intérêt : le Concerto pour clarinette et orchestre n°2 de Spohr et le Concerto pour violon de Ponce.
    Dédié à Henryk Szeryng, le concerto de Ponce, surtout connu pour ses oeuvres pour guitare, est ici une oeuvre chaleureuse et virtuose où le lyrisme mexicain s'allie à une écriture orchestrale raffinée.
    Quant au concerto de Spohr, il est généralement considéré comme élégant et lyrique, entre classicisme raffiné et élan romantique, mettant en valeur toutes les couleurs de la clarinette.

    Et voilà ! c'est fini pour aujourd'hui … sinon le serveur finira par demander une prime - ou par exploser !
    La liste complète ci-dessous
    • Bach (Wilhelm Friedemann) : Pièces pour orgue
    • Bax : Sonate pour piano n°1
    • Bax : Sonate pour piano n°4
    • Benjamin : Sonate pour alto et piano
    • Chausson : Concert
    • Cherubini : Requiem
    • Milhaud : Sonatine pour alto et piano n°1
    • Paderewski : Pièces pour piano
    • Ponce : Concerto pour violon
    • Rossini : Le Barbier de Séville
    • Schubert : Symphonie n°8 "Inachevée"
    • Spohr : Concerto pour clarinette et orchestre n°2
    • Sweelinck : Pièces pour orgue
    • Tchaikovsky : Capriccio italien
    • Tchaikovsky : Concerto pour piano n°1
    • Tchaikovsky : Concerto pour violon
    • Tchaikovsky : Roméo et Juliette, ouverture fantaisie
    • Tchaikovsky : Symphonie n°4
    • Tchaikovsky : Symphonie n°5
    • Vieuxtemps : Suite pour violon et piano
    Bonnes écoutes !

  2. #262
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    Salut à toutes et à tous !

    Huitième et ultime partie de notre "récital" Osawa-Konoye dans le cadre de notre fil rouge consacré au Japon.
    Dans qq temps il y aura des suppléments ou des "bonus" si vous préférez, avec d'autres choses complètement différentes - mais toujours japonaises

    Aujourd'hui, pour compléter ce cycle, par Ozawa, les deux formidables concertos pour violon de Wieniawski, qui nous changent un peu des habituels Brahms, Tchaikovsky et autres Beethoven - ceci n'ayant rien de péjoratif
    Wieniawski, violoniste polonais virtuose, nous laisse en effet deux concertos marquants : le premier (1853), plein d'audace, et le second (1862), plus lyrique et séduisant. Moins joués que ceux de Brahms ou Tchaikovsky, ils méritent d'être redécouverts, surtout portés par Perlman - excusez du peu - et Ozawa.

    Par conséquent :
    - Wieniawski : le Concerto pour violon et orchestre n°1 et le Concerto pour violon et orchestre n°2 (soliste : Itzhak Perlman).
    Et, par Konoye :
    - Sibelius : le très célèbre Finlandia.

    Jenő Hubay (1858-1937) et Sergueï Liapounov (1859-1924) ne sont pas à proprement parler des "nouveaux venus" en BM mais, avec une seule oeuvre chacun (le Concerto pour violon n°3 pour le premier, 12 Études d'exécution transcendante pour le second), ils étaient jusqu'à présent "relégués" en section « Divers » ; qqs oeuvres supplémentaires pour chacun d'eux et hop, le tour est joué : ils ont maintenant leur propre sous-forum
    Alors qu'attendons-nous ? Allons-y !

    Hubay, figure centrale de l'école hongroise du violon, alliait virtuosité éblouissante et lyrisme teinté de folklore. Sa vaste série des Scènes de la Csárda illustre mieux que tout son art d'enflammer l'instrument sur des thèmes populaires, de l'incontournable Hejre Kati, aux Vagues du Balaton, ou encore à la tendre Ma petite colombe. La scène de la Csárda n°2 "Kis furulyám" (Ma petite flûte) témoigne de la diffusion internationale de ce répertoire. À côté de ces pages brillantes, Hubay signa aussi des pièces plus lyriques comme Zéphir, et des partitions concertantes d'envergure, comme son Concerto pour violon n°3, déjà évoqué, qui confirme la stature d'un compositeur trop souvent réduit à ses seules pièces de salon.

    Liapounov, disciple de Balakirev, prolonge quant à lui l'élan romantique russe à travers une oeuvre à la fois fastueuse et sincère. Sa Symphonie n°2, et la Polonaise en ré majeur, relaient encore l'esprit du "Groupe des Cinq", mais déjà la Rhapsodie sur des thèmes ukrainiens, laisse poindre un souffle plus personnel. Pianiste de formation, il rend hommage à Liszt en "achevant" les 12 Études d'exécution transcendante, conçues comme le complément de la série laissée inachevée par le maître de Weimar. Plus tard, son Concerto pour piano n°2 baigne dans un climat proche de Rachmaninov, tandis que le Concerto pour violon déploie un lyrisme généreux et ample, digne des plus grands concertos de l'époque.

    Fauré a consacré les dernières décennies de sa vie à la musique de chambre, y trouvant un terrain d'expression intime et raffiné. Ses deux Quintettes avec piano, le n°1 en ré mineur, et le n°2 en ut mineur, comptent parmi ses chefs-d'oeuvre tardifs : un équilibre subtil entre lyrisme, clarté d'écriture et profondeur émotionnelle.
    Nous avons déjà pour chacun d'eux deux versions en BM : ici et ici, donc une nouvelle interprétation cette fois pour chacun des deux ; pas à se prononcer sur une quelconque préférence : à chacun la ou les sienne(s) ; mais pour ma part, toutes me semblent impeccables

    Havergal Brian, compositeur britannique excentrique et prolifique, est surtout connu pour ses symphonies (32 au total !), souvent monumentales. La Symphonie n°6 "Sinfonia Tragica" (1948), présentée ici cette fois, tranche par son format plus resserré, mais non moins intense : une oeuvre sombre et concentrée, qui déploie en une petite demi-heure une tension dramatique permanente, entre héritage post-romantique et audaces modernistes.

    Korngold connut une carrière bipartite : enfant prodige de la scène viennoise puis maître de la musique de film à Hollywood. Son Concerto pour violon et orchestre (1947) concilie une écriture lyrique et orchestrale somptueuse, héritée de la grande tradition romantique, avec un sens aigu du lyrisme cinématographique. Interprété dans cette sélection par Hoelscher/Mattes (1974), il apporte à ce package une couleur tantôt suave, tantôt héroïque - un pont idéal entre le monde du concert et celui de la bande-son.

    Offenbach est surtout connu pour ses opéras bouffes, mais son catalogue contient aussi des ballets et pièces de caractère charmantes et légères. Le Papillon, ballet en deux actes, est une de ces oeuvres où la fantaisie et l'élégance orchestrale se conjuguent pour produire un divertissement délicat et plein d'insouciance. La version Bonynge/LSO (1973) donnera à l'auditeur un moment de fraîcheur bienvenue au milieu de pages plus dramatiques.

    Prokofiev composa son Quatuor à cordes n°2, en 1941, alors qu'il avait été évacué à Nalchik, en Kabardino-Balkarie, après l'invasion allemande de l'URSS. Dans ce contexte, les autorités lui suggérèrent d'intégrer des thèmes folkloriques locaux : Proko s'y exécute avec brio, tissant des mélodies et des rythmes montagnards dans la trame classique du quatuor. Le résultat est une oeuvre vigoureuse et originale, d'une vingtaine de minutes, qui allie l'énergie typique de son auteur à une couleur inédite, puisée dans les traditions caucasiennes.
    Une oeuvre déjà bien représentée en BM grâce à deux versions, mais ici par le Quatuor Carmirelli (enregistrement de 1960).

    Pour terminer, deux oeuvres peut-être moins "majeures" (quoique ... qu'est-ce que cela veut dire exactement ???) : les Novelettes de Glazounov et Sullivan avec son Ouverture "In Memoriam".
    Glazounov, élève de Rimski-Korsakov et futur directeur du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, fut aussi un maître de la musique de chambre. Ses Novelettes (1886), sont une suite de pièces pour quatuor à cordes aux atmosphères contrastées : élégance lyrique, folklore russe et virtuosité s'y succèdent avec un charme tout classique. Moins jouées que ses symphonies, elles révèlent une facette plus intime de son art.
    Quant à Sullivan, célèbre pour ses opéras comiques avec Gilbert, composa aussi des pages plus "sérieuses". L'Ouverture "In Memoriam" (1866), écrite à la mort de son père, est l'une de ses oeuvres orchestrales les plus poignantes : un adieu sincère, empreint de gravité, qui contraste fortement avec l'esprit léger de ses productions scéniques.

    Et voilà ! encore un package bien chargé, entre Japon, France, Hongrie, Russie et quelques détours plus inattendus … où chacun je l'espère pourra trouver son bonheur
    La liste complète ci-dessous :
    • Brian : Symphonie n°6 "Sinfonia Tragica"
    • Fauré : Quintette pour piano et cordes n°1
    • Fauré : Quintette pour piano et cordes n°2
    • Glazounov : Novelettes
    • Hubay : Scène de la Csárda n°2 "Kis furulyám"
    • Hubay : Scène de la Csárda n°5 "Les Vagues du Balaton"
    • Hubay : Scène de la Csárda n°4 "Hejre Kati"
    • Hubay : Scène de la Csárda n°12 "Ma petite colombe"
    • Hubay : Zéphir
    • Korngold : Concerto pour violon et orchestre
    • Liapounov : Concerto pour piano n°2
    • Liapounov : Concerto pour violon et orchestre
    • Liapounov : Polonaise pour orchestre en ré majeur
    • Liapounov : Rhapsodie sur des thèmes ukrainiens
    • Liapounov : Symphonie n°2
    • Offenbach : Le Papillon
    • Prokofiev : Quatuor à cordes n°2
    • Sibelius : Finlandia
    • Sullivan : Ouverture "In memoriam"
    • Wieniawski : Concerto pour violon et orchestre n°1
    • Wieniawski : Concerto pour violon et orchestre n°2
    Bonnes écoutes !

  3. #263
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    Re-bonjour à toutes et à tous !

    Pour commencer, petite présentation du premier « bonus » au fil rouge Japon (il y en aura en effet un second, mais ce sera pour 2026 car il n'est pas encore prêt), après la fin de notre vaste exploration des univers d'Ozawa et de Konoye, avec qqs livraisons remarquables voire insolites.

    D'abord, non plus un interprète mais un compositeur - par ailleurs nouveau venu (forcément) en BM : Kôsaku Yamada (1886-1965) ; d'autres compositeurs, comme Takemitsu ou Akira Tamba, sont bcp plus connus du public occidental. Malheureusement (pour la BM), disparus respectivement en 1996 et 2023, ils sont évidemment inéligibles ici.
    Yamada est souvent considéré comme le père de la musique symphonique japonaise moderne. Formé d'abord à Tokyo, il part à Berlin (de 1908 à 1913) où il étudie avec Max Bruch et Karl Leopold Wolf. C'est là qu'il assimile la tradition germanique.
    De retour au Japon, il devient chef d'orchestre et pédagogue : il introduit un répertoire occidental large (Beethoven, Brahms, Wagner) et contribue à professionnaliser la vie symphonique.
    Son style oscille entre post-romantisme européen et couleurs japonaises (modes pentatoniques, timbres évoquant les instruments traditionnels) ; et sa production, vaste, incluant des symphonies, des poèmes symphoniques, des opéras, des mélodies (notamment sur des poèmes d'enfants), et de la musique de chambre. Malheureusement tout cela est très difficile à trouver, et je ne puis dans l'état actuel vous présenter « que » quatre de ses oeuvres.
    Akatombo (La Libellule rouge) est à l'origine un chant d'enfant composé par Yamada en 1927 sur un texte de Rofū Miki.
    Devenue l'une des chansons les plus célèbres du Japon moderne, souvent apprise dans les écoles nippones, c'est une mélodie simple, douce, un peu nostalgique, qui évoque les souvenirs d'enfance et l'image d'une libellule rouge au coucher du soleil.
    Pluie sur Jogashima est une autre mélodie pour voix et piano (1913), très populaire au Japon.
    Jogashima est une île au sud de Tokyo, connue pour ses paysages marins ; le climat musical peut rappeler Debussy - en particulier pour son atmosphère impressionniste, mais la mélodie conserve la sobriété d'un chant japonais.
    Les Variations sur la mélodie anonyme "Meiner lieben Mutter gewidmet" constituent un cas un peu particulier : la mélodie est allemande, transmise sans nom d'auteur, que Yamada a reçue à Berlin. Son titre traduit de l'allemand est "Dédié à ma chère mère", et ce choix est révélateur : il montre l'ancrage germanique de ses années de formation, mais aussi une volonté intime avec l'hommage filial.
    Musicalement, c'est une série de variations orchestrales dans le style de Bruch ou de Reger ; plus proche de l'Europe que du Japon, mais avec quelques touches modales qui trahissent sa double identité.
    Poème Variations mélancoliques sur Kojo no tsuki propose un cycle de variations à l'orchestre (ou en réduction au piano, comme ici). C'est l'un des airs japonais les plus célèbres.
    Kojo no Tsuki (荒城の月), qui signifie "La lune au-dessus du château en ruines" (oui, le titre est plus long en français qu'en japonais ), est une chanson traditionnelle japonaise empreinte de nostalgie et de beauté poétique. Elle évoque les souvenirs d'un château autrefois glorieux, maintenant abandonné, sous la lumière immuable de la lune.
    En voici une traduction française en version intégrale donc un peu longue, mais ça se défend aussi comme "document exceptionnel".
    Au printemps, dans la haute tour,
    Il y eut des festins au milieu des fleurs de cerisier.
    Des coupes de saké passaient de main en main,
    Éclairées par la lumière de la lune.
    Où sont les lumières anciennes maintenant,
    Qui pénétraient entre les branches des pins millénaires ?
    En automne, le camp était blanchi de givre,
    Des oies sauvages criaient en traversant le ciel nocturne.
    Où est la lumière d'autrefois,
    Qui brillait sur les épées plantées dans la terre ?
    Aujourd'hui, la lune flotte au-dessus du château en ruines.
    Pour qui jette-t-elle sa lumière éternelle ?
    Rien que des lierres restent sur les haies,
    Et le vent chante seul dans les pins.
    Bien que l'ombre céleste ne change pas,
    La gloire et la chute alternent dans ce monde.
    Est-ce pour refléter ce monde changeant
    Que la lune brille encore là-haut ?

    Cette chanson, composée en 1901 par Rentarō Taki sur un poème de Bansui Doi, est souvent interprétée au koto ou au piano. Elle a été reprise par des artistes comme Thelonious Monk et les Scorpions.

    Pour suivre, deux violonistes : Yūko Shiokawa avec le Concerto pour violon et orchestre de Brahms, et Toshiya Eto avec le Concerto pour violon et orchestre de Sibelius.
    Shiokawa et Eto ne sont pas forcément des « stars » en Occident, mais chacun a marqué l'époque - à sa manière.
    Yūko Shiokawa a été formée au Japon puis à l'Académie de musique de Berlin auprès de Wilhelm Stross et Sándor Végh.
    Yūko s'est fait remarquer dès la fin des années 1960 en remportant plusieurs concours internationaux. Sa carrière internationale a décollé grâce à Herbert von Karajan, qui l'a invitée à jouer avec le Philharmonique de Berlin - comme dans le Brahms proposé aujourd'hui. Par la suite, elle s'est produite avec d'autres grands chefs (Celibidache, Sawallisch, Ozawa) et a enseigné en Allemagne.
    Son jeu est sobre, lumineux, sans ostentation, privilégiant la ligne mélodique et la pureté de sonorité.
    Elle est mariée au pianiste Andras Schiff, avec qui elle a beaucoup joué en musique de chambre.
    Toshiya Eto quant à lui, né à Tokyo, a étudié avec Saburo Sumi et Alexander Moguilevsky, puis à Juilliard auprès de Ivan Galamian et William Primrose. Il a gagné une notoriété importante en Asie et aux États-Unis dans les années 60-70.
    Le concerto de Sibelius proposé ici est une de ses interprétations emblématiques, montrant son intensité et son tempérament dramatique.
    Sa carrière est moins médiatisée en Europe que celle de certains de ses contemporains (comme Uto Ughi ou Kyung-Wha Chung par exemple), mais très respectée au Japon.
    Grand pédagogue, il a été professeur à la Toho Gakuen School et a formé une génération entière de violonistes japonais.
    Bref : Shiokawa représente l'ouverture japonaise vers les grandes scènes européennes (sous l'aile de Karajan), tandis qu'Eto incarne la vitalité et la transmission au Japon, avec un répertoire très axé sur les grands concertos romantiques. Ensemble, ils illustrent deux facettes du violon japonais des années 1960-70.

    Avec Danzi et Lipatti, on est exactement dans le même cas de figure que lors du précédent package avec Hubay et Liapounov : pas vraiment des "nouveaux venus" en BM mais, avec une seule oeuvre chacun jusqu'à présent "relégués" en section « Divers » ; qqs oeuvres supplémentaires pour chacun d'eux leur permettent de disposer maintenant de leur propre sous-forum dédié.

    Dinu Lipatti (1917-1950) est un pianiste de génie, disparu tragiquement et prématurément (maladie de Hodgkin) à l'âge de 33 ans, et dont les enregistrements restent légendaires. Mais on sait moins qu'il a aussi laissé une quinzaine de compositions, écrites principalement dans les années 1930-40, qui révèlent une voix raffinée, entre néo-classicisme français et lyrisme romantique.
    La Sonatine pour la main gauche (1941), en trois mouvements, illustre parfaitement cette élégance : conçue pour le pianiste Otakar Hollmann, elle transforme la contrainte technique en une écriture limpide et expressive, tour à tour vive, méditative et brillante.
    Plus ambitieuse, la Symphonie concertante pour deux pianos et orchestre (1932, révisée en 1938) témoigne de la maturité précoce du jeune Lipatti : dialogues virtuoses et passages lyriques s'y enchaînent avec une assurance étonnante pour un adolescent.
    Enfin, déjà présent en BM depuis 2023, son Concertino en style classique (1936), écrit à Paris auprès de Nadia Boulanger, rend hommage aux formes de Haydn et Mozart dans une écriture claire et équilibrée, toute de fraîcheur et de légèreté.
    Ces trois pages restent rarement jouées (ce qui rend cette mise à disposition d'autant plus précieuse) et permettent de redécouvrir Lipatti sous un autre angle : non seulement l'un des plus grands pianistes du XXe siècle, mais aussi un compositeur singulier, trop tôt réduit au silence.

    Franz Danzi (1763-1826) quant à lui représente à lui seul un gros "bloc" de cette livraison, avec sept oeuvres de lui. Il ne s'agit pas véritablement d'un compositeur "tombé dans l'oubli" : il reste en effet aujourd'hui surtout connu pour ses quintettes à vents, mais son oeuvre est bien plus vaste : symphonies, concertos, opéras, musique de chambre ... Violoncelliste et chef d'orchestre, il fut actif à Mannheim, Munich et Stuttgart, et ami de Carl Maria von Weber qu'il soutint à ses débuts. Sa musique fait le lien entre le classicisme de Mozart et Haydn et le romantisme naissant, avec une élégance claire, parfois relevée de touches plus lyriques qui annoncent Weber.
    On retrouve ces qualités dans ses concertos pour instruments à vent : le Concerto pour basson n°2, plein de verve et d'agilité (joué au basson par un certain Manfred Sax - alors, franchement, s'appeler Sax et jouer du basson ... !!! ) ; le Concerto pour cor, où le chant expressif du mouvement lent contraste avec les fanfares enjouées des allegros ; ou encore le Concerto pour flûte op. 31, plus brillant et galant, qui met l'instrument au premier plan sur un accompagnement léger.
    Danzi fut surtout l'un des premiers à explorer systématiquement le quintette à vents. Ses Quintette à vents op. 56.1 et Quintette à vents op. 56.2 posent les bases d'un répertoire où chaque instrument a sa place, sans lourdeur ni démonstration. Plus tard, le Quintette à vents op. 68.3 montre une écriture plus souple, des dialogues plus travaillés et une veine mélodique plus affirmée.
    Enfin, la Symphonie concertante en si majeur pour clarinette, basson et orchestre illustre un genre typique de la fin du XVIIIe siècle : mi-concerto, mi-symphonie, où deux solistes dialoguent entre eux et avec l'orchestre, dans un esprit brillant et convivial.
    À travers ces pages, on mesure combien Danzi, loin d'être seulement un "compositeur mineur", incarne la transition entre classicisme et romantisme - grâce à ces qqs oeuvres représentatives de ce compositeur qui reste malgré tout trop peu connu mais qu'il est maintenant possible d'approfondir ici

    Revenons pour suivre à Seixas, organiste et claveciniste portugais, qui a laissé près de 700 Sonates pour clavier (dont de nombreuses perdues). C'est un contemporain de Scarlatti, qu'il a croisé à Lisbonne, et ses sonates, parfois très courtes, oscillent entre le baroque tardif et les prémices du style galant. L'intégrale n'existe pas, mais Roberts (1971) est un des premiers à en avoir enregistré un bon corpus - même si nous avons déjà en BM un aperçu d'une large sélection du même type, par Huguette Dreyfus.

    Enfin, pour terminer (pour cette fois ), John Ireland (1879-1962) occupe une place singulière dans la musique britannique du premier XXe siècle. Élève de Stanford, proche de la génération de Vaughan Williams et Holst, il est notamment connu pour ses pièces pour piano et ses mélodies, empreintes d'une poésie très personnelle. Son langage, nourri de romantisme tardif et d'influences françaises (style Fauré, Debussy ...), se distingue par un climat souvent nostalgique, parfois sombre, toujours intimement lié à la littérature et aux paysages anglais.
    Le Concertino "Pastorale" pour orchestre à cordes (1933) est une partition claire et lumineuse : trois mouvements brefs, d'une sérénité presque néo-classique, où l'écriture transparente des cordes laisse filtrer une douceur mélancolique typique du compositeur.
    Mais aujourd'hui c'est surtout à son oeuvre pianistique que nous nous intéressons.
    Ireland appartient à cette génération charnière de compositeurs britanniques qui, entre Elgar et Britten, ont su redonner à la musique anglaise une voix plus intérieure que monumentale, plus rêveuse que spectaculaire et chez lui, le piano devient un espace de confidence - un monde à demi voilé, fait de silences, de résonances et d'images mentales.
    Ses ballades révèlent, à titre d'exemples, ce goût pour l'introspection : la Ballade (1929) et la Ballade of London Nights (1930) oscillent entre lyrisme et ombres plus inquiètes, comme si la ville et la nuit servaient de miroir à une sensibilité inquiète et pourtant contenue.
    Les Pièces pour piano présentées ici, écrites entre 1913 et 1951, offrent un large panorama de son univers : miniatures tantôt intimes (On a Birthday Morning, For Remembrance), tantôt évocatrices (Amberley Wild Brooks, The Towing-Path), parfois fantasques (Merry Andrew, Bergomask).
    Dans toutes, on retrouve cette alliance si typiquement irlandaise (au sens musical du terme !), faite de pudeur, de raffinement harmonique et de cette lumière si anglaise que Debussy effleure sans jamais dissoudre..
    L'interprétation d'Alan Rowlands, enregistrée en 1971, demeure un mo(nu)ment à part.
    Son jeu, d'une clarté sans froideur, épouse parfaitement les contrastes d'Ireland, entre rêverie pastorale, élan romantique, méditation champêtre et tension citadine.
    Réparti sur quatre disques (huit faces de vinyles), cet ensemble constitue l'un des témoignages les plus complets et les plus sensibles consacrés à son oeuvre pour piano - non une intégrale (même si on n'en est pas loin), longtemps la référence avant les enregistrements d'Eric Parkin pour Chandos dans les années 1980.

    Et c'est tout pour aujourd'hui !
    La liste complète :
    • Brahms : Concerto pour violon
    • Danzi : Concerto pour basson n°2
    • Danzi : Concerto pour cor
    • Danzi : Concerto pour flûte op. 31
    • Danzi : Quintette à vents op. 56.1
    • Danzi : Quintette à vents op. 56.2
    • Danzi : Quintette à vents op. 68.3
    • Danzi : Symphonie concertante en si majeur pour clarinette, basson et orchestre
    • Ireland : Concertino "Pastorale pour orchestre à cordes"
    • Ireland : Pièces pour piano
    • Lipatti : Sonatine pour la main gauche
    • Lipatti : Symphonie concertante pour 2 pianos et orchestre
    • Seixas : 12 Sonates pour clavecin
    • Sibelius : Concerto pour violon et orchestre
    • Yamada : Akatombo
    • Yamada : Pluie sur Jogashima
    • Yamada : Poème Variations mélancoliques sur Kojo no Tsuki
    • Yamada : Variations sur la mélodie anonyme "Meiner lieben Mutter gewidmet"
    Bonnes écoutes !

  4. #264
    Administrateur Avatar de Philippe
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    Re-bonjour à toutes et à tous pour ce nouveau package particulièrement original - et inédit, puisqu'il ne comporte que des "nouveaux venus" en BM - avec leurs propres sous-forums dédiés (ce qui inclut Herbert, qui n'avait jusqu'à présent été que "relégué" en section "Divers", avec une seule oeuvre) - dans le but de surprendre, de vous permettre - peut-être - de découvrir de nouveaux noms et d'élargir le catalogue (je suis d'ailleurs désolé pour cet aspect "catalogue" de la présentation, précisément - mais cela m'a semblé la moins mauvaise des présentations possibles ) :
    Bortkiewicz : 2 oeuvres ;
    Castro : 3 oeuvres ;
    Duke : 3 oeuvres ;
    Flury : 5 oeuvres ;
    Herbert : 1 oeuvre ;
    Litolff : 1 oeuvre ;
    Parker : 1 oeuvre ;
    Scott : 3 oeuvres ;
    Thomas, Ambroise : 3 oeuvres ;
    Weinberger : 2 oeuvres.
    Pour la plupart de ces compositeurs (ou je l'espère tous, à voir ...), d'autres oeuvres suivront
    Par souci de simplicité et pour ne pas se casser la tête - et surtout pas établir une quelconque hiérarchie, examinons-les un par un, tout comme les productions de chacun d'eux, en observant l'ordre alphabétique. C'est banal, mais simple et efficace.

    Sergueï Bortkiewicz (1877-1952), compositeur russo-ukrainien formé à Saint-Pétersbourg et à Leipzig, fut l'un des héritiers directs du grand romantisme. Contraint à l'exil à plusieurs reprises (Révolution russe, nazisme), il passa par Constantinople puis par Berlin avant de s'installer définitivement à Vienne. Sa musique, éminemment lyrique et généreusement orchestrée, se place dans la lignée de Tchaïkovsky, Rachmaninov et Liszt, avec une conception de la mélodie qui lui a valu le surnom de « dernier des romantiques » (comme l'a repris Joseph Thirouin dans le titre de son article de ResMusica - à lire absolument si l'on intéresse à Bortkiewicz ou pour qui souhaite le découvrir - entreprise qui en vaut largement la peine), se caractérise par une ferveur mélodique et un sens orchestral chatoyant. Longtemps oublié, il est aujourd'hui redécouvert comme une figure attachante, parfois qualifié de « Rachmaninov oublié », de ce romantisme tardif.
    Créé à Berlin en 1912 avec le compositeur au piano, le Concerto pour piano n°1 est l'une de ses partitions les plus ambitieuses. Structuré en trois mouvements traditionnels, il allie un lyrisme éperdu à une virtuosité héritée de Liszt. Le thème principal du premier mouvement, noble et sombre, réapparaît de manière cyclique. Le mouvement lent déploie un cantabile d'une intensité presque vocale, tandis que le finale, animé et héroïque, évoque par moments la fougue de Rachmaninov.
    L'Intermezzo lyrique "Printemps et Éveil de Pan" est une pièce de caractère d'abord écrite pour piano et ensuite orchestrée, déployant un climat pastoral, inspiré à la fois par la mythologie (le dieu Pan) et par une sensibilité impressionniste. On y retrouve le goût de Bortkiewicz pour les atmosphères poétiques : le violon soliste trace une ligne chantante, soutenue par des harmonies diaphanes qui rappellent Grieg ou Dvorak. L'oeuvre est plutôt courte (une quinzaine de minutes) mais très expressive, - comme une sorte de miniature orchestrale qui illustre son art du lyrisme intime.

    Juan José Castro (1895-1968), chef d'orchestre et compositeur argentin, fut une des grandes figures musicales de l'Amérique latine au XXe siècle. Formé à Buenos Aires puis à Paris, élève de Vincent d'Indy et de Florent Schmitt, il mena une double carrière de chef d'orchestre et de compositeur. Son langage, ancré dans le néo-classicisme, allie rigueur formelle et couleurs sud-américaines. Directeur du Teatro Colón, puis actif en Europe (notamment à l'Opéra de Paris), il contribua à faire connaître la musique argentine sur la scène internationale.
    Son Concerto pour violon, composé dans les années 1940 (et créé en 1941 à Buenos Aires), s'inscrit dans la tradition des grands concertos du XXe siècle tout en intégrant des inflexions rythmiques et mélodiques d'inspiration argentine. L'écriture du soliste, exigeante mais toujours chantante, se déploie sur un orchestre richement coloré.
    Corales criollos, suite orchestrale en sept volets (détails dans le fil dédié), illustre la volonté de Castro de transposer l'esprit de la musique populaire argentine dans un cadre symphonique. On y croise tour à tour la vigueur rythmique du malambo, l'élan du tango, ou des évocations pastorales plus lyriques. La direction d'Ernest Ansermet souligne la parenté avec un Copland latino-américain.
    Enfin (pour cette fois ?) la Suite introspectiva (1961) est une oeuvre tardive qui révèle un visage plus grave et méditatif de Castro. Chaque mouvement explore un climat intérieur, avec une écriture plus dépouillée, parfois austère, qui contraste avec l'exubérance des Corales criollos. Une partition qui témoigne de l'évolution de son style vers une expression plus resserrée et intériorisée.

    Bien ! Voilà qui est dit pour Castro ! Sûrement une découverte pour plusieurs ici ; j'espère que vous l'apprécierez, et si oui : rien n'empêche de lui rester fidèle () - par exemple en écoutant les qqs autres oeuvres de lui que je vous proposerai ultérieurement

    Bref poursuivons, après ce mauvais jeu de mots , toujours en observant l'ordre alphabétique, notre exploration de tous ces "nouveaux venus" dont j'imagine qu'il s'agit probablement de "découvertes" (enrichissantes, je l'espère) pour certains d'entre vous

    Le suivant sur notre liste est Vernon Duke.
    Né en Russie sous le nom de Vladimir Dukelsky (1903-1969), formé à Kiev puis à Constantinople avant d'émigrer aux États-Unis en 1921, il fut encouragé par George Gershwin à "américaniser" son nom. Résultat : une carrière à deux visages.
    D'un côté, Vernon Duke pour le Broadway des années 30-40, Hollywood, les big bands, et le grand répertoire de la chanson américaine, le Great American Songbook, qui n'est pas un livre , mais une expression désignant l'ensemble des grandes chansons populaires américaines écrites entre les années 1920 et 1950 environ. Ce sont des standards issus de Broadway, Hollywood et du jazz, devenus le répertoire de base pour des chanteurs comme Ella Fitzgerald, Frank Sinatra, Sarah Vaughan, Nat King Cole, etc.
    De l'autre, Vladimir Dukelsky pour la musique "classique" (concertos, symphonies, ballets, publiés chez de grands éditeurs européens et américains, avec une écriture plus savante, héritée de son éducation russe). Cette dualité explique qu'il soit parfois oublié des uns comme des autres, alors qu'il a laissé un catalogue impressionnant dans les deux domaines.
    C'est ce qui rend son cas inhabituel : cette coexistence de deux identités ; peu d'artistes auront mené cette double carrière avec autant de réussite. D'où ce paradoxe : les amateurs de jazz connaissent ses chansons, les mélomanes classiques croisent ses concertos … mais (hormis les lecteurs de ce forum ) peu sont ceux qui savent qu'il s'agit du même homme.
    Je l'ai classé en BM comme Vernon Duke (bah oui, fallait bien choisir ...).
    Parmi les oeuvres retenues, pour commencer, Big Hits : quelques-uns de ses standards les plus célèbres, devenus de véritables classiques intemporels du jazz et de la variété américaine : April in Paris (1932), Autumn in New York (1934), Cabin in the Sky (1940), I Can't Get Started (1936), I Like the Likes of You (1932). Ils témoignent de son habileté mélodique et de son ancrage dans le Broadway des années 30-40, souvent repris et magnifiés par les grands interprètes (Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald, Count Basie, etc.).
    Le Concerto pour violon en sol mineur (1943), écrit en pleine guerre et créé par le Boston Symphony avec Ruth Posselt, est de style néo-romantique et lyrique reflétant les racines russes de son auteur autant que son désir de s'imposer dans le répertoire concertant américain.
    Étude pour violon et basson (1961) est une pièce insolite de musique de chambre, dialogue raffiné entre deux instruments rarement associés, qui révèle la veine plus savante du "couple" Duke/Dukelsky, proche par certains côtés d'un Stravinsky tardif.

    Compositeur et chef d'orchestre suisse, Richard Flury (1896-1967) mena une carrière essentiellement nationale, à Soleure et à Berne. Élève de Joseph Marx et de Felix Weingartner, il resta volontairement en marge des avant-gardes. Son langage est celui d'un romantisme prolongé, teinté d'impressionnisme, clair et mélodieux, proche parfois d'un Respighi ou d'un Richard Strauss. Alors que ses contemporains suisses comme Honegger ou Frank Martin exploraient des voies plus modernes, Flury demeura fidèle à une esthétique lyrique et accessible, ce qui explique sans doute son relatif oubli après 1945. Depuis quelques années, son oeuvre connaît un regain d'intérêt grâce à des éditions et enregistrements récents.
    Son Concerto pour violon n°3 (1946) - écrit donc juste après la guerre (juste pour préciser, hein ), illustre bien la fidélité de Flury au grand romantisme. D'un lyrisme généreux, la partie soliste (ici par Georg Kulenkampff) privilégie la ligne chantante et le dialogue expressif avec l'orchestre, plutôt que la virtuosité démonstrative.
    Le Concerto pour violon n°4 (1951), est son ultime contribution au genre, interprété ici par son fils Urs Joseph Flury ; il prolonge la même veine lyrique, mais avec une écriture plus dépouillée, où l'économie de moyens renforce l'émotion. Le ton, parfois élégiaque, reflète l'évolution d'un compositeur vieillissant mais fidèle à son langage.
    Flury a également composé (pour le grand plaisir de l'amateur de musique de chambre que je suis) plusieurs quatuors à cordes.
    Le Quatuor à cordes n°5, composé en pleine guerre, conserve pourtant une atmosphère sereine. Son langage tonal, nourri de contrepoint classique, se rapproche de l'esthétique néo-romantique germanique, avec des élans lyriques et une grande clarté formelle.
    Son Quatuor à cordes n°6, plus sombre que le précédent, révèle une intériorité plus grande. Les mouvements lents y prennent une place importante, offrant un climat méditatif qui tranche avec la fraîcheur du Quatuor n°5.
    Quant à la Suite pour orchestre à cordes, celle-ci illustre à merveille l'art de Flury dans un registre plus léger : alternance de mouvements vifs et chantants, transparence de l'écriture, équilibre classique. L'orchestre à cordes devient un écrin lumineux, presque néo-baroque par instants.

    Pour les trois compositeurs suivants (hasard de l'ordre alphabétique !), une seule oeuvre chacun pour ne pas surcharger cette livraison ; il y en aura d'autres :

    Victor Herbert (1859-1924), violoncelle-star (soliste puis premier violoncelle au Met), chef et compositeur irlando-américain, est surtout resté célèbre pour ses opérettes à Broadway (Naughty Marietta, Babes in Toyland). Mais il a aussi laissé un corpus orchestral solide - poèmes symphoniques, ouvertures, suites - d'un tard-romantisme somptueux qui doit autant à l'école germanique (il a grandi à Stuttgart) qu'au goût américain pour la grande fresque orchestrale.
    Hero and Leander (1901) est tiré du mythe grec des amants séparés par l'Hellespont. Herbert en tire une page narrative où tout s'entend sans livret : thèmes d'amour aux cordes larges, mer en mouvement (harpes, bois ondulants), traversée nocturne et tempête culminant dans une coda funèbre. L'orchestre y brille par ses couleurs et ses transitions fluides, à mi-chemin entre Liszt (l'art du poème symphonique) et un Strauss premier manière (sens du récit, éclat des pupitres).
    Version proposée : Royal Philharmonic, Karl Krueger (1965) : lecture ample et claire qui met bien en valeur l'écriture orchestrale.

    Enchaînons avec Henry Charles Litolff (1818-1891), un nom que joachim citait dans le fil Qui souhaitez-vous voir réévalué ?. Fut-il vraiment "important" (mais qu'est-ce que ça veut dire exactement, au fait ?).
    Le mot peut prêter à discussion, mais il est certain qu'il fut très célèbre en son temps. Par conséquent, enchaîner avec Litolff, c'est évoquer un nom effectivement marquant du XIXe siècle.
    Pianiste virtuose, chef d'orchestre et éditeur (il fonda les célèbres Éditions Litolff à Brunswick), il joua un rôle non négligeable dans la vie musicale de son temps. Tombé presque totalement dans l'oubli après sa mort, son nom reste attaché à ses Concertos symphoniques, une série de cinq partitions qui explorent une forme hybride entre concerto pour piano et symphonie.
    Aujourd'hui, je ne vous en propose qu'une seule oeuvre (d'autres suivront) - pour ne pas surcharger ce package déjà copieux : le Concerto symphonique n°4 en ré mineur (1852). Probablement le plus célèbre de la série, il marie une écriture pianistique brillante à une réelle ampleur orchestrale. Le scherzo en particulier a connu une grande popularité ; il est d'ailleurs souvent joué séparément comme pièce de concert autonome. C'est une page pleine d'énergie et de verve, qui illustre à merveille l'art de Litolff et son rôle de trait d'union entre le romantisme de Mendelssohn et celui de Liszt.

    Horatio Parker (1863-1919) est une figure majeure du symphonisme/choral américain de la fin du XIXe siècle ; professeur à Yale (il eut Charles Ives pour élève), Parker incarne une ligne plutôt conservatrice : forme solide, contrepoint sûr, lyrisme noble et maîtrise chorale héritée de Brahms/Parry/Stanford. C'est dans le grand genre sacré qu'il remporta ses succès les plus notables - et durables.
    Hora Novissima est une mise en musique, en latin, de pages du poème médiéval de Bernard de Cluny (De contemptu mundi). Grande arche en numéros alternés (choeurs massifs, double choeur, quatuors, airs solistes) où Parker déploie écriture chorale magistrale, architecture claire et élans lumineux - une sorte de "Requiem sans messe", sur un ton plus contemplatif qu'endeuillé, qui lui valut une large renommée à sa création.

    Compositeur anglais, pianiste et poète, Cyril Scott (1879-1970) fut considéré avant 1914 comme l'une des figures les plus originales de la jeune musique britannique. Admiré pour son langage harmonique audacieux, proche à la fois de Debussy et de Scriabine, il passa pour un moderniste avant-gardiste. Mais après la 1ère GM, il adopte une esthétique plus lyrique, parfois mystique, qui le marginalisa face à des figures comme Vaughan Williams ou Walton. Doté d'une importante longévité (il vécut jusqu'en 1970, année où il décède à l'âge de 91 ans - ça n'arrive pas à tout le monde !), il laisse un catalogue abondant (de plus de 400 oeuvres !) - mais encore largement méconnu, où coexistent pièces de piano, symphonies, concertos et chansons.
    Je vous propose aujourd'hui trois de ses oeuvres, assez représentatives il me semble. Pas trop à la fois please !
    Son Concerto pour piano n°1 (1900, rév. 1920) est une oeuvre de jeunesse (qui s'en serait douté ?), flamboyante et expansive. On y sent l'influence des romantiques tardifs (Grieg, Rachmaninov), avec un piano virtuose et foisonnant qui cherche à s'imposer, mais déjà avec des audaces harmoniques annonçant l'originalité future de Scott. John Ogdon, inlassable défenseur du compositeur, en a restitué la vigueur et l'élan.
    Presque soixante ans plus tard, le Concerto pour piano n°2 (1958) est un concerto tardif reflétant un langage totalement transformé : plus épuré, plus méditatif, presque chambriste. Ici, le piano ne cherche plus à dominer mais à dialoguer intimement avec l'orchestre. La virtuosité s'efface devant une profondeur contemplative : un contraste saisissant avec l'exubérance du premier concerto.
    Early One Morning (1957) est une fantaisie orchestrale sur un air populaire anglais, contemporaine du second concerto. Scott s'y montre plus accessible, proche de la veine pastorale britannique (Vaughan Williams, Butterworth ...), avec une orchestration limpide et colorée.
    John Ogdon et Bernard Herrmann en livrent une interprétation lumineuse, illustrant cette facette plus nationale et chantante de Scott.

    Compositeur français aujourd'hui presque totalement oublié (mais pas ici ! ), Ambroise Thomas (1811-1896) fut pourtant une figure majeure de la scène lyrique au XIXe siècle. Formé au Conservatoire de Paris, Prix de Rome en 1832, il connut un succès considérable à l'Opéra-Comique puis à l'Opéra. Son style, élégant et efficace, privilégiait la clarté vocale et la séduction mélodique, ce qui assura la popularité de ses ouvrages en leur temps. Deux opéras dominent son héritage : Mignon (1866), qui constitua un véritable triomphe international, et Hamlet (1868), redécouvert depuis quelques décennies par de grands chanteurs.
    Mignon, tragédie lyrique en trois actes et cinq tableaux, inspirée du Wilhelm Meister de Goethe, n'illustre certainement pas la musique la plus sublime ni grandiose qui soit, mais cela reste quand même à ce jour le seul opéra qui ait atteint sa 1000e représentation du vivant de son auteur. Même le Boléro de Ravel n'a pas fait ça ! Avec ses airs célébrissimes, ils ont été et restent des chevaux de bataille très fréquentés par les chanteurs et chanteuses dans les récitals.
    La version Roberto Benzi (1974) permet de redécouvrir cette partition, avec Jane Berbié dans le rôle-titre.
    Hamlet aussi, est une très belle oeuvre, qui après une période de délaissement a été redécouverte par certains des plus grands chanteurs de ces dernières décennies (Hampson, Tézier, Ramey, Keenlyside, Callas, Dessay, von Stade, Horne …), mais je n'ai malheureusement trouvé aucun enregistrement suffisamment ancien pour pouvoir prétendre être inclus en BM …
    Le Songe d'une Nuit d'Été (1850) est un opéra-comique en trois actes, créé à l'Opéra-Comique mais qui, malgré son titre, n'a pas grand-chose à voir avec Shakespeare : l'action met en scène … Shakespeare lui-même, accompagné de la reine Élisabeth et de Falstaff ! L'ouvrage, plein de fantaisie et d'esprit, illustre le goût du temps pour les intrigues légères et colorées. L'interprétation par Janine Micheau, Henri Legay et Xavier Depraz, dirigée par Manuel Rosenthal (1958), lui rend tout son charme.
    Thomas composa une vingtaine d'opéras, dont plusieurs sont aujourd'hui oubliés. Raymond, opéra-comique en trois actes, est rarement représenté, mais son Ouverture "Raymond ou le Secret de la Reine" (1851) a survécu comme pièce de concert. Pleine de brio et de fraîcheur, elle illustre le sens de l'orchestration et de la couleur propre à l'auteur. Ici, Paul Paray (1960) et l'Orchestre symphonique de Detroit en donnent une version éclatante.

    Compositeur tchèque formé à Prague et à Leipzig, Jaromír Weinberger (1896-1967) connut un triomphe mondial avec son opéra Švanda dudák (Schwanda le joueur de cornemuse, 1927), qui vous sera présenté ici ultérieurement (si le serveur ne nous lâche pas à nouveau). Mais son exil forcé face au nazisme mit un frein brutal à sa carrière européenne. Installé aux États-Unis dès 1939, il chercha à s'intégrer dans la vie musicale américaine. Sa musique, volontiers narrative et colorée, reste fidèle à un langage tonal, mêlant folklore, lyrisme et tradition germanique.
    Écrite peu après son arrivée en Amérique, la Lincoln Symphony (1941), en quatre mouvements, est dédiée à Eugene Goossens et au Cincinnati Symphony Orchestra, qui en assura la création en octobre 1941. Elle dure environ 35 minutes et comporte un mouvement avec récitation du poème de Walt Whitman O Captain! My Captain! en hommage à Abraham Lincoln.
    L'unique témoignage sonore existant est justement cette création par Goossens à Cincinnati (1941). Le document, d'un intérêt historique majeur, souffre de très nombreuses imperfections techniques : souffle, saturation, dynamique écrasée, coupures même, parfois … mais il n'en demeure pas moins précieux pour préserver la mémoire de cette oeuvre.
    The Way to Emmaus (1936, version américaine 1966) est une cantate religieuse inspirée de l'épisode biblique des disciples d'Emmaüs ; elle illustre une autre facette de Weinberger. Le climat est méditatif, avec une écriture vocale claire et directe, soutenue par un accompagnement d'orgue sobre mais expressif. Dans l'enregistrement capté à la Riverside Church en 1966 (Louise Natale, soprano ; Frederick Swann, orgue), l'oeuvre prend des allures de méditation intime, bien loin du ton héroïque de la Lincoln Symphony.
    Pour qui souhaite en apprendre plus sur lui, le site de notre ami Claude Torres nous offre cette page sur Weinberger.

    Avec ce nouveau package, nous avons donc parcouru un véritable panorama de découvertes : dix compositeurs jusque-là absents de notre BM, chacun avec sa couleur propre, ses singularités et ses surprises. De Bortkiewicz le romantique éperdu à Weinberger exilé en Amérique, en passant par Castro et son ancrage latino, Vernon Duke partagé entre Broadway et les concertos, Flury fidèle au romantisme suisse, Litolff et ses concertos hybrides, Cyril Scott l'anglais mystique, ou encore Ambroise Thomas et ses succès lyriques du XIXe siècle … c'est tout un éventail de styles, de climats et d'époques qui s'offre à nous … difficile de faire plus éclectique !
    Un package un peu atypique donc ; pas de fil rouge mais plutôt un kaléidoscope, avec l'envie constante d'élargir notre horizon et de donner une place à ces compositeurs que l'histoire a (le plus souvent injustement) relégués dans l'ombre - alors qu'à mon humble avis aucun d'entre eux ne mériterait d'être relégué dans les oubliettes de l'histoire, comme c'est malheureusement parfois le cas. Mais pas ici !

    La liste complète ci-dessous, comme d'habitude :
    • Bortkiewicz : Concerto pour piano n°1
    • Bortkiewicz : Intermezzo lyrique "Printemps et Eveil de Pan"
    • Castro : Concerto pour violon
    • Castro : Corales criollos
    • Castro : Suite introspectiva
    • Duke : Big Hits
    • Duke : Concerto pour violon en sol mineur
    • Duke : Etude pour violon et basson
    • Flury : Concerto pour violon n°3
    • Flury : Concerto pour violon n°4
    • Flury : Quatuor à cordes n°5
    • Flury : Quatuor à cordes n°6
    • Flury : Suite pour orchestre à cordes
    • Herbert : Hero and Leander
    • Litolff : Concerto symphonique n°4
    • Parker : Hora Novissima
    • Scott : Concerto pour piano n°1
    • Scott : Concerto pour piano n°2
    • Scott : Early One Morning
    • Thomas : Le Songe d'une Nuit d'Eté
    • Thomas : Mignon
    • Thomas : Ouverture "Raymond ou le Secret de la Reine"
    • Weinberger : Lincoln Symphony
    • Weinberger : The Way to Emmaus
    Bonnes écoutes et, - possiblement, bonnes découvertes !

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