A toutes fins utiles, je me permets de reproduire encore quelques données concernant Dies Natalis et Intimations of Immortality. Elles sont tirées de la brochure jointe au disque de Vernon Handley (qui comporte un texte en français) et de celle accompagnant l'un des albums Naxos (comme le français y est totalement absent, il s'agit d'une traduction libre - et maladroite - de l'anglais)
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"(...) La musique de Finzi a sa source dans la tradition d'Elgar et de Vaughan Williams, son ami de toujours. La mélodie et l'écriture vocale constituaient une partie importante de son art, et ses mises en musique, le plus souvent de son poète favori Thomas Hardy, ainsi que des auteurs de la grande floraison de la prose et de la poésie anglaise aux seizième et dix-septième siècles, semblent immanquablement refléter l'essence de la pensée du poète. L'esprit énergique de Finzi embrassait cependant bien davantage que ses compositions : lecteur insatiable, il amassa une bibliothèque de plus de trois mille volumes; ce fut un ardent champion de compositeurs méconnus tels que Ivor Gurney et Hubert Parry; et il fonda un excellent orchestre amateur, les Newbury String Players. Enfin, chose non moins importante, il sauva de l'extinction dans son verger plusieurs espèces de pommes anglaises traditionnelles.
Finzi avait l'habitude de composer ses oeuvres lentement, sur plusieurs annnées. Dies Natalis, par exemple, commencée dans les années vingt, ne fut terminée qu'en 1939. Ecrite à l'origine pour soprano et cordes, elle fut créée en 1940 par Elsie Suddaby, et Joan Cross en fut la soliste du premier enregistrement à la fin des années 1940. La partie soliste a été depuis preque exclusivement associée à la voix de ténor, et cet enregistrement par Rebecca Evans est le premier par une soprano depuis près d'un demi-siècle. Le texte est d'un des auteurs du dix-septième siècle favoris de Finzi, le poète métaphysique anglican Thomas Traherne (1637 env. - 1674). L'attrait que présentait Traherne pour Finzi était sa vision pure du monde tel que le perçoit un nouveau-né. (...)"
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"(...) L'origine de la mise en musique par Finzi de l'ode de William Wordsworth (1770-1850) intitulée Intimations of Immortality, tirée du recueil "Recollections of Early Childhood", remonte à ses années de formation. L'enfance du compositeur ne fut pas heureuse : dernier de cinq enfants, le seul à manifester une réelle sensibilité artistique, il se sentait égaré dans une famille qui ne le comprenait pas. Sa solitude lui fit rechercher la compagnie des livres, d'où la connaissance quasi encyclopédique qu'il acquit par la suite de la poésie et de la littérature anglaise. Cette époque, aussi, fut pour lui hantée par la mort : alors qu'il n'avait encore que dix-sept ans, aussi bien son père que ses frères avaient déjà quitté ce monde, de même que son premier et vénéré professeur de composition, Ernest Farrar, tué sur le Front de l'ouest (Première Guerre mondiale).
L'influence qu'eurent les jeunes années de Finzi sur sa personnalité et sa sensibilité d'artiste se manifesta sur trois plans. Premièrement, il tira de ses connaissances littéraires, qui étaient exceptionnellement vastes, un goût très sûr dans le choix des poèmes qu'il mettait en musique, faisant correspondre celle-ci au texte de manière particulièrement sensible et intime. En outre, il avait de la fragilité de l'existence humaine un sens très aigu, qui trouva sa pleine expression musicale dans ses adaptations de poèmes de Thomas Hardy, lesquels reflètent souvent une préoccupation semblable. Il était enfin convaincu que, pour beaucoup, les réalités de la vie d'adulte altèrent irrémédiablement la fraîcheur instinctive de l'enfance. Il n'est dès lors guère surprenant que l'ode de Wordsworth trouva chez Finzi une "résonance" toute spéciale, dans la mesure où ce texte déplore non seulement la fin de l'enfance et des joies simples qui s'y rattachent, mais aussi tout ce qui sépare cet état initial de "l'âme adulte". Qu'un artiste et, par extension, chaque adulte doive s'efforcer à tout prix de garder vivante sa perception première (et en quelque sorte "pure et naïve") des choses devint pour Finzi un élément essentiel de son "credo" personnel. De telles idées apparaissent de façon saisissante dans ces phrases qu'il prononça lors d'une conférence qu'il donna en 1953 : «We all know that a dead poet lives in many a live stockbroker. Many of these people before they fade into the light of common day, have had an intuitive glimpse which neither age, nor experience, nor knowledge can ever give them».
Finzi débuta la composition d'Intimations of Immortality vers la fin des années trente et en avait achevé environ un tiers lorsque débuta la Seconde Guerre mondiale, qui interrompit son travail. L'oeuvre ne fut achevée qu'en 1950, année où elle fut créée, sous la direction de Herbert Sumsion, à l'occasion du Three Choirs Festival de Gloucester. (...)"
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Jacques