Vincent, quand on se couvre par un nombre élevé de degré, toujours mettre un nombre impair, c'est plus marrant.
Vincent, quand on se couvre par un nombre élevé de degré, toujours mettre un nombre impair, c'est plus marrant.
Je précise que je ne pense pas que ce débat soit étranger au sujet qui nous occupe, à savoir les opéras de Britten, étant donné l'importance de l'oeuvre de James chez Ben et leurs interactions respectives (des détails du Tour d'écrou qui ne m'avaient pas sauté aux yeux à la lecture se sont ainsi révélés à l'écoute. Si, si... C'est rare, mais ça arrive).
Oui, troisième année érotique. Je ne sais pas si tu as vu, mais le numéro de l'Enchantement du Vendredi saint dans la catalogue du MQOED, c'est 69, c'est fort non? D'ailleurs, qu'est-ce que tu attends pour aller résoudre le dernier? Allez, zou!


Je ne lis pas James dans le texte, mais si la langue est complexe en français aussi, et si la psychologie des personnages ne va pas toujours de soi, j'aime beaucoup ses romans et nouvelles, et je suis complètement d'accord avec ce que vous dites, Vincent, dans votre troisième paragraphe.
A propos de la confrontation entre les deux cultures, anglaise et américaine, à cette époque, il y a une nouvelle que vous connaissez peut-être, Lady Barberina, dans le recueil intitulé Le siège de Londres.
C'est, comme toujours, très finement observé.



Très beau et vibrant plaidoyer, Vincent,
Je n'ai pas dit qu'Henry James n'était pas un grand écrivain, ce que je suis bien incapable d'affirmer ou d'infirmer, mais que son esthétique, son style et pas mal de ses sujets ne me parlent pas du tout.
Ce n'est pas faux de dire que son écriture est celle de la Nouvelle Angleterre de cette époque, en un peu plus torturé et ampoulé quand même
Mais, toujours en Nouvelle-Angleterre, deux générations avant, il y eut Henri David Thoreau dont à la fois la langue directe, les sujets et les problématiques me sont plus proches. Et une génération avant, il y eut Emily Dickinson, dont j'admire beaucoup plus le monde imaginatif.
Mais, si vous appréciez tant Henry James, je ne peux que vous conseiller d'aller visiter sa maison à Rye dans le Sussex: c'est un musée qui, en ce moment, n'est ouvert aux visiteurs que le mardi et le samedi car en travaux.
Par ailleurs, la ville de Rye est vraiment superbe, charmante et assez émouvante.
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Dernière modification par Tahar Mouslim ; 02/09/2008 à 20h45.
Cher Tahar,
J'avais peur que vous mettiez James sur le même plan que Strauss. C'est cela qui me chagrinait...![]()



Non, il ne faut pas pousser quand même
ceci dit, pour revenir aux opéras de Ben Britten, et à The Turn of the Screw, tout comme vous, la musique m'a fait apprécier certaines nuances de l'histoire plus que le texte original, ce qui me semble un témoignage plutôt parlant de l'appropriation du texte par le musicien.
Owen Wingrave est un opéra que j'apprécie beaucoup (je n'ai pas lu la nouvelle d'Henry James, puisque je me suis arrêté pour le moment aux trois que j'ai cités plus haut dans ce fil).
C'est profondément sombre, c'est un opéra écrit pour la télévision (une figure imposée pas si fréquente à l'époque, même si Gian Carlo Menotti avait déjà pratiqué le genre avec Amhal and the Night Visitors une quinzaine d'années avant).
C'était, jusqu'à il y a peu un des opéras les moins représentés de Ben Britten, mais c'est en train de changer, et c'est heureux.
Le ton de la nouvelle "Owen Wingrave" est différent de celui qu'emploie James d'ordinaire. Plus sombre, plus noir, mais aussi plus ironique. Il charge avec beaucoup de fougue le milieu militariste britannique de l'Europe, prompt à dégainer son sabre aux quatre coins du monde et l'incite même à faire le ménage dans ses placards. Le personnage le plus à contre-emploi est précisément celui de la fiancée de Wingrave, qu'elle pousse délibérément à la mort.
C'est une nouvelle magnifique, pleine de sous-entendus, de codes, de cadavres dans les placards. C'est aussi celle que j'ai le plus souvent lue.
Ah ok, merci Tahar
C'est la première fois que j'entends parler de ces "opéras de chambre", il va falloir que j'essaye de trouver ça. Les trois ont été publiés chez London dans les années 60, ça ne va pas être facile à trouver
Ph![]()
7 euros;
Les autres sont plus chers, certes...
Oui, en effet, je viens de voir ça...
C'est très étonnantje ne pensais pas qu'on pouvait encore trouver des albums London à ce prix-là
Allez hop![]()
Si si on en trouve. Mais faut pas être dans l'esprit de chercher un truc précis, on déchante vite, en probabilités du moins, c'est sûr. Faut flâner, comme dans les magasins d'occasion, et prendre ce qui se présente. C'est ce que je fait.
Avant de revenir sur Britten, je voudrais dire que je ne comprends pas bien cet acharnement contre Strauss que l'on voit fleurir deci-delà au gré de petites piques lapidaires.
On a le droit de penser ce qu'on veut de Strauss, mais je trouve que le procédé devient un brin redondant (ça dure depuis des mois). Je n'ai pas encore eu l'heur de voir un seul argument pour étayer cette exécution en règle de son oeuvre. A part celui qui consiste à renvoyer vers un forum qui n'existe plus.
Pour ma part je pense que peu d'opéras (vraiment peu) peuvent se mesurer à ceux de Strauss - en termes d'originalité, de précision du langage, de raffinement dans l'évocation des sentiments, de connaissance des voix,et je ne parle pas de l'aspect strictement technique (harmonie et orchestration) , plan sur lequel il laisse sur place à peu près tous ses collègues - pour ne pas dire tous. Et je passe sur Hoffmannstahl et ses livrets.
Mais je reviens à Britten, puisque c'est le sujet.
Gilles
Gilles, ne vous méprenez pas sur ce que j'ai dit: je connais les... réserves de Tahar et d'autres sur Strauss et j'ai lu leurs contributions respectives sur ce sujet. Si je peux les comprendre, je ne les partage pas; je me rappelle toujours le jour où j'ai découvert la partition de Salomé. Je ne pensais pas qu'on pouvait faire tout ça avec un orchestre.
Je me disais seulement que si Tahar mettait James au même niveau que Strauss dans son panthéon personnel, je n'entendais plus rien à la littérature. C'était un malentendu et il est dissipé. Maintenant, le sujet est évidemment Britten (et la matière de ses livrets, j'y tiens beaucoup...)
Bien à vous
Merci pour cette précision Vincent, j'avais effectivement mal interprété votre post.![]()
Bon, histoire de ne pas me cantonner à mon rôle de moralisateur à deux balles sur le rapport musique/livret/reste() dans l'opéra, j'ai bossé un peu ce soir.
Comme personne n'en a encore parlé, et que j'en avais un souvenir assez bouleversifiant, j'ai réécouté intégralement Death in Venice ce soir. C'est bien ce que je pensais: le glorieux dernier mot du maître en la matière, écrit avec un raffinement, une maîtrise de la construction confondants. Je ne veux vraiment pas faire de la provocation, mais tout est tellement bien écrit et équilibré entre les passages cataclysmique à tout l'orchestre et ceux où il n'y que ou quasiment que le piano qui joue, que l'on pourrait presque suivre toute l'action sans texte et sans mise en scène.
Le tout début, déjà, est magistral dans l'écriture pour tenor, presque à nu comme souvent "My mind beats on and no words come". Le début de la 3e scène (voyage au Lido), est magnifique également ("Ah! Serenissima!"). Et dans la 6e, "Here, I will stay, here dedicate my days to the sun"...
Le second acte est fabuleux de bout en bout. L'introduction est une merveille, qui de mémoire évoque un peu celle de A Midsummer Night's Dream, version sombre - un coup de génie, déjà. A partir de la scène 13, on est sur un sommet absolu de la musique de Britten, je pense (Le Rêve d'Aschenbach, avec les terrifiantes apparitions de Dionysos et Apollon.). La scène 16 (Chaos, chaos, and sickness) est prodigieuse également, avec le terrible moment ou Aschenbach s'aperçoit que la fraise est pourrie.
Dernière modification par Theo B ; 03/09/2008 à 00h23.
Oui je partage assez ton sentiment. Death in Venice est l'opéra dans lequel Britten a le plus mis en avant le rôle du ténor - qui est ici le personnage unique d'un vaste monologue (Tadzio et sa famille ne parlent pas). Et oui l'ambiance apocalyptique, les rêves dont tu parles, mais aussi la peste annoncée, tout ça est terrifiant, comme la récurrence de ce personnage aux multiples apparences que l'on retrouve à chaque détour de canal : gondolier, voyageur, réceptionniste etc. Evidemment il est difficile de s'identifier à Aschenbach, ce qui accroît encore l'effet de distanciation et d'austérité.
Pour les interprétations, je ne dirai pas que je préfère Britten de façon systématique, mais je préfère Pears sans discussion. Il a un grain de voix assez spécial, mais ces opéras sont vraiment écrits pour lui - je trouve ça flagrant dans Death in Venice.
Cette version, avec Pears et Shirley-Quirk dans les rôles-titres est la plus ténébreuse.
Et je me demande si cet enregistrement n'est pas tout simplement la réédition du London sous un autre label (c'est en tous cas la même distribution).
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Dernière modification par Couack ; 03/09/2008 à 00h52.
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