À Paris, le conservatoire Serge Rachmaninoff menacé de disparition
INFO LE FIGARO - Selon ses responsables, la ville aurait pris la décision de vendre l'hôtel particulier qui abrite cette école créée en 1923 par d'anciens professeurs russes émigrés à Paris. Un comité de soutien s'organise pour assurer la pérennité de cet établissement.
Par Jacques Pessis
Située avenue de New York à Paris, cette école à la réputation internationale avait déjà été sauvée par Jacques Chirac en 1987. Wikipédia
Le conservatoire Serge Rachmaninoff, à Paris, va-t-il disparaître ? Ses dirigeants ont appris avec stupéfaction que, sans les avertir, des responsables de la mairie de Paris, avaient pris la décision de vendre l'hôtel particulier de 600 m2 qui l'abrite, au 26 de l'Avenue de New York dans le seizième arrondissement de Paris.
On y trouve, sur trois étages, une salle de concert, une cantine russe et des salles de classe où les cours collectifs ou individuels en français, en anglais et en russe.
En 1987, quand Charles Jourdan, alors propriétaire de l'immeuble , a décidé de s'en séparer, Jacques Chirac, maire de Paris, s'est immédiatement porté acquéreur. Il lui semblait impensable de rayer de la carte ce qui demeure, à l'étranger, un symbole de l'histoire de notre capitale. Cette école a été créée en 1923 par d'anciens professeurs des conservatoires impériaux de Russie, émigrés à Paris après la révolution de 1917. Serge Rachmaninoff en a été le premier Président d'honneur. Le ténor Fedor Chaliapine, le chef d'orchestre Alexandre Glazounov et le compositeur Alexandre Gretchaninov ont également largement contribué à sa réputation internationale.
Depuis 2000, et pendant une quinzaine d'années, l'établissement a traversé une zone de turbulences . Le nombre des élèves et des concerts a considérablement baissé. L'an dernier, une nouvelle équipe a assuré la relève et repris les choses en main. Une association baptisée, la Société Musicale Russe a été constituée. Elle est présidée par Arnaud Frilley, un ancien élève, accompagné dans sa tâche par des musiciens et des gestionnaires. Une équipe qui a mis au point un plan de relance destiné à assurer la pérennité de l'établissement.
Comité de soutien
Il a ensuite été officiellement présenté aux responsables de l'Hôtel de Ville. Les dirigeants ont profité de cette réunion officielle pour annoncer leur objectif prioritaire : faire passer de 130 à 600 le nombre d'élèves qui, tout au long de l'année scolaire, travaillent le piano, le violon et le violoncelle, le chant et la danse dans la tradition russe.
Au cours de ce rendez-vous de travail, le passif laissé par l'équipe précédente a été abordé. Les nouveaux responsables se sont ainsi engagés à régler des loyers en retard, suivant un échéancier qui serait à définir. Depuis, ils affirment n'avoir pas reçu la moindre réponse officielle.
Arnaud Frilley et ses équipes ont ainsi repris contact avec la ville de Paris. Inquiets sur l'avenir du lieu, ils ont pris l'initiative de proposer qu'en cas de vente, l'association dispose de la possibilité d'un achat en priorité. Depuis, du côté de la Mairie, c'est le silence radio…
En désespoir de cause, un comité composé d'artistes de personnalités et de mécènes, fidèles soutiens de ce conservatoire, se constitue. Il a pour mission de lancer des pétitions et de multiplier les interventions officielles ou discrètes. Des notes d'espoir pour tenter d'empêcher la disparition d'un temple de la musique quasi-centenaire.