Un peu de détente ...
Si vous lisez l'anglais, peut-être achetez-vous parfois des magazines comme "Gramophone" ou "BBC Music Magazine" ? Auquel cas vous faites bien, car il est toujours très intéressant de constater, en matière de musique classique, les différences de sensibilités qu'il peut y avoir entre la France et la Grande-Bretagne.
En Suisse, nous n'avons pas grand chose. Mais s'agissant de musique française du tournant des XIXe et XXe siècles et de celle de Debussy en particulier, nous sommes contents d'avoir eu un chef d'orchestre comme Ernest Ansermet pour nous les faire découvrir et aimer. Et surtout, car même en Suisse beaucoup l'oublient, c'est mon compatriote Gustave Doret qui a dirigé à Paris, le 22 décembre 1894 (une date absolument capitale dans l'histoire de la musique), la première du Prélude à l'après-midi d'une faune. Né en 1866 dans une petite ville appelée Aigle et mort à Lausanne en 1943, Doret a surtout fait comme compositeur de la musique folklorique, écrivant par exemple les partitions de deux des "Fêtes des vignerons" (une sorte de grand festival qui n'a lieu que quatre ou cinq fois par siècle à Vevey, dans une immense arène), celles de 1905 et de 1927. Ce qui est amusant, c'est de voir l'influence qu'a eu Debussy sur son ami Doret : avec "audace", ce dernier a mis ensuite dans ses partitions folkloriques diverses gammes par ton et plein d'accords de neuvième . Ce qui a fait dire à ma mère (née à Vevey), la première fois que je lui ai fait entendre quelques pièces pour piano de Claude-Achille, que la musique de ce dernier ressemblait un peu à celle de Doret; sur quoi je me suis empressé de préciser, par respect des importances, qu'il fallait plutôt dire l'inverse ...
Pour revenir à la Grande-Bretagne, regardez ci-dessous le disque bonus (avec notamment le Prélude à l'après-midi d'un faune et Jeux, de Debussy) joint au numéro de Juin 2008 de "BBC Music Magazine" (ce numéro contient en outre un intéressant article intitulé "DEBUSSY & MONET - See the paintings that inspired a great Impressionist composer", avec des sous-titres comme "We have always been stimulated by what we see as well as what we hear", ou "Music is not something that can flow inside a rigorous form". J'y ajoute l'image d'un autre disque bonus paru en 2006, en précisant que si ces inteprétations ne valent pas Haitink, Abbado ou Boulez, elles sont quand même très honorables; et cette version du Prélude m'a paru presque aussi sensuelle que celle enregistrée par Leonard Bernstein à la fin de sa vie, avec l'Orchestra dell'Accademia Nazionale di Santa Cecilia . Je précise encore que ces disques bonus sont si prisés que, lorsque il y a eu un enregistrement de la Turangalîla-Symphonie de Messiaen (avec Roger Muraro au piano et Jacques Tchamkerten aux ondes martenot), le numéro correspondant s'est trouvé out of print en un rien de temps, et certains Anglais se sont presque battus pour l'avoir .
Jacques