A l'occasion de la reprise sur scène du Roi d'Ys de Lalo, je voulais rediremon enthousiasme pour cette oeuvre qui est bel et bien un des chefs d'oeuvre de l'opéra français du XIXème siècle, largement supérieur musicalement et musicalement à certaines oeuvres bien plus souvent jouées.
L'ouverture est une pièce symphonique somptueuse.
Certaines scènes évoquent Lohengrin, mais un Lohengrin à la Française, concis, condensé, ramené à une durée de moins de deux heures.
Les scènes s'enchaînent en continu sans aucun temps mort, en jouant habilement avec les contrastes pour emporter l'auditeur sans jamais le lasser, comme dans un bon vieux film d'action à suspense.
Je me suis laissé encore prendre récemment: j'ai racheté une version CD, j'ai voulu écouter quelques minutes du début pour juger de la qualité d'ensemble et je me suis retrouvé à nouveau happé: je n'ai pas pu décrocher avant d'avoir écouté l'oeuvre en entier alros que j'avais d'autre chose à faire.
En CD, le choix est vite fait. La version idéale existe, et il semble difficile de faire mieux:
Alain Vanzo, Andréa Guiot, Robert Massard, Jane Rhodes, Jules Bastin dirigés par Pierre Dervaux.
Même si l'enregistrement est publié chez Gala, label habituellement spécialisé dans le live, c'est un véritable enregistrement de studio sans aplaudissements ni bruits de salle et de qualité Hi-Fi Stéréo. (Totalement comparable en qualité sonore aux enregistrements EMI de la même époque "Pecheurs de Perles" dirigés par Dervaux, par exemple). Il avait été réalisé dans les studios de Radio-France et l'édition CD a été faite à partir des bandes d'origine, pas à partir d'un repiquage "maison" effectué par un particulier.
C'était l'âge d'or du chant français, et non, nous ne sommes pas aveuglés par nostalgie et chauvinisme quand nous répétons que de telles équipes étaient exemplaires, qu'elles sont devenues historiques, et qu'elles n'ont jamais été dépassées dans ce répertoire, et qu'elles demeurent un modèle pour la nouvelle génération qui, on l'espére va reprendre le flambeau.
Il suffit de comparer avec le calamiteux enregistrement Erato réalisé autour de Barbara Hendricks (seule interprète supportable de l'équipe)!...
Il y a la même différence qu'entre un camembert pasteurisé plâtreux arrosé de Coca Light et un Saint Nectaire Fermier de derrière les fagots accompagné d'un Saint Emilion!...