Discographie Brahms musique de chambre

[Hauriou]

Bonjour à tous,

écoutant en ce moment beaucoup de musique de chambre brahmsienne, je voulais avoir quelques conseils discographiques et peut-être engager une discussion sur ce sujet.
Ma discothèque n'est pas extrêmement étendue en la matière.

J'écoute avec délectation les trois sonates pour violon et piano dans la sublime nterprétation de Mullova et d'Anderszewski que je trouve préférable à beaucoup et notamment à l'interprétation peut être plus reconnue Oistrackh / Richter, parfois trop sèche et distante (pourtant couplée avec une sonate de Franck de toute beauté).

S'agissant des quatuors j'aime beaucoup l'interprétation du Belcea pour le premier, couplé avec le quintette pour cordes.
Pour les quatuors avec piano, j'écoute sans grand enthousiasme Rubinstein et le Guarneri.

Et en ajoutant les éternels trios Suk, Katchen, Starker... C'est à peu près tout.

Je suis donc bien pauvre.

[Theo B]

Bonjour Hauriou,

je vais d'abord vous répondre sur les oeuvres dont vous parlez.

Mullova et Anderszewski livrent une belle version trop méconnue des trois sonates. Je ne sais pas si c'est cette édition que vous avez, mais je les ai découverts dans une réédition en deux disques Philips où figurent également un somptueux trio N°1 avec Previn et Harrel, et l'une de mes versions préférées du concerto, en concert à Tokyo avec Abbado et Berlin. Je trouve sinon que c'est la première sonate qu'ils réussisent le mieux, avec un climat assez idéal dans le finale.

Ceci étant, dans la seule seconde sonate, je préfère Oistrakh et Richter, dans leur version de Salzburg 1972 dont j'ai déjà souvent parlée (Orfeo)
Il faut dire que la second sonate opus 100 est ma préférée, et que je tiens son second mouvement pour l'une des choses les plus géniales jamais composées pour violon/piano. Une très belle version de la 3e opus 108 par Oistrakh figure également sur son dernier enregistrement du concerto avec Szell pour EMI.

Suk et Katchen sont incontournables à juste titre, dans ces sonate comme dans les trios avec Starker. Suk a réengistré les trois sonates trente ans plus tard avec Badura Skoda (introuvable, je le crains): étonnamment, à 75 ans environ, il n'a rien perdu de son oreille et donc de sa justesse, et c'est presque un miracle qui se reproduit, avec plus de fragilité et de spontanéité peut-être que dans son intégrale "classique" avec Katchen.

Mais pour s'en tenir à ces trois sonates, si je devais recommander une intégrale, sans l'ombre d'une hésitation, ce serait celle de Pinchas Zukerman et Daniel Barenboim pour DGG dans les années 70. Souffle et générosité de phrasés sans la moindre lourdeur, dignité incomparable, fini instrumental somptueux, éclairages toujours subtils des passages les plus énigmatiques (typiquement, le second mouvement de l'opus 100).

Je m'en expliquerai plus tard, mais je recommande de toutes mes forces l'édition en deux CD offrant en plus les deux sonates pour clarinette (version alto) opus 120 par... Pinchas Zukerman et Daniel Banrenboim, qui est aussi ma préférée parmi toutes les versions avec alto.

Autant dire que ce double CD est à mon sens un mur porteur de toute discothèque brahmsienne!

[Theo B]

S'agissant donc des opus 120, je pense de plus en plus, disque après disque (un membre de ce forum m'en a prêté une valise entière, j'exagère à peine), qu'il est quasiment impossible de les réussir à l'alto, nombre de phrases sollicitant les limites de l'instrument au-delà du raisonnable, étant expressément écrites et surtout pensées pour la souplesse d'articulation incomparable de la clarinette.

Dans la quasi totalité des versions, ces limites sont audibles et de façon désagréable. De toutes celles que j'ai écoutées, une seule me semble, avec ces défauts, être appréciable et peut-être indispensable: celle de Yurui Bashmet et ???? sur un cd Olympia. Il assume les limites, renonce au fini et met ses tripes sur la table (en public), et le résultat est assez bouleversant: superbe trio opus 114 en prime.

Sinon outre Zukerman ( mais vous avez compris, là, je crois), une version transcende ces limites à force de retenue, de finesse, de suggestivité contrôlée avec grande classe: vous aurez deviné à ces qualificatifs que je parle de Monsieur Talich, avec Stanislav Bogunia.

[brunoluong]

En ce qui concerne Oistrakh dans les sonates de Brahms, je rejoins l'avis de Théo sur la 2e : l'enregistrement du concert publié che Orfeo est encore meilleur que la gravure officielle, et bénéficie une prise de son plus natuelle. Si vous tenez à avoir Oistrakh dans le 1er et 3e, je conseille vivement vers le disque chez Praga en compagnie de Frida Bauer. La 3e bénéficie aussi une meilleure prise que la gravure officielle avec Yampolsky (couplé avec le concerto avec Szell).

Cordialement,

Bruno

[Hauriou]

Bonjour à vous et merci pour toutes ces références, je répondrai plus précisément un peu plus tard quand j'aurai un peu plus de temps

[Theo B]

Je laisse des personnes mieux informées compléter le chapitre opus 120 avec clarinette.

Vous avez parlé des quatuors avec piano... Rubinstein/Guarnieri, on peut trouver cela un peu bien peigné et boutonné, mais c'est quand même très bien. J'adore leur 3e opus 60, et notamment le climat du mouvement lent.

Le must sur lequel tout le monde se retrouve je pense, c'est le 2e opus 26 par Richter et les Borodine, et là encore le phénoménal mouvement lent, mais tout le problème est de le trouver...

Je n'ai toujours pas écouté l'intégrale quatuors avec piano/trios avec piano récemment acquise de Ma, Laredo, Ax and friends mais c'est sans doute excellent et je vous en reparlerai à l'occasion (j'adore tous ces musiciens).

[Zimrilim]

J'aime beaucoup le coffret des quintettes et sextuors par les Amadeus (avec Pleeth, Aronowitz, Leister et Echenbach). Je les trouve incomparables dans le sextuor op 18 et le quintette op 111.

Sinon, bien entendu, Katchen, Suk et Starker dans les sonates et trios.

Frédéric

[Theo B]

Il faudra sans doute, compte tenu de l'étendue du sujet, récapituler par des short lists après un premier tour d'horizon. Mais continuons pour le moment informellement!

Oui, les Amadeus, dont je suis loin d'être un fanatique habituellement, mais leur coffret DGG est à sa manière indiscutable.

Je trouve toutefois qu'ils sont plus "indiscutables " dans les quintette avec clarinette opus 115 avec Karl Leister.

Mais les quintettes opus 88 et 111 sont très bons aussi, et les sextuors (même si j'aime un peu plus de rugosité...), et l'opus 34 avec Eschenbach tient la route.
Maintenant, à côté de Serkin/Budapest... avec le Trio avec cor opus 40!

[Chiarina]

Pollini-Quartetto Italiano, c'est pas mal non plus, non ?

[Theo B]

Je le crois volontiers! Je suppose que c'est une affirmation?

[Chiarina]

Bah, c'est plutôt un très bon souvenir qui attend une approbation, je n'ose pas donner un avis ou un conseil sans avoir réécouté.

[lebewohl]

J'ai le même très bon souvenir!

[Theo B]

J'enchaîne. Tant que l'on est sur le quintette opus 115, je ne peux m'empêcher de mentionner la version, que d'aucun éminent considère comme désuette, du Wiener Oktett (Decca), dans son couplage avec le plus miraculeux Mozart qui m'a été donné d'entendre.

Belles versions de Michel Portal et du Melos Quartett chez Harmonia Mundi, et d'un espagnol dont le nom m'échappe avec le Tokyo String Quartet toujours chez H. Mundi.

Les Melos propose un bel opus 111 en prime, moins stylisé et fin que celui des Amadeus, mais bien sûr respirant plus large. Les deux derniers mouvements notamment sont très beaux, et tristes.

Les Tokyo proposent eux un superbe opus 114. Le couplage peut importer pour choisir entre les deux.

En revanche, j'ai été un peu déçu par les Emerson là-dedans, autant dans le 115 que dans le Mozart d'ailleurs. Quelque chose m'aurait-il totalement échappé?

[lebewohl]

J'ai rarement entendu de musique de chambre de Brahms vraiment ratée, au disque ; évidemment tout n'est pas réussi au même degré, mais enfin c'est déjà ça.
J'ai quelque part un coffret Philips avec presque tout, et dans le lot il y a des choses qui m'avaient semblé belles, à l'époque. Grumiaux, Starker, Sebök, Beaux-Arts, Italiano, W. Haas, et quelques autres.

[Zimrilim]

Sinon, j'ai les Berg dans les quatuors à corde, je trouve ça plutôt bien,

le quintette op 34 et le quatuor op 26 par Serkin et les Bush, c'est vieux mais ça tient toujours la route

et un coffret du Hollywood string quartet avec les op 25, 26, 34, 51/2 et 60 (couplé avec l'op 44 de RS) que j'aime bien aussi.

Frédéric

[Theo B]

et un coffret du Hollywood string quartet avec les op 25, 26, 34, 51/2 et 60 (couplé avec l'op 44 de RS) que j'aime bien aussi.

Frédéric

Tu ramènes ça au dîner! Je ramène ce que tu veux en échange (enfin, que j'ai, quoi).

[Zimrilim]

Tu ramènes ça au dîner! Je ramène ce que tu veux en échange (enfin, que j'ai, quoi).

Tu proposes quoi ?

Frédéric

[Theo B]

Le coffret Levine/DGG? Le disque Ermitage Schuricht?

[lebewohl]

un disque UNIQUEMENT constitué de reprises, sans la première fois!

[Zimrilim]

Le coffret Levine/DGG? Le disque Ermitage Schuricht?

Je crois que j'ai commandé le premier, et j'ai bien entendu déjà le second !
On continuera la discussion en privé !

Frédéric