Discussion fermée
Page 11 sur 11 PremièrePremière ... 9 10 11
Affichage des résultats 201 à 203 sur 203

Discussion: Nouveautés de la Bibliothèque musicale (copie)

  1. #201
    Administrateur Avatar de Philippe
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Jemappes / Valencia
    Messages
    8 949

    (copie)

    Re-bonjour à toutes et à tous après ce package hors-normes « spécial Leb », qui vous aura enthousiasmés je n'en doute pas

    Retour donc à une formule plus traditionnelle, avec cependant une nouveauté importante ! l'arrivée dans le domaine public de nombreux compositeurs - décédés donc en 1974 - comme vous l'a expliqué mah70 dans sa récente PL, qu'il a décidé de limiter à cinq compositeurs : Atterberg, Jolivet, Knipper, Martin et Milhaud.
    Trois compositeurs répondant aux mêmes critères vont venir s'ajouter aujourd'hui à cette liste déjà impressionnante : Absil, Partch et Wellesz.
    Je vais tenter de vous les présenter tous les trois par la suite, mais non sans avoir précisé auparavant que cette livraison comprendra également d'autres oeuvres échappant à ce critère.

    J'ignore si vous connaissez déjà bien Jean Absil. Absil (1893 - 1974) est un (excellent) compositeur belge ; il fut aussi un pédagogue réputé, figure marquante de la musique belge du XXe siècle. Né à Bon-Secours, près de la frontière française, il manifeste très tôt des talents pour la musique. Il intègre le Conservatoire royal de Bruxelles, où il se forme à l'orgue, au piano et à l'écriture musicale sous la direction de professeurs prestigieux tels qu'Alphonse Desmet et Paul Gilson. Après ses études, Absil remporte le second Prix de Rome belge en 1922, une distinction qui souligne déjà la qualité de sa création musicale.
    Jean Absil est un compositeur dont l'esthétique oscille entre néoclassicisme et modernisme assuré. Son langage musical se caractérise par une tonalité élargie et une grande maîtrise contrapuntique, influencé par des compositeurs comme Stravinsky et Hindemith. Il se distingue par une approche rigoureuse de la forme et une curiosité constante pour l'exploration des couleurs orchestrales. Ses rencontres avec Jacques Ibert, Darius Milhaud et Arthur Honegger à Paris, où il voyage après avoir obtenu le Prix Rubens en 1934, ont aussi enrichi sa perspective musicale.
    En parallèle à sa carrière de compositeur, Absil s'est distingué comme enseignant et théoricien. Professeur d'harmonie et de contrepoint au Conservatoire royal de Bruxelles, il a formé plusieurs générations de musiciens, dont la compositrice Nini Bulterijs. Il a également publié des ouvrages pédagogiques, contribuant à la diffusion de ses idées sur la composition et l'analyse musicale. Absil a joué un rôle important dans la vie musicale belge en siégeant à l'Académie royale de Belgique et en recevant des distinctions prestigieuses, notamment le Prix Quinquennal du Gouvernement belge pour la musique.
    L'héritage de Jean Absil repose autant sur sa contribution artistique que sur son influence en tant que pédagogue. Sa musique, riche et variée, reste un témoignage d'une époque de transformations esthétiques, et son impact sur les musiciens belges du XXe siècle est resté considérable.
    Je vous propose aujourd'hui cinq de ses oeuvres : un Récital de Mélodies, Peau d'Âne, une suite de ballet, deux de ses Concertos pour piano et sa Symphonie n°4.
    Et si voulez en savoir plus sur lui, voici pour terminer un lien vers sa fiche Wiki

    De même pour Harry Partch : un petit renvoi en guise de présentation vers sa page Wiki à l'attention de ceux qui le connaîtraient mal ou peu. Ou pas du tout ...
    Comme vous le constaterez, et surtout à l'écoute des qqs oeuvres que je vous propose d'écouter de lui, Partch est un compositeur américain complètement original et atypique - car échappant à toute classification, un créateur visionnaire hors-pair, notamment grâce aux instruments en grande partie de son invention qui composent la toute grande majorité de ses créations - tout cela combiné à une inspiration et à un sens du rythme et à des sonorités inédites à ma connaissance (même si à certains moments il me fait penser à la musique balinaise).
    Compositeur, mais aussi théoricien, inventeur et musicien, il est surtout connu pour avoir rejeté le système de tempérament égal occidental en faveur d'un système basé sur une échelle de 43 tons par octave, qu'il a lui-même conçue.
    Partch considérait que la musique occidentale traditionnelle avait perdu son lien avec les inflexions naturelles de la parole et la richesse harmonique qu'offrent les intervalles microtonaux. En réponse, il a développé sa propre théorie musicale, ancrée dans les principes de l'intonation juste et des rapports mathématiques précis entre les sons. Pour interpréter sa musique, Harry Partch a conçu et fabriqué une cinquantaine d'instruments uniques. J'en reparle plus bas.
    Une bonne introduction à son oeuvre pourrait bien être à mon sens, 11 Intrusions, pour voix et instruments, pour petits ensembles comportant voix, soprano, récitant, alto adapté, guitares adaptées I, II et III, kithara, harmonic canon, "cliquetis de sabots de cerf indien", cloud-chamber bowls, marimba diamant et marimba basse. Si vous êtes séduits, poursuivez vite !
    The Bewitched (1955) est une oeuvre emblématique et radicale de Harry Partch, souvent qualifiée de "fantaisie chorégraphique" ou "ballet-satire". C'est un travail multidisciplinaire où musique, théâtre et danse se rencontrent sur le thème de la critique sociale. Composée en 1955, The Bewitched reflète l'engagement de Partch pour une musique intégrée à la performance dramatique, influencée par des formes théâtrales antiques et non occidentales.
    Il s'agit d'une commande du Théâtre de Danse Contemporain de l'Université de l'Illinois, où l'oeuvre a été créée en 1957.
    The Bewitched explore l'idée de l'envoûtement (ou "bewitchment") comme une métaphore des désirs humains et des absurdités de la vie moderne. L'oeuvre se compose de 10 scènes indépendantes, chacune mettant en scène des personnages pris dans des situations absurdes ou satiriques.
    À ce titre chaque tableau présente une sorte de "rituel" où les personnages, au départ enfermés dans leurs routines ou illusions, sont "envoûtés" et libérés par un processus cathartique. La figure de la Sorcière est ainsi au coeur de l'oeuvre. Elle n'est pas un personnage maléfique, mais une sorte de médiatrice, orchestrant les transformations des personnages. Elle est interprétée par une danseuse, parfois accompagnée de gestes ou de paroles.
    La musique de The Bewitched est écrite en grande partie pour les instruments microtonaux uniques de Partch, ce qui lui donne une texture sonore particulière - c'est peu de le dire ; pour exemple : koto, boo, marimba de bambou, diamond marimba, marimba eroica, marimba basse, chromelodeon, khitara I, khitara II, surrogate khitara, gong, spoils of war, cloud-chamber bowls, piccolo, etc. Pour qui souhaiterait en savoir plus sur l'instrumentarium particulier de Partch, je ne puis que conseiller la lecture de ces deux pages (toutes deux en anglais, mais Google est notre ami pour les non-anglophones) : ici et ici.
    Le résultat est une musique à la fois exubérante, hypnotique et ritualiste, où le rythme joue un rôle crucial pour accompagner les mouvements des danseurs (et des auditeurs que nous sommes ).
    Plectra (ou plus complètement Plectra and Percussion Dances) est une suite en trois parties mêlant musique, mouvement et théâtre. Chaque section utilise une instrumentation microtonale unique, avec une forte emphase sur le rythme et la texture sonore.
    Chacune des trois parties dispose de son propre caractère et de sa propre dynamique (je vous en propose d'ailleurs ici ces trois parties isolément ainsi que la version complète de l'oeuvre).
    Castor et Pollux est basé sur des cycles répétitifs, avec une forte interaction entre les cordes pincées (plectra) et les percussions ; l'atmosphère est rituelle et hypnotique, mêlant pulsations rythmiques et harmonies microtonales. Ring Around the Moon est une section plus légère et ludique, avec une qualité quasi-dansante ; elle reflète un rituel imaginaire, associé à une célébration mystérieuse sous une pleine lune. Even Wild Horses, le dernier segment est le plus dramatique et le plus dynamique ; Partch l'a conçu comme une musique de danse autonome, évoquant une cavalcade sauvage ; l'énergie rythmique est ici à son apogée, avec des lignes mélodiques qui se chevauchent et une interaction complexe entre cordes et percussions.
    Comme à l'accoutumée, l'oeuvre utilise de nombreux instruments conçus par Partch.
    L'approche de Partch fusionne ici tradition et modernité, empruntant aux mythes anciens tout en utilisant une esthétique sonore radicalement nouvelle. Plectra n'est sûrement pas l'oeuvre la plus célèbre de Partch ; elle est pourtant saluée pour sa richesse rythmique, son inventivité et la capacité de Partch à créer des univers sonores novateurs et captivants.

    Egon Wellesz (1885 - 1974) est au contraire des deux précédents, bien plus connu (quoique peu documenté). Ce fut un compositeur, musicologue et historien de la musique, autrichien d'origine juive, ayant joué un rôle important dans la musique moderne et dans l'étude de la musique byzantine.
    Né à Vienne, il a étudié à l'Université de Vienne sous la direction de Guido Adler, un pionnier de la musicologie moderne. Il fut aussi élève d'Arnold Schoenberg, bien qu'il ne rejoigne pas pleinement le mouvement dodécaphonique, préférant un style qui allie des éléments tonaux et modernes.
    Avant la Seconde Guerre mondiale, il était reconnu pour ses recherches sur la musique byzantine, devenant l'un des premiers musicologues occidentaux à explorer ce domaine en profondeur. Ses recherches sur la musique byzantine ont révolutionné la compréhension de ce domaine en Occident. Il a publié des études fondamentales sur la notation et la théorie musicale byzantine. Il a également écrit une biographie majeure d'Arnold Schönberg (1921), qui demeure une référence sur le sujet.
    En 1938, après l'Anschluss, Wellesz dut fuir à cause de ses origines juives. Il s'installa à Oxford, où il poursuivit sa carrière académique. Il devint professeur à l'Université d'Oxford et obtint une grande reconnaissance pour ses travaux musicologiques.
    En conclusion, Wellesz appartient à une génération de compositeurs viennois qui ont su naviguer entre la tradition romantique et les innovations du XXe siècle. Bien qu'ayant été éclipsé par des figures comme Schoenberg ou Webern, son oeuvre gagne en reconnaissance pour son originalité et sa profondeur.
    Il est souvent considéré comme un des derniers représentants d'un âge d'or musical viennois, tout en étant un pionnier dans le domaine de la musicologie.
    De lui aujourd'hui, deux oeuvres (il y en aura d'autres par la suite) : une oeuvre de chambre, l'Octuor pour clarinette, basson, cor, quatuor à cordes et contrebasse, et un opéra, Alkestis (Alceste).
    L'intrigue d'Alkestis suit l'histoire classique d'Alceste, une héroïne tragique de la mythologie grecque. Elle accepte de sacrifier sa vie pour sauver son époux, Admète, mais est finalement ramenée à la vie grâce à l'intervention d'Héraclès.
    Wellesz combine un langage post-romantique avec des touches modernistes, influencé par ses études auprès de Schoenberg.
    Alkestis (ou Alceste) marque une étape importante dans sa carrière, montrant son aptitude à marier les formes classiques avec des innovations modernes. L'opéra reflète également son intérêt pour la culture antique, un thème récurrent dans son oeuvre. Par ailleurs comme dans la tragédie grecque originale, le choeur joue un rôle central, commentant l'action et renforçant l'atmosphère antique.
    L'oeuvre, lors de sa création, fut saluée pour son originalité et sa profondeur psychologique, bien que son style ait été considéré comme exigeant. L'opéra a connu une redécouverte partielle au XXe siècle, notamment grâce à un regain d'intérêt pour Wellesz en tant que compositeur injustement oublié.

    Vu que mah vous a déjà présenté d'autres « nouveaux venus » (décédés en 1974) : Atterberg, Jolivet, Knipper, Martin et Milhaud, je ne vous présenterai ici que qqs oeuvres de chacun d'eux : le Concerto pour violoncelle et le Quatuor à cordes op. 11 d'Atterberg ; le Concerto pour harpe et orchestre de chambre et le Concerto pour piano et orchestre de Jolivet ; Plaine, ma plaine de Knipper ; deux versions des Six Monologues de Jedermann de Martin ; et de Milhaud, L'Homme et son Désir, Poèmes juifs, Six Little Symphonies et Musique de scène pour La Mort d'un tyran.
    Parmi tout cela, mention particulière sans le moindre doute pour le Concerto pour piano et orchestre de Jolivet, l'une de ses oeuvres les plus emblématiques dans la version de Lucette Descaves au piano et Ernest Bour à la baguette. Une oeuvre dont l'esthétique combine à merveillle virtuosité, mysticisme et richesse orchestrale et illustrant à merveille l'intérêt de Jolivet pour des structures rythmiques vigoureuses, tout en restant accessible par son expressivité. Ce concerto est souvent cité comme une pièce majeure du répertoire de Jolivet.
    Plaine, ma plaine est probablement l'œuvre la plus connue de Lev Knipper. C'est une chanson tirée de sa Symphonie n°4, qui vous est proposée par mah dans son intégralité grâce à sa présence dans la PL actuelle. L'air est à la fois simple et majestueux, donnant une image idéalisée de la vaste steppe russe. Bien qu'elle soit associée à la propagande soviétique de l'époque, sa beauté mélodique transcende son contexte politique.
    La Mort d'un tyran quant à lui est issu de la traduction par Diderot d'un texte d'Aelius Lampridius sur la mort de l'empereur Commode, assassiné dans son bain par l'un de ses gardes du corps, mais il n'y a ici que la musique de scène (6 minutes alors que l'oeuvre intégrale en dure plus de 40).
    Les Six Monologues de Jedermann (1935-1944) de Frank Martin me semblent mériter eux aussi un commentaire plus développé.
    Il s'agit d'un cycle de mélodies pour baryton (ou basse) et orchestre mettant en musique six monologues tirés de la pièce de Hofmannsthal, qui raconte la confrontation d’un riche homme avec la mort et sa quête de rédemption ; l'œuvre est poignante et introspective.
    Frank Martin, compositeur suisse, s'est toujours senti attiré par les textes à forte teneur spirituelle. Inspiré par le drame médiéval modernisé de Hofmannsthal, dont il a condensé les moments les plus introspectifs du personnage principal, Jedermann, en six monologues musicaux. Ces derniers explorent des thèmes universels comme la richesse, la vanité, le repentir et la quête du salut.
    Le Jedermann d’Hofmannsthal est une sorte de parabole chrétienne où la Mort convoque un riche homme, Jedermann, à rendre compte de sa vie. Abandonné par ses amis, ses biens et ses plaisirs, il réalise que seule sa foi et son repentir peuvent le sauver.
    Le langage musical se situe à la frontière du postromantisme et du modernisme. L'orchestre joue un rôle subtil mais essentiel, soutenant et intensifiant les émotions du chanteur sans jamais les écraser. Les harmonies sont souvent chromatiques, avec des moments de grande expressivité et des passages où la mélodie semble se suspendre dans un espace méditatif.
    En résumé, ces monologues offrent une expérience profondément spirituelle, où la musique et le texte se fondent dans une méditation existentielle. Martin n’est pas un « moderniste » au sens radical du terme. Sa musique reste accessible, tout en utilisant un langage personnel sophistiqué. Les thèmes abordés dans ces monologues - peur de la mort, quête de sens, foi - sont capables de résonner chez chacun d'entre nous.

    Pour terminer et passer à tout autre chose (mais vous aurez d'autres oeuvres des « disparus de 1974 » ultérieurement - soit via les PL de mah soit via ces présents packages), je reviens sur le dernier package, oeuvre de Leb, qui nous présentait notamment une large sélection d'oeuvres de Chopin par Rubinstein, signalant au passage qu'il avait peut-être (tout comme moi d'ailleurs ) une légère préférence des Nocturnes de Chopin par Arrau … J'aurais souhaité vous les présenter ici mais ils sont de 1977-78, donc trop tardifs pour être éligibles ici pour l'instant en vertu de la règle dite pour résumer « des 50 ans ».
    Pour faire néanmoins bonne mesure, voici donc deux autres versions des Nocturnes : par Novaes ; et par Harasiewicz.

    Enfin pour qui aime les extrêmes , qqs Fantaisies et paraphrases pour piano « à l'ancienne ». Ces fichiers m'ont en effet été envoyés par Leb : qu'il en soit donc remercié chaleureusement
    Voici ce qu'il m'écrit en guise de présentation :
    Salut Philippe
    Je sais que tu ne goûtes que modérément les enregistrements très anciens
    [C'est un peu vrai mais bon cela n'implique en rien que j'impose mes propres goûts ou préférences au sein de la BM ! note Phil], mais ceux-ci d'une part sont de grande qualité sonore, je trouve (sauf une ou deux exceptions), et d'autre part sont de grand intérêt : des fantaisies, paraphrases, transcriptions pour piano comme on les aimait au siècle dernier et au précédent, et qui ont largement disparu du répertoire, certainement des concerts mais aussi du disque. C'est en tout cas carrément fun, voire jouissif. J'espère que tu partageras ce plaisir désuet !
    Je viens d'écouter tout cela et Leb a raison, c'est très agréable ; j'ai donc décidé de partager avec vous tous ce « plaisir désuet », en espérant que vous y trouverez tous plaisir
    J'ai placé ces fichiers en rubrique Documents et curiosités, ne sachant pas trop où les mettre ailleurs.
    D'autre part j'ai repris telle quelle la présentation que Leb m'envoie, qui ne correspond pas du tout aux standards de présentation habituellement utilisés ici ; mais bon ... c'est comme ça et ça n'a, par ailleurs, aucune importance !

    Pour finir, comme d'hab, la liste complète des oeuvres présentées cette fois :
    • Absil : Concerto pour piano n°1
    • Absil : Concerto pour piano n°2
    • Absil : Peau d'Âne, suite de ballet
    • Absil : Récital de Mélodies
    • Absil : Symphonie n°4
    • Atterberg : Concerto pour violoncelle
    • Atterberg : Quatuor à cordes op. 11
    • Chopin : Nocturnes pour piano (x2)
    • Fantaisies et paraphrases pour piano « à l'ancienne »
    • Jolivet : Concerto pour harpe et orchestre de chambre
    • Jolivet : Concerto pour piano et orchestre
    • Knipper : Plaine, ma plaine
    • Martin : Six Monologues de Jedermann (x2)
    • Milhaud : L'Homme et son Désir
    • Milhaud : Musique de scène pour La Mort d'un tyran
    • Milhaud : Poèmes juifs
    • Milhaud : Six Little Symphonies
    • Partch : 11 Intrusions
    • Partch : Plectra
    • Partch : The Bewitched
    • Wellesz : Alkestis (Alceste)
    • Wellesz : Octuor pour clarinette, basson, cor, quatuor à cordes et contrebasse
    Bonnes écoutes à toutes et à tous et, je l'espère, bonnes découvertes peut-être

  2. #202
    Administrateur Avatar de Philippe
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Jemappes / Valencia
    Messages
    8 949

    (copie)

    Re-bonjour à toutes et à tous et merci d'être de retour pour ce package exceptionnel, entièrement dû à lebewohl qui m'en a envoyé l'intégralité
    Un peu de tout selon l'expression consacrée, mais un package complètement thématique puisqu'entièrement consacré au Melos Ensemble (à ne pas confondre avec le Melos Quartet), un ensemble de musique de chambre à géométrie variable, évoluant entre quatre et douze musiciens fondé en 1950, comme vous avez pu le voir si vous avez consulté la fiche Wiki, sous l'implulsion de l'altiste Cecil Aronowitz et du clarinettiste Gervase de Peyer. La fiche Wiki en question nous livre aussi des informations précieuses, détaillant les divers instrumentistes et d'autre part lebewohl va vous fournir, ci-dessous, qqs détails supplémentaires.
    Comme nous lui sommes tous ici redevables pour cet envoi, je lui cède la parole pour une présentation plus détaillée de ce package hors-normes :

    Le Melos Ensemble (à ne pas confondre avec le Melos Quartet, qui est un quatuor à cordes de Stuttgart) est un groupe britannique de musique de chambre pour divers instruments, fondé en 1950. L'idée était de pouvoir jouer des oeuvres de chambre à effectif un peu inhabituel avec des musiciens habitués à travailler ensemble, plutôt qu'avec des musiciens ad hoc comme c'est usuellement le cas.
    Comme le rappelait Philippe, les deux membres fondateurs les plus connus, grâce à leur carrière de soliste, sont sans doute le clarinettiste Gervase de Peyer et l'altiste Cecil Aranowitz (NB : altiste étant un nom épicène, je précise que le prénom anglais Cecil est masculin, pour qui cela intéresserait). Parmi les autres membres connus, on peut citer le violoniste Emanuel Hurwitz, la violoniste Iona Brown, le harpiste Osian Ellis, ou, de manière ponctuelle, le corniste Barry Tuckwell. Beaucoup des instrumentistes sont restés longtemps, jusqu'à plusieurs décennies, dans le groupe, lui assurant une véritable qualité d'ensemble de chambre.
    Le Melos Ensemble a joué un répertoire très vaste et très varié, il a assuré nombre de créations, parmi lesquelles on citera la partie pour ensemble de chambre du War Requiem de Benjamin Britten, écrite spécifiquement pour lui.
    Les interprétations se caractérisent par une grande précision, aussi bien individuelle que d'ensemble. Je ne suis pas sûr que toutes fassent partie de mes préférées, parfois je préfèrerais un peu plus de moëlleux, si on me passe ce terme somme toute assez peu musicologique, parfois cela n'a pas la couleur, ou la couleur locale, que j'attends ou en tout cas à laquelle je suis habitué (je pense à Bartók ou Janáček, par exemple). Mais enfin, même avec ces très légères (et toutes personnelles) réserves, cela reste des versions excellentes.
    Les enregistrements présentés ici viennent d'un coffret rétrospectif publié par EMI, et regroupe d'une part des classiques dont plusieurs déjà largement présents , ou en tout cas, présents, dans la bibliothèque musicale de cet auguste forum (quintettes avec clarinette de Mozart ou de Brahms, par exemple, ou octuors de Mendelssohn ou de Schubert), mais aussi des raretés (à ma connaissance) de compositeurs ultra connus, par exemple le duo n°1 de Beethoven (???), des oeuvres de compositeurs connus mais moins (quintette avec clarinette de Reger, quintette à vent de Nielsen, double quatuor de Spohr, grand septuor de Berwald), de la musique du XXe siècle assez connue (Ravel, Poulenc, Bartók, Janáček) mais aussi, plus rare, Skalkottas. Les règles de date empêchent de proposer Bliss (de justesse), Rodney Bennett, Grosse, Birtwistle et Maxwell Davies (pour ceux-ci il faudra encore attendre un peu…) tout comme Khatchatourian (qui n'a pas écrit que la Danse du Sabre …), mort en 1978.


    La liste des oeuvres ici :
    • Bartok : Contrastes pour clarinette, violon et piano
    • Beethoven : Duo pour clarinette et basson n°1
    • Beethoven : Marche pour 2 clarinettes, 2 cors et 2 bassons
    • Beethoven : Quintette pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson op. 16
    • Beethoven : Rondino pour 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 cors et 2 bassons
    • Beethoven : Septuor op. 20
    • Beethoven : Sextuor pour 2 cors et quatuor à cordes
    • Brahms : Quintette pour clarinette et quatuor à cordes op. 115
    • Janacek : Concertino pour piano, alto, basson, clarinette, cor et 2 violons
    • Janacek : Dans les Brumes
    • Janacek : Mladi
    • Mendelssohn : Octuor op. 20
    • Milhaud : Suite pour violon, clarinette et piano
    • Mozart : Quintette pour clarinette et quatuor à cordes KV 581
    • Mozart : Quintette pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson KV 452
    • Mozart : Trio n°4 "Les Quilles" pour clarinette, alto et piano KV 498
    • Poulenc : Sonate pour clarinette et basson
    • Poulenc : Trio pour piano, hautbois et basson
    • Prokofiev : Ouverture sur des thèmes juifs
    • Schubert : Adagio et rondo concertant pour piano, violon, alto et violoncelle, D. 487
    • Schubert : Octuor D. 803
    • Schubert : Quintette avec piano "La Truite"
    • Schumann : 3 Fantasiestücke pour clarinette et piano
    • Schumann : Märchenerzählungen pour clarinette, alto et piano
    • Skalkottas : 8 Variations sur un thème folklorique grec
    • Skalkottas : Octuor
    Bonnes écoutes

  3. #203
    Administrateur Avatar de Philippe
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Jemappes / Valencia
    Messages
    8 949

    (copie)

    Re-bonjour à toutes et à tous !

    Retour pour ce mois de février à une formule déjà expérimentée : un seul package par mois, divisé en deux « demi-packages ». Commençons cette fois par des compositeurs de l'initiale A à l'initiale G.

    Quelques oeuvres rares pour cette fois, notamment une Symphonie pour orchestre en ré d'Arriaga.
    Arriaga, souvent surnommé le "Mozart espagnol" en raison de son talent précoce et de sa mort prématurée à l'âge de 19 ans, est bien sûr principalement connu pour ses quatuors à cordes. Cependant, il a également composé de nombreux autres types d'oeuvres - voyez sa fiche Wiki ici pour ceux qui ne me croiraient pas ; et parmi celles-ci, cette symphonie, achevée vers 1824. Elle est structurée en quatre mouvements : Adagio - Allegro vivace - Presto ; Andante ; Minuetto : Allegro - Trio ; Allegro con moto (la marque de la moto n'est pas précisée).
    L'oeuvre reflète l'influence du Sturm und Drang, avec une atmosphère générale de colère et de désespoir, sans jamais sombrer dans la résignation. L'Andante se distingue par sa grande beauté, mettant en évidence la maîtrise d'Arriaga dans le traitement des intervalles mélodiques et des effets des instruments à vent. Le Minuetto est peut-être la partie la moins originale de l'oeuvre, alternant entre un rythme parfois traînant et à une structure rythmique et métrique plus conventionnelle.
    Malgré sa grande jeunesse, Arriaga démontre dans cette symphonie une maturité impressionnante, tant dans la construction formelle que dans l'orchestration brillante. Tout au long des quatre mouvements, on est frappé par la force de la composition et le dynamisme de l'oeuvre.

    Voici pour suivre une petite présentation de trois oeuvres d'Atterberg : la Ballade et passacaille sur un thème folklorique suédois, Les Vierges Folles et l'Ouverture "Aladin", chacune représentent des facettes très différentes de la musique d'Atterberg. C'est très subjectif évidemment, mais j'ai envie de placer en exergue la Ballade et passacaille, une oeuvre qui illustre le talent d'Atterberg pour intégrer des thèmes folkloriques dans un cadre orchestral sophistiqué. C'est une oeuvre profondément ancrée dans le patrimoine suédois, riche en expressivité, et elle incarne bien son amour pour la musique populaire nordique. Les Vierges Folles est un poème symphonique inspiré d'une légende folklorique suédoise, souvent associé à des atmosphères mystiques ou sombres. Reflètant une facette plus narrative et romantique d'Atterberg et s'inscrivant dans une tradition symphonique à programme et se démarquant par son caractère dramatique et descriptif, ce serait peut-être une oeuvre plus captivante pour les auditeurs sensibles à l'évocation d'images narratives. L'Ouverture "Aladin" est probablement l'oeuvre la plus spectaculaire des trois, grâce à son caractère brillant et à sa capacité à captiver l'auditeur dès les premières mesures.

    Poursuivons dans la même démarche avec quatre oeuvres de Jean Absil (petit renvoi vers sa fiche Wiki pour qui le connaîtrait peu) : la Fantaisie concertante pour violon et orchestre ; la Rhapsodie roumaine pour violon et piano sur des thèmes de Bartok ; la Sérénade pour orchestre de chambre ; et la Symphonie n°2.
    La Symphonie n°2 est une oeuvre majeure dans son catalogue ; puissante et structurée, typique des grandes oeuvres orchestrales d'Absil, elle témoigne d'une approche plus sombre et introspective par rapport à ses autres oeuvres. Parmi les oeuvres proposées ici, c'est sûrement - à mon sens - celle à découvrir en priorité. La Fantaisie concertante ou la Rhapsodie roumaine sont des oeuvres plus intimes et pourtant parfois virtuoses. La Sérénade pour orchestre de chambre séduit par son charme et son accessibilité, mais pourrait être perçue comme moins ambitieuse en termes de contenu émotionnel. C'est pourtant une oeuvre légère et élégante, pleine de clarté et d'humour, parfois comparée aux sérénades néoclassiques de Stravinsky ou d'Hindemith.

    Ensuite, une oeuvre qui me tient particulièrement à coeur : il s'agit de The Plague de Roberto Gerhard. Vous vous souviendrez probablement qu'en octobre dernier je vous avais proposé une large sélection d'oeuvres de Gerhard ; mais je ne pouvais pas vous présenter parmi cet ensemble The Plague : il s'agit en effet d'un enregistrement de 1974 (avec Dorati à la direction), c'était donc trop tôt en 2024. Aujourd'hui c'est bon
    The Plague est une oeuvre étonnante, composée en 1964 et inspirée par La Peste de Camus. Gerhard, compositeur catalan exilé en Angleterre après la guerre civile espagnole, a marqué cette composition par un profond sens de l'humanité et une réflexion sur les thèmes de l'exil, de la souffrance et de la résilience face aux catastrophes. Gerhard a composé The Plague dans un contexte de préoccupations sociopolitiques mondiales, notamment des craintes liées à la guerre froide et aux menaces existentielles comme les épidémies ou les crises nucléaires. L'oeuvre témoigne de son intérêt pour les réflexions philosophiques de Camus sur l'absurdité de la condition humaine et la solidarité. De la sorte, l'oeuvre explore les thèmes de l'épidémie, de la désolation et de l'isolement, mais aussi de la lutte commune pour la survie et la capacité humaine à résister à des forces oppressantes.
    C'est une oeuvre pour orchestre, solistes vocaux et narrateur. Le texte du narrateur est tiré de passages clés du roman La Peste. L'orchestre utilise les techniques sérielles, mais avec une flexibilité qui reflète la liberté stylistique de Gerhard. Les influences de Schoenberg et de la musique moderne européenne en général sont ainsi perceptibles, mais Gerhard intègre également des éléments qui reflètent ses racines catalanes.
    Une oeuvre puissante donc, peut-être (selon moi) l'une des plus ambitieuses et les plus impressionnantes de Gerhard. À écouter de toute urgence (si je peux me permettre ) !

    Terminons pour cette fois avec des oeuvres plus « fréquentées », déjà présentes en BM, mais que j'ai choisi de retenir pour leurs interprétations d'exception : la version pour voix et piano de La Bonne Chanson de Fauré avec Suzanne Danco ; le Quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle n°2 de Beethoven par Neuhaus et le Quatuor Beethoven. Plus les Études pour piano op. 10 et op. 25 de Chopin par Cortot ; bon je sais que ce dernier ne recueille pas toujours l'unanimité (pour les raisons que tout le monde connaît) ; mais du seul point de vue pianistique, c'est qd même ... pas si mal

    Enfin, en guise de bonus pour cette fois on va finir pour cette fois par un peu de Grieg, si cela vous dit
    Bon tout le monde connaît déjà très bien les suites n°1 et n°2 de Peer Gynt, il n'en va peut-être de même pour la Musique de scène pour solistes, choeur et orchestre - la version complète donc. Cette « version » était jusqu'alors absente de la BM.
    Elle inclut des parties chantées (solistes et choeurs) qui enrichissent considérablement l'expérience musicale. Par exemple, le chant de Solveig est bien plus poignant dans ce contexte. Elle permet aussi de découvrir des morceaux inédits : certaines sections de la musique de scène ne figurent pas dans les suites, comme les interludes instrumentaux ou les passages vocaux qui accompagnent directement les dialogues ou les scènes du drame d'Ibsen.

    La liste complète pour cette fois :
    • Absil : Fantaisie concertante pour violon et orchestre
    • Absil : Rhapsodie roumaine pour violon et piano sur des thèmes de Bartok
    • Absil : Sérénade pour orchestre de chambre
    • Absil : Symphonie n°2
    • Arriaga : Symphonie pour orchestre en ré
    • Atterberg : Ballade et passacaille sur un thème folklorique suédois
    • Atterberg : Les Vierges Folles
    • Atterberg : Ouverture "Aladin"
    • Beethoven : Quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle n°2
    • Chopin : Études pour piano op. 10 et op. 25
    • Fauré : La Bonne Chanson (version pour voix et piano)
    • Gerhard : The Plague
    • Grieg : Peer Gynt, musique de scène pour solistes, choeur et orchestre
    Bonnes écoutes

Discussion fermée
Page 11 sur 11 PremièrePremière ... 9 10 11

Informations de la discussion

Utilisateur(s) sur cette discussion

Il y a actuellement 3 utilisateur(s) naviguant sur cette discussion. (0 utilisateur(s) et 3 invité(s))

     

Règles de messages

  • Vous pouvez créer de nouvelles discussions
  • Vous pouvez envoyer des réponses
  • Vous pouvez envoyer des pièces jointes
  • Vous pouvez modifier vos messages