Il m'est arrivé de comparer des Saint-Nectaire. Je me souviens, nous étions au pays de Pourrat, tout près des Bois Noirs où se déroule Gaspard, l'un des plus beaux romans français du 20è siècle.
Nous avions trois Saint-Nectaire sur notre table de pique-nique. Ce fut un grand moment que de goûter tour à tour à ces trois chefs-d'oeuvre. Ils étaient évidemment très différents, ce qui fait tout le charme du Roi des Fromages. Ils avaient tous les trois ce fabuleux goût de noisette mais ils étaient vraiment affinés différemment.
Avait-on un Staier, un Gilels et un Serkin... c'était à peu près le niveau.
S'il fallait comparer une oeuvre de quelques secondes, voire une minute, pourquoi pas. Mais si l'on découpe en rondelle de une, deux, trois, dix minutes même, une oeuvre qui en fait trente ou cinquante ... je ne suis pas certain que l'on respecte ce qui est le plus important : la vision d'une oeuvre par un artiste.
Ce petit jeu, je l'ai fait des centaines de fois avec délectation. Je ne le fais plus car j'ai vraiment l'impression qu'il faut écouter une oeuvre entièrement et non pas la saucissonner (chez Lacoste à Salers, excellent saucisson à la noisette, vraiment ).
Alors s'il faut écouter le neuvième symphonie (de F.S bien sûr ...) une dizaine de fois .... pas sûr que je capte vraiment la pensée du chef mais je suis assez couillon.
Cette année à Salers a eu lieu une révolution pendant la dégustation comparée des fameux Carrés. On les déguste toujours en aveugle mais ils ne pèsent que quelques grammes, on peut s'en imprégner plus aisément que d'une Hammerklavier ...