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Discussion: Ottorino Respighi

  1. #1
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    Ottorino Respighi

    Comme on parlait de concertos pour violons méconnus dans le fil Britten, j'en profite pour évoquer rapidement les deux concertos de Respighi qui sont de vraies merveilles.

    Je ne suis pas un grand fan du style aristocratique de Respighi qui me fait souvent penser à de gros buffets sculptés comme ceux qu'on trouve dans les vieilles villas romaines, mais ces deux concertos m'ont bluffé.

    Il s'agit donc en tout premier lieu du Concerto All'Antiqua, qui est tellement tubesque que je ne m'explique pas pourquoi il n'est pas aussi célèbre que celui de Sibelius ou de Mendelssohn : les thèmes sont beaux à pleurer, les développements magnifiques. Une splendeur, mais pas facile à trouver.

    Je l'ai dans cette excellente version (joué par un certain Ingolf Turban) - je souhaite bon courage à qui souhaite mettre la main dessus.



    Sinon le concerto gregoriano, qui est beaucoup plus accessible en disque, et dont le côté pastoral détaché fait penser à du Vaughan-Williams avant la lettre.



    Cet excellent disque Chandos contient également la Ballade des Gnomes, autre chef-d'oeuvre de Respighi - à mon avis très supérieur au Triptyque Romain.

    Gilles

  2. #2
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    Bonjour.

    J'espère que c'est bien, ton bidule, car je viens de commander ceci:



    Je glisse un mot dessus dès que je l'aurai reçu et écouté.

    Sinon,je signale cette œuvre inachevée:



    Un enregistrement Bongiovanni? C'est assez effrayant Quelqu'un connait?

    mah
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  3. #3
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    Ah! Gilles, tu ne pouvais pas me faire plus plaisir en initiant un fil consacré à Respighi. Bien que tous mes disques consacrés au compositeur des Fêtes romaines soient restés dans la maison familiale (c'est-à-dire loin de chez moi), je vais me permettre de parler de deux ou trois oeuvres qui me tiennent à coeur.

    Tout d'abord, disons-le tout de suite, Respighi n'est pas que l'auteur de la seule Trilogie romaine, qui, bien que fort bien écrites, sont parfois effectivement un peu bruyantes. J'aime bien l'analogie avec le buffet style Victor-Emmanuel II. On aurait un peu trop tendance à l'enfermer dans ce registre et même si certains chefs (comme Svetlanov par exemple) ont su montrer tout l'intérêt qu'il y avait à les diriger, cela se fait au détriment de plusieurs autres chef-d'oeuvres, souvent bien plus intrigants.

    Il y a d'abord la Sinfonia Drammatica, oeuvre du jeune Respighi, dont il n'existe à ma connaissance qu'une seule version de référence, celle enregistrée par Nazareth et la Philharmonie Slovaque. Et quel dommage, car voilà une symphonie qui sort singulièrement des sentiers battus: de retour de Russie où il avait oeuvré dans l'orchestre du Mariinski et fréquenté Rimski-Korsakov (que l'on présente souvent abusivement comme son "professeur" alors que le vrai professeur de Respighi est Martucci), la Sinfonia Drammatica est un peu le résumé de toutes ces années passées sur les routes. On y croise Orient et Occident, un soupçon de forêt russe dans le mouvement central (elle en compte trois). Mais elle vaut surtout pour son final complètement dingue, de près de 20 minutes et qui annonce tout le Respighi à venir: à la fois titanesque (on n'est pas près d'oublier les interventions de la percussion à la fin) et imprévisible.
    A découvrir absolument!

    Il y a ensuite le Quintette avec piano, que l'on ne joue pour ainsi dire jamais et dont je possède une version enregistrée par le Quatuor de Venise, couplée précisément avec le Quintette de Martucci. Oeuvre légèrement plus tardive, mais d'une inventivité rare au niveau du traitement des thèmes. Lui aussi est en trois mouvements, le final étant d'une extrême concision, un mouvement où le compositeur part en flèche avec une idée extrêmement savante qu'il se refuserait de traiter sous les toutes formes afin de lui laisser son caractère énigmatique. Si j'osais, j'appelerais ce Quintette le "Quintette Enigma". Parce que sitôt écouté, on a envie d'y revenir.

    Pour finir provisoirement, la Sonate pour violon en Si bémol mineur. Alors là, attention, monument. Superpositions rythmiques et harmoniques, thèmes gigantesques traités de façon cyclique et tournante, souffle antique. La cohésion entre les deux instruments est mise à rude épreuve mais le résultat est stupéfiant. Il s'agit également d'une composition parmi les plus dépressives que Respighi ait pu composer, comme quoi on aurait tort de lui assimiler en permanence le soleil italien comme compagnon.
    Je recommande la version d'Anne-Sofie Mutter, accompagnée par Lambert Orkis. La prise de son n'est pas vraiment idéale mais l'interprétation est un régal.

    Le concerto all'Antiqua est effectivement rarement enregistré. Le concerto sur un mode grégorien un peu plus. J'ai à la maison une version assez réussie enregistrée chez Decca par Pierre Amoyal. Mais je serais cependant assez téméraire de la recommander comme référence.

    Je reviens plus tard pour les opéras qui m'ont marqué!

  4. #4
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    J'ajoute que je m'étais servi un jour de la Sinfonia Drammatica pour accompagner "Intolérance" de Griffith, ne supportant pas l'abominable musique électronique qui avait été paraît-il écrite à l'occasion de la nouvelle copie du film. Ceux qui ont acheté les DVD du Monde savent peut-être de quoi je parle.

  5. #5
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    Citation Envoyé par Theo B Voir le message
    Alors à défaut de m'étendre ici sur les rosbeefs ou sur Dohnanyi, ma première recommandation puisque Antonin m'a devancé sur Malipiero, sera ce disque sublime:


    Les trois oeuvres ici présentées, magnifiquement jouées et enregistrées, sont des chefs d'oeuvre: le Quatuor en Ré (ré tout court), Il Tramontto, et Le Quartetto Dorico.

    Des intitulés du premier et du troisième, vous pourriez déduire que si les quatuors de Malipiero étaient les derniers Beethoven, ceux de Respighi seraient, relativement, les premiers de Haydn - et vous auriez raison, à mon sens.
    Voilà j'ai gagné la palme de la grosse nouille fainéante aujourd'hui, ggllllhh.

  6. #6
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    Théo est parvenu au nirvana de la recherche universitaire: il se cite tout seul. Chapeau bas...

  7. #7
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    gll



    Dernière modification par Theo B ; 06/09/2008 à 13h00.

  8. #8
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    Citation Envoyé par Vincent H Voir le message
    Pour finir provisoirement, la Sonate pour violon en Si bémol mineur.

    Après vérification, Si mineur tout court... Désolé...

  9. #9
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    Citation Envoyé par mah70 Voir le message
    Bonjour.

    J'espère que c'est bien, ton bidule, car je viens de commander ceci:

    mah
    Je ne connais pas cette version, mais je pense que tu vas aimer. Difficile de ne pas aimer d'ailleurs, ça parle directement aux sens sans passage par la case cerveau.

    Gilles

  10. #10
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    Citation Envoyé par Vincent H Voir le message

    Il y a d'abord la Sinfonia Drammatica, oeuvre du jeune Respighi, dont il n'existe à ma connaissance qu'une seule version de référence, celle enregistrée par Nazareth et la Philharmonie Slovaque. Et quel dommage, car voilà une symphonie qui sort singulièrement des sentiers battus:
    Bonjour Vincent, et merci pour ton alléchante présentation de cette Sinfonia Drammatica que je n'ai jamais entendue.

    Respighi est un compositeur assez ambivalent pour moi : comme tu l'as dit toi-même, le Triptyque Romain est loin d'être son oeuvre la plus intéressante et c'est surtout une réussite technique sur le plan orchestral. ce qui nous rapelle que Respighi fut directeur du conservatoire de Rome, et qu'il n'était donc pas un manche.

    On a beaucoup dit de Respighi qu'il était un "néo-baroque", et ça me semble une drôle d'idée : il est tout simplement post-romantique, et je trouve frappant que son influence principale n'est pas Rimsky-Korsakov, comme on l'a dit aussi, mais plutôt Liszt - pour ses amples développements, l'atmoshère sombre de ses oeuvres, et une imagination mélodique assez distanciée (pour ne pas dire "pas terrible").

  11. #11
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    Petit panorama de l'oeuvre de Respighi (ça faisait longtemps que je l'avais pas fait) - évidemment je n'ai pas tout écouté et je ne parle que de ce que je connais; et évidemment ça ne reflète que mon opinion (d'ailleurs je pense que Vincent ne partagera pas mon avis sur beaucoup de ces oeuvres) - et chacun a bien sûr son avis sur le Triptyque Romain.

    Oeuvre orchestrale
    :

    Berceuse pour cordes (1902 - 6')

    agréable, sans plus

    Fantaisie Slave (1903 - 10') pour piano & orchestre

    On sent l'influence de Liszt, comme dans toutes ses œuvres pour piano. Ses thèmes slaves font vaguement penser à un Dvorak fatigué.

    Pastorale (1908 - 12' ) pour violon & orchestre

    C'est du Vivaldi romantisé et c'est d'un assez mauvais goût: les effets dynamiques sont décalés, et les mélodies tombent toujours à côté de la plaque.

    Chaconne sur un thème de Vitali
    (1908 - 14') pour violon & orchestre

    Du Respighi toujours aussi mélancolique mais ici dans sa bonne veine mélodique, inspiré nettement ici par le baroque allemand. C'est vraiment très joli.

    Fontaines de Rome (1915 - 16' )

    Superbe thème introductif de clarinette, sur un fond ondoyant et lumineux ; l'écriture est fine et légère comme un voile de satin, c'est magnifique.; je me suis dit que parfois cette écriture claire et scintillante préfigurait Yoshimatsu.

    Danses Antiques

    Suite n°1 (1917 - 15') - Suite n°2 (1923 - 16' ) - Suite n°3 (1932 - 20')

    C'est sympa, c'est assez joli sans plus, mais c'est de la redite et ça n'est pas suffisamment inspiré pour apporter quoi que ce soit de nouveau. Il vaut mieux écouter les originaux : Haendel, Corelli etc. Une vision très tragisante et dramatisante du baroque, pas très inspirée mélodiquement.

    Ballade des Gnomes
    (1919 - 15' )

    Du grand Respighi authentique et original: on retrouve ici les formidables envolées et la virtuosité orchestrale du Triptyque romain, enfin débarrassés de leur mélancolie plombante et de leurs ritournelles. Cette Ballade est une merveille, d'une fougue et d'un dynamisme fantastiques, et l'interprétation de Sir Edward Downes chez Chandos est magistrale.

    Les Pins de Rome (1924 - 23' )

    Une œuvre féérique, pleine de soleil et d'optimisme, avec un mouvement central plus méditatif. Le langage n'est pas très personnel, c'est rarement le cas chez Respighi, mais il préfigure ici Poulenc et Rodrigo, le thème sombre de hautbois final rappelle aussi le Stravinsky du Sacre. Les thèmes sont avenants, et l'écriture orchestrale réellement brillante. Il était en forme.

    Ouveture Belphegor (1924 - 12')

    Très kitsch, on dirait du Ketelbey en plus naze (si c'est possible)

    Poema autumnale (1925 - 15' )

    Très joli, dans un esprit nostalgique aristocratique proche de VW, en plus nostalgique quand même mais on voit bien le paysage d'automne.

    Fêtes Romaines (1928 - 25' )

    Incroyablement expressioniste pour du Respighi; un orchestre dompté avec une maestria à couper le souffle. On ne le reconnaît plus.

    Trittico Botticeliano
    (1927 - 19' )

    Globalement assez décevant, on est en plein dans le style vieux buffet dont on parlait. Seul le final relève un peu l'ensemble.

    Toccata (1928 - 25' ) pour piano & orchestre

    Introduction très "toccata", puis romance moyennement inspirée dans un duo piano/alto qui s'étire en longueur. Ca sent le Rachmaninov à des kms. Extrêmement virtuose tout du long. La fin est nettement plus intéressante que le début mais ça reste globalement assez ennuyeux.

    3 Chorals pour piano & orchestre (1928 - 25' )

    Une série de thèmes de chorals de Bach réorchestrés avec un art consommé de la fadeur.

    Les Oiseaux (1933 - 12')

    Ecrit dans le style néo-baroque post-vivaldien dont on parle tant à propos de Respighi. Mais il y a trop souvent chez lui une mélancolie pesante qui se rajoute à ça, qui n'a rien de baroque, et dans ce morceau qui suggère un peu de légèreté aérienne on s'en serait bien passé. Pour le reste, l'invention mélodique est ici très en deçà de ce que pouvait faire le grand maître de l'Ospedale della Pieta, bref, c'est très décevant, parfois c'est même carrément de mauvais goût. On retiendra surtout l'usage amusant du glockenspiel dans le V.

    Je continuerai plus tard

    Gilles

  12. #12
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    Bonjour,

    Evidemment que je ne suis pas d'accord sur tout, Gilles. Mais il est vrai que le Respighi "j'emprunte tout ce qui bouge dans la musique baroque" est parfois un peu gonflant. En revanche, ce n'est pas vrai pour le Triptyque et les Oiseaux. Surtout quand c'est l'orchestre de chambre de Wroclaw et Nesterowicz qui sont à l'oeuvre:
    http://ns1.hostingpics.net/pics/1758375902547004891.jpg

    Bon, impossible de mettre cette foutue image.

    Par ailleurs, voici ce que j'ai récemment écrit à propos des Oiseaux, ce qui complétera un peu ce que tu nous dit déjà:

    Respighi appartient à une génération de compositeurs italiens venue au monde au moment où la vague vériste commence à triompher sur les scènes d’opéra : ses successeurs de Puccini ou Mascagni se nomment Malipiero, Pizzetti ou encore Alaleona. Á l’orée du XXe siècle, l’intérêt pour la musique « antique » (Antiche) se développant parmi les musicographes, il est naturel que de jeunes compositeurs redécouvrent tout un pan à moitié oublié du patrimoine italien, à commencer par Monteverdi et Vivaldi.
    Respighi écrit ainsi plusieurs pièces tenant à la fois de la recherche archéologique que du pastiche : entre 1917 et 1931, paraissent les Danses et Airs anciens, compilation de diverses airs des XVIe et XVIIe siècles. Suivent le Trittico botticelliano en 1927, les Oiseaux (même année) et plus tard les monuments que sont les Metamorphoseon modi XII et le Concerto a 5. Respighi expérimente également l’introduction des modes antiques dans des œuvres de conception plus contemporaine, tels que le Concerto grégorien pour violon et le Concerto en mode myxolydien pour piano et orchestre.
    Gli Ucelli appartiennent à la première catégorie : Ottorino Respighi s’est essentiellement inspiré de petites miniatures de compositeurs baroques. Après avoir édité Monteverdi, Vivaldi et Marcello, le compositeur italien se tournait vers le répertoire français, en particulier Rameau, dont l’une des pièces les plus célèbres, La Poule, figure en bonne place de ses Oiseaux. L’œuvre débute par un plaisant Prélude tiré du corpus alors récemment réédité de Bernardo Pasquini (1637-1710), auteur d’un catalogue appréciable en son temps destiné à l’église et à la scène. Du même Pasquini dont Respighi utilise également une petite estampe, Le Coucou, immédiatement identifiable. Ce dernier conclue le cycle.
    Entre temps, auront défilé la Colombe, librement inspirée de Jacques de Gallot, La Poule déjà citée et Le Rossignol, charmante improvisation notée née d’une imagination anonyme. L’orchestration de Respighi est fine mais ne tente pas de coller au style du XVIIIe siècle. Au final, ces cinq pièces ne prétendent rien de plus que de charmer l’auditeur.

    Et voilà pour aujourd'hui.
    Dernière modification par Vincent H ; 07/09/2008 à 11h28.

  13. #13
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    Tiens, tu as atteint le nirvana de la recherche universitaire aussi?

    Bon, je viens de les écouter deux fois les sonates pour violon, car en fait il y en a trois.

    La P15 en ré mineur, en trois mouvement (1897).
    La P31 (six petites pièces, 1902-1905), qui est fort attachante, assez dans l'esprit de la suite néo-classique stravinskienne avant l'heure.
    La P110 qui est la grande si mineur dont tu as parlé.

    C'est vrai que c'est rudement bien, mais comme je ne vois rien que j'aurais déjà écrit à ce sujet à citer, je m'arrêterai là.

  14. #14
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    Très intéressant, ce fil... D'autant plus que j'ai toujours eu un certain faible pour la musique de Respighi, à mon avis assez inégale mais très sous-estimée aussi.

    Je n'ai pas honte non plus de dire que j'écoute chaque fois avec beaucoup de plaisir le célébrissime "Triptyque romain". Et j'en possède suffisamment de versions pour avoir suivi avec amusement un petit fil de discussion marrant qui, sur un forum anglais, était consacré uniquement à la question suivante : dans quelle version des Pins de Rome peut-on entendre, à la fin de l'avant-dernière pièce ("Les Pins du Janicule"), le plus joli rossignol ? Je n'y ai pas participé, mais c'est pour moi peut-être dans le modeste enregistrement réalisé en 1991 pour Naxos par le Royal Philharmonic Orchestra (dirigé par Enrique Batiz) qu'il s'y trouve : un véritable "petit bijou ornithologique", la piste sonore qui a été utilisée (alors qu'à la création de l'oeuvre, en 1924, on avait dû se contenter d'un gramophone passant un 78 tours, sauf erreur )...

    Cela dit, l'album Claves et le disque Chandos montrés par Gilles au début du fil qu'il a créé sont en effet excellents (je les possède et, s'agissant des oeuvres présentées, ils furent même pour moi des "révélations"). Et comme il vient d'être question de Janet Baker sur le fil Elgar, je me permets d'ajouter aux disques déjà présentés celui-ci, qui n'est pas mal non plus :




    Avec son talent d'orchestrateur et de "coloriste" hors pair, son goût pour la musique symphonique et la musique de chambre, notamment, Respighi a eu avec des musiciens comme Pizzetti, Malipiero et Casella (les importants compositeurs italiens nés pendant la "décennie 1880") le grand mérite de faire sortir l'Italie de la très longue phase durant laquelle elle n'a pratiquement donné que des compositeurs d'opéras. Respighi n'en a pas moins composé plusieurs opéras remarquables, et mon intérêt pour son oeuvre m'a même incité à acquérir les cinq suivants :











    Mais là, bien qu'on y retrouve beaucoup des beautés qui caractérisent ses autres oeuvres, j'admets avoir de la peine à "adhérer" aux opéras de Respighi... Je pense qu'il y manque, au niveau du chant et de la "mise en action" des personnages, certaines des qualités (lignes mélodiques, sens dramatique, etc.) qui ont fait - et continuent à faire - tout le succès d'un Puccini, par exemple... Et c'est sans doute pour ces raisons, il me semble, que ces opéras sont si rarement représentés de nos jours... J'avoue toutefois qu'il y a bien longtemps que je ne les ai plus entendus (je ne les ai même écoutés chacun qu'une seule fois) et je me suis promis de leur donner une "seconde chance" dès que j'aurai suffisamment de temps.

    Jacques

  15. #15
    Membre Avatar de Theo B
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    Bonjour Jacques,

    j'ai un vague souvenir de la Campana Sommersa, vague mais... fort bon!

  16. #16
    Membre Avatar de Jacques
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    Bonjour Théo .

    Mon unique écoute de l'opéra de Respighi La Campana sommersa m'avait pas mal plu quand même, mais il faut absolument que j'y retourne (mes souvenirs son restés un peu vagues, même si cela remonte à pas si longtemps). Je relève que cet enregistrement live a été réalisé en 2003, en première mondiale, avec l'Orchestre National de Montpellier dirigé par Friedemann Layer, à l'Opéra Berlioz (Le Corum). Le livret, écrit par Claudio Guastalla, est tiré de la pièce intitulée "Die versunkene Glocke" ("La Cloche engloutie") du dramaturge allemand Gerhardt Hauptmann (1862-1946), un drame féerique "avec elfes, faunes, nymphes et gnomes" qui avait aussi beaucoup intéressé Ravel (c'est dommage que ce dernier n'ait pas pu réaliser son projet d'en faire un opéra également).

    La brochure jointe au coffret, avec une analyse écrite par Alain Steghens, contient des indications très intéressantes non seulement sur l'oeuvre mais sur l'époque de sa création (il y est notamment question du régime mussolinien et des rapports que Respighi pouvait avoir avec ce dernier), et je me permets de reproduire ci-dessous les quatre derniers paragraphes de son texte original en français. Et pardon si c'est un peu long.

    "(...) De l'été 1924 jusqu'à la création de La Campana sommersa, en 1927, Respighi et son épouse Elsa voyagent sans cesse à travers le monde, souvent à l'invitation de riches mécènes (telle Mrs Coolidge, qui organise à travers l'Europe de petits festivals de musique destinés à faire connaître les compositeurs de son temps) ou de grands chefs d'orchestre. Respighi y rencontre des compositeurs avec lesquels il noue de vraies relations d'amitié, comme Joaquin Nin, Manuel de Falla. En 1925, lors d'un premier voyage transatlantique, il fait la connaissance de Mengelberg, qui dirige avec un immense succès son Concerto in modo misolidio, le 31 décembre au Carnegie Hall. Mais l'une des rencontres déterminantes fut sans aucun doute celle d'Arturo Toscanini, qui devint un ami proche de Respighi et dirigea très souvent sa musique à travers le monde : le 14 janvier 1926, pour son premier concert au Carnegie Hall, Toscanini dirige Les Pins de Rome lors d'une soirée triomphale et restée, semble-t-il, dans toutes les mémoires. Respighi y reçoit une « standing ovation » interminable. Les concerts se succèdent à travers les USA avec des succès répétés : Washington, Cleveland, Baltimore, Chicago, Philadelphie, cités qui possédaient quelques-unes des meilleures formations symphoniques au monde (les fameux « Big Five »), donnent à entendre les ouvrages de Respighi.

    "Ces années de succès internationaux, la reconnaissance en Italie et l'amour du compositeur pour la belle Rautendelein, furent certainement des facteurs favorables et générateurs d'inspiration. Malgré les déplacements à travers le monde, les obligations officielles, ses activités de chef et de pianiste, Ottorino Respighi travaillait avec ardeur à La Campana sommersa. Au milieu de l'année 1927, la partition n'était pas tout à fait achevée, mais les premiers éléments furent envoyés à Hambourg, où l'ouvrage devait être créé : arrivés dans cette ville dès le 5 octobre, Respighi et son épouse assistent aux répétitions, le compositeur achevant simultanément les derniers fragments. La première eut finalement lieu le 18 novembre, dans la mise en scène du surintendant de l'Opéra de Hambourg et sous la direction musicale de Werner Wolf. Le succès fut immense, tant de la part des très nombreux critiques présents que de la part du public. Mussolini lui-même fit parvenir un télégramme de félicitations à Respighi : «Je me réjouis sincèrement du succès grandiose remporté par La Campana sommersa. Cette nouvelle et belle victoire honore le génie musical de l'Italie, et renouvelle ainsi sa présence triomphale.»

    "Sur ce point, une précision s'impose : certains ont souvent voulu voir en Respighi une espèce de « porte-parole » du mussolinisme triomphant, parvenant même à dénicher dans certaines stridences orchestrales des Pins de Rome ou des Fêtes romaines, de quelconques hymnes à la gloire du Duce et de son régime. Or, à la différence de bien des compositeurs et artistes européens de cette époque qui cédèrent aux mirages fascistes (jusqu'à Gerhardt Hauptmann lui-même, honoré en grandes pompes pour ses 80 ans, en 1942, et recevant des mains de Baldur von Schirach, l'animateur des Jeunesses hitlériennes, les cadeaux d'Adolf Hitler...), Respighi ne s'intéressait pas vraiment à la politique. Sa personnalité un peu effacée, son manque de charisme et son amour des choses simples ne l'amenèrent jamais à s'intéresser à la politique. Les échos « fascistes » qui ont été reprochés aux Fêtes romaines, par exemple, sont probablement l'expression transfigurée et grandiloquente de ce que nombre de contemporains de Respighi ont décrit (parlant du compositeur) comme une « âme enfantine qui s'étonne de tout». On peut aisément penser que Respighi admira surtout, dans le régime mussolinien, les marques de la pompe, de la grandiloquence et d'un faste chers aux dictateurs...

    La Campana sommersa allait connaître rapidement un succès international, à commencer par les Etats-Unis où l'opéra fut créé dès le mois de novembre 1928. Dans une lettre datée du 25 novembre et adressée à Guastalla, Elsa Respighi décrit la première à New York : « Cher ami, si je vous donne le chiffre de 53 rappels, celui-ci vous parlera sans doute mieux que tous mes mots pour décrire le succès que nous avons reçu ! Le théâtre était plein à craquer et bien des gens ont dû rentrer chez eux, faute d'avoir pu trouver une place. Imaginez-vous, cher Guastalla, que tout s'est si bien passé qu'Ottorino n'a pas trouvé la moindre observation à faire! Serafin a parfaitement dirigé: tout y était parfait, les tempi, les couleur orchestrales... La Rethberg a une voix paradisiaque et l'on dirait que le rôle de Rautendelein a été écrit pour elle : un délice ! De Luca interprétait un Ondin : une vraie création ! En somme, tout a été parfait !» Cet accueil triomphal à New York va se reproduire à maintes reprises, à la Scala de Milan (mars et avril 1929), au Teatro Colon de Buenos Aires (août 1929) ou encore à Bologne (en novembre de la même année). Et dans les années qui suivirent, les autres ouvrages lyriques de Respighi connurent des succès similaires, en particulier La Fiamma, qui a mieux survécu à l'oubli. Mais depuis les années cinquante, ses opéras, et tout particulièrement cette magique Campana sommersa, ont quasiment disparu des scène lyriques. À l'écoute de la partition inspirée par le drame de Gerhardt Hauptmann, on aura certainement du mal à comprendre pourquoi Ottorino Respighi eut ainsi à subir les avanies de l'oubli... Et espérer que la présente résurrection de cet opéra, où le surnaturel et l'onirique affleurent à chaque instant, saura inspirer quelques metteurs en scène."


    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 28/09/2008 à 14h28.

  17. #17
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    Bonjour Jacques,

    Je pense que La Campana sommersa et Lucrezia sont les deux meilleurs opéras de Respighi. L'atmosphère très "Songe d'une nuit d'été" qui débute le premier acte est d'une poésie telle que l'on a parfois du mal à penser qu'il puisse s'agir là de Respighi. Les personnages secondaires, mais aussi celui de l'héroïne ont une véritable épaisseur dramatique, à l'exception je pense de celui du ténor, plus téléphoné, comme si Respighi ne croyait pas en les vertus d'un Heldentenor pour incarner ce rôle. On le sent coincé entre sa musicalité italienne et les influences wagnériennes. Le reste, l'orchestration, la montée en puissance dramatique, le calme extraordinaire du dernier acte est une vraie réussite. Cet opéra a été une découverte ; (j'aimerais bien en faire tous les jours de pareilles).
    Pour Lucrezia, c'est différent; on sent que le propos a changé chez un Respighi en plein doute, notamment après avoir cru en Mussolini. Il tente de signer un manifeste pour une nouvelle marche sur Rome destinée à détrôner le tyran qui y siège. La mort du compositeur a laissé l'opéra inachevé, mais le propos est très fort, l'orchestre très éloigné du Respighi habituel et les personnages possèdent une personnalité forte. La scène du viol de Lucrèce est également assez bien rendue.
    Je pense que Jacques aura des choses à dire sur ces deux opéras, alors je lui laisse la parole... (Edit. je vois d'ailleurs que c'est chose faite).

  18. #18
    Membre Avatar de Jacques
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    Citation Envoyé par Vincent H Voir le message
    Je pense que Jacques aura des choses à dire sur ces deux opéras, alors je lui laisse la parole... (Edit. je vois d'ailleurs que c'est chose faite).
    Merci, Vincent , de supposer que j'aurais d'autres choses utiles à dire sur ces opéras (La Campana sommersa et Lucrezia). Je crains hélas que ce ne soit pas le cas (), car j'ai encore beaucoup à apprendre sur Respighi, je suis loin d'être un spécialiste de l'opéra en général et je ne connais pas Lucrezia. J'ai toutefois lu avec grand intérêt ce que vous avez dit de cette oeuvre inachevée, et je serais maintenant très curieux de la découvrir à mon tour. Ça me donne aussi envie de me procurer un bouquin consacré à Respighi, mais je crains qu'il n'y en ait pas "des masses" en français (je ne pratique pas l'italien).

    Comme j'ai réécouté, après mon précédent post, le premier des deux disques (Actes I et II) de l'enregistrement de la Campana sommersa, je précise d'abord que j'ai été à nouveau surpris de l'excellente qualité de la réalisation (l'orchestre est à mon avis très bon, de même que la plupart des solistes entendus). Quant à votre jugement sur l'oeuvre elle-même, je le trouve très pertinent, en tout cas au stade où j'en suis de cette réécoute plus attentive, et je ne vais pas tarder à entendre la suite . Cela dit, j'ai d'ores et déjà été frappé (bien plus que la première fois, ce qui m'étonne un peu) par la richesse et le raffinement de la partition orchestrale, ainsi que par certains procédés d'écriture "impressionnistes" (usage d'étonnantes couleurs harmoniques, de diverses tournures aux effets très séduisants), toutes choses de nature, il me semble, à enchanter Ravel... L'orchestre de ce dernier est certes plus concis et économe de moyens (en tout cas de manière générale, car cet homme pudique s'épanchait parfois beaucoup quand même, s'il "se laissait aller" à sa nature profonde - cf. Daphnis et Chloé, notamment); mais Ravel, contrairement à Debussy, n'était en rien gêné par le lyrisme italien, ce qui lui permettait de faire ses délices de La Fanciulla del West de Puccini, par exemple... Quoi qu'il en soit, cette étonnante alliance chez Respighi d'influences wagnériennes, pucciniennes et ravéliennes pourra paraître "hybride" et propre à nuire à l'unité de style que certains recherchent à tout prix dans l'opéra, mais j'avoue qu'elle ne me gène personnellement absolument pas; en tout cas s'agissant de La Campana sommersa ... Et je pense pouvoir dire aussi, à ma façon, que cette oeuvre est pour moi une magnifique découverte (j'utilise le présent, car je crois vraiment avoir été très inattentif à la première écoute).

    Après, j'envisage de réécouter La Fiamma, puisqu'une version de cet opéra très différent (et dont certains pensent beaucoup de bien également) fait aussi partie de ma collection.

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 28/09/2008 à 19h07.

  19. #19
    Membre Avatar de Vincent H
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    Merci Jacques pour cette réponse. Malheureusement, ma Campana sommersa à moi est restée dans mon ancienne maison, et je dois pour l'instant faire surtout appel à mes souvenirs. C'est pour cela que j'analysais de façon un peu succincte.
    Dans le texte que vous reproduisez plus haut, je note l'analyse bien pertinente qui est faite des relations de Respighi avec le régime de Mussolini, un détail qui est toujours difficile à évoquer de façon sereine. L'auteur fait référence à la "naîveté" du compositeur par rapport au régime et je ne partage pas tout à fait ce jugement: Respighi a certainement admiré à un moment ou un autre la pompe pseudo-antiquisante des fascistes, mais il semblait s'être brutalement réveillé vers 1934-1936, date à laquelle il commence à esquisser le projet de Lucrezia (toute la musique est de lui, seule l'orchestration de la dernière scène dut être complétée). Comme beaucoup de ses contemporains, qui ont éprouvé à un instant de l'attirance envers les totalitarismes de leur époque, Respighi avait effectué son propre cheminement, en silence, et s'apprêtait au moment de sa mort à faire connaître sa position. Il est à prévoir que celle-ci ne lui aurait guère attiré de télégramme de félicitations du Duce.
    On note également que la partition de Lucrezia est un brûlot à elle toute seule: non seulement Respighi réglait ses comptes avec le système politique italien, mais s'en prenait également à Richard Strauss (voilà qui devrait le rendre sympathique auprès de divers membres du forum) à un tel point qu'un musicologue a surnommé l'opéra "le viol de Strauss".
    Dommage qu'il reste à ce point méconnu. La version d'Adriano chez Marco Polo est à ma connaissance la seule qui a été faite jusqu'à présent (si l'on exclue les enregistrements d'époque de la Radio-italienne). Le débat reste ouvert...

  20. #20
    Membre Avatar de Jacques
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    J'ai pris bonne note et vous remercie, Vincent, des nouvelles précisions que vous avez fournies .

    Vu mon intérêt pour l'histoire de la musique et notamment, s'agissant du XXe siècle, pour le contexte on ne peut plus particulier dans lequel certains compositeurs se sont retrouvés (cf. l'URSS stalinienne pour Dimitri Chostakovitch, l'Italie mussolinienne pour Ottorino Respighi et l'Allemagne hitlérienne pour Richard Strauss), vous ne pouviez mieux faire en m'apprenant ce qui s'était passé avec Respighi vers la fin de sa vie. Je l'ignorais totalement, et ça me rend ce compositeur d'autant plus "sympathique", si j'ose dire.

    S'agissant de Strauss (un compositeur dont j'apprécie la musique - je ne résiste pas, par exemple, à la beauté de ses Vier letzte Lieder, un chef-d'oeuvre qui m'émeut au plus haut point chaque fois que je l'entends), le fait qu'il soit resté en Allemagne après l'avènement du nazisme et ce qui s'est passé ensuite sont des points qui m'ont toujours passablement préoccupé... Je dirai quand même qu'il n'y avait au moins chez lui aucun antisémitisme (on ne peut hélas pas en dire autant, par exemple, du français Florent Schmitt, dont j'admire les oeuvres tout en m'efforçant de ne pas trop y penser - il osa crier "vive Hitler !" , en 1933, à l'issue d'un concert où avait été donnée, sauf erreur, une composition de Kurt Weill qui ne lui avait pas plu), et que la seule oeuvre à caractère officiel que Strauss a consenti à composer à cette sombre époque a été l'hymne des Jeux Olympiques de Berlin de 1936... Mais je ne voudrais surtout pas (re)lancer un débat aussi délicat, car ça pourrait donner lieu à certains "dérapages".

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 28/09/2008 à 21h05.

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