Envoyé par
Olivier
Question scrupules, je ne suis pas vraiment d'accord, je trouve qu'il existe de nos jours, globalement bien entendu, une volonté plus nette et plus systématique de réhabiliter l'œuvre dans son entité, par rapport aux chirurgies que les soi-disant traditions lui faisaient parfois subir, et ce dans l'opéra également.
Oui, l'opéra italien du 19è a subi ces amputations plus ou moins importantes. Parfois un acte entier, comme c'est le cas de Don Carlo de Verdi: l'acte de Fontainebleau était quelquefois carrément jeté aux orties, pourquoi on ne sait pas. Ce n'est plus trop le cas maintenant, les Don Carlo ne commencent plus, il me semble, par la scène du monastère de San Yuste. Il y a encore trente ans, oui. A La Scala, entre autres lieux. Jugeait-on l'acte de Fontainebleau qui raconte le sacrifice d'Isabel raté? Tradition, sans doute. Mais on a le droit de s'affranchir des traditions, qui ne sont pas toujours bonnes. Je fais la guerre à mes élèves sur cela. Nous sommes influencés par elle, on doit s'en affranchir.
Mais aussi Mozart, l'exemple le plus frappant étant le quatrième acte des Noces de Figaro (ablation systématique des airs de Marcelline et de Bartholo, aujourd'hui fort heureusement réhabilités). La Flûte Enchantée, on enlevait tel passage, tel choeur, telle scène parlée, on coupait des dialogues... mais s'il n'y avait que ça!... on mettait une scène avant l'autre, (Bergman a malheureusement été sans aucun scrupule).
On s'est permis des choses dans ces œuvres qu'on ne se permettait plus pour des oeuvres postérieures. Puccini ne subit déjà plus ces chirurgies, Wagner non plus, quant à Berg, n'en parlons pas!
Je trouve que, en général, la volonté de revenir aux sources est tout de même plus nette depuis les vingt dernières années.