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Discussion: Artur Schnabel, compositeur

  1. #1
    Membre Avatar de Claude Torres
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    MONTPELLIER
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    Artur Schnabel, compositeur

    Bonjour à tous,

    Aujourdh'ui un autre interprète dont les compositions sont peu connues.
    (mentionné par Tahar) : Artur Schnabel. Né le 17 Avril 1882 à Lipnik (Kunzendorf), successivement en Pologne, Autriche et Rep. Tchèque - Décède le 15 Août 1951 à Axenstein, Suisse. Il se rend à Berlin en 1900 et fuit cette ville en 1933, à la prise de pouvoir de Hitler. Il se réfugie en France, puis en Italie et finalement aux Etats-Unis dont il devriendra citoyen en 1943. Spécialiste des sonates pour piano de Beethoven et Schubert dont il laisse des enregistrements inoubliables.

    Toute sa vie il compose :
    - Pièces pour piano dont uns sonate (1923) et une suite de dances (1921)
    - Quatuors à cordes (5, 1918, 1921, 1922, 1924, 1940)
    - Sonates pour violon seul (1919) pour violoncelle seul (1931) et pour violon et piano (1935)
    - Trio à cordes (1925) et quintette avec piano (1915)
    - Concerto pour piano (1901)
    - Rhapsodie pour orchestre (1946)
    - Symphonies (3, 1937, 1941, 1948)
    - Lieder pour voix et piano

    Il écrit 3 livres dont "My Life and Music".


    Les enregsitrements de ses oeuvres sont assez nombreux et en particulier le label CP2 qui propose 5 CDs qui lui sont dédiés.
    Symphony No. 2
    Royal Philharmonic Orchestra
    Paul Zukofsky, conductor

    SYMPHONY NO. 1
    THE BBC SYMPHONY ORCHESTRA
    Paul Zukofsky, conductor
    SYMPHONY NO. 3
    THE PRAGUE SYMPHONY ORCHESTRA
    Paul Zukofsky, conductor

    DANCE AND SECRET & JOY AND PEACE
    [TWO PIECES FOR CHORUS AND ORCHESTRA]
    THE GREGG SMITH SINGERS
    GREGG SMITH, ARTISTIC DIRECTOR
    A NEW YORK CITY FREE-LANCE ORCHESTRA
    PAUL ZUKOFSKY, conductor
    SONATA FOR SOLO VIOLIN
    PAUL ZUKOFSKY, violin

    STRING QUARTET NO. 1 - The Whitman String Quartet
    STRING QUARTET NO. 4 - A New York City Freelance String Quartet
    SONATA FOR CELLO - Joel Krosnick, cello

    Sonata for violin & piano
    Ursula Oppens, violin
    Paul Zukofsky, piano

    D'autres labels proposent des oeuvres de Schnabel

    CPO 999 881-2
    Pellegrini Quartett / Ravinia Trio / Benedikt Koehlen, Klavier
    Streichquartett Nr. 5
    Klaviertrio
    Sieben Klavierstücke

    Arte Nova 74321 27798-2
    Christian Tetzlaff, violin
    Stefan Litwin, piano
    Sonate f. Violine & Klavier
    Sonate f. Violine solo

    TownHall Records THCD-65
    Helen Schnabel, piano
    Vienna Orchestra
    Charles F. Adler, conductor
    Concerto for Piano and Orchestra
    Seven Piano Pieces
    10 Lieder

    Chandos CHAN9673
    Geoffrey Tozer
    Piano Suite
    Dance Suite

    Et sans doute d'autres enregistrements. Je conseille le CD Arte Nova
    pour la sonate pour violon seul (réédite récemment) et le CD CPO pour le trio pour cordes





    Je n'ai aucun des autres disques. Si quelqu'un(e) à quelques infos...

    Claude Torres
    Dernière modification par Claude Torres ; 05/11/2007 à 17h29.

  2. #2
    Membre Avatar de Tahar Mouslim
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    Bonjour cher Claude,

    J'ai le disque Arte Nova, celui qui me faisait dire que je trouvais ce que je connais de la musique de chambre d'Arthur Schnabel, plus intéressant que celle de Bruno Walter.

    Je n'ai pas encore franchi le pas d'acheter les disques symphoniques, quatuors à cordes et oeuvres pour choeurs chez CP2, car ces disques sont chers, et j'aurais aimé en entendre le programme avant de franchir le pas.

    Je suis donc aussi preneur d'informations.


  3. #3
    Membre Avatar de Patricia
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    Citation Envoyé par Claude Torres Voir le message
    Je n'ai aucun des autres disques. Si quelque à quelques infos...

    Claude Torres
    Je me suis pas mal penchée sur Schnabel compositeur ces derniers temps et avais d'ailleurs initié 2 fils à son sujet, je crois.

    Je connais à peu près toute sa musique de chambre et ses symphonies, je n'ai pas le temps de parler de tout en détail aujourd'hui, mais je recopie ici ce que j'avais écrit sur les quatuors "là-bas":

    Voilà quelques quatuors de derrière les fagots qui méritent qu'on s'y arrête un peu. C'est le cas d'ailleurs de toute la musique de ce compositeur dont la postérité ne semble avoir malheureusement retenu que les talents de pianiste. Et pourtant, son oeuvre (sur laquelle j'ouvrirai un jour un fil dans le général pour parler aussi des symphonies entre autres) est riche et puissante. Ainsi la discographie est maigre, quand les oeuvres sont enregistrées, c'est une seule fois, pas toujours de manière satisfaisante d'ailleurs et quelques unes attendent encore leur premier enregistrement, comme le 2e Quatuor.

    Si comme pianiste, Schnabel s'en est tenu au seul répertoire classique et romantique sans défendre la musique de ses contemporains, comme compositeur, il utilise un langage atonal (mais pas dodécaphonique) aux dissonances âpres, que l'on pourrait parfois rapprocher du Hindemith des débuts. Un coup d'oeil sur les partitions (aux Archives
    Schnabel de Berlin) permet de constater à quel point le goût du rythme est présent, avec une expérimentation de mètres tout à fait originaux tels des 5/4, 7/4, 7/8, 11/8, 18/8, 7/16, 11/16 mais peu aisés à mettre en place pour un quatuor, il faut en convenir.
    Pourtant chez
    Schnabel le souci de l'interprète est sans cesse présent, et ses indications sont toujours très directives et extrêmement nombreuses, il y en a parfois à presque chaque mesure, en allemand ou en italien, et également très variées, soit d'ordre technique (pour faire respecter scrupuleusement les silences écrits par exemple) soit d'ordre expressif où l'imagination des interprètes est requise, malgré la volonté de précision quasi maniaque; par exemple "Immer singend, empfindsam, leicht anmutig, frei und geschmeidig, zwischen Heiterkeit und Traurigkeit" (toujours chantant, sensible, légèrement gracieux, libre et souple, entre sérénité et tristesse), etc... Les dynamiques aussi sont extrêmement précises et demandent une palette de nuances peu commune de la part des interprètes, notamment quand il s'agit de différencier un pppp d'un ppppp.


    Le premier des quatuors est encore d'essence post-romantique, un peu à la manière du premier de Schoenberg par exemple. Il fut écrit en 1918 (ce n'est donc pas vraiment une oeuvre de jeunesse puisque
    Schnabel a déjà 36 ans), et il s'agit là d'une oeuvre très imposante, de par sa longueur (plus de 50 minutes) comme de par son contenu, avec notamment un superbe Larghetto (3e mouvement) de quelques 20 minutes, coeur expressif de l'oeuvre, d'une grande beauté, aux textures variées, mais dans un très bel équilibre des 4 voix.
    Le premier mouvement, Allegro energico e con brio, débute de façon exhubérante, plein de fougue, mais ces passages alternent avec des moments plus contemplatifs, plus réflexifs cependant, avec un traitement des voix moins homophone. Il est basé sur une formule de 8 notes qui relance plusieurs fois le mouvement et sert de motif générateur traité chaque fois dans une direction différente.
    Le 2e mouvement Andantino grazioso est une sorte de danse qui se trouble régulièrement et reste en suspens, avec quelque chose d'interrogateur qui dément la simplicité apparente. IL se termine d'ailleurs en mourant sur un trille qui semble poser une "unanswered question".
    Le finale est un Prestissimo, un peu moins inspiré à mon goût que le reste, et dans lequel le matériau semble s'étouffer assez rapidement.


    Je passe sur le 2e Quatuor de 1921 et vais directement au 3e Quatuor de 1923/24, un mouvement unique de 740 mesures et 35' basé sur un motif générateur aparaîssant tout au début et qui engendre tous les autres. Par rapport au Premier Quatuor, il marque une évolution certaine, apparaissant d'emblée plus aride, mais également plus inquiet, plus sombre, que ce soit dans les séquences énergiques ou les séquences à tempo lent. Même les rythmes de danse qui s'élancent sont rapidement détournés et récupérés pour une expression tragique.
    Ici encore, on admire la science de l'écriture à 4 voix et l'art du dialogue.


    Le 4e Quatuor date de la même période, 1924, et revient à une structure en plusieurs mouvements (3). Moins sombre que le précédent, il est aussi moins envoûtant, à mon goût. Le Molto moderato initial est un mouvement complexe et touffu, aux accents parfois menaçants. On se sent souvent à la limite de la saturation tellement l'enchevêtrement des lignes, avec des changements métriques continuels, est dense et difficile à appréhender.
    Le court Andante grazioso (presque 6 minutes tout de même, moitié moins que les 2 autres mouvements) qui suit est plus simple et se déroule presqu'avec bonhommie, sans gravité.
    Il existe deux finales (Resoluto e fiero e con passione) à ce quatuor, entre lesquels
    Schnabel n'a pas pu trancher, mais qui se ressemblent pas mal tout de même. Ils commencent tous deux par un solo de violon entre le sujet de fugue et la libre improvisation et se poursuit par un contrepoint serré avec les autres instruments et qui digresse sur d'autres thèmes. Avec toujours un déséquilibre rythmique permanent et l'absence d'appuis stables qui crée un charme bien particulier à cette musique. Ce système rythmique permet un ralentissement impressionnant, doublé d'un decrescendo, comme si la musique était empêchée d'avancer. L'arrêt est inévitable avant la reprise où l'énergie s'est à nouveau rassemblée. C'est un mouvement superbement bien écrit, je trouve.


    Le 5e Quatuor fut écrit en 1940 alors que
    Schnabel était depuis 7 ans en exil en Amérique. Il est plus concis que les précédents (seulement 26 minutes!) et peut-être plus équilibré aussi. Si l'architecture en 4 mouvements (Allegro - Vivace ma non troppo - Adagio molto - Presto) est très classique, le langage est très expressionniste. Encore une fois, il met en valeur l'indépendance des voix dans une superbe polyphonie et ici une recherche accrue des timbres et des dispositions instrumentales. Le premier mouvement est peut-être un peu austère, mais le deuxième avec sourdine a un caractère mystérieux et regorge d'effets; le 3e est une sorte de rêverie envoûtante, d'une grande expressivité, qui se termine sur une note plutôt tragique que vient balayer l'entrain du finale.


    En tout, un corpus très attachant vraiment à découvrir, qui devrait être sorti de l'oubli et mis au répertoire des formations de quatuor.

    Bonne soirée,
    Patricia

  4. #4
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    Citation Envoyé par Patricia Voir le message
    Je me suis pas mal penchée sur Schnabel compositeur ces derniers temps et avais d'ailleurs initié 2 fils à son sujet, je crois.

    Je connais à peu près toute sa musique de chambre et ses symphonies, je n'ai pas le temps de parler de tout en détail aujourd'hui, mais je recopie ici ce que j'avais écrit sur les quatuors "là-bas": Patricia
    Patricia,

    Voilà un fil que je suis content de retrouver. Je confirme pour le quatuor No5 (le seul que j'aie entendu). Votre connaissance de Schnabel me sera précieuse et j'attends eventuellement la suite.

    Merci.

    Claude Torres

  5. #5
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    Citation Envoyé par Claude Torres Voir le message
    (...) j'attends eventuellement la suite.
    Bonjour Claude (et Tahar et Patricia)


    Je suis étonné que personne n'ait mentionné ce Cd, ayant toujours cru que c'était le plus connu vu sa publication chez Deutsche Grammophon mais bon, je suppose qu'il doit être épuisé...

    3e quatuor d'Arthur Schnabel, couplé avec un (ou le ?) quatuor de Michael Gielen : Un Vieux Souvenir, un quatuor "avec récitants" (peut-on dire cela ? je ne sais) plutôt surprenant !

    En voici la pochette :



    Pourquoi surprenant ? parce que les musiciens, tout au long du quatuor, prennent la parole pour déclamer des passages de textes de Baudelaire.
    Bon on ne s'étendra pas ici sur le quatuor de Gielen, car ce n'est pas le sujet de ce fil (mais bon, ça c'est pas bien grave... ) mais surtout parce que ce quatuor mériterait à lui seul qu'on lui consacre un sujet !

    Pour en parler davantage il faudrait que je le réécoute or j'ai - à mon plus grand dam - pris la charge de la co-administration d'un nouveau forum ce qui qui réclame beaucoup d'énergie et d'attention et là je n'ai plus beaucoup de temps pour écouter de la zizique


    Superbe album en tout cas, à acquérir sans hésitation s'il est encore disponible. À part ce 3e quatuor de Schnabel, et le 5e chez CPO, je ne connais rien de lui mais si le reste est à l'avenant, c'est sans conteste à un très compositeur que nous avons affaire ici

  6. #6
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    Bonsoir,

    Compositions mineures (du moins par leur ampleur) dans l'oeuvre d'Arthur Schnabel, mais qui ont la particularité de réaliser un double téléscopage entre "Schnabel compositeur" et "Schnabel pianiste" d'une part et la "1ère école de Vienne" et la "2e école de Vienne" d'autre part : les cadences pour les concerti de Mozart. Une illustration de ce téléscopage se retrouve dans son enregistrement du 24e concerto de Mozart avec le Phiharmonia et Walter Susskind (EMI, Music and Arts, Gramophono, Piano Library, etc..).

    MH

  7. #7
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    Citation Envoyé par Philippe Voir le message
    Bonjour Claude (et Tahar et Patricia)
    Je suis étonné que personne n'ait mentionné ce Cd, ayant toujours cru que c'était le plus connu vu sa publication chez Deutsche Grammophon mais bon, je suppose qu'il doit être épuisé...
    Philippe,
    Bien vu, je l'avais oublié. C'est d'autant plus idiot que je l'ai commandé d'occasion aux USA il y a 3 jours avec la bio de Cesar Saerchinger. Pas encore reçus.

    Bonne soirée.

    Claude Torres

  8. #8
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    Citation Envoyé par Philippe Voir le message
    Bonjour Claude (et Tahar et Patricia)


    ...quatuor de Michael Gielen : Un Vieux Souvenir, un quatuor "avec récitants" (peut-on dire cela ? je ne sais) plutôt surprenant !

    Pourquoi surprenant ? parce que les musiciens, tout au long du quatuor, prennent la parole pour déclamer des passages de textes de Baudelaire.
    Bon on ne s'étendra pas ici sur le quatuor de Gielen, car ce n'est pas le sujet de ce fil (mais bon, ça c'est pas bien grave... ) mais surtout parce que ce quatuor mériterait à lui seul qu'on lui consacre un sujet !
    Tu as raison, Philippe, consacrons un fil à ce compositeur! Tu as tout à fait raison de dire que ce quatuor est surprenant, il mérite bien un fil à lui tout seul. Je le mets aussi sur mes tablettes pour en parler bientôt (bigre, cela s'accumule!!!.)

  9. #9
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    Sonate pour violon seul

    Je vais continuer l'exploration de l'oeuvre de musique de chambre de Schnabel avec la Sonate pour violon seul, que l'on peut trouver au moins dans deux versions (et probablement plus, mais ce sont les seules que je connaisse):

    Ce disque là, avec l'interprétation de Paul Zukovsky:



    et celui-ci, avec celle de Christian Tetzlaff:



    (il existe aussi avec une autre couverture, un portrait de Schnabel, mais le CD est le même).

    Disons d'emblée que cette Sonate, composée en 1919 pour Carl Flesch qui en assura la création en novembre 1920 (et non comme on peut lire dans les notes du CD Arte Nova en 1929), est énorme, dans tous les sens du terme! Elle dure plus de trois-quart d'heure et sa difficulté violonistique est telle qu'elle ne fut pas rejouée pendant des décennies... On comprend aussi que le public l'ait à cette époque rejetée, et la création fut un échec.

    Pourtant, l'intérêt et la beauté de cette oeuvre sont évidents. J'ai vu le manuscrit de cette sonate aux Archives Schnabel à Berlin, et je dois dire que c'est assez impresssionnant comme écriture. À remarquer l'absence totale de barres de mesure, procédé assez inhabituel en 1919... Mais cela donne aussi à cette sonate tout sa liberté rhapsodique malgré la précision des figures rythmiques assez compliquées. Et comme dans les quatuors, la partition est truffée d'indications verbales de jeu. Zukofsky s'interroge sur ces deux questions (l'absence de barres de mesures et les indications verbales) et ne propose aucune réponse définitive, mais seulement des pistes ici.
    Il s'étonne aussi que cette sonate ait pu être écrite avec tant de modernité, sachant que celles de Hindemith, de Kreneck et de Ysaye ont toutes été écrites après, en 1924.

    La sonate n'est pas non plus une oeuvre schoenbergienne et ne s'embarrasse d'aucun système. Mais elle explore vraiment toutes les possibilités de l'instrument connues à cette époque et au-delà, et la diversité sonore, expressive et instrumentale qui y règne tout au long des 3/4 d'heure de musique contribue à maintenir l'attention sans cesse en éveil. Certes, c'est une oeuvre un peu difficile au premier abord, qui nécessite pas mal d'auditions pour l'apprivoiser, mais qui à mon avis devrait passionner tous les amateurs de violon.

    Il est difficile d'y trouver une forme, rien ne se répète, tout va toujours de l'avant, une idée en générant une autre qui sera développée puis conduira à la suite par germination ou volonté de rupture avec ce qui précède. D'ailleurs, avant de se nommer Sonate (on cherchera en vain une structure de sonate classique...), l'oeuvre portait de le titre: "Five movements in the Form of a Suite" qui me semble en vérité plus approprié, et je ne sais pas ce qui poussa Schnabel à le transformer.

    Cinq mouvements, qui alternent les tempos lents et rapides, les lents étant longs, les rapides courts voire très courts:

    I. Langsam, sehr frei und leidenschaftlich - (9' chez Tetzlaff, 9'36 chez Zukovsky)
    Tantôt lyrique, tantôt secret, tantôt emporté, avec parfois des rémniscences d'autre chose venant du lointain. Beaucoup de doubles, voire triples cordes qui donnent à ce mouvement une masse "orchestrale" enfin, en tout cas faisant oublier qu'il n'y a là qu'un seul instrument.

    Plus chaleureux chez Tetzlaff, beaucoup plus de vibrato et un son plus profond, plus différencié. La lecture de Zukovsky me semble beaucoup plus objective.

    II. In kräftig-fröhlichem Wanderschritt durchweg sehr lebendig -
    (3'09 chez Tetzlaff, 2'24 chez Zukovsky)
    Un mouvement léger, joyeux, avec une très large palette de nuances moins différenciées chez Tukovsky, qui articule aussi moins bien et donne à ce mouvement un caractère plus grave, parfois un brin angoissé qui ne me semble pas bien coller au titre. Son tempo bien plus rapide bouscule le côté insouciant qu'y met Tetzlaff.


    III. Zart und anmutig, durchaus ruhig -
    (11'39 chez Tetzlaff, 13'00 chez Zukovsky)
    Ce long mouvement commence dans une atmosphère très recueillie, douce, dans la lumière tamisée de la sourdine. Il s'anime peu à peu jusqu'à des passages très virtuoses et des traits qui semblent à la recherche de quelque chose, et tout d'abord de sonorités spécifiques. C'est le mouvement qui va le plus loin dans cette recherche et offre le plus de matière brute, comme un monologue intérieur avec ses questions et ses réponses, ses tâtonnements, ses doutes.
    Tetzlaff y semble beaucoup plus à l'aise dans les passages virtuoses et "écrase" moins les cordes, mais cela donne aussi à la version de Zukovsky un relief que certains aimeront peut-être.

    IV. Äusserst rasch (Prestissimo) -
    (6'09 chez Tetzlaff, 5'50 chez Zukovsky)
    Mouvement virtuose et non sans humour. Mais peut-être quand même le moins original de la sonate.


    V. Sehr langsame Halbe, mit feierlichem ernstem Ausdruck, doch stets schlicht -
    (15' 01 chez Tetzlaff, 16'41 chez Zukovsky)
    Ce finale (mais peut-on vraiment appeler cela un finale?) est du même type que le 3e mouvement, il le continue presque... Il traverse toutes sortes de paysages et d'humeurs et se termine par une sorte de fugue.
    Encore une fois, Tetzlaff domine techniquement, et pour ma part, je préfère son expression et sa sonorité.


    Bon, vous l'aurez compris, si je dois vous conseiller l'une des deux versions ce sera celle de Tetzlaff (ca tombe bien, elle est aussi beaucoup moins chère!). Non que celle de Zukovsky soit mauvaise, mais quand j'écoute les deux, mouvement par mouvement comme je viens de faire, je me dis chaque fois que Zukofsky, c'est très bien, mais Tetzlaff encore beaucoup mieux!

  10. #10
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    Merci Patricia pour cette étude.
    En dehors des 3 pochettes de ce CD Arte Nova déjà montrées, cet enregistrement est également disponible sur CD Cantus Classics (Schnabel Edition Vol. 1)


    Claude Torres
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  11. #11
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    Bonsoir,

    Dans ma première discographie j'ai également oublié l'enregistrement du Notturno pour voix et Piano (Texte de Richard Dehmel) (1914) chez Orfeo C 390 951 B par Dietrich Fischer-Dieskau (Baryton) et Aribert Reimann (Piano)

    Claude Torres
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  12. #12
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    La Sonate pour violoncelle seul



    Avec la Sonate pour Violoncelle seul, Schnabel ne renouvelle pas, à mon avis, le coup de génie de la Sonate pour violon dont j'ai parlé hier. Il est vai aussi que la seule interprétation que j'en connaisse, celle de Joel Krosnick pour CP2, ne me semble pas satisfaisante et ne donne peut-être pas à cette oeuvre toute la portée qu'elle pourrait avoir. Le son est petit (la prise de son est très mauvaise), étriqué, les attaques agressives, le tout manque de moelleux et de finesse, amha. Existe-t-il une autre interprétation?

    Mais tout de même, cette Sonate, composée en 1931 dans une écriture plus conventionnelle avec barres de mesure et mètres, est beaucoup moins inventive, moins inspirée, d'une expression plus neutre.

    Elle est en 4 mouvements: un Allegro con moto contrasté avec plusieurs motifs de nature différente, un Allegretto en forme de mouvement perpétuel, un Larghetto élégiaque qui est certainement le meilleur mouvement de l'oeuvre, et un Vivace ma non troppo qui comporte plusieurs sections de caractères diversifiés.



  13. #13
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    La Sonate pour Violon et piano

    Je reviens au CD cité plus bas de Tetzlaff pour parler maintenant de la deuxième œuvre du CD, la Sonate pour piano et violon de 1935. Cette Sonate est une 2e raison de se procurer ce disque (qui ne coûte que 3,99 sur jpc car elle est très belle, bien que dans un tout autre langage, moins innovant sans doute. Composée en 1935 en Suisse où Schnabel s’était tout d’abord exilé, elle est en quatre mouvements dont le second, Allegretto poco vivace, sempre delicatissimo, est superbe, comme un paysage féérique à peine visible, au loin dans le brouillard ; l’adagio (3e mvt) est une pièce méditative envoûtante, à laquelle succède un finale roboratif et virtuose.

    A côté de l’excellent Tetzlaff, un pianiste dont on ne parle jamais mais qui se montre ici un excellent chambriste, Stefan Litwin. Pianiste et également compositeur, il est très engagé dans le répertoire contemporain. Il a d’ailleurs à son répertoire le Concerto pour piano de Schnabel, et j’avoue que j’aimerais bien entendre ça un jour. Quelqu’un a-t-il déjà entendu Litwin ?

  14. #14
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    Citation Envoyé par Patricia Voir le message
    Stefan Litwin. Pianiste et également compositeur, il est très engagé dans le répertoire contemporain. Il a d’ailleurs à son répertoire le Concerto pour piano de Schnabel, et j’avoue que j’aimerais bien entendre ça un jour. Quelqu’un a-t-il déjà entendu Litwin ?
    Patricia,
    Un bel enregistrement de Stefan Litwin dans un coffret de 3 CDs
    "Pieces de Resistance": Telos CD TLS 044. (Avec une de ses compositions, la partition piano et orchestre se trouve ICI, le MP3 est LA) et le DVD A cet endroit

    Ives, Charles (1874-1954) Anti-Abolitionist Riots of the 1830`s and 1840`s (1908)
    Chopin, Frederyk (1810-1849) Etude C-moll, Op. 10 No. 12 (1831)
    Liszt, Franz (1811-1886) Album d`un voyageur: Lyon (1835)
    Litwin, Stefan Nachspiel: Lyon 1943 (Pièce de rèsistance) (1999)
    Dessau, Paul(1894-1979) Guernica (1937)
    Wolpe, Stefan(1902 – 1972) The Good Spirit of a Right Cause (1942)
    Kahn, Erich Itor Ciaconna dei Tempi di Guerra (1943)
    Schulhoff, Erwin (1894 – 1942) Zwei Studien (1936)* Optimische Komposition / Den tsechischen Arbeitern
    Debussy, Claude (1862-1918) Berceuse heroique (1914)
    Takahashi, Yuji Kwanju, May 1980 (1980)


    Il faut ajouter l'enegistrement des oeuvres pour piano de Berstein chez Cala Records.

    Claude Torres
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    Dernière modification par Claude Torres ; 08/11/2007 à 16h49.

  15. #15
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    Re : Artur Schnabel, compositeur

    Bonjour,

    Pour ceux qui aimeraient se familiariser avec l'oeuvre de Schnabel compositeur, le quatuor n°5 (édité par CPO) est disponible au prix de 1.99 EUR chez www.jpc.de

    A bon entendeur, salut

    MH

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