Enrico Pieranunzi - Domenico Scarlatti - Sonatas & Improvisations.

[Theo B]

Pour les réfractaires au "concept" Pieranunzzi, ou à son jeu, un grand disque Scarlatti (mais pas seulement) récent:



Retenez ce nom: j'ai déjà plusieurs évoqué ce pianiste génial au sujet des sonates de Brahms avec Wispelwey. Il a tout d'une Clio.

[Gustave]

Vous n'allez peut-être pas être d'accord avec moi, mais un des pianistes que je préfère dans Scarlatti, c'est Jeno Jandö. Je ne connais pas tous les volumes de la série Naxos, mais pour le moment c'est celui que je préfère.
G.

[The Fierce Rabbit]

J'avais entendu le concert du Quirinal.
J'ai depuis entendu de larges extraits du CD, sur le net - et je n'achèterai ni ne téléchargerai le disque.
Ce qu'il faisait live à Rome, je l'ai trouvé interminable, passablement chiant, court d'inspiration, répétitif, même si plein de technique et d'agilité digitale. Je me suis contraint à ne pas lâcher en cours de route, mais j'espère que cela m'épargnera qq jours de purgatoire. Mais la pression du direct, peut-être, pourquoi pas.
Ce que j'ai entendu du CD m'a été plus audible. J'ignore si c'est enregistré live. Cela m'a paru moins creusement bavard, et j'ai eu l'impression d'y entendre un peu plus de Scarlatti (d'où mon appréciation ponctuelle sur le 'crépitement', lequel ne constitue en rien pour moi un critère absolu de l'interprétation de Domenico S.).
Je dirais que ... bon, pourquoi pas, ça passe un moment. Il me fait penser à cette jeune improvisatrice très tendance ces temps-ci et dont j'ai oublié le nom très oubliable, et je crains que elle comme lui ne fassent long feu.
Pour faire ce genre de crossover, et pour ne parler que de pianistes, il faudrait pouvoir être à la fois Horowitz, Södergren, Queffélec et d'autres, et aussi Monk, Peterson, Tatum et d'autres. Et je crains aussi que M. Pieranunzi ne soit de l'étoffe d'aucun.
Je serais ravi qu'il me prouve le contraire dans son avenir de pianiste.

[Chiarina]

Sur ces forums, il y eut un bref aparté perdu au milieu des discussions sur la grille de France Musique.

J'avais le disque depuis quelques temps, mais je ne l'avais pas encore écouté en profondeur, et je l'ai pris avec moi pour un voyage à l'ouest et passé et repassé plusieurs fois, et c'est totalement fascinant, remarquable, jouissif et intelligent:

D'abord, comme le prouve l'interprétation des trois sonates auxquelles le compositeur-pianiste italien n'a pas rajouté d'improvisations, Enrico Pieranunzi est un grand interprète au piano de ces oeuvres, dans la lignée simple, vivante et directe de Robert Casadesus dans les enregistrements faits avant guerre.

Ensuite, c'est fascinant, parce que les improvisations - qui portent bien mal leur nom, puisque ce sont des compositions écrites - sont aussi fascinantes que ce que compose un Salvatore Sciarrino autour d'un matériau d'origine de Carlo Gesualdo: il y a une continuité dans la K 531 ou encore dans la K 492 entre la partition de Scarlatti et celle de Pieranunzi que j'admire énormément.

Enfin, c'est jouissif: vivant et crépitant comme les flammes d'un feu de bois en hiver, bien loin d'une vision janséniste et corsetée de cette musique.

Manifestement, les gens du label italien Cam Jazz connaissent et aiment la musique: ce sont eux aussi qui ont fait enregistrer au pianiste John Taylor le remarquable album Songs & Variations.

Je viens d'écouter ce disque sur le compte SM d'Yves, et je ne sais trop quoi en penser, peut-être suis-je trop dépendante de la qualité de la réalisation.

A part la K69 plus "ouvragée", je trouve l'interprétation des sonates assez banale, un toucher pas très varié, beaucoup de pédale, pas assez de plans, et quelques approximations techniques...
Je n'aime pas beaucoup ce que j'ai entendu jusqu'ici de Robert Casadesus, et c'est vrai qu'il y a une parenté dans le son et dans l'organisation du flux.

En revanche, l'idée des improvisations est séduisante, j'aime bien ces échappées hors du texte, il y a beaucoup d'idées et d'esprit d'à propos. Et je trouve même que le piano y sonne souvent mieux que dans Scarlatti, ça semble plus écouté, ce qui n'est pas étonnant.