Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager ce site, que certains ici connaissent probablement.
http://critique-musicale.com
Pour présenter brièvement le contenu, en gros un mélomane de derrière les fagots qui est persuadé que si on voue un culte à Bach, c'est suite à un grand complot international anti-Vivaldi entretenu depuis des siècles, que Beethoven était un imposteur, Brahms un monsieur un peu trop sérieux et pas très créatif, que la musique pour piano de Ravel est vraiment un peu médiocre, etc...je n'en finis pas de découvrir ses articles. Le tout sous-tendu par une condamnation comment dire, légèrement poujadiste des jugements des "intellectuels" sur la musique qui osent dire que les Quatre saisons, c'est pas bien, parce que c'est trop populaire.
Morceaux choisis du répertoire critique (je cite des extraits minuscules, parce qu'il y aurait de quoi remplir un bouquin de perles) :
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La grande majorité des oeuvres instrumentales de Bach, considérées ici : "L'offrande musicale", l' "Art de la fugue", les "Canons", le "Clavecin bien tempéré"… sont le résultat d'une même conception de l'écriture musicale, si peu en rapport, me semble-t-il, avec l'art musical. Je ne m'explique la considération portée sur ces partitions, à mon avis d'un faible intérêt pour le mélomane, que par l'autorité de certains Intellectuels sur la musique et l'existence d'un culte Bach sans rapport avec la réalité musicale. La "Passacaille en do" et la "Toccata et fugue en ré" pour orgue, portent à mon avis réellement la marque du génie, mais la première est écrite sur des thèmes d'André Raison et la seconde est d'authenticité douteuse. Ces oeuvres ont été écrites pendant la première partie de la carrière du compositeur. Bach semble avoir évolué en niant ses propres qualités musicales et en s'enfermant de plus en plus dans une conception idéaliste et religieuse. Cette crise de mysticisme n'est pas propre à Bach, me semble-t-il, ne la retrouve-t-on pas chez Scriabine ou Liszt par exemple ? Plus loin encore, l'archaïsme, à mon avis stérile, dans lequel se complaît le Cantor n'évolue-t-il pas vers un minimalisme rappelant Satie ou Mompou ? Ces partitions, par leur régularité rythmique, à mon sens, engendrent paradoxalement au-delà de l'ennui une sorte d'hypnotisme, effet superficiel sans doute, presque organique, rappelant la pulsion des musiques primitives. Même sur le meilleur de sa production, au moins en ce qui concerne ses oeuvres instrumentales, Bach me paraît représenter un compositeur secondaire de la première moitié du XVIIIème siècle."
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"Le "Clavecin bien tempéré" ne me paraît pas véritablement représenter une oeuvre musicale au plein sens du terme, mais un pur exercice intellectuel, ne présentant guère d'intérêt pour l'oreille. Ces pièces se dénomment "Prélude et fugue" et non pas "Sonates", ce qui signe leur caractère archaïque. Il faut excepter à mon avis quelques pièces plus imaginatives comme le "Prélude n°12" du "Second livre", pièce dégageant une certaine nostalgie."
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Ma préférée :
"L'œuvre la plus caractéristique est sans doute la Sonate "Walstein" où Beethoven affirme son lyrisme grandiose, mais aussi dans l'introduction lente, un certain art de l'ellipse, de l'utilisation du pianissimo et du silence dans une concentration extrême. Les parties mélodiques contiennent généralement plus de réminiscences du style galant alors que les parties véhémentes sont d’un style plus moderne. On peut signaler aussi la sonate "Les Adieux", remarquable à mon avis, qui évoque admirablement le déchirement de la séparation, la langueur de l'absence et la joie des retrouvailles. Cependant, la meilleure oeuvre est peut-être la célèbrissime "Lettre pour Élise" où Beethoven montre une autre facette, plus inattendue, de sa personnalité, l'épanchement sentimental et l'expression de la nostalgie."
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Sur le concerto pour violon de Beethoven :
"Cette composition de Beethoven m'apparaît extrêmement décevante si l'on excepte la magnifique ouverture orchestrale du premier mouvement. A mon avis, le soliste, peu convainquant, se perd en développements fastidieux sur une thématique inconsistante. Il me semble en outre que cette pauvreté est aggravée dans le premier mouvement par une longueur excessive."
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L'oeuvre pour piano de Brahms :
"Mis à part la célèbre "Valse n°15", l'½uvre pour piano de Brahms, pourtant abondante, ne me paraît affirmer que peu d' originalité. Clair, limpide, le pianisme ne me semble guère s'évader d'une conception très classique par rapport à l'époque. Aucun accès de lyrisme, me semble-t-il, ne frémit en ces oeuvres souvent monotones dont la thématique m'apparaît presque toujours sans surprise. En outre, aucune évolution de style ne semble s'affirmer au cours de la carrière du compositeur. J'excepterais cependant avec la "Valse n°15" la "Variation n°3 sur un thème original", et, dans une moindre mesure, les deux sonates "op 1" et "op 2"."
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"L'œuvre pour piano seul de Ravel me déçoit par rapport à ses oeuvres pour piano et orchestre et par rapport à la renommée du compositeur. Ravel y manifeste à mon avis peu d'imagination, sans couleur, sans âme. Certaines pièces "Miroirs", "Jeux d'eau" tentent, sans succès, me semble-t-il, d'imiter l'impressionnisme debussyste, d'autres, qui constituent la seconde manière, ("Le Tombeau de Couperin"), d'un formalisme classique, dépourvues de toute virtuosité, tendent à une simplicité qui rappelle Séverac et qui pourrait bien être une réaction antidebussyste. Ravel ne parvient pas, me semble-t-il, à faire émerger une inspiration toujours tributaire de ses modèles (Albéniz, Debussy, Gershwin). Seule s'impose "Alborada del gracioso", qui ne doit cependant son intérêt, à mon avis, qu'à l'imitation d'Albéniz et "A la manière de Borodine", simple mélodie, qui rappelle peut-être plus Moussorgski que Borodine."
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Voilà il y en a des pages et des pages comme ça. Sans compter les fameuses "Lettres d'un mélomane" sur la page d'accueil, qui valent leur pesant d'amour.
Nippduort