Alors... je souscris pleinement, évidemment pour les concertos de Mozart ci-dessus que j'avais introduits dans la discussion Mozart, et pour la 4e de Brahms citée par Thierry et figurant dans le coffret DG montré par Jacques. C'est une de mes trois ou quatre 4e préférées, ce qui n'est pas rien sachant que j'en ai une vingtaine. Je l'avais pour ma part trouvée en isolée dans une réédition improbable (Theorema).
Le reste de ce que j'ai (Stravinsky, Berlioz, Debussy, Beethoven, Chopin/De Falla avec Haskil encore), j'en parlerai plus tard, quand j'aurais réécouté.
*****
Ceci étant , je voudrais commencer par dire qu'Igor Markevitch a été l'un des plus beaux chefs d'orchestre de l'histoire. Je ne connais que deux courts extraits vidéos de lui (Tanhauser et Tristan), mais ça me suffit pour y voir l'idéal de la direction d'orchestre pour ce qui est de l'élégance, de l'intelligence, de l'autorité, de la précision. Il y en a d'autres, bien sûr, mais aucun ne peut me procurer autant d'admiration à regarder diriger, y compris Carlos Kleiber ce qui n'est pas peu dire.
Dernière modification par Theo B ; 08/10/2008 à 01h25.
Ah, mais c'est parfait ! Merci Théo. Les choses vont vite, avec un passionné comme vous êtes .
J'aurai pour ma part diverses choses à dire encore sur le très grand musicien et chef d'orchestre qu'était Igor Markevitch. Il y en a même à caractère un peu personnel (j'ai le très grand honneur de connaître sa fille, qui est une personne exceptionnelle - cf. tous ces liens avec la Suisse que j'évoquais), mais la réserve et la discrétion qui s'imposent en pareilles circonstances (respect de la vie privée, etc.) m'empêcheront d'en dire beaucoup plus à cet égard.
En revanche, s'agissant notamment des enregistrements (etc.), j'apporterai comme tout le monde encore d'autres avis et suggestions (même s'ils ne seront pas si abondants que ça, en fait) .
Cela dit, il est maintenant bien tard... Alors je souhaite à toutes et à tous une excellente nuit .
Jacques
Dernière modification par Jacques ; 08/10/2008 à 02h26.
Bonjour (je n'ai pas trop dormi... mais ça devrait aller ).
Un petit disque Pavane Records, maintenant, plutôt marginal et qui ne doit pas encombrer les rayons de beaucoup de discothèques :
Cet album a en tout cas deux mérites.
1/ Son livret rappelle qu'Igor Markevitch (1912-1983) est né à Kiev d'une ancienne famille ukrainienne, et qu'il quitta la Russie seulement deux ans plus tard pour se fixer en Suisse, où son père devait se faire soigner. Très précoce et rêvant de devenir compositeur (ce qu'il fut d'ailleurs ensuite), il composa à 12 ans une pièce pour piano intitulée Les Noces qui fit une telle impression sur Alfred Cortot que ce dernier invita le jeune Igor à Paris pour y travailler le piano dans sa classe et étudier la composition avec Nadia Boulanger. A 16 ans, Igor rencontra à Paris Serge de Diaghilev qui lui commanda un Concerto pour piano et orchestre, que le tout jeune homme composa rapidement et exécuta lui-même à Londres en 1928. Il composa ensuite d'autres oeuvres avec orchestre - dont plusieurs firent sensation -comme Cantate (en collaboration avec Cocteau), L'Envol d'Icare, Le Paradis Perdu, le Nouvel Age, Laurent le Magnifique et la Taille de l'Homme (en collaboration avec l'auteur suisse Ramuz), ainsi que diverses oeuvres pour piano dont celles présentées en "première mondiale" sur ce disque.
Mais bientôt totalement absorbé par sa brillante carrière de chef d'orchestre, Markevitch finit par abandonner la composition et sembla se désintéresser lui-même de ses oeuvres (sa dernière composition remonte à 1943), qui tombèrent peu à peu dans l'oubli.
2) Ce disque permet de découvrir deux des principales oeuvres composées pour le piano par Markevitch : Variations, Fugue et Envoi sur un thème de Haendel (1941), et Stefan le Poète, impressions d'enfance pour piano (1939).
Quand est exposé tout gentiment, au début de la première oeuvre, le joli thème de Haendel qui n'est autre que "Le Joyeux Forgeron", on pourrait se demander si ce qui va suivre ne ressemblera pas peut-être un peu à du Brahms ... Or il n'en est rien... C'est anti-romantique à souhait, et d'une modernité si affirmée que toute oreille mal préparée aux dissonances complexes pourrait se sentir quelque peu "agressée" ... Et il en va pratiquement de même en ce qui concerne la seconde oeuvre.
Mais tout cela est quand même du plus grand intérêt. Du moins à mon avis.
Jacques
Je pense que le coffret évoqué par Jacques est une excellente mise en bouche... Mais Markevitch n'a pas non plus enregistré à tour de bras! En comptabilisant uniquement ses enregistrements studios je crois que tout est à peu près disponible..? Ce qui fait le prix à mon avis de sa direction c'est une très grande lisibilité et beaucoup d'équilibre! Il va à l'essentiel! Et ça traine pas! Les Beethoven, par exemple, sont éloquents à ce sujet! a ma connaissance il existe des enregistrements des 1, 3, 5, 6, 8 et 9èmes symphonies! C'est un Beethoven qui rappelle Toscanini... Avec un poil moins de sécheresse peut être :
l'Héroïque et la Pastorale sont dans le coffret du tulipier!
Je me permets de mentionner un enregistrement sur le vif du 2e de Brahms avec l'Orchestre national de l'ORTF (ou était-ce déjà Radio France), avec Claudio Arrau .
L'enregistrement est fait en Suisse, Jacques, si je me souviens bien ; mais quelques jours avant, le concert avait été donné au Théâtre des Champs-Elysées, avec aussi au programme Till l'Espiègle et la 2e suite de Daphnis. Et... j'y étais! un de mes tout premiers concerts parisiens et ma foi... un grand souvenir!
Bonjour Théo,
Il y a un dvd chez Emi Classic Archive, dans le cadre de cette émission, j'ai vu également une 1ère de Chostakovich : direction fluide, précise, visuellement étonnamment moderne côté "direction" et "ringard" côté visuel sur "l'orchestre".
Votre comparaison avec Carlos Kleiber, prend un relief tout particulier lorsque l'on peut comparer leur manière de diriger la même oeuvre... Dans les archives de la télévision belge, il y a une 4e de Brahms, avec l'orchestre de la RTB (1er violon André Siwi) datant de 1974 ou 1976, d'une puissance, d'une flamme incroyable, alors que lui reste "impassible", sa direction est toujours aussi sobre et fluide, et avec un véritable regard de gourou porté sur tous les membres de l'orchestre, un regard perçant à comparer au regard de "saurien" que délivre Reiner à son Chicago Symphony dans la 7e de Beethoven...
C'est intéressant, ce que vous dites sur le regard. Ernest Bour a arrêté de diriger parce qu'il perdait la vue!
Merci, Lebewohl . A ma très grande honte, je ne suis pas en mesure de vous confirmer que cet enregistrement live du 2e de Brahms avec Arrau et Markevitch a bien été fait en Suisse : je ne le connais tout simplement pas ... Je viens de regarder dans ma collection, mais pour les deux Concertos de Brahms avec Arrau je n'ai trouvé que les enregistrements que ce dernier a faits en 1969 avec Haitink et le Royal Concertgebouw Orchestra, Amsterdam (j'ai aussi Kovacevich avec Colin Davis et le LSO)... Mais ça me fait une nouvelle piste à explorer .
Et merci également, Thierry et Hideux67 , pour vos intéressantes contributions.
Jacques
Alors selon vous, quel chef aurait un regard de vipère ? Pour moi c'est évidemment un compliment ....
Dominique
Lorsque que j'aurai davantage de temps (ce matin je suis libre, mais je vais être de nouveau à la bourre dès cet après-midi), je vais regarder encore plus attentivement le DVD "Nadia Boulanger - Mademoiselle" (Bruno Monsaingeon), où il y a notamment comme bonus Markevitch dirigeant en 1967 à Paris l'Orchestre Philharmonique de l'ORTF dans la Symphonie No 38 "Prague" en ré majeur K. 504 de Mozart.
Au regard de tout ce qui, sur ce fil, a déjà été constaté à propos du style de direction de Markevitch (sa "manière", sa gestuelle sobre, etc.), ça m'intéresse beaucoup de revoir ça .
Jacques
Oui, Rattle, mais je l'aime pas, ça tombe mal .....
Dominique
... J'ai la pochette du DVD sous les yeux, Théo, et je vous assure que c'est exactement ce qui y est écrit. J'en profite d'ailleurs pour vous le recommander chaleureusement, ce DVD (dont je parlerai peut-être plus en détail à une autre occasion). Car on peut y voir et entendre Markevitch s'entretenir assez longuement avec Monsaingeon. Et même s'il parlent essentiellement de "Mademoiselle", c'est vraiment quelque chose .
Comme je ne l'avais jamais entendu auparavant, j'ai aussi été un peu amusé de constater que Markevitch avait un "petit accent suisse" .
D'ailleurs, certains des enfants Stravinsky (en tout cas les cadets, ceux qui ont été élevés près de Lausanne entre 1913 et 1920, grosso modo) l'avaient paraît-il aussi, cet accent (ils parlaient le russe à la maison, et le "français à la mode suisse" à l'extérieur ).
Jacques
Dernière modification par Jacques ; 08/10/2008 à 12h21.
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