Envoyé par
françois1309
Elle passe parfois inaperçue, coincée qu'elle est entre la très beethovennienne d845 et la dernière trilogie des sonates. Et pourtant, elle est très bien servie au disque, et c'est l'une de mes préférées, toute imprégnée de l'air frais et de l'atmosphère élégiaque des vacances de Schubert à Bad Gastein.
Brendel a, à mon avis, toujours raté cette sonate au disque. cette oeuvre limpide ne supporte pas le triturage et les sollicitations souvent un peu forcées que Brendel fait subir à la partition.
J'ai un live roumain de Radu Lupu qui vient parfaitement combler la lacune de la série officielle chez Decca, mais sa sophistication et son lyrisme exacerbé ne me paraissent pas des plus convaincants ici.
J'écoute surtout 3 versions:
1/ Ashkenazy (Decca) nous en donne une lecture robuste, carrée, qui va droit à l'essentiel et ne surcharge pas cette oeuvre de signification. Il me paraît résoudre la quadrature du cercle posée par le dernier mouvement: éviter les excès de pittoresque (sonner comme un coucou autrichien), tout en conservant cet aspect rustique et satisfait, à l'opposé du schubert morbide qu'on nous sert trop souvent.
2/ Andsnes (EMI) qui livre ici sa meilleure sonate de Schubert selon moi. Très proche d'Ashkenazy, sans prise de tête, solide et chantant
3/ Gilels (RCA), très différent et moins "objectif" que les précédents. Vraiment puissant et beethovenien dans le 1er mouvement, et surtout fabuleuse lecture du 2ème mouvement: plus de 16 minutes, une longue et lente mélopée, pleine de redites, d'hésitations, de suspension: le Wanderer s'arrête, et doute de sa propre existence devant le spectacle de la nature, à la façon du héros de Senancour. Par contre, Gilels et sa sonorité de cathédrale me semble un peu empêtré dans le tic-tac du dernier mouvement...
Voilà pour lancer la discussion!!!