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Discussion: Sorabji

  1. #1
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    Sorabji

    Il y vingt ans disparaissait Kaikhosru Shapurji Sorabji.
    La plus grande partie de son œuvre (quelque onze mille pages de musique) attend encore d'être éditée et interprétée, de sorte que ce qui est aujourd'hui enregistré ne constitue que la partie émergée de l'iceberg.
    On peut néanmoins tenter de dresser un rapide état des lieux en matière discographique.

    1. La musique pour piano, la plus connue, est représentée par une vingtaine d'enregistrements.
    Sept d'entre eux sont dus à Jonathan Powell, qui a lui-même réalisé l'édition de plusieurs de ces partitions, et sont parus chez Altarus. À ma connaissance, ces disques sont tous disponibles. Je les conseille sans aucune réserve. N'ayant pas eu la chance d'entendre ce pianiste dans l'Opus clavicembalisticum, sans doute l'œuvre la plus célèbre de Sorabji, je ne peux qu'espérer qu'il se décide à l'enregistrer, après Geoffrey Douglas Madge (live, Bis) et John Ogdon (Altarus). Le 18 décembre, ceux qui seront à Londres pourront également entendre J. Powell dans un copieux extrait de la Sequentia cyclica (sur le thème du Dies iræ), autre œuvre monumentale.
    Je recommande également, toujours chez Altarus, le magnifique enregistrement de Gulistan, vaste "nocturne", par Charles Hopkins, ainsi que Le Jardin parfumé par Yonti Solomon; sans oublier, chez le même éditeur, deux disques de Donna Amato, un de Marc-André Hamelin (1re sonate) et un de Telleff Johnson (2e sonate).
    Chez Bis, Fredrick Ullen a entrepris l'intégrale des cent Etudes transcendantes, dont seul le premier volume est sorti.
    Par ailleurs, il faut mentionner les enregistrements pionniers de Michael Habermann, opportunément réédités chez BMS en un coffret de trois disques, que vient compléter un enregistrement plus récent chez Bis présentant le versant "transcription" de l'œuvre de Sorabji.
    On peut trouver enfin quelques œuvres dans des récitals divers; Sorabji savait aussi écrire des pièces brèves!

    2. La musique pour orgue ne comprend que trois opus, mais de taille. La 1re Symphonie a déjà été enregistrée par Kevin Bowyer (Continuum), mais ce dernier prévoit de la ré-enregistrer, en même temps que les deux autres, dont il procure également l'édition.

    3. Un récital de mélodies (essentiellement sur des textes de poètes français) est interprété par la soprano Elizabeth Farnum, accompagnée par Margaret Kampmeier (Centaur).

    Tout le reste (la musique pour orchestre, la grande Messe, les concertos pour piano, la musique de chambre) attend encore son premier enregistrement - attente qui risque d'être longue dans certains cas.

    Reste maintenant, sur la base de tous ces disques, à tenter de décrire cette musique. Rude tâche, que je réserve pour un prochain message.

    G.

  2. #2
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    Bonjour Gustave .

    Je voulais pour l'instant simplement vous dire un grand merci de me faire découvrir, grâce à tout ce que vous m'apprenez d'un coup sur Sorabji, un compositeur que je ne connaissais absolument pas.

    Il reste pour moi tellement de choses nouvelles à découvrir que je me demande si je vivrai assez longtemps pour combler les très grosses lacunes que j'ai encore... Certainement pas, hélas ... Mais au moins, un forum comme celui-ci et des gens cultivés comme vous m'aident à combler un peu plus vite certaines d'entre elles .

    J'attends donc avec impatience, et beaucoup d'intérêt en perspective, la description que vous avez promis de faire de la musique de ce compositeur apparemment très méconnu (en tout cas par moi).

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 16/10/2008 à 17h46.

  3. #3
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    Bonsoir Jacques,

    Sorabji est mort en 1988, soit cent ans après Alkan et cinquante ans après Godowsky.
    Je le considère comme l'héritier d'une tradition qu'il a conduit jusqu'à ses limites: celle des pianistes et compositeurs qui ont traité l'instrument non pas comme une fin ou un moyen, mais un espace "mental", dans lequel s'élabore toute leur pensée musicale. La maîtrise de l'écriture pianistique, portée à ses ultimes possibilités, est une façon de "penser" la musique dans ses moindres détails, et, symétriquement, de "nous" penser au sein de l'espace musical, notre langage n'étant au fond qu'une vaste métaphore de la musique.
    Pour être moins abstrait, et pour m'en tenir ce soir aux œuvres pour piano, je me contenterai de relever quelques traits saillants chez Sorabji.
    D'abord, les dimensions. Il est notoire que certaines œuvres de Sorabji sont parmi les plus longues pièces non-répétitives de l'histoire de la musique. L'Opus clavicembalisticum avoisine les quatre heures, et c'est loin d'être son œuvre la plus longue. On estime la 2e symphonie pour orgue à sept heures, et ses Variations symphoniques pour piano seul à neuf... À l'opposé, certaines pièces, tels ses Sutras ou Frammenti aforistici, ne durent que quelques secondes. Comme chez Busoni, la notion d'échelle est primordiale.
    À l'intérieur de l'édifice, la construction est en général assez simple: se côtoient formes à base fixe - fugues (parfois gigantesques, et usant de toutes les ressources du contrepoint) cycles de variations, passacailles... - et formes libres, comme dans les morceaux de type "nocturne".
    Prenons l'Opus clav.
    La première partie se présente comme suit: Introito, Preludio-Corale, Fuga 1, Fantasia et Fuga 2 (double).
    Deuxième partie: Interludium 1 (thème avec 49 variations), Cadenza et Fuga 3 (triple).
    Troisième partie: Interludium 2 (Toccata, Adagio et Passacaglia à 81 variations), Cadenza 2, Fuga 4 (quadruple) et Coda-stretta.
    Voilà comment composait Sorabji. Sa musique me paraît à la fois très simple et très complexe, très proche et très lointaine, très ancienne et très moderne; j'ai l'impression de la comprendre tantôt très bien, tantôt très mal. En fin de compte elle m'intimide et me rassure tout à la fois.
    (...à suivre...)

  4. #4
    Administrateur Avatar de Philippe
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    Merci, Gustave, de nous aider à découvrir ce compositeur trop peu connu, en effet






    (En principe, je recevrai mon premier CD de lui dans quelques jours/semaines : il s'agira de Gulistan )


    Ph

  5. #5
    Membre Avatar de Theo B
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    Citation Envoyé par Gustave Voir le message

    La première partie se présente comme suit: Introito, Preludio-Corale, Fuga 1, Fantasia et Fuga 2 (double).
    Deuxième partie: Interludium 1 (thème avec 49 variations), Cadenza et Fuga 3 (triple).
    Troisième partie: Interludium 2 (Toccata, Adagio et Passacaglia à 81 variations), Cadenza 2, Fuga 4 (quadruple) et Coda-stretta.
    Voilà comment composait Sorabji.
    Est-ce que comme avec Brahms à la fin de sa passacaille le nombre de mesures par variation s'élève progressivement et de façon régulière?

  6. #6
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    Citation Envoyé par Theo B Voir le message
    Est-ce que comme avec Brahms à la fin de sa passacaille le nombre de mesures par variation s'élève progressivement et de façon régulière?
    Difficile à dire, car Sorabji n'indique pas le nombre de temps par mesure. Mais en règle générale, la plupart des variations ont à peu près la même longueur. Mais il peut y voir des exceptions, comme l'extraordinaire variation orientalisante au milieu de la Passacaille de l'Opus clav.
    Par ailleurs, les dernières variations sont souvent les plus chargées et les plus virtuoses; c'est le cas de cette Passacaille, qui s'achève par des cascades d'accords. Il faut l'entendre pour le croire.
    G.

  7. #7
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    (...suite...)
    Pour continuer mon tour d'horizon de la production sorabjienne, je dirai un mot ce soir d'une œuvre exemplaires à tous égards: le Concerto per suonare da me solo, qui est un "concerto" pour piano seul en trois mouvements, l'ensemble durant une bonne heure.
    Sorabji écrit cette œuvre en 1946. Il vient d'achever la composition des cent Etudes transcendantes et d'une transcription de la Rapsodie espagnole de Ravel, et il a en cours sa symphonie Jami pour grand orchestre, chœur et baryton solo, inspirée par le grand poète persan.
    Le Concerto dont je parle se veut manifestement l'héritier de l'œuvre équivalente d'Alkan (in Etudes mineures op. 39), voire - mais moins probablement - du Concerto sans orchestre de Schumann (version primitive de la 3e sonate).
    Les parties censées imiter l'orchestre contrastent clairement avec celles dévolues au soliste, et Sorabji émaille même la partition de quelques commentaires humoristiques en italien. Le motif initial, constitué d'accords parfaits aux deux mains alternées, revient régulièrement au cours du premier mouvement, et réapparaît aussi dans les autres. Comme chez Alkan, il contraste à merveille avec les parties plus lyriques.
    Le deuxième mouvement, sans indication de tempo, est le cœur poétique de l'ouvrage; c'est un vaste "nocturne" aux inflexions méditerranéennes, à rapprocher de pièces comme Gulistan ou Djami (je parle ici de l'œuvre pour piano, non de la symphonie déjà citée), ou mieux encore de la tardive Villa Tasca.
    Après la débauche d'invention du premier mouvement et la luxuriance enivrante du deuxième, le "Scherzo diabolico" qui termine l'œuvre, avec son titre bien alkanien, témoigne d'un humour corrosif et d'une fantaise débridée. On entend même une valse pointer son nez! L'écriture pianistique atteint des sommets de virtuosités, ne laissant aucun répit à l'interprète, jusqu'à la coda, toute en batteries d'accords.
    Voilà une œuvre idéalement variée et fort divertissante, que Sorabji aimait particulièrement. La première audition en a été donnée par le regretté Yonti Solomon en 1978. À cette époque, rares étaient les pianistes autorisés à jouer du Sorabji en public (l'interdiction venant du compositeur lui-même).
    Jonathan Powell a redonné l'œuvre en 2002, lors d'un concert qui comprenait en première partie le Concerto d'Alkan. Un enregistrement chez Altarus a suivi.
    G.

  8. #8
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    Citation Envoyé par Gustave Voir le message
    Je recommande également, toujours chez Altarus, le magnifique enregistrement de Gulistan, vaste "nocturne", par Charles Hopkins
    Citation Envoyé par Philippe Voir le message
    En principe, je recevrai mon premier CD de lui dans quelques jours/semaines : il s'agira de Gulistan )
    Gustave ! mon exemplaire de Gulistan m'est parvenu ce matin

    J'ai compensé la légère déception ressentie au vu du faible minutage de cet album (quelque 35 minutes...) en l'écoutant à plusieurs reprises !!!
    Je dois en être à ma 4e écoute ! quelle musique séduisante ! j'y entends un peu de jazz, un peu de cette manière que j'apprécie tant chez Gould, un peu de Chopin ou de Debussy (pour coller à l'actualité ) mais je ne suis évidemment pas assez calé pour développer ces aspects. Comme d'habitude ma contribution à ce fil se résumera donc à un simple mais chaleureux "merci", c'est une fort belle découverte !

    Je ne sais pas pourquoi ce fil ne semble pas avoir beaucoup de succès... sans doute parce que Sorabji reste un compositeur très méconnu (je n'avais jusqu'à présent rien écouté de lui) mais si l'ensemble de son oeuvre est à la hauteur de ce que j'ai entendu aujourd'hui hé bien... j'espère que ce fil contribuera à le faire mieux connaître, car il le mériterait largement !


    Phil

  9. #9
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    Philippe,
    Je suis heureux que ce disque vous plaise. Concernant le minutage, plusieurs disques parus chez Altarus sont en fait des single: Gulistan par Charles Hopkins, la Sonate No. 1 par Hamelin, le Jardin parfumé par Yonti Solomon et la Fantaisie espagnole par Donna Amato. Sauf erreur, les autres ont une durée normale. J'espère que vous n'avez pas payé votre disque au prix fort.
    Rude exercice que d'essayer de désigner ce qu'on entend dans cette œuvre comme influences possibles, ou simplement comme "coïncidences" stylistiques. Dans les pièces à caractère orientalisant comme celle-ci, je crois qu'on peut mentionner Szymanowski - le Szymanowski de la 3e symphonie, par exemple. Sorabji vénérait cette œuvre.
    À mon avis, Gulistan est une des réalisations les plus parfaites de Sorabji. Vous avez eu raison de commencer par là. C'est une des premières œuvres que j'ai entendues de lui (la toute première étant un court pastiche sur Sadko de Rimsky-Korsakov, dans un récital de Marc-André Hamelin), et quelques année plus tard me voici en train de collectionner fiévreusement enregistrements, livres et partitions. Succomberez-vous aussi au sortilège Sorabji?...
    G.

  10. #10
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    Ah ce n'est pas impossible ! j'attends une nouvelle expédition du même fournisseur néo-zélandais (pour moins de 10 euros, ce n'est pas vraiment un prix "fort" ) ; la prochaine étape ce seront quelques albums de lui disponibles en médiathèque, ici en Belgique , dont la sonate n°1 par Hamelin, la messe pour orgue par Kevin Bowyer et le redoutable (par sa durée) Opus clavicembalisticum, - qui me fait un peu peur mais par Geoffrey Douglas Madge ... j'ai moins d'appréhension ! j'ai aimé tout ce que j'ai entendu de cet interprète

  11. #11
    Membre Avatar de thierry h
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    Merci Gustave pour nous avoir fait découvrir ce compositeur...

    Je connais quelqu'un qui vient de découvrir Sorabji et qui est un fin utilisateur de simplify media...

    thierry

  12. #12
    Administrateur Avatar de Philippe
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  13. #13
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Cela me donnerait presque envie d'essayer "Gulistan", parce que j'avais écouté Opus Clavicembalisticum il y a quelque temps : un copain m'avait prêté le disque (et la partition, c'était vraiment un fana!) et je dois bien confesser que cela m'était tombé des mains, ou des oreilles, je ne sais pas comment on dit... (cétait Madge, hein).

  14. #14
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    Citation Envoyé par Philippe Voir le message
    Ah ce n'est pas impossible ! j'attends une nouvelle expédition du même fournisseur néo-zélandais (pour moins de 10 euros, ce n'est pas vraiment un prix "fort" ) ; la prochaine étape ce seront quelques albums de lui disponibles en médiathèque, ici en Belgique , dont la sonate n°1 par Hamelin, la messe pour orgue par Kevin Bowyer et le redoutable (par sa durée) Opus clavicembalisticum, - qui me fait un peu peur mais par Geoffrey Douglas Madge ... j'ai moins d'appréhension ! j'ai aimé tout ce que j'ai entendu de cet interprète
    Citation Envoyé par Philippe Voir le message
    Ah ce n'est pas impossible ! j'attends une nouvelle expédition du même fournisseur néo-zélandais (pour moins de 10 euros, ce n'est pas vraiment un prix "fort" ) ; la prochaine étape ce seront quelques albums de lui disponibles en médiathèque, ici en Belgique , dont la sonate n°1 par Hamelin, la messe pour orgue par Kevin Bowyer et le redoutable (par sa durée) Opus clavicembalisticum, - qui me fait un peu peur mais par Geoffrey Douglas Madge ... j'ai moins d'appréhension ! j'ai aimé tout ce que j'ai entendu de cet interprète
    Je vois que les médiathèques belges sont bien fournies!
    La sonate No. 1 est, sauf erreur, le premier enregistrement d'Hamelin. C'est une œuvre relativement courte (moins d'une demi-heure), mais déjà représentative du langage du compositeur.
    La Symphonie No. 1 pour orgue (et non la messe; il y aussi une Messe de Sorabji, mais pour 8 solistes, double chœur à 5 parties chacun, grand orchestre et orgue) est l'un des premiers enregistrements de Kevin Bowyer, qui s'était fait connaître par un disque Alkan. Depuis, Bowyer a recopié à la main la Symphonie No. 2, dont seul le premier mouvement a été créé. Bowyer a récemment lancé un grand "Sorabji project", qui devrait se conclure par une édition critique et un (ré)enregistrement des trois Symphonies. Les deux dernières sont des œuvres monumentales, qui doivent durer 6 ou 7 heures chacune.
    Quant à l'Opus clav, il faut savoir que l'enregistrement de Madge est un live; mais j'aime aussi beaucoup ce qu'a fait ce pianiste, par ailleurs très controversé. Il faut aussi connaître l'enregistrement de John Ogdon, réalisé à la fin de sa vie dans un état de santé précaire. Et comme Jonathan Powell a joué cette œuvre plusieurs fois, il faut espérer qu'il se décide à l'enregistrer!
    Bonne écoute,
    G.

  15. #15
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    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Cela me donnerait presque envie d'essayer "Gulistan", parce que j'avais écouté Opus Clavicembalisticum il y a quelque temps : un copain m'avait prêté le disque (et la partition, c'était vraiment un fana!) et je dois bien confesser que cela m'était tombé des mains, ou des oreilles, je ne sais pas comment on dit... (cétait Madge, hein).
    Invitez donc cet ami à venir sur le forum!
    G.

  16. #16
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    lebewohl

    Citation Envoyé par lebewohl Voir le message
    Cela me donnerait presque envie d'essayer "Gulistan" (...)
    Hé bien maintenant tu sais ce qui te reste à faire


    Thierry t'expliquera

  17. #17
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    Pour relancer ce fil, je signale la parution imminente en France du deuxième volume des Études transcendantes chez Bis.
    On peut d'ores et déjà entendre la moitié de chaque plage sur le site du label.
    Le pianiste Fredrik Ullén y réalise des prouesses, comme dans le premier volume.
    Quatre ou cinq autres disques seront nécessaires pour boucler l'intégrale de ces Études, au nombre de cent - Sorabji n'a composé qu'un cahier d'études, mais il n'a pas fait les choses à moitié.
    La parution d'un nouvel enregistrement de Sorabji est toujours un événement, n'est-ce pas?

  18. #18
    Membre Avatar de Couack
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    Je remercie à mon tour Gustave pour cette découverte : j'avais mis Sorabji sur ma liste de disques à écouter depuis la création de ce fil, mais le temps que la pile descende jusque là il a fallu quelques mois.

    Je dois avouer être parti perplexe, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais après les premiers moments de scepticisme c'est l'enthousiasme qui l'a emporté.

    Le langage de Sorabji, quelque part entre Debussy et Scriabine, est unique : on nage entre les torrents de notes et les bassins de nénuphars, entre un déluge musical ahurissant et une contemplation minimaliste. Ce n'est jamais lassant, malgré la longueur de certaines oeuvres (l'Opus Clavicembalisticum ou les 100 Etudes - arrêtées à 43 pour le moment), on peut écouter ça des heures durant sans que l'oreille en soit anesthésiée. Il y a une fluidité dans son langage, une clarté malgré l'hypercomplexité (c'est comme ça que s'appelle le courant qu'il a initié je crois) et une variété vraiment captivante.

    De tout ce que j'ai entendu, j'ai préféré de loin ce coffret :



    Il comprend 3 cd, et en particulier deux pièces d'une vingtaine de minutes, Djami et Gulistan, The Rose Garden, qui sont parmi les plus belles choses que j'aie jamais entendues jouer sur un piano.

    Par curiosité je me suis aussi procuré la partition de l'Opus Clavicembalisticum. C'est proprement délirant (parfois il y a jusqu'à 7 portées simultanées pour noter le morceau). Mais contrairement à beaucoup d'autres compositeurs injouables, lui savait jouer ses oeuvres, si j'ai bien compris.

    ICI il y a une interview très intéressante de Geoffrey Douglas Madge qui parle de sa rencontre avec le compositeur. Entre autres choses, Sorabji, non content d'écrire des trucs totalement déments, envoyait régulièrement paître les valeureux pianistes qui étaient prêts à défendre son oeuvre car ils ne jouaient pas comme il le voulait. Apparemment Madge a eu son agrément.

    " For a long time I wanted so much to get deeply into his music, (and preferably not to be sent away like many before me). Imagine my reaction when he answered, after listening to about 40 minutes of OC, that he didn’t realize that the work was so good and that he would be only too happy if I were to perform it complete, at the same time making a few suggestions as to how I should perform it. Following this he then gave me complete permission to give performances, complete or in part; later also confirming by sending me a letter with this permission; After every performance he would ring; asking in great detail about the quality of the instrument, the hall, and about my reactions during the performances. "

    ce qui doit donner à peu près ceci :

    "Cela faisait longtemps que je voulais approfondir sa musique (et que je craignais de me faire envoyer balader comme tant d'autres avant moi). Imaginez ma réaction quand il déclara, après avoir écouté 40mn de l'Opus Clavicembalisticum, qu'il n'avait jamais réalisé que cette oeuvre était si réussie, et qu'il serait très heureux que j'en donne une interprétation complète, me faisant en même temps quelques suggestions quant à la manière de la jouer. Plus tard, il me donna une l'autorisation de jouer librement l'oeuvre en concert, soit en entier soit en extraits, ce qu'il confirma ensuite par écrit. Il m'appelait après chaque concert, m'interrogeant de façon précise sur la qualité de l'instrument, de la salle, et de mes réactions pendant le concert."



  19. #19
    Membre Avatar de Couack
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    correction : c'est pas "hypercomplexité" mais "new complexity", dont les représentants actuels les plus illustres sont Brian Ferneyhough et Michael Finissy

  20. #20
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    Si cette musique vous a enthousiasmé, je suis très heureux d'avoir modestement contribué à vous la faire découvrir.
    Ce que vous en dites me paraît très juste et correspond parfaitement à ce que ressens moi-même; comme vous, je trouve que Djâmi et Gulistan sont parmi les plus belles musiques jamais écrites; en revanche, je n'ai pas la chance de posséder la partition de l'Opus Clav!
    Nous aurons l'occasion de reparler de Sorabji très bientôt, car l'année 2010 s'annonce riche en découvertes avec notamment la création de l'intégralité de la Sequentia cyclica par J. Powell et celle de la deuxième Symphonie pour orgue par K. Bowyer.

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