Aldo Ciccolini

[Willem]

Bonjour,

Le weekend dernier, j'ai entendu 2 concerts par cet infatigable pianiste octagénaire. Il est devenu un très vieux monsieur, bien frêle et aux cheveux tout blancs, mais sa technique est merveilleusement intacte. D'abord dans le 2eme concerto de Rachmaninov, où il s'est avéré que sa démarche est en gros la même depuis son disque, il y a bien longtemps, inclus dans l'album "Les introuvables d'Aldo Ciccolini" . Sobriété, élan, aristocratie sont les mots cles. Ce n'est que dans les grands climaxes où il semblait occassionnellement manquer un peu de force, l'orchestre (L'orchestre Philharmonique du Pays Bas sous la direction bien attentive de Lawrence Foster) semblait parfois le couvrir un peu. Surtout le 2eme mouvement m'a beaucoup plu.

le soir d'après un récital avec un programme qu'on peut appeler pour le moins "exigeant", pieces lyriques de Grieg, l'Appassionata et surtout Les Tableaux d'une Exposition. J'ai entendu ces derniers par le même pianiste il y a 2 ans et je ne crois pas les avoir jamais entendus mieux que par lui. Ce soir, il y a eu quelques petits "dérapages" qui ne comptaient pour rien. Il a d'ailleurs le don de s'en remettre immédiatement. C'est ce qui m'impressionne probablement le plus chez ce pianiste: le calme imperturbable et la grande concentration. Est-ce que ce serait à cause du zhen boudhisme qu'il pratique? On ne peut qu'espérer qu'il peut encore continuer longtemps à jouer avec tant de sagesse et de bon goût. Un très grand monsieur!

Amicalement,
Willem

[Dominique]

Bonjour Willem et ravi de vous retrouver ici
Ciccolini est un pianiste complet, il va vite au sprint, grimpe bien les cols et est un formidable rouleur. Ce que j'écoute le plus souvent : son intégrale des sonates de Beethoven.
J'écoute beaucoup moins son disque Janacek, tout simplement parce que je le trouve "sublime" et que je préfère le déguster avec parcimonie (ou avec quelqu'un d'autre ).
Dominique

[Jacques]

Bien que Beethoven soit régulièrement honoré sur le forum ces temps-ci, je n'ai pas voulu troubler à nouveau l'ordonnance (par opus) du fil général de discussion consacré à l'illustre compositeur. C'est donc au présent fil, qui curieusement n'a pas fait long feu et dormait depuis belle lurette, que je me permets d'ajouter un post ().

Samedi dernier, je suis tombé à la F*** sur ce robuste coffret du label suisse Cascavelle, vendu pour le prix assez incroyable d'un seul CD (!) et reprenant l'intégrale des 32 Sonates pour piano de Beethoven enregistrée en Italie entre 1995 et 1999 par Aldo Ciccolini :



Ce coffret est assorti d'une brochure très succincte, avec un texte rédigé par Jean-Charles Hoffelé. Et les pochettes qu'il contient, tout aussi robustes, présentent ces sonates dans un ordre assez peu habituel (comme dix récitals), ainsi qu'en témoignent les deux premières montrées ci-dessous :



Au départ, je n'avais aucune intention d'ajouter une nouvelle intégrale à celles, semblables, que je possédais déjà (notamment par Kempff, Barenboim, Brendel et Kovacevich). Mais le renom de l'interprète, bien qu'il me fût davantage connu dans des répertoires beaucoup moins fréquentés (cf. Déodat de Séverac et Mario Castelnuovo Tedesco, entre autres), et un prix aussi attractif ont fini par me faire changer d'idée.

Or, le moins que je puisse dire c'est que je ne regrette pas mon achat. En dépit d'une prise de son un peu mate (mais ça rappelle agréablement le piano "intimiste" de Gilbert Schuchter dans son intégrale Mozart chez Tudor), ces enregistrements sont d'une force expressive souveraine ().

Voici Aldo Ciccolini jouant récemment et en public la Sonate pour piano en la bémol majeur No 31 Op 110 de Beethoven :

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Jacques

[Fou des chutes]

Impressionnant! Il serait très tentant d'acheter cette intégrale si elle est du même calibre que cet op. 110.

[Jacques]

À vrai dire, je n'ai pas encore écouté l'enregistrement de l'Op. 110 inclus dans l'intégrale Cascavelle. Il est sur le cinquième disque, et comme je "savoure" lentement (), je n'en suis qu'au quatrième.

Mais compte tenu de ce que j'ai déjà entendu, tout me porte à croire que Ciccolini, dans son intégrale enregistrée en studio, donne de cette sonate une version de grand calibre aussi .

Jacques

[mah70]

Bonsoir.

Petite remarque sympathique sur Ciccolini (je tiens ça de feu mon papa): dans les années '50, alors que sa notoriété grimpait en flèche, il allait volontiers donner des concerts aux JMF. Cela dit, je ne sais pas combien de solistes connus faisaient de même...

[Jacques]

Petite remarque sympathique sur Ciccolini (je tiens ça de feu mon papa): dans les années '50, alors que sa notoriété grimpait en flèche, il allait volontiers donner des concerts aux JMF.

Je suis très content d'avoir appris ça .

Cela étant, voici comment était Aldo Ciccolini quand il débuta, en 1968, l'intégrale qu'il consacra à l'oeuvre pour piano de Déodat de Séverac :



À ce propos, même si j'ai acheté plus tard la réédition sur CD de cette intégrale, je conserve précieusement son coffret "vinyle" d'origine, qui était orné d'une reproduction de cette aquarelle peinte par de Séverac lui-même près de Saint-Félix de Lauraguais (c'est maintenant Ciccolini qui la possède) :



Voici le pianiste jouant l'une de mes pièces préférées du compositeur languedocien, Baigneuses au soleil (Souvenir de Banyuls-sur-mer) :

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Jacques

[The Fierce Rabbit]

Bonsoir.

Petite remarque sympathique sur Ciccolini (je tiens ça de feu mon papa): dans les années '50, alors que sa notoriété grimpait en flèche, il allait volontiers donner des concerts aux JMF. Cela dit, je ne sais pas combien de solistes connus faisaient de même...

Tout à fait juste. Et aussi dans d'autres cadres institutionnels. Je me rappelle un récital dans les dernières années 60 ou les toutes premières 70 à la MJC du quartier des Etats-Unis, à Lyon, à l'époque 'défavorisé' (aujourd'hui du dernier bien), nous devions être dans la salle, oh, bien une bonne quarantaine ! Qu'importe, il joua, et pas à l'économie, et sans en retrancher quoi que ce soit, et même avec des bis, et ce fut une soirée sublime.
Vous ne pouvez pas savoir le plaisir ue vous me causez à parler comme vous le faites de son intégrale Beethoven, que je chéris entre quelques autres, sans avoir jamais tenté de la mentionner tellement le sujet me paraissait 'décalé' par rapport à tant d'autres seigneurs du clavier ici abordés et rebattus.
Cela dit, je suis de parti pris, je suis un inconditionnel de Ciccolini (mais pas aveuglément, lui aussi a quelques faiblesses de ci de là !).
Et oui, Janacek serait assez un disque d'île déserte !

[Jacques]

Vous ne pouvez pas savoir le plaisir ue vous me causez à parler comme vous le faites de son intégrale Beethoven, que je chéris entre quelques autres, sans avoir jamais tenté de la mentionner tellement le sujet me paraissait 'décalé' par rapport à tant d'autres seigneurs du clavier ici abordés et rebattus.

À ces réflexions, qui m'enchantent (j'ai progressé dans mon écoute de cette intégrale et la trouve moi aussi superbe ), je me permets d'ajouter celles formulées en 2007 par un client d'Amazon.fr :

"Depuis quelques années on redécouvre Aldo Ciccolini. Grâce au travail des éditions Cascavelle on a ainsi pu écouter sous ses doigts des enregistrements des Nocturnes de Chopin (5 étoiles selon les critères amazoniens), des pièces de Schumann (5 étoiles) et de Grieg (4 étoiles). Aujourd'hui cette maison de disque ressort les enregistrements des sonates de Beethoven gravés il y a une dizaine d'années. Ne vous fiez pas à l'esthétique approximative de ce coffret, à son livret sommaire ! Vous avez entre les mains l'une des plus belles intégrale des 32 sonates. Proche de celui d'Arrau, le toucher de Ciccolini est confondant d'intelligence et de force (tranquille). Plus apaisée que celle du susnommé Arrau, moins rugueuse que la quasi-intégrale de Gilels, moins violente que celle de Richter ou contrastée que les divers enregistrements de Serkin, cette intégrale est d'une remarquable cohérence. Elle est aussi moins "superficielle" que celle de Barenboïm chez EMI. Surtout ce qui retient l'attention est le chant perpétuel qui se dégage de ces disques. (...)".

Jacques

[Brouken Air]

Je voudrais simplement signaler que Ciccolini se porte de mieux en mieux. Non content d'enfourcher la vespa, il signe une référence dans Mozart 'Alla Turca'. C'est du niveau de Moravec ou Goode... pt'être même mieux...
Dans la foulée, il sort également un nouveau CD sur un programme de valses:
Chabrier, Chopin, Pierné, Grieg, Satie, Séverac, Schubert, Debussy, Massenet, Sibelius, Fauré, Brahms, Taillefere.... Ca en fait 13... Du véritable petit lait, tout est fluide, léger, pas de scories.

Comankifé?? En tout cas, je ne souhaite qu'une chose, c'est que cela continue...

Encore Monsieur Ciccolini

Bonne nuit

[Claude Torres]

Je voudrais simplement signaler que Ciccolini se porte de mieux en mieux. Non content d'enfourcher la vespa, il signe une référence dans Mozart 'Alla Turca'. C'est du niveau de Moravec ou Goode... pt'être même mieux...
Dans la foulée, il sort également un nouveau CD sur un programme de valses:
Chabrier, Chopin, Pierné, Grieg, Satie, Séverac, Schubert, Debussy, Massenet, Sibelius, Fauré, Brahms, Taillefere.... Ca en fait 13... Du véritable petit lait, tout est fluide, léger, pas de scories.

Comankifé?? En tout cas, je ne souhaite qu'une chose, c'est que cela continue...

Encore Monsieur Ciccolini

Bonne nuit

J'espère qu'il pourra terminer l'intégrale des oeuvres pour piano de Mario Castelnouvo-Tedesco dont les quatre premiers CDs sont parus chez Phoenix (Italie). Ce sont des petits bijoux d'un compositeur grandement délaissé, si l'on excepte les oeuvres pour guitare.

Claude Torres