Scriabin, Deux Poèmes opus 32.

[Theo B]

Bonjour,
je transfère ici deux messages que je viens de poster au mqoed, pour que la discussion qui pourrait s'ensuivre ne parasite pas l'avancée de ce dernier.

Bravo Gustave. Et cette fois, vous ne nous mettriez pas un petit quelque chose?

Les deux dernières pages complètes:


Et maintenant, rien moins que les versions du compositeur lui-même, de son fils spirituel Sofronitsky, de Neuhaus et d'Horowitz. J'ai bien une préférence, assez nette, mais j'aimerais bien connaitre les vôtres.
Le passage que j'ai mis est à 2'25 dans la version de Scriabin.

[Theo B]

Malheureusement, pour Scriabin et Horowitz, il n'y a que le premier poème en fa# majeur, mais bon... il est tellement beau. C'est celui que j'avais mis au mqoed.

J'ai découvert cet opus 32 récemment, c'est à mon avis une œuvre superbe qui mériterait d'être autant programmée que les préludes et les sonates.

A part ces quatre monstres sacrés, vous avez des suggestions?

[vernin]

Je préfère Sofronitsky, mais comme il n'y a pratiquement plus que lui que j'écoute dans Scriabine, mon oreille est corrompue. Horowitz était bien aussi mais je l'ai écouté avec moins d'attention. Il me semble que Sofronitsky a enregistré au moins deux fois ces poèmes (1958 et 1959). Horowitz a enregistré les deux. (Tu les trouveras facilement sur une compilation Sony d'Horowirtz jouant Scriabine.) Je n'ai pas d'autres suggestion, la seule autre version que je connaisse étant celle d'Amoyel. J'ai globalement un mauvais souvenir du disque.

[Theo B]

Ah bon. De mon côté, je préfère Neuhaus, clairement... Et pourtant je m'attendais à ce que Sofronitsky écrase tout le monde ici! Mais enfin les quatre sont très intéressants, tous proposent quelque chose de personnel et de tenu (Horowitz un peu moins peut-être), et les quatre savaient que faire d'un piano...

[Gustave]

Pour l'instant, je préfère Neuhaus.
Magnifique musique, en effet; les quintolets sont irrésistibles.
G.

[vernin]

Neuhaus m'a gêné. Il m'a paru très, très, noir. Et je ne suis pas aujourd'hui d'une humeur mélancolique.

[Gustave]

Il m'a paru très doux, mais pourquoi pas doux et noir, en effet, comme du velours?
Vous avez de la chance de ne pas être d'humeur mélancolique; moi, je vais me passer une symphonie de Pettersson pour me remonter le moral!
G.

[Theo B]

Oui, vous m'étonnez aussi Yves, de tous Neuhaus est celui qui me semble le plus lumineux, apollinien, beaucoup moins morbide que les autres à commencer par Sofronitsky! Quelle tendresse et quel contrôle du piano!
On dirait du Ravel - et notez, pour moi, ce n'est pas contradictoire avec le caractère morbide, j'ai toujours trouvé le piano de Ravel un peu morbide voire beaucoup!

Oui, Gustave, les quintolets, avant-dernière ligne de la première page ci-dessus, juste après le passage que j'avais mis au mqoed, j'avais failli les mettre aussi.

[Chiarina]

Pour le moment je préfère la version de Neuhaus, aérienne et élégante, avec un superbe toucher et un rubato qui donnent l'impression qu'il improvise. Le début de la deuxième page (que veut-dire inaferando ?), très aquatique, est d'une délicatesse et d'une poésie étonnantes.

A l'opposé, et très belle aussi, la version de Sofronitzky est beaucoup plus véhémente, déclamée, comme s'il voulait faire tout entendre, et très à fleur de peau, donc plus à court à terme. Elle me paraît plus désespérée que celle de Neuhaus, qui conserve un certain détachement.

[Theo B]

On est d'accord. Neuhaus fait le break.
Scriabin me donne encore plus que Sofronitsky l'impression d'une radioscopie, par ailleurs, on a un peu l'impression qu'il réfléchissait encore à des retouches en jouant! Mais c'est bien quand même.

Sur inaferando, c'est manifestement une vraie question, JUGEZ PLUTÔT...

[Chiarina]

Tu lis aussi des forums anglais, Théo ?

Bon, je n'ai pas tout compris de ce qui se dit, mais j'avais trouvé inafferrabile dans mon dictionnaire qui veut dire insaisissable, et ça convenait plutôt bien.

[Theo B]

Non, je suis tombé sur celui-ci en cherchant "inaferando" qu'aucun dictionnaire n'acceptait de traduire. Le second posteur dit qu'il s'agit d'un néologisme, ou plus exactement d'un terme bâtard conçu sans doute à partir de "inafferrabile", en effet. Insaisissable et élusif serait donc ce qu'il faut comprendre, mais avec la dimension adverbiale de par exemple "cantando", donc aussi fuyant, "se rendant" insaisissable.

Il dit aussi que Medtner l'a utilisé à la suite.

[Gustave]

Medtner s'y entendait lui aussi en italien peu idiomatique. Sorabji aussi. Serait-ce une marque des grands compositeurs-pianistes?
G.

[Theo B]

L'enregistrement d'Horowitz est en effet facile à trouver, en revanche, Neuhaus... Sofronitsky, ça va, mais il faut avoir les moyens.

L'enregistrement de Scriabin semble se trouver sur ce disque fort étrange, dont je met le programme ci-dessous...

1. Preludes (24) for piano, Op. 11 No.1
   Composé par Alexander Scriabin
   avec Alexander Scriabin
2. Preludes (24) for piano, Op. 11 No.13
   Composé par Alexander Scriabin
   avec Alexander Scriabin
3. Preludes (24) for piano, Op. 11 No.14
   Composé par Alexander Scriabin
   avec Alexander Scriabin
4. Prelude for piano in G sharp minor, Op. 22/1
   Composé par Alexander Scriabin
   avec Alexander Scriabin
5. Mazurka for piano in F sharp major, Op. 40/2
   Composé par Alexander Scriabin
   avec Alexander Scriabin
6. Désir, for piano, Op. 57/1
   Composé par Alexander Scriabin
   avec Alexander Scriabin
7. Etudes (12) for piano, Op. 8 No.12
   Composé par Alexander Scriabin
   avec Alexander Scriabin
8. Poème for piano in F sharp major, Op. 32/1
   Composé par Alexander Scriabin
   avec Alexander Scriabin
9. Preludes (5) for piano, Op. 15 No.1
   Composé par Alexander Scriabin
   avec Alexander Goldenweiser
10. Preludes (5) for piano, Op. 15 No.2
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Alexander Goldenweiser
11. Preludes (5) for piano, Op. 15 No.3
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Alexander Goldenweiser
12. Preludes (5) for piano, Op. 15 No.4
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Alexander Goldenweiser
13. Preludes (5) for piano, Op. 16 No.1
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Alexander Goldenweiser
14. Preludes (5) for piano, Op. 16 No.2
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Alexander Goldenweiser
15. Preludes (5) for piano, Op. 16 No.3
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Alexander Goldenweiser
16. Preludes (5) for piano, Op. 16 No.4
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Alexander Goldenweiser
17. Preludes (5) for piano, Op. 16 No.5
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Alexander Goldenweiser
18. Mazurkas (10) for piano, Op. 3 No.1
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Samuel Feinberg
19. Mazurkas (10) for piano, Op. 3 No.2
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Samuel Feinberg
20. Mazurkas (10) for piano, Op. 3 No.3
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Samuel Feinberg
21. Mazurkas (10) for piano, Op. 3 No.4
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Samuel Feinberg
22. Mazurkas (10) for piano, Op. 3 No.5
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Samuel Feinberg
23. Mazurkas (10) for piano, Op. 3 No.6
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Samuel Feinberg
24. Mazurkas (10) for piano, Op. 3 No.7
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Samuel Feinberg
25. Preludes (24) for piano, Op. 11 No.2
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
26. Preludes (24) for piano, Op. 11 No.5
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
27. Preludes (24) for piano, Op. 11 No.8
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
28. Preludes (24) for piano, Op. 11 No.11
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
29. Preludes (24) for piano, Op. 11 No.12
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
30. Preludes (6) for piano, Op. 13 No.1
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
31. Preludes (6) for piano, Op. 13 No.2
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
32. Preludes (6) for piano, Op. 13 No.3
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
33. Preludes (6) for piano, Op. 13 No.4
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
34. Preludes (6) for piano, Op. 13 No.5
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
35. Preludes (6) for piano, Op. 13 No.6
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Heinrich Gustavovich Neuhaus
36. Etudes (12) for piano, Op. 8 No.2
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Vladimir Vladimirovich Sofronitsky
37. Etudes (12) for piano, Op. 8 No.5
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Vladimir Vladimirovich Sofronitsky
38. Etude for piano in C sharp minor, Op. 2/1
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Vladimir Vladimirovich Sofronitsky
39. Vers la flamme, poème for piano, Op. 72
    Composé par Alexander Scriabin
    avec Vladimir Vladimirovich Sofronitsky

[Theo B]

Ah si, les opus 32 sont là-dessus, 15 euros d'occasion, ça va encore pour ce genre de truc...

[Theo B]

Je remonte ce fil d'abord pour dire que le disque ci-dessus, qui comprend outre les poèmes, préludes, etc., le magnifique Concerto, est une splendeur.

Ensuite pour dire que j'ai découvert aujourd'hui (je me demande bien comment j'ai pu passer à côté tout ce temps) qu'il existe un enregistrement de Gieseking qui a été repris dans son volume Great Pianists of the XXth Century: on peut l'écouter ici http://www.musicme.com/#/Walter-Gies...681122-02.html
et c'est fort bien, évidemment.