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Discussion: Comment jouaient les anciens...

  1. #1
    Membre Avatar de Patricia
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    Comment jouaient les anciens...

    Bonsoir,

    J'ai écouté un certain nombre de reproductions de rouleaux enregistrés sur des pianos mécaniques et j'aimerais vous faire part de mes observations.
    Je commence par quelques morceaux enregistrés vers 1905 par la firme Welte. Il s'agit de rouleaux qui permettaient de rendre toutes les nuances et le tempo avec exactitude, grâce à une technique très sophistiquée. Ces enregiostrements font partie d'un coffret de 33 tours datant de 1970.



    Emil von Sauer (1862-1942) élève de Rubinstein et de Lizst

    Chopin: Nocturne n°8 en ré bémol mineur op 27/2
    Rythme très irrégulier à la main gauche, accords plaqués d’une manière assez sèche, les premiers temps main gauche/main droite jamais ensemble, toujours décalées, arpège tout ce qu’il peut arpéger.

    Ignaz Jan Paderewski (1860-1941)
    - Chopin Nocturne n°12 en sol majeur, op. 37/2
    Arpège chaque accord de façon insupportable, aussi bien dans la partie Andante que dans le sostenuto, pris très lent, cela n’avance plus du tout. Rythme très irrégulier (pas dans la première partie, mais à partir de l’Andante), avec des accélérations brusques et assez incohérentes, à mon avis. Un Chopin plein de manière et très anti-naturel.

    - Schubert : Im promptu op. 142/3
    Encore cette insupportable manie de tout arpéger et de ne jamais jouer les mains ensemble ! Le rythme est lent et ne « balance » pas du tout.
    Les Variations conservent toujours cette licence rythmique, surtout la 3e, à laquelle je ne comprends rien sous ces doigts-là ! J’aime bien sa 2e variation, toute légère et insouciante.

    - Chopin Etude op. 10/3
    Il se confirme que c’est bien un tic chez Paderewski de tout arpéger dès qu’il le peut et c’est vraiment très lassant et énervant. Je ne comprends pas bien ce parti-pris systématique et aussi exagéré chez lui. De tous les pianistes nommés ici, c’est celui qui cultive cette mode (car il semble bien qu’il s’agisse d’une mode) avec le plus d’intégrisme !

    Teresa Carreno (1853-1917)
    Chopin : Nocturne N°13 en ut mineur op. 48 n°1
    Tempo très lent, là aussi de très grandes irrégularités de rythme, et des attaques brusquées et agressives, comme par surprise, ou pour des effets voulus de surprise. Accélération progressive, avec alors des ralentissements marqués.
    Partie Poco più lento assez réussie. Gammes de triolets terminées par des accords assez sèchement plaqués. Le Doppio movimento est haché, sans aucun liant, ou les accords sont trop présent au détriment de la voix supérieure.

    Raoul Pugno (1852-1914)
    Chopin : Nocturne n°5
    Prend le Larghetto très lentement, ajoute quelques fioritures, accélère brusquement à partir de la mesure 18 donc bien avant le doppio movimento qui est solide, énergique.

    Eugen d’Albert (1864-1932)
    - Schubert : Impromptu op. 90/3
    Un jeu qui me séduit, clair, naturel, beaux plans sonores, belles nuances, du caractère sans forcer, même si certains accords de main gauche sont, là aussi, arpégés. Ça, c’est pour la première partie. à partir de la réexposition (mes. 55), cela devient très « personnel » : non seulement il joue la voix supérieure une octave plus haut, mais il amène chacune des notes de la mélodie avec un accord arpégé de son crû. Il rajoute beaucoup de choses à la partition de Schubert, avant d’y revenir – progressivement ! – à partir de la mesure 67. Ce n’est pas mal fait du reste, mais on peut dire que c’est un peu surchargé, disons…

    - Liszt : Chant d’amour n°3
    Encore une fois ce beau jeu séduisant, en tout cas dans la partie lente. La partie appassionata est plus poussive, plus affectée, les accords arpégés brouillent la clarté. La fin est entièrement recomposée, pas du tout celle écrite par Liszt, mais il faut dire que cela est très lisztien, cela pourrait être écrit par lui : Eugen d’Albert avait-il une partition de son maître différente, ou l’a t-il entendu jouer ainsi ? C’est possible.

    Carl Friedberg (1872-1955) élève de Clara Shcumann

    Schubert : Andante sostenuto de la Sonate en si b Majeur D. 960
    Un interprétation assez « objective », avec la aussi une tendance à jouer les mains l’ne après l’autre, mais pas de façon aussi ostentatoire que chez Paderewski. La partie médiane est prise avec un train d’enfer et les doubles croches intermédiaires manquent de régularité, mais cela ne paraît pas voulu, comme si le pianiste ne maîtrisait pas tout…

    Franz Xaver Scharwenka (1850-1924)
    Beethoven : Allegro assai (I) de l’Appassionata
    Interprétation séduisante par la richesse de ses contrastes et nuances. Mais ici aussi, on ne sait jamais à quoi s’en tenir sur le tempo très fluctuant et des rythmes incertains. Quelques accords arpégés aussi, pas trop.

    Josef Hofmann (1876-1957)
    Beethoven : Allegro de la Sonate n° 18, op. 31/3
    Belle interprétation, riche et naturelle, sans chichis, beaucoup d’aisance dans les traits. Variations de tempo, mais pas outrancières.

    Bernhard Stavenhagen (1862-1914) élève de Liszt

    Légende de St-François de Paule marchant sur les flots
    Version très impressionnante, mais éminemment personnelle, en ce sens que très vite, Stavenhagen se démarque de la partition et joue complètement autre chose. Cela ressemble à St-François de Paule marchant sur les flots, mais de très loin… Il existe beaucoup de versions d’élèves de Liszt de cette légende, et c’était paraît-il parce qu’ils n’étaient pas capables de jouer l’original. Je ne sais pas si Stavenhagen n’en était pas capables, il est sûr que sa version se facilite la tâche dans certains traits, mais elle reste d’une très grande virtuosité. Elle est tellement différente que je doute que ce soit la vraie raison. Peut-être y avait-il une émulation entre les élèves de Liszt pour en faire autre chose ? Il faudrait creuser cela. En tout cas, Liszt ne semble pas avoir retenu ces versions-là.



    Commun à tous ou presque : la tendance à arpéger des accords qui ne sont pas écrits ainsi, la fluctuation de tempo parfois incohérente, le peu de précision de certains rythmes avec des tendances à transformer par exemple les « croche pointée-double » en « croche double pointée-triple ».
    À entendre ces quelques pianistes, il me semble bien qu'il y a des tendances d'interprétation propres à certaines époques, ce que va s'empresser, j'espère, de contester Alain! En tout cas, il y a des choses que plus personne ne fait aujourd'hui, c'est évident!



    Si cela vous intéresse (mais seulement à cette condition, parce que c'est du boulot!), je poursuivrai bientôt avec des pianistes comme Saint-Saens, Busoni, Hofmann, Rachmaninoff et autres...







  2. #2
    Membre Avatar de Fou des chutes
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    Moi oui, Patricia.

  3. #3
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    [quote=Patricia;46433]Bonsoir,
    Si cela vous intéresse (mais seulement à cette condition, parce que c'est du boulot!), je poursuivrai bientôt avec des pianistes comme Saint-Saens, Busoni, Hofmann, Rachmaninoff et autres...

    En tout cas, voila un compte-rendu très impressionnant. Moi aussi, je suis plus que convaincu que chaque époque produit ses "tics d'interprétations". En fait,ça me paraît tout simplement inévitable; et la prétention à l'objectivité de notre époque est en elle-même une de ses caractéristiques, disons, naïve.

  4. #4
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Moi aussi, la suite m'intéresserait...

  5. #5
    Membre Avatar de Theo B
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    Bien sûr, moi aussi. J'ai écouté quelques vidéos de Von Sauer, je suppose que l'on parlera aussi de Hoffmann et Rosenthal que j'ai un peu écoutés aussi.

    Récemment j'avais écouté à peu près tous les 27/2 disponibles sur youtube (en reb majeur, pas mineur), et parmi les anciens, Von Sauer m'avait assez plu dans mon souvenir. Je ne suis généralement pas très sensible aux bizarreries d'époque, cela m'est un peu égal si j'ai l'impression qu'il y a la marque d'un discours et d'une intensité.

    Et puis, ces caractéristiques de la génération 1840-1860, on les retrouve encore plus ou moins atténuées chez des pianistes nés entre 1870 et 1890, non? Schnabel, mais même Fischer, Backhaus, Solomon, etc.

  6. #6
    Membre Avatar de Patricia
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    Rachmaninoff joue Rachmaninoff
    - Prélude en ut # mineur op. 3/2
    Le lento est pris très lent mais très irrégulier aussi. C’est régulier jusqu’à la descente des accords à la mesure 6 qui coule rapidement, avant de s’arrêter sur les accords de la mesure 9 qui sont très lents, plus lents encore que le tempo du début. Le même schéma d’accélération puis freinage se répète mesure 11. L’Agitato est très beau, avec une très mélodieuse main droite, mais curieusement, Rachmaninoff ne fait pas les accents qu’il écrit dans la pluie d’accords fff et son « Tempo primo » est beaucoup plus rapide qu’au début. En tout, je trouve que c’est une belle version, très expressive.

    Rachmaninoff joue Chopin :
    - Scherzo en si b mineur op. 31
    Très belle version de ce scherzo, très véloce et agile, superbement expressive aussi dans les parties intermédiaires. Effets d’écho sur les triolets sotto voce. Ici aussi, tendance à arpéger ce qui n’est pas écrit comme tel, un peu trop souvent.

    - Grande valse brillante op. 18.
    J’aime moins le jeu de Rachmaninoff ici, très peu aérien et qui transforme parfois la valse en un ländler ! Recherche évidente d’effets, dans l’agogique, dans la dynamique, un peu empruntés à mon goût.


  7. #7
    Ne serait-il pas possible de mettre quelques uns de ces enregistrements sur la playlist du forum ?

  8. #8
    Membre Avatar de Patricia
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    Evidemment, cela permettrait que chacun se fasse une idée. Mais d'une part, je n'ai pas encore installé ce machin, et d'autre part, les disques que je commente ici sont - pour l'instant - des 33 tours... que j'aimerais d'ailleurs beaucoup repiquer sur CD! Mais la technique, cela me pompe tellement...!

    Désolée...

  9. #9
    - Avatar de mah70
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    Bonsoir.

    Les enregistrements dont parle avec soin Patricia sont ceux faits pour Welte Mignon, c'est à dire un piano spécial, perforant un rouleau de papier pour "enregistrer" la musique. Il fallait ensuite jouer ce rouleau de papier avec l'un de ces charmants petits appareils (ici une version piano droit pour petits intérieurs):



    Or, je crains qu'ils ne soient pas libres de droits: si la "perforation" originelle est bien assez vieille pour être dans le domaine public, le réenregistrement avec des méthodes de prise de son modernes date lui de moins de 50 ans, et appartient donc toujours à l'éditeur du phonogramme, comme dit le Code de la Propriété Intellectuelle.

    Cela dit, voici une proposition honnête: je pourrais demander à Eve de mettre sur le juke-box quelques enregistrements de piano un poil antiques que j'ai.
    J'avais lu quelque part que les enregistrements Welte-Mignon étaient parfois un peu arrangés pour améliorer la technique potentiellement défaillante des pianistes (on bouche un trou au mauvais endroit, on en perce un au bon et hop, finie la fausse note), et le rendu du toucher est parfois problématique.
    Patricia, si vous estimez que cela vaut la peine et que le son comprimé en mp3 vous le permet malgré sa dégradation, vous pourriez comparer les enregistrements directs avec ceux dont vous parlez ici, pour vérifier si des différences notables existent entre ces deux techniques, et si les pianistes adaptaient leur style au moyen de reproduction. Je peux même tenter de trouver des enregistrements d'œuvres communes: la valse Op.18 de Chopin a été enregistrée par Rachmaninov en 1921. Au disque, ils ne doivent pas faire les reprises, les petits gars

    Amitiés,
    mah

    Edit: à force de retoucher mon message, j'ai supprimé un point important de manière involontaire: il s'agit mettre sur le juke-box des enregistrements acoustiques par les mêmes interprètes que ceux dont parla Patricia, sinon la comparaison n'aurait aucun sens... Il faut vraiment que j'aille me coucher, moi
    Dernière modification par mah70 ; 20/11/2008 à 01h07.
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  10. #10
    Membre Avatar de Patricia
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    Citation Envoyé par mah70 Voir le message

    J'avais lu quelque part que les enregistrements Welte-Mignon étaient parfois un peu arrangés pour améliorer la technique potentiellement défaillante des pianistes (on bouche un trou au mauvais endroit, on en perce un au bon et hop, finie la fausse note), et le rendu du toucher est parfois problématique.
    Il y a chez les spécialistes une polémique sur le mode d'enregistrement des Welte-Mignon et quelques autres fabricants de pianos mécaniques de la même époque. Avant 1904, on ne pouvait enregistrer que les notes, et c'est l'interprète du rouleau qui en donnait les nuances et le tempo, les ralentis ou accélérations. Welte sortit alors des enregistrements supposés être les parfaits originaux des pianistes auteurs des rouleaux, et c'était une révolution. D'autres firment suivirent. Mais aucune ne fit patenter son invention, et jusqu'aujourd'hui, on ne sait pas comment étaient enregistrés tous les paramètres de la musique, jusqu'au système AMPICO, bien plus tard. Et donc, certains pensent qu'effectivement, les rouleaux étaient arrangés et manipulés, mais que ce n'était pas l'interprétation du pianiste lui-même. D'autres pensent que si, et que ce n'est pas parce qu'on ne sait pas comment c'était enregistré que cela n'a pas existé.

    Patricia, si vous estimez que cela vaut la peine et que le son comprimé en mp3 vous le permet malgré sa dégradation, vous pourriez comparer les enregistrements directs avec ceux dont vous parlez ici, pour vérifier si des différences notables existent entre ces deux techniques, et si les pianistes adaptaient leur style au moyen de reproduction. Je peux même tenter de trouver des enregistrements d'œuvres communes: la valse Op.18 de Chopin a été enregistrée par Rachmaninov en 1921. Au disque, ils ne doivent pas faire les reprises, les petits gars

    Amitiés,
    mah

    Edit: à force de retoucher mon message, j'ai supprimé un point important de manière involontaire: il s'agit mettre sur le juke-box des enregistrements acoustiques par les mêmes interprètes que ceux dont parla Patricia, sinon la comparaison n'aurait aucun sens... Il faut vraiment que j'aille me coucher, moi
    Dans l'op. 18 de Chopin sur rouleau, Rachmaninov ne fait pas non plus les reprises!!
    Oui ce serait intéressant de comparer les versions rouleau et phonographe des mêmes interprètes pour les mêmes oeuvres (c'est bien de cela dont vous parlez, j'ai bien compris?).


    J'essaierai de continuer ce soir, si j'ai le temps!

  11. #11
    - Avatar de mah70
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    Bonjour.
    Citation Envoyé par Patricia Voir le message

    Oui ce serait intéressant de comparer les versions rouleau et phonographe des mêmes interprètes pour les mêmes oeuvres (c'est bien de cela dont vous parlez, j'ai bien compris?).
    Précisément. Je souhaiterais vraiment savoir s'il existe des différences notables. Mais la comparaison risque d'être limitée, car pas mal d'interprètes ayant enregistré chez Welte-Mignon n'ont pas trop gravé de disques à la même époque... Rachmaninov, Hofmann et Paderewski sont ceux qui me semblent les plus aptes à avoir fait "tronc commun" entre le rouleau et le disque. J'ai aussi quelques enregistrements de Saint-Saëns dans ses propres œuvres. Pour plus de matière, il faudra que je me penche sur mes réserves comme sur ce qui se trouve sur Internet.

    Amitiés,
    mah
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  12. #12
    En attente de confirmation
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    Citation Envoyé par Patricia Voir le message
    Evidemment, cela permettrait que chacun se fasse une idée. Mais d'une part, je n'ai pas encore installé ce machin, et d'autre part, les disques que je commente ici sont - pour l'instant - des 33 tours... que j'aimerais d'ailleurs beaucoup repiquer sur CD! Mais la technique, cela me pompe tellement...!
    Désolée...
    Je vais empiéter sur le forum équipements audio et technique du son, mais c'est ici qu'est évoquée la question, donc j'apporte un élément d'info ici - quitte à ce qu'on délocalise ensuite.
    Sans aucune pub parallèle, ni intéret perso ni garantie quels qu'ils soient, il existe des appareils qui facilitent le transfert, et parmi eux je signale celui-ci :
    Platine ION LP2CD
    C'est un 2 en 1 incluant :
    - d'une part un tourne-disques très classique tel que j'en connus autrefois (et d'autres aussi !) jusqu'à l'apparition du CD
    - d'autre part un graveur de CD (mémoire 700 Mb, càd 80 mn)
    Cela permet sans complication de transférer un vinyle sur CD, standards PC et Mac, dans plusieurs formats (MP3, WAV, etc.)
    Cela permet aussi d'atténuer par des réglages divers les craquements, pétillements de toutes sortes inhérents aux vinyles de 30 ou 40 ans d'âge parfois mal gravés et souvent beaucoup écoutés, de gagner en niveau, de modifier la réverb, et autres.
    On peut regretter que ce ne soit équipé que d'un graveur CD : avec un graveur DVD, on aurait pu utiliser des ... dvd ! et ainsi stocker plus sur un même support.
    Mais en l'état, c'est un outil déjà intéressant.
    Bien sûr, rien n'étant parfait, cela à un coût : aux alentours de 550 € ... Mais Noël approche !

    Je ne connais que cela, mais il est tout à fait possible qu'il existe d'autres appareils analogues par d'autres fabricants, et à d'autres prix.

    Si cela peut intéresser vous et d'autres forumistes, vous pourrez creuser la question.

    Pour les enregistrements Welte-Mignon, il y avait autrefois eu des transferts sur vinyle, et je me demande même si certains n'avaient pas un temps été édités en CD - il me semble .... mais je peux me tromper.

    Pour en avoir entendu, et sans crier au miracle, néanmoins eu égard à l'époque et à la technologie, la restitution était tout à fait étonnante. Debussy par lui-même, ou St-Saëns ...
    Dernière modification par The Fierce Rabbit ; 20/11/2008 à 14h51.

  13. #13
    Membre Avatar de Patricia
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    Busoni

    Busoni (1866-1924)
    Il s’agit ici non d’enregistrements sur rouleaux, mais d’enregistrements de la Columbia du 27 février 1922

    Chopin : Prélude op. 28 n°7 en la Majeur
    Sur la forme : Busoni rajoute pas mal de mesures, en gros il invente des reprises (2, en fait), qu’il varie un peu. Et il invente une nouvelle fin !
    Sur le fond : l’andantino est pris assez vite, mais en tout, c’est du très beau piano, il n’y a pas à dire, un pianiste qui avait le sens de la couleur !

    Chopin : Etude op. 10 n°5 en sol b
    Quelle délicatesse de doigté, quelle légèreté à la main droite ! Quelle solide main gauche aussi.
    Vraiment du très beau piano… et qui ne change rien à la partition, cette fois !

    Sur le disque, il y a une 2e version de cette même œuvre, mais qui n’offre pas grand différence.


    Chopin : Etude op. 25 n°5 en mi mineur
    Ce qui frappe au premier abord, c’est la lenteur avec laquelle Busoni prend le tempo vivace : du 40 à la blanche pointée ! Mais en fait, il joue énormément sur le tempo, qui peut s’accélérer ou se ralentir brusquement, surprenant dans ses effets, exagéré dans les extrêmes, mais il faut le reconnaître, toujours très bien sentis, même si je comprendrais que cela puisse exaspérer certains… Dans la partie Più lento, qui s’avère en réalité être plus rapide !, la main gauche chante merveilleusement.

    Chopin : Nocturne op. 15 n°2 en Fa # majeur
    Les licences de rythme et de tempo me donnent ici le mal de mer. Autant elles me semblaient cohérentes dans l’Etude précédente, autant je ne les comprends pas ici. Je trouve que c’est plein de chichis. Il transforme aussi la partition dans les mesures 12 à 14 et les correspondantes de la reprise, comme s’il ne voulait pas toutes ces ornementations dans la première partie, mais plus dans la seconde… Je crois que je préfère la version de Pugno décrite dans mon premier post, même si aucune des deux ne me touche vraiment.

    Liszt : Rhapsodie hongroise n°13 (abrégée, indique la pochette du disque – 6’09. À titre de comparaison, celle de Cziffra fait 8’31)
    Effectivement, plusieurs passages sont coupés dans l’ Andante sostenuto, avec quelques changements pour les transitions. Il fait par contre la reprise du Vivace. Pour le reste, une totale légèreté et souplesse dans la virtuosité, complètement maitrisée et qui paraît si facile sous ses doigts, avec des pianissimi et des crescendi remarquables.

    Bach : Prélude et fugue en ut majeur du 1er cahier du CBT
    Le Prélude est assez impersonnel, assez inintéressant à mon goût. Dans la fugue, là le tempo rubato gêne franchement, c’est assez romantique, je trouve.





    Avant de refermer cette page Busoni pour ce soir, j'ai trouvé 2 articles dans le Monde musical sur des concerts donnés à Paris par Busoni à 6 ans d'intervalle, et que je vous livre:


    Article du Monde Musical du 30.1.1914 (extraits)
    […sonorité prodigieuse – analyse intéressante de sa sonorité]
    « J’en viens à l’interprétation. On peut ne pas l’aimer entièrement ni l’approuver toujours, mais elle est au moins toujours intéressante sinon toujours charmeuse, et elle procède par trouvailles dans un genre ou dans un autre. M. Busoni semble ‘composer’ en jouant, il paraît se servir simplement des matériaux de Liszt en exécutant sa Sonate en si mineur, de Beethoven en jouant les Bagatelles ou la Sonate op. 109, et de Chopin en donnant les Préludes ou les Etudes. Et de fait il en fait souvent du Busoni…., mais son interprétation est voulue et réfléchie, presque toujours soumise et volontiers sacrifiée à des trouvailles pianistiques ou de sonorité. C’est principalement dans Chopin, dans quelques Etudes ou dans les Préludes n° 4, 6, 15, 17, et 20 que l’on peut davantage reprocher à M. Busoni son interprétation du texte. Mais il est un autre genre ‘d’inexactitudes’ dans lequel M. Busoni se fait facilement absoudre parce qu’il s’y montre toujours artiste : je veux parler des transcriptions et des arrangements qu’il apporte aux textes écrits. Pour quelques mesures inutiles, intercalées dans les Etudes de Chopin, ou pour le scrupule assez relatif de la transcription des chorals de Bach, quelle compensation que cette trouvaille de la basse dans la bourrée-musette d’une Bagatelle de Beethoven, sûrement plus ingénieuse que celle de l’auteur lui-même ; ou cette autre basse, sans arrêt et d’un seul crescendo constant, qu’il donne à ses octaves dans la grande Polonaise en la bémol de Chopin ; en encore cette transcription beaucoup plus « clochette » encore qu’il donne à la Campanella de Paganini-Liszt. Ce jeu est dangereux, sans doute, et il faut un art consommé et du tact pour que les œuvres puissent y gagner. »
    Laurent Ceillier


    Le Monde Musical de mars 1920
    « […] Le technicien est, de l’avis unanime, insurpassable. On ne se souvient pas avoir entendu mieux jouer du piano et quelle variété, quelle souplesse dans la sonorité, sur le merveilleux Erard !
    Les avis sont beaucoup plus partagés en ce qui concerne l’interprète. Génial, disent les uns ! Scandaleux, disent les autres ! […]
    Si on pose comme première condition que l’interprète doit être fidèle au texte, il est certain que Busoni ne la remplit pas. Il révise Beethoven, il coupe Mozart, il retravaille Bach…
    Mais il le fait avec tellement d’art, tellement d’habileté, ajoutent ses thuriféraires que… c’est sublime !
    S’il ne traduit pas exactement la note, comment se comporte-t-il en regard de l’esprit de l’œuvre ?
    Fort bien, à notre avis, avec Bach et Liszt. On ne fait pas mieux chanter les fugues, on ne détaille pas avec plus de clarté l’Aria et Variations de Goldberg, ni le Caprice sur le départ d’un ami ; on n’évoque pas d’une manière plus saisissante les tableaux descriptifs que sont les deux Légendes de Saint-Francois. Mais avec Beethoven et Chopin, nous ne nous sommes plus trouvés entièrement d’accord. Non pas que les interprétations de ces deux maîtres doivent rester dans les limites étroites qu’on leur assigne généralement, mais parce qu’il nous semble que toutes les recherches doivent tendre vers le naturel et la simplicité.
    Ces qualités essentielles ne furent pas celles par quoi se firent remarquer les interprétations de l’Aurore, de l’op. 106 et des 4 Ballades, au plus haut point intéressantes, pleines d’imprévu, de trouvailles, mais très éloignées de tout ce que nous croyons être le style beethovénien, ou l’âme de Chopin."


    Bonne soirée!
    Patricia




  14. #14
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    Pour répondre à Fierce, oui cet instrument (dont il est aussi question ailleurs et en meilleure place sur le forum) est bien alléchant... néanmoins, en ce qui me concerne, plutôt que de l'acheter, je préférerais pouvoir porter mes vinyles précieux (ou que je n'ai pas rachetés en CDs) quelque part où on me ferait des copies, mais je ne verrais pas vraiment l'intérêt d'avoir cet engin (surtout à ce prix-là!) à tout jamais, vu que je n'en aurais plus l'utilisation une fois les copies faites... Savez-vous si cela se fait?

  15. #15
    Membre Avatar de Jürgen
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    Bonjour,

    Je ne connais pas d'enregistrements à partir de rouleaux Welte, mais cela m'intéresse. Je commence donc par une question de béotien: Si on fait un test à l'aveugle entre un enregistrement Welte et un enregistrement "normal" par un pianiste, est-ce qu'on entend que le premier est généré par un procédé méchanique ?

    De toute façon, un grand merci à Patricia pour ces compte-rendus.

    Jürgen

    P.S., Sur CD on trouve, entre autres, 3 volumes chez Naxos et une série de 11 CD chez Tacet.
    Dernière modification par Jürgen ; 21/11/2008 à 11h22.

  16. #16
    Membre Avatar de Patricia
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    Merci pour le lien Tacet, Jürgen. Et pour ceux qui lisent l'allemand et voudraient en savoir plus sur ces pianos et leur mode de fonctionnement, le site offre également une présentation intéressante avec des photos:
    http://www.tacet.de/main/seite1.php?...name=welte.php

    Maintenant, pour la question que vous posez, je dirais que cela dépend des enregistrements! Pour les Welte, cela dépend bien sûr du piano sur lequel on fait jouer le rouleau, cela peut donc être très bon comme très mauvais! Il existe d'ailleurs un CD de rouleaux fait par Pascal Marcellin, qui à l'aide de logiciels inventés pour cela, très sophistiqués, a enregistré - ou plutôt rendu - les rouleaux avec un son entièrement numérisé de piano. Et ma foi, ce n'est pas mal! Avec une mécanique bâtie sur un Steinway moderne, on ne devrait pas entendre qu'il s'agit d'un rouleau...



  17. #17
    - Avatar de mah70
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    Bonsoir.

    Je remonte ce fil car une inspiration subite m'a saisie: plutôt que de mettre les enregistrements "réels" (c'est-à-dire les enregistrements acoustiques sur disques) des artistes dont parle Patricia sur le juke-box, pourquoi ne pas les chercher sur YouTube?

    Donc voici ce que j'ai trouvé (en espérant que les indexations YouTube ne soient pas enduites d'erreur):

    Paderewski - Schubert, Impromptu Op.142/3 (1924)



    Paderewski - Chopin, Etude Op.10/3 (1927)



    Pugno - Chopin, Nocturne Op.15/2 (Pas de date mais j'avais lu quelque part que Pugno avait enregistré surtout vers 1904-1906)



    Rachmaninoff - Chopin, Valse Op.18 (1921, date prise sur mon CD RCA)



    Je dois admettre que je ne soupçonnais pas qu'on pouvait trouver des enregistrements de Pugno sur le net! Il y a d'ailleurs d'autres œuvres par lui, jusqu'à du Chabrier, dites-moi...


    mah
    Dernière modification par mah70 ; 25/11/2008 à 21h56.
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  18. #18
    Membre Avatar de Patricia
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    Merci Mah! C'est une fort bonne idée, je ne savais pas qu'il y avait tant de choses sur youtube (et j'avoue que je n'avais pas eu la curiosité de regarder). Mais apparemment, il n'y a pas souvent les dates d'enregistrement, et c'est dommage...

    J'ai aussi encore plein d'autres enregistrements à présenter, notamment de Joseph Hofmann... Mais comme j'ai très peu de temps en ce moment, j'espère que d'autres vont prendre le relais et faire vivre ce fil.

    À bientôt!

  19. #19
    - Avatar de mah70
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    Oups, j'ai oublié les dates... Je corrige dans le message d'origine...
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  20. #20
    Il me semble me souvenir d'une anecdote racontée par Malaparte dans sa Technique du coup d'État. A une question cruciale du chef de l'état polonais Pilsudski, si mes souvenirs sont bons il était question de l'opportunité de dissoudre la Diet, le premier ministre Paderewski répondit par une mélodie, jouant lui-même du clavecin et accompagné par un soldat au clairon.

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