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Discussion: Jean Cras

  1. #1
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    Jean Cras

    Voici ce qu'écrivait Albert Roussel le 18 septembre 1932, dans une lettre adressée à René Dumesnil et à sa femme :

    "Chers amis,

    "Nous avons été, nous aussi, bien douloureusement surpris en apprenant la mort de Jean Cras que nous ne savions pas malade. Le pauvre garçon a dû abuser de ses forces en menant de front deux carrières aussi absorbantes que la marine et la musique. Il disparaît au moment où il arrivait au but de ses efforts ! - Quelle tristesse pour tous les siens déjà si éprouvés dans la catastrophe du Prométhée ! (...)"

    NB : le Prométhée était un sous-marin de la marine française qui, lors de ses essais au large de Cherbourg, coula par suite d'une fausse maneuvre qui entraîna l'ouverture des ballasts; sauf le commandant projeté à la mer, tous périrent, notamment le neveu de Jean Cras, Jacques de Fourcault, fils de la soeur du compositeur.

    Qui était Jean Cras (1879-1932) ? Sans aucun doute une personnalité hors du commun et très attachante. Et on peut le dire, je crois, tant de l'homme que de la musique qu'il a composée.

    Pour ce premier message, je me borne à montrer quelques photos, suivies d'un texte de Michel Fleury figurant dans l'un des albums que je possède.

    Jacques

    ----------------------------------------------------------------------








    "Plus qu'aucune autre, la musique de Jean Cras est une musique du nécessaire. Chez ce brillant officier de marine (promu en 1923 le plus jeune capitaine de vaisseau de France), composer n'était pas un passe-temps destiné à occuper ses loisirs, mais une ardente obligation d'«obéir à une volonté supérieure», lui dictant ses volontés. La simplicité foncière de sa musique - mais empreinte de raffinement et de couleur - est le gage de sa sincérité. Cras n'a pas cultivé la technique pour elle-même: le savoir n'est pour lui qu'un moyen lui permettant d'accéder à la réalisation la plus parfaite de l'œuvre qui lui est prescrite par cette voix supérieure. Tel est le sens des conseils précieux glanés auprès d'Henri Duparc, dont le jeune enseigne de vaisseau devient en 1901 l'unique disciple, évitant par là l'écueil d'un dangereux amateurisme. On ne le répétera jamais assez : à partir de 1910, et malgré les lourdes obligations de sa carrière de marin, Cras était en possession d'un merveilleux métier de compositeur. Il le devait à Duparc et à la ténacité atavique de sa nature de breton. Mais cette technique acquise assez tard ne bridera jamais la spontanéité et la liberté d'un chant jailli de l'âme. Dans ses compositions les plus savantes, l'opéra Polyphème d'après Albert Samain, le Journal de bord pour orchestre, le Concerto pour piano ou les deux Quintettes, Jean Cras conserve un ton simple et direct qui trouve instinctivement la voie du cœur.

    "Saturée de réminiscences populaires de sa Bretagne natale, sa musique sait concilier un grand raffinement d'écriture avec la touchante naïveté de l'inspiration, ce en quoi Cras serait le véritable «frère en art» de Moussorgski. Est-ce un hasard si l'un et l'autre ont miraculeusement retrouvé l'innocence et la pureté de l'enfance, l'un dans ses Âmes d'enfants, l'autre dans ses Enfantines? Ce mélange de fraîcheur et d'élégance reflète «les yeux clairs du marin, son abord à la fois réservé et avenant, sa distinction native» (Gustave Samazeuilh). Derrière le masque nécessairement inflexible de l'officier se dissimulait une sensibilité extrême qu'expriment avec une remarquable précision les lettres admirables qu'il écrivait à sa femme.

    "Certains pourront regretter que Cras ne se soit pas entièrement voué à la musique, comme Rimsky, Roussel ou Mariotte, qui répudièrent la carrière de marin. Mais peut-être est-ce justement ce qui fait tout le prix de son art, art né de la vie, riche en déchirements douloureux (l'éloignement des siens), mais riche aussi d'expériences et de spectacles accumulés sous des cieux lointains. La nostalgie de la terre natale d'Armorique qui perce si constamment au travers des tournures rythmiques, harmoniques et mélodiques se serait-elle faite si pressante si Cras n'avait été souvent séparé de son pays ? Le spectacle de coutumes et de croyances éloignées des nôtres lui fit prendre conscience de l'universalité de la foi religieuse, confirmant et élargissant un mysticisme foncier qui explique une bonne part du caractère «inspiré» de sa musique. Et il rapporta de ces lointaines courses des souvenirs musicaux et des notations auxquels l'exotisme si personnel du Concerto pour piano, du Quintette avec piano ou de La Flûte de Pan sont largement redevables.

    "De mai 1916 à mai 1918, Jean Cras commande le torpilleur Commandant-Bory en campagne dans l'Adriatique : époque douloureuse par la séparation qu'elle impose d'avec les siens, et que reflètent les courriers adressés à sa femme. Il s'illustra par une conduite héroïque (sauvetage d'un matelot projeté à la mer et envoi par le fond d'un sous-marin ennemi) et un entrain qui lui valurent plusieurs citations. Les rares moments de liberté sont mis a profit pour terminer l'orchestration de Polyphème, et voient la naissance de trois cycles pianistiques : Danze, Paysages, et les Âmes d'enfants, suite pour les six petites mains de ses trois filles, Isaure, Colette et Monique."

    ----------------------------------------------------------------------

    Dernière modification par Jacques ; 22/11/2008 à 15h27.

  2. #2
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    Citation Envoyé par Jacques Voir le message
    Voici ce qu'écrivait Albert Roussel le 18 septembre 1932, dans une lettre adressée à René Dumesnil et à sa femme :


    ...

    Qui était Jean Cras (1879-1932) ? Sans aucun doute une personnalité hors du commun et très attachante. Et on peut le dire, je crois, tant de l'homme que de la musique qu'il a composée.

    Pour ce premier message, je me borne à montrer quelques photos, suivies d'un texte de Michel Fleury figurant dans l'un des albums que je possède.

    Jacques
    Bonjour Jacques,

    Colette Cras, la fille de Jean Cras, a épousé le compositeur Alexandre Tansman, dont nous avons parlé dans ce forum.

    Un CD paru avec le label Office inclus des oeuvres pour piano de Jean Cras et de Tansman
    A Tribute To Alexandre Tansman
    Including Jean Cras
    © 2006 Office Pcc
    Tetsu & Masaki Nishihara, piano Duo
    Kae Nishihara, Piano Solo


    Claude Torres
    Dernière modification par Claude Torres ; 22/11/2008 à 15h42.

  3. #3
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    Citation Envoyé par Claude Torres Voir le message

    Colette Cras, la fille de Jean Cras, a épousé le compositeur Alexandre Tansman, dont nous avons parlé dans ce forum.
    Merci beaucoup, Claude , pour cette information que j'ignorais totalement (bien qu'ayant évoqué Tansman sur le fil qui lui est consacré, à propos de sa musique pour piano).

    Jacques

  4. #4
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    L'oeuvre de Jean Cras n'est pas très abondante, ce qui n'a rien de surprenant vu son activité de marin. ll avait toutefois fait installer un piano dans sa cabine de commandant, ce qui lui permettait de garder un contact direct avec la pratique musicale et l'aidait à composer chaque fois qu'il en avait le temps.

    Ses compositions pour orchestre tiennent toutes sur ce double album Timpani paru en 1996, où elles sont interprétées par l'Orchestre Philharmonique de Luxembourg dirigé par le pianiste lausannois Jean-François Antonioli (c'est ce dernier qui se distingua comme soliste, il y a une vingtaine d'années, par un remarquable disque Frank Martin, ainsi que tout récemment par une intégrale de l'oeuvre pour piano d'Arthur Honegger) :




    Dans l'ordre chronologique de composition, il y a :

    - la version pour orchestre des pièces intitulées Âmes d'enfants [1918], avec successivement Pures, Naïves et Mytérieuses, des pièces d'abord écrites pour piano à l'intention des trois filles du compositeur (il y en a une version pour quatre mains et une autre pour six mains); ce sont de "claires mélodies qui s'épanchent aux voix de l'orchestre" et qui "ont toute l'innocence des chansons enfantines";

    - la suite Journal de bord [1927 - composée à bord de La Provence], avec I. "Quart de huit à minuit - houle au large, ciel couvert se dégageant au coucher du soleil, rien en vue", II. "Quart de minuit à quatre - très beau temps (TBT), mer très belle (MTB), rien de particulier (RDP), clair de lune", III. "Quart de quatre à huit - la terre en vue droit devant"; au sujet de cette oeuvre, splendide, Michel Fleury note ce qui suit :

    "Assurément, cette suite symphonique dénote une approche singulièrement différente de celle du chef-d'oeuvre de Debussy : les figurations descriptives ou imitatives sont ici réduites à l'essentiel, les impressions sensorielles cèdent le pas à un sentiment de ferveur intense, culminant dans les extases du mouvement lent. Le panthéisme mystique de La Mer laisse ici place à un acte de foi religieux d'une rare élévation, avant que le final ne salue notre retour vers le royaume des humains. Dans l'oeuvre de Debussy, l'homme s'efface et laisse parler les éléments. Chez Cras, il est au contraire au premier plan : il s'agit bien ici de l'effusion toute romantique d'une âme s'abandonnant à la contemplation et au mystère du monde. (...)";

    - Légende pour violoncelle et orchestre [1929], une composition toute imprégnée de "l'imaginaire celtique" qui "grouille de fées, de sorcières, de fantômes et de marmousets" (...) peuplant "les récits d'Anatole Le Braz, Charles Le Goffic, ou Gustave Toudouze"; Michel Fleury fait en outre la remarque suivante :

    "Au terme d'épisodes tourmentés faisant la part belle au violoncelle pour "mener la danse", le dernier mot revient au motif lyrique, après une généreuse effusion à l'inimitable saveur plagale, fleurant bon le terroir. Véritable miracle de "magie celtique", la Légende reste l'une des meilleures pages de son auteur.";

    - le Concerto pour piano et orchestre [1931] dédié à Colette Cras, fille du compositeur; le livret précise en effet (ce que j'avais totalement oublié, d'où mon impression de ne l'avoir jamais su avant la remarque de Claude) que Colette Cras était alors la "future épouse" d'Alexandre Tansman et qu'elle créa l'oeuvre un an après sa composition, aux Concerts Pasdeloup; c'est un concerto d'inspiration nettement romantique, à propos duquel Michel Fleury écrit ce qui suit :

    "(...) ce concerto est également la consécration d'une tradition de classicisme bien français par un sens hautement personnel de la forme, qui se refuse toute allégeance au plan préétabli et au développement académique : cette liberté s'affirme dans la structure du premier mouvement, par laquelle les nécessités de l'expression poétique prennent le pas sur les sempiternels canons du genre."


    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 22/11/2008 à 18h45.

  5. #5
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    En ce qui concerne la musique de chambre, domaine de prédilection de Jean Cras, je ne possède pour l'instant que ces deux disques (le premier depuis longtemps, le second depuis seulement quatre jours) :




    Les trois oeuvres du premier disque sont très séduisantes :

    - le Trio pour violon, alto et violoncelle [1926], avec dans le mouvement lent une polytonalité étonnamment moderniste chez ce compositeur qui ne fut pas un révolutionnaire, est une parfaite réussite; le livret le qualifie à juste titre d' "oeuvre pleine de charme, de poésie, imprégnée de senteurs orientales, mais fortement inspirée aussi de tonalités celtiques";

    - le Quintette pour harpe, flûte, violon, alto et violoncelle [1928], où l'on "sent l'air du large, la beauté d'un navire en mouvement, les affrontements fluides de l'air et de l'eau qu'entrecoupent les images des escales d'Asie et du Proche Orient", révèle par ses harmonies voluptueuses (on songe bien sûr au Ravel d'Introduction et allegro, parfois même à la Sonate pour flûte, alto et harpe de Debussy) un "impressionnisme" très marqué, mais c'est surtout à celui d'Albert Roussel "première manière" qu'il me fait penser;

    - La Flûte de Pan, pour voix de baryton, flûte, violon, alto et violoncelle sur quatre poèmes de Lucien Jacques [1928], avec successivement "Invention de la Flûte", "Don de la Flûte", "Le signal de la Flûte" et "Le retour de la Flûte", est une oeuvre profondément originale, d'un raffinement extrême; les quatre pièces du recueil sont construites sur une gamme de sept tons arbitrairement choisis (sol, si bémol, do, mi bémol, fa, sol bémol et la); "Ne cherchez pas si les sept notes de ma flûte correspondent à un mode usité dans quelques pays lointains", écrivit Cras à Charles Koechlin, "je les ai choisies parce qu'elles m'ont plu...".


    Le second disque contient l'oeuvre - très réduite - composée par Cras pour violon et piano, avec en complément une suite pour piano seul comprise dans l'intégrale dont je dirai quelques mots dans un autre message. Il y a :

    - la Suite en Duo [1927], comportant quatre pièces dont la dernière n'est autre qu'une Danse à onze temps, existe aussi dans une version pour flûte et piano; elle a été composée par Cras au retour d'un voyage en Guinée d'où il avait rapporté trois balafons, accordant ensuite l'un d'entre eux "en ajustant la taille des pièces de bois de façon à obtenir une gamme"; et sur cet instrument modifié, "il jouait de courts motifs qui devinrent les principaux thèmes de la Suite en Duo";

    - les Quatre pièces [1926-1929] montrent à nouveau que Jean Cras était un père particulièrement attentif et attentionné; il avait un quatrième enfant, un fils nommé Jean-Pierre, qui s'essayait quant à lui au violon; or, ces pièces charmantes et d'accès relativement aisé (avec toutefois une progression vers davantage de difficultés techniques) sont de touchants cadeaux du père à son fils; elles s'intitulent "Air varié (à Jean-Pierre pour se huit ans)", "Habanera (à Jean-Pierre pour ses neuf ans)", "Evocation (à Jean-Pierre pour ses dix ans)" et "Eglogue (à Jean-Pierre pour ses onze ans)".


    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 23/11/2008 à 15h05.

  6. #6
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    Je suis allé un peu vite en besogne, hier, en voulant aborder la musique de chambre de Jean Cras sans connaître encore son monumental Quintette pour piano et cordes [1922]. C'est maintenant chose faite, grâce à cet enregistrement réalisé pour Timpani en 2001, reparu l'an dernier sous une pochette cartonnée et que j'ai acheté aujourd'hui même :



    Si vous connaissez et appréciez les Quintettes de Florent Schmitt [1905/08] et de Paul Le Flem [1911], où en dépit de certains épanchements excessifs ou de maladresses d'écriture la musique "coule à flots" et l'inspiration semble inépuisable, il se pourrait bien que vous aimiez aussi celui de Jean Cras. Ce dernier, comme le souligne le livret joint à l'album, nous y propose au travers de ses quatre mouvements ("Clair et joyeux", "Calme et paisible", "Alerte et décidé", "Ardent et fier") une "synthèse harmonieuse de l'inspiration bretonne et de l'exotisme".

    Quant au Quatuor à cordes [1909] qui figure sur le même album, une oeuvre portant la dédicace "À ma Bretagne", c'est une composition certes moins aboutie, souffrant de certaines longueurs et gaucheries. Mais elle va aussi "droit au coeur" et fait preuve, comme le remarque le livret, "d'une maîtrise indiscutable des techniques du contrepoint et du développement : elle pécherait même par excès de leur usage, non exempt de «sur-écriture», attestant par là-même d'un long mûrissement, notamment à la lecture de Beethoven dont le jeune enseigne ne manquait jamais d'embarquer avec lui le petit exemplaire des quatuors à cordes que lui avait confié Duparc".

    Jacques

  7. #7
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    Comme il me paraît difficile de ne pas évoquer aussi, s'agissant de Jean Cras, ses mélodies, son oeuvre pour piano et son opéra Polyphème, il me reste en principe trois messages à placer sur ce fil .

    Je poursuis donc mon petit chemin solitaire avec les mélodies, auxquelles le label Timpani a consacré ce beau disque enregistré en 1994 :



    Henri Duparc ayant été son maître, Cras a évidemment subi son influence avec bonheur. A cette importante nuance près que, dans certains des recueils de la maturité, cette influence se manifeste sous des aspects très originaux, en raison notamment de l' "exotisme" des textes mis en musique. Quant au langage harmonique, d'un grand raffinement, il donne souvent l'impression d'être emprunté à un Duparc qui aurait fait siennes toutes les "innovations impressionnistes" (sixte ajoutée, pentatonisme, neuvièmes parallèles, gamme par ton, etc.).

    Complétés par quelques mélodies isolées - Douceur du soir [1901], Soir sur la mer [1929], Deux Chansons : Le Roi Loudivic et Chanson du Barde [1932] -, l'album présente quatre cycles remarquables :

    - L'Offrande Lyrique [1920], sur des textes panthéïstes de Rabindranath Tagore (traduction d'André Gide), que Jean Cras dédia à sa femme;

    - Fontaines [1924], sur des poèmes de Lucien Jacques "teintés d'une discrète nostalgie pour une antiquité païenne", un cycle comportant cinq mélodies empreintes de cette même "veine hellénique" qui caractérise l'opéra Polyphème;

    - Cinq Robaiyat [1924], sur des quatrains persans de Omar Khayyam (traduction de Franz Toussaint);

    - La Flûte de Pan [1928], déjà signalée à propos de la musique de chambre et qui est présentée ici dans une version différente (et peut-être plus "authentique"), avec voix de soprano à la place de celle de baryton, ainsi qu'une vraie flûte de pan au lieu de la flûte traversière (un "véritable tour de force", obligeant "à un constant recours à l'enharmonie pour préserver une nécessaire variété"); le livret qualifie ce cycle de "chef-d'oeuvre de liberté", offrant "une magnifique paraphrase à ce commentaire de Debussy : «Quand le dieu Pan assembla les sept tuyaux de la syrinx, il n'imita d'abord que la longue note mélancolique du crapaud se plaignant aux rayons de la lune. Plus tard, il lutta avec le chant des oiseaux. C'est probablement depuis ce temps que les oiseaux enrichissent leur répertoire. Ce sont là des origines suffisamment sacrées, d'où la musique peut prendre quelque fierté, et conserver une part de mystère...»."

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 24/11/2008 à 17h29.

  8. #8
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    Jacques, et merci de ces passionnantes contributions

    Citation Envoyé par Jacques Voir le message
    Je suis allé un peu vite en besogne, hier, en voulant aborder la musique de chambre de Jean Cras sans connaître encore son monumental Quintette pour piano et cordes [1922]. C'est maintenant chose faite, grâce à cet enregistrement réalisé pour Timpani en 2001, reparu l'an dernier sous une pochette cartonnée et que j'ai acheté aujourd'hui même :


    Un bon enregistrement, peut-être, pour découvrir ce compositeur lorsqu'on ne le connaît pas (ce qui est mon cas ) ?

  9. #9
    Membre Avatar de Jacques
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    Bonsoir Philippe ,

    Mon énorme retard à vous répondre vient de ce que j'ai passé des heures à me fabriquer un avatar faisant pour moi "couleur locale" (suisse ), où l'on voit Ernest Ansermet discutant avec Arthur Honegger en souriant (s'agissant du chef, c'était plutôt rare ). Il est vrai qu'au final on ne distingue plus grand chose, mais l'intention y était .

    L'enregistrement que vous désignez est bon, à mon avis. Encore qu'avec un compositeur comme Jean Cras, les versions de ses oeuvres ne courent vraiment pas les rues (sans le label Timpani, ce serait presque "le désert"). Si bien que le choix est pour ainsi dire inexistant. Il y a aussi le fait que tous les disques que j'ai déjà montrés sont en principe encore au prix fort, du moins à ma connaissance, ce qui peut représenter un certain obstacle.

    Cela dit, pour un premier contact avec ce compositeur aussi sympathique que doué, je me demande s'il ne serait pas préférable de commencer par l'album consacré à la musique pour orchestre (il y a deux CDs, mais je crois que l'album coûte quand même moins cher que deux disques vendus séparément) ...

    Mais c'est en définitive une question d'intérêt et de goût personnels, et la musique de chambre peut aussi faire l'affaire .

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 25/11/2008 à 01h37.

  10. #10
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    Le disque que je montre ci-dessous, à côté d'une photo prise vers 1922 où l'on voit le capitaine de frégate Jean Cras assis au piano qu'il avait installé dans sa cabine du contre-torpilleur Amiral-Sénès (un vrai "placard à balais", cette étroite cabine, mais notre homme ne pouvait se passer de musique),



    a été gratifié d'un "10 de Répertoire" et présente la totalité de son oeuvre pour piano, à l'exception des Âmes d'enfants dans leur version originale pour quatre ou six mains (trois pièces dédiées par le compositeur à ses filles). Cette oeuvre se compose des recueils suivants :

    - cinq Poèmes intimes [1902-1910], comprenant "En Islande", "Preludio con fughetta", "Au fil de l'eau", "Recueillement" et "La Maison du matin"; ces "paysages intérieurs", au demeurant très variés, se caractérisent par une relative simplicité mélodique, ainsi que par la clarté et la fluidité de l'écriture; mais une certaine influence de Debussy (qui, à cette époque, pouvait y échapper totalement ?) ainsi qu'une "tendance à la modalité ou au rythme ternaire" s'y remarquent déjà nettement; ce recueil, à sa manière, relève donc de l' "impressionnisme", mais là encore c'est davantage à celui des premières compositions pour piano d'Albert Roussel qu'il me fait penser, au travers de certains procédés harmoniques et surtout rythmiques qui leur sont propres;

    - deux Paysages [1917], "Maritime" et "Champêtre", qui révèlent les mêmes tendances mais en plus maîtrisées et originales; la première pièce, qui évoque la mer au travers de "l'échelonnement uniforme de la houle et des remous soulevés par le cours imperturbable de l'étrave", a des lignes claires et "une saveur modale prononcée"; la seconde est une danse vigoureuse et très animée, avec de continuels changements de rythmes et de mouvements;

    - quatre Danze [1917], dont les titre italiens - "Danza morbida" [Danse langoureuse], "Danza scherzosa" [Danse enjouée], "Danza tenera" [Danse tendre] et "Danza animata" [Danse animée, la plus italienne des quatre et qui "ruisselle de mélodies"] - "témoignent de l'écho éveillé chez le musicien par l'atmosphère exubérante des ports où il faisait relâche (Tarente, Brindisi...)" et qui sont l'ouvrage le plus ambitieux composé par Jean Cras pour le piano seul; Michel Fleury en fait une analyse très détaillée dans le livret joint à l'album, relevant notamment ce qui suit : "Cependant, en dehors de quelques langoureux chromatismes dans la première, et du caractère perpetuo mobile que le finale partage avec la tarentelle, on y chercherait vainement la trace d'une inspiration populaire italienne. Comme si le pays natal était encore plus présent du fait de son éloignement, les Danze nous parlent de la Bretagne : modalité fleurant bon la lande, rythmes de ronde ternaire, syncopes et rythmes inégaux; Cras a recréé ici un folklore imaginaire faisant ressurgir tour à tour l'image d'une truculente kermesse bretonne ou celle de processions entourant de graves cantiques (troisième pièce)".


    Il me reste encore à présenter l'étonnant opéra Polyphème et d'en dire quelques mots. Mais le moins que je puisse faire est de le réécouter d'abord attentivement, ce qui pourrait me prendre "un certain temps" ...

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 26/11/2008 à 13h31.

  11. #11
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    Voici le coffret contenant l'unique enregistrement à ce jour de l'opéra en quatre actes Polyphème (Timpani, 2003), que Jean Cras commença à composer en 1910 d'après un drame écrit vers 1897 par Albert Samain, dont la partition (non encore orchestrée) était achevée dès 1914 et qui fut créé avec succès à l'Opéra Comique (Paris) le 28 décembre 1922 sous la direction d'Albert Wolff, dans une mise en scène d'Albert Carré et avec dans le rôle-titre le célèbre baryton Vanni Marcoux (en dépit d'une reprise pendant la saison 1924/1925, l'oeuvre était depuis lors tombée dans l'oubli le plus total) :



    Dans la légende grecque antique, "Polyphème était l'aîné des cyclopes, fils de Poséidon et de la nymphe Thoosa. Habitant une caverne sur les flans de l'Etna, il parcourait le rivage pour piller, massacrer et dévorer les voyageurs qu'égarait la tempête, et ne rentrait que le soir se reposer en son antre. (...) Le Cylope s'éprit de la nymphe Galatée. Mais Galatée aimait Acis, un jeune pâtre dont la beauté contrastait avec la barbe négligée et les cheveux hirsutes du géant. Pour plaire à Galatée, il travaillait à couper avec une faux sa barbe broussailleuse, à peigner avec un râteau sa chevelure, et, se mirant dans la source, il riait de joie en imaginant s'être fait beau. Son amour fut cependant éconduit : seul et furieux, le Cyclope errait en rugissant par monts et bois. Un jour que, sombre et farouche, il marchait à grands pas sur le bord d'un plateau surplombant la mer, il apperçut, en contrebas sur le sable, Acis et Galatée. Eperdu de jalousie féroce, le géant envoya un énorme bloc de rochers en direction des deux amants. Acis fut écrasé, tandis que Galatée parvenait à s'enfuir. Elle obtint des Dieux que le sang du jeune homme se transformât en une rivière allant se fondre dans la mer, où la jeune nymphe pouvait plonger et retrouver ainsi son éternel amour."

    Dans son adaptation poétique, Albert Samain humanisa toutefois considérablement Polyphème, haussant son histoire au rang de drame éternel, celui de "la grande âme prisonnière d'un corps grossier, au coeur trop tendre qui ne sait s'exprimer, et qui se trouble ou s'irrite, maladroit ou brutal, toujours malheureux". Et "face à ce que révèle l'impitoyable clarté des faits, il n'est qu'un seul recours : la mort". Polyphème choisit donc plutôt "de s'abîmer dans l'élément dont il était issu" par son père, Poséidon. Michel Fleury observe à ce sujet que "ce thème du conflit entre la laideur physique et la beauté morale, assorti de l'amour malheureux qu'il est susceptible d'engendrer, semble avoir obsédé les esthètes de l'Art nouveau", fournissant "à Wilde la matière de sa nouvelle L'anniversaire de l'Infante, portée à la scène lyrique par Zemlinsky", et inspirant "à Schreker son chef-d'oeuvre : Les Stigmatisés (1914-1916)".

    L'influence de Debussy et de son opéra Pelléas et Mélisande était encore si forte à l'époque où Jean Cras composa Polyphème qu'on ne peut s'empêcher, en écoutant ce dernier, de s'y référer sans cesse. D'autant plus que Cras a emprunté à son aîné toutes sortes de procédés et de "climats sonores" aux effets très caractéristiques. Même le drame mis en musique, malgré un contexte fort différent (un Moyen Âge indéterminé et plutôt sombre pour Pelléas, une Antiquité grecque tout aussi imaginaire mais très ensoleillée pour Polyphème), incite à la comparaison : l'amour et la jalousie s'y manifestent avec la même force, Polyphème en souffre au même titre que Golaud et, détail frappant, il dispose comme ce dernier dans le personnage enfantin et naïf de Lycas (qui n'est pas son fils mais le petit frère de Galatée) d'un "Yniold" pour venir lui décrire les relations entre les jeunes amants dont il est éperdument jaloux; sauf que le "petit Lycas", contrairement au "petit Yniold", n'a besoin d'aucune contrainte et vient de lui-même tout raconter.

    L'analogie avec le chef-d'oeuvre de Debussy n'en demeure pas moins trompeuse et, somme toute, assez superficielle. Car Polyphème est d'une facture dans l'ensemble beaucoup plus traditionnelle. Le style de cet opéra, les autres influences dont il procède sont à cet égard si bien décrites dans la longue présentation qu'en a faite Michel Fleury qu'il me paraît difficile de ne pas reproduire tels quels, ci-dessous, au moins les passages suivants :

    "(...) Certainement, la lumineuse clarté des rivages méditerranéens, le bleu intense de la mer et la profondeur des forêts qui se reflètent dans les vers de Samain constituaient-ils un puissant stimulant. Plus qu'aucun autre, il [Jean Cras] était armé pour traiter d'un sujet dont la mer formait, au même titre que Polyphème, un personnage central. Il a transposé en musique, comme plus tard dans Journal de bord, le langage inconnu et mouvant des flots. Les amples courbes de ses thèmes (en général assez longs comme ceux de Duparc) se déploient sans précipitation, et leur cheminement évoque le serpentement des rivages, les vastes horizons et les immensités marines. Le caractère évocateur est renforcé par la conception symphonique de l'ensemble : l'orchestre ruisselle de mélodies et son commentaire épouse les moindres inflexions de propos ou de sentiment des personnages. Pour la voix, le compositeur a privilégié un chant parlé dont le naturel excelle à traduire la psychologie changeante, les brusques éclats et les mouvements secrets de chaque protagoniste. Chacun d'eux est caractérisé par plusieurs motifs minutieusement agencés. (...)

    "(...) Par l'importance qu'y revêtent l'orchestre et les choeurs, la partition s'apparente souvent à une symphonie pour soli, cheur et orchestre. Il est possible que la Psyché de Franck n'y soit pas étrangère. Le vocabulaire harmonique de Cras, hérité de Duparc dont il avait reçu les conseils, fait une large place aux accords parallèles, à la gamme par ton, à la modalité: cela explique d'occasionnelles ressemblances avec Debussy. Cependant, la musique de Polyphème est d'une texture moins fragmentée que celle de Pelléas : elle le doit à une conception mélodique beaucoup plus traditionnelle, qui confère à la musique une grande fermeté de dessin, et à un orchestre procédant par touches larges et colorées, dans le sillage de cet autre grand compositeur-marin, Rimsky-Korsakov.

    "Au même titre que celle de Pelléas, la réussite de Polyphème repose sur l'adéquation parfaite entre le texte et la musique. Généreuse, sincère, raffinée mais sans préciosité, la partition va droit au cœur. Les qualités humaines de son auteur y sont pour beaucoup : dans son métier de marin, il avait suffisamment fait l'expérience du dépassement de soi-même et de l'abnégation pour prendre l'exacte mesure du renoncement de Polyphème. Son amour de la mer et de la nature a fait le reste : première oeuvre de maturité à être sortie de sa plume, Polyphème demeure un chef-d'oeuvre absolu, et un sommet de l'art lyrique français."


    Pour terminer, je me risque à reproduire encore partiellement - pardon si c'est en anglais - cet étonnant commentaire écrit sur le site d'Amazon.com par un mélomane américain (Los Angeles) :

    "I ran across Jean Cras accidentally, in considering a marvelous 2 CD collection of his orchestral music, also released by the Timpani label. So impressed by that, and by his piano music, I ventured to buy this set. Having been impressed by Timpani's other offerings (especially the music of Ropartz, in addition to great discs of music by Pierne and Roussel), I was prepared to settle back and enjoy a late romantic French opera, but with it lasting almost 3 hours, I was prepared to perhaps find longeurs and passages of inferior music--- I had had that experience recently with the complete recording of Mariotte's "Salome" on the Accord label, which had been a big disappointment.

    Not so here. I was blown away after the initial orchestral and choral sections, stunningly beautiful, luscious, definitely late romantic with impressionism. The subsequent vocal writing is also inspired, vocally undemanding in the manner of Faure's "Penelope" or Ropartz' "Le Pays", but most of the time lyrical, only occasionally declamatory. Climaxes are spaced out, most of the time coming in surges, like the evocation of the sea. Cras was a Navy man most of his life, leaving him little room for musical composition, so it is not at all surprising that his love for the sea comes across strongly in this music. (...)

    "(...) This is STRONGLY RECOMMENDED, especially to lovers of Ravel, Debussy, and especially to those already familiar with Faure's "Penelope", and Ropartz' "Le Pays", as it makes a magnificent addition to the discography of rare unrecorded French operas. Timpani has brought out another gem in its collection."


    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 30/11/2008 à 14h20.

  12. #12
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    Merci à vous, Jacques: tout ceci représente un sacré boulot!
    Je sais quel sera mon prochain achat , bien qu'il s'agisse de CD!

    Accessoirement, j'aimerais préciser le sens breton de ce patronyme, que nous prononçons /'kra:/z-s/. C'est le dictionnaire d' Emile Ernault (réédité par Emgleo Breiz -Brud Nevez en 1984) qui en donne la définition la plus proche de mon expérience:
    kras
    adj. Sec, desséché au feu, au soleil; trop cuit, grillé; (pain) grillé; à sec, qui a tout perdu au jeu.
    J'ajoute que c'est ainsi qu'on qualifie les crêpes croustillantes, comme doivent l'être les blé noir véritables!
    Apparemment, aucun rapport avec le caractère de sa musique?

  13. #13
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    Merci infiniment, Jeff , d'avoir fourni ces précieuses informations. Je les ignorais jusqu'alors totalement.

    Le sens que vous révélez n'a en effet pas trop de rapports avec la musique de Jean Cras, mais c'était intéressant de le connaître.

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 30/11/2008 à 14h35.

  14. #14
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    je crois que [kraz] est un patronyme d'origine polonaise, donc le rapport avec le sens en breton est peut-être fortuit.

    Quelques commentaires sur le trio et la sonate pour violoncelle (oeuvres de jeunesse néo-brahmsiennes)
    http://classiqueinfo-disque.com/spip...php?article403

  15. #15
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    Merci d'avoir indiqué ce lien, Sud. Je ne connaissais pas encore cet enregistrement.

    J'ai été absent pendant près de deux semaines, de sorte que ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai vu votre message.

    Jacques

  16. #16
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    Belle musique à découvrir. Un des derniers CD publiés par Timpani contient des pièces avec violoncelle : je trouve la sonate cello-piano un peu décevante à la première écoute par rapport aux quintettes par exemple. Musique assez originale, transparente, avec une pulsation rythmique souvent bien présente.

  17. #17
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    Merci, Jongen , d'avoir signalé la sortie de ce nouveau disque Timpani consacré à la musique de chambre de Jean Cras.

    Ne connaissant pas les oeuvres qu'il présente (j'ai déjà un Trio, qui figure sur l'album Cybelia ["Quantum"] que j'ai montré au post 5, mais il est pour violon, alto et violoncelle), et malgré votre petite réserve concernant la Sonate pour violoncelle et piano, je vais donc certainement commander bientôt cette nouvelle parution .

    Jacques

  18. #18
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    J'ai trouvé en soldes un disque dont il n'a pas encore été question ici, sauf erreur, à savoir les œuvres pour piano interprétées par Jean Dubé (label Syrius). Comme je ne l'ai pas encore écouté et que je ne connais pas l'enregistrement concurrent d'Alain Jacquon, je serais bien en peine de vous livrer mes impressions, mais cela ne saurait tarder!

  19. #19
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    Merci, Gustave , d'avoir fourni cette information. Pour ma part en tout cas, j'ignorais qu'un autre pianiste qu'Alain Jacquon (dont le disque [Timpani] remonte à 1995 et était alors une "première mondiale") avait enregistré ce même répertoire.

    Une petite recherche sur l'Internet m'a révélé aussi que l'enregistrement de Jean Dubé [Syrius] avait été réalisé environ dix ans plus tard, recevant en outre d'excellentes critiques (cf. ici) .

    Jacques

  20. #20
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    Le disque de Jean Dubé m'a beaucoup plu. Le pianiste m'a fait forte impression. L'écriture de Cras, ample et charnue, semble lui convenir parfaitement.
    Les Poèmes intimes et surtout les Danze contiennent de magnifiques passages. Indéniablement, un chapitre non négligeable du piano français.

  21. 09/08/2012 18h28
    Motif
    Grosse erreur...

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