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Discussion: Krzysztof Penderecki

  1. #1
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    Krzysztof Penderecki

    Prononcer "kshishtof penderetski".

    Ca faisait un moment que je voulais parler de ce compositeur, et comme je viens de l'entendre interviewé à la télé il y a quelques heures ça m'a donné du cœur à l'ouvrage.

    Je propose donc un petit tour d'horizon de son oeuvre: comme toujours je précise que mes commentaires n'engagent que moi - et encore n'ont-ils rien de définitif car contrairement aux imbéciles je change souvent d'avis.

    Je ne sais pas si on peut dire qu'il a l'air sympa : il y a quelque-chose d'amusant chez lui, c'est que sa mine de bon papy sympa ne colle pas avec sa musique ultraviolente et glaciale.



    Encore que, comme chacun sait, il y a deux phases dans l'oeuvre de Penderecki qui sont radicalement différentes : c'est littéralement un compositeur à deux oeuvres sans beaucoup de liens l'une avec l'autre.

  2. #2
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    Pour ne pas changer je commence par les symphonies. Pour les interprétations l'excellente interprétation d'Antoni Wit à la tête de l'orchestre de la Radio Polonaise me semble irréprochable.

    Comme je l'ai signalé, il y a 2 périodes chez Penderecki : une première violente et implacable où les chefs-d'oeuvres s'enchaînent les uns après les autres, et une seconde post-shostakovichienne sympathique mais pas au niveau de l'autre. Pour les symphonies c'est simple : la n°1 est de la période I, et tout le reste de la période II.

    Il faut aussi signaler une astuce de numérotation : il y en a 7 mais la dernière porte le numéro 8, j'expliquerai plus tard pourquoi.




    Symphonie n°1 (1973 - 31' )

    Une oeuvre de la période I (la plus révolutionnaire) - pour ceux qui ne veulent pas lire la suite, je dirais pour résumer que c'est un chef-d'oeuvre : I- une série de claquements secs entame le départ d'une musique répétitive et stratifiée suivi d'une série de clusters de cuivres surmontée de carillons glacés et d'une glissade spectrale dont on peut penser qu'elle a eu beaucoup d'influence sur la musique de Nørgård. II- ondulation orchestrales, purement spectral, subtilement orchestré, mystérieux et
    fantômatique. III- Cordes sèches et martelées en pizzicati, scintillements féériques et froids de cloches. IV- reprise de la mécanique de départ, vite détournée par des martèlements souds, des gémissements de spectres au cordes et aux flûtes qui confèrent à ce final un caractère franchement terrifiant.



    Symphonie n°2 "Christmas Symphony" (1980 - 38' )

    Le compositeur effectue ici un virage à 180° dans son esthétique pour suivre une ligne post-romantique sombre à la Shostakovich, voire à la Rachmaninov. Même s'il faut admettre que l'oeuvre n'est pas des plus originales, loin s'en faut, que l'orchestre est traité avec un consternant manque d'imagination, on reste impressionné par sa facture et le caractère infaillible de son inspiration. Cette symphonie est à la fois magnifique et décevant d'académisme: on aurait tort toutefois de bouder son plaisir.



    Symphonie n°3 (1985 - 50' )

    Toujours dans la même veine post-Shostakovich. Cependant, ce climat d'incantation païenne (on osera le dire malgré l'engagement religieux du compositeur), sa puissante évocation de paysages désolés, d'imminence de l'orage, et d'un caractère formel infaillible, en font tout de même une réussite. Il n'y a pas que du Shostakovich chez Penderecki, il y a autre chose, un écho de la brutalité sombre de la période I... Chacune de ces symphonie a un côté statique et descriptif très évocateur - beaucoup d'images viennent à l'esprit en l'écoutant.

    Symphonie n°4 "Adagio" (1989 - 33' )

    Une fois de plus, on regrettera lourdement qu'avec un tel talent à concevoir des architectures sonores Penderecki se réfugie encore une fois dans l'ombre de Shostakovitch: A défaut d'enthousiasmer, cette symphonie s'avère plaisante à écouter, elle est parfois même superbe
    (car l'angoisse insoutenable des symphonies de son homologue russe est très atténuée ici, ce qui la rend moins oppressante sur la durée, et d'atmosphère plus énigmatique). Dans toutes ces symphonies de la période II ce sont surtout les mouvements lents qui sont magnifiques.

    Symphonie n°5 (1992 - 35' )

    Probablement la plus austère de ses symphonies, elle est aussi une dernière inflexion esthétique vers ses premières amours: une brutalité harmonique et rythmique acide, toute construite sur des effets de dynamique orchestrale violents, auquel il allie son talent plus récemment acquis à dépeindre des paysages désolés par de longues méditations résignées. Cette oeuvre est
    également austère par son traitement orchestral: les instruments sont souvent isolés en solos ou en petits groupes. Les incroyables coups de timbales du final nous rapprochent beaucoup de la période I.

    Pause; c'est assez long comme ça pour un seul post.

  3. #3
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    Excellente idée, ce fil sur Penderecki !

    Si vous voulez découvrir certaines des oeuvres majeures de la "première phase" du compositeur, alors précipitez-vous sur ce double album, où le compositeur dirige lui-même les orchestres mis en oeuvre :



    Ce ne sont pas des pièces spécialement faciles d'accès, ça n'est généralement pas très "souriant" non plus, mais personnellement j'adhère sans réserve (en particulier, et aussi surprenant que ça paraisse, depuis que j'ai vu un certain film de Stanley Kubrick, qui fit un grand usage de cette musique - avec bien entendu le plein accord du compositeur) .

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 22/11/2008 à 23h57.

  4. #4
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    Citation Envoyé par Jacques Voir le message
    depuis que j'ai vu un certain film de Stanley Kubrick, qui fit un grand usage de cette musique - avec bien entendu le plein accord du compositeur) .
    Jacques
    Oui, il s'agit de Shining et du Concerto pour violoncelle n°1 (période I)

    Merci de signaler ce cd Jacques, je crois ne l'avoir jamais vu auparavant - hélas - mais j'avais trouvé son équivalent pour Lutosławski (2cds Emi).

  5. #5
    Citation Envoyé par Couack Voir le message
    Oui, il s'agit de Shining et du Concerto pour violoncelle n°1 (période I)

    Merci de signaler ce cd Jacques, je crois ne l'avoir jamais vu auparavant - hélas - mais j'avais trouvé son équivalent pour Lutosławski (2cds Emi).
    il me semble que c'est "The dream of Jacob" (souvent habilement monté avec Lontano de Ligeti) qui était utilisé dans Shining.

  6. #6
    - Avatar de mah70
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    Un lien pour avoir la liste (présumablement) complète de la musique utilisée dans "The Shining":
    http://www.imdb.com/title/tt0081505/soundtrack

    Nos petits camarades de imbd sont une sorte de wikipedia du cinéma, et je fais confiance aux fondus que draine Kubrick derrière son œuvre pour avoir comparé note à note les enregistrements signalés au générique avec ceux parus en disque...
    (sur imbd comme sur wikipedia, ce sont les internautes qui renseignent le site)

    mah
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  7. #7
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    Merci à Couack pour cette présentation détaillée des trois disques Naxos, que je convoite depuis un moment.
    J'attends la suite avec impatience!
    G.

  8. #8
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    Bon comme je suis en forme je termine sur les symphonies :

    Symphonie n°6 (? - ?)

    C'est ici que réside l'astuce de la numérotation : après avoir écrit la symphonie n°5, Penderecki a commencé à en écrire une 6ème, qu'il a interrompue pour commencer la 7ème. Interruption qui dure depuis bientôt 20 ans.



    Symphonie n°7 "Les 7 Portes de Jérusalem" (1996 - 1h08' )

    Ce qui est étrange chez Penderecki, c'est que sa musique "catholique" évoque davantage les fresques épiques médiévales, la frénésie et le sombre mystère des religion païennes, plutôt que la béatitude, le pardon, et autres valeurs chrétiennes bien mieux illustrées musicalement par Messiaen. Cette symphonie, comme la 5ème revient également sur l'héritage de la période I, avec parfois quelques lourdeurs sympathiques de style peplum.

    La partie I est magnifiquement grandiose, avec une superbe écriture du choeur et des cuivres du fond des douves à faire frémir, la partie II n'en est qu'une prolongation. La partie III est un choeur glacé ramassé sur les parties aigues (femmes et ténors).La partie IV ultraviolente et guerrière (on imagine les chevauchées nocturnes entre une forêt et un chateau fort). partie V- très conventionnelle, mais un superbe solo de trombone. partie VI- avec un narrateur qui parle en hébreu.




    Symphonie n°8 "Lieder der Vergänglichkeit" (Chants de l'Ephémère) (2005 - 32' )

    Plus on avance dans les n°s plus Penderecki est conformiste, et on note une dégradation de son inspiration. Dès le Ier mvt on est dans du Brahms réchauffé. Sur le plan de la forme l'omniprésence des solistes est très monotone. Ca n'est pas laid, mais ça n'a pas beaucoup d'intérêt à mon avis.
    Dernière modification par Couack ; 23/11/2008 à 01h45.

  9. #9
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    Citation Envoyé par mah70 Voir le message
    Un lien pour avoir la liste (présumablement) complète de la musique utilisée dans "The Shining":
    http://www.imdb.com/title/tt0081505/soundtrack

    Nos petits camarades de imbd sont une sorte de wikipedia du cinéma, et je fais confiance aux fondus que draine Kubrick derrière son œuvre pour avoir comparé note à note les enregistrements signalés au générique avec ceux parus en disque...
    (sur imbd comme sur wikipedia, ce sont les internautes qui renseignent le site)

    mah
    Et donc selon le site que tu cites il n'y a pas le concerto dont je parle mais plein d'autres trucs de Penderecki.

    Bon, à ma décharge j'ai vu ce film il y a des lustres à une époque où j'ignorais jusqu'au nom de Penderecki - mais j'étais convaincu avoir reconnu le concerto pour violoncelle n°1 dans la scène du labyrinthe (à tort donc).

  10. #10
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    Pour le film Shining, c'est parfaitement exact (Kubrick a essentiellement "piqué" à Penderecki des passages de De Natura sonoris Nos 1 et 2 et du Rêve de Jacob, et il y a en effet aussi des extraits de Lontano de Ligeti, ainsi que de la troisième partie de la Musique pour cordes [...] de Bartok).

    Je viens de voir sur Amazon.com que ce double album EMI était téléchargeable en mp3 pour pas très cher (environ $9.--), mais qu'il fallait payer entre $19.55 pour un exemplaire "usagé" et $98.-- [] pour un exemplaire neuf, et cela chez des sous-traitants uniquement. Ce qui est vraiment dommage.

    Cela dit, j'ai vu aussi que la discographie de Penderecki était particulièrement abondante et variée, ce dont je me réjouis.

    Jacques

  11. #11
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    Citation Envoyé par Gustave Voir le message
    Merci à Couack pour cette présentation détaillée des trois disques Naxos, que je convoite depuis un moment.
    J'attends la suite avec impatience!
    G.
    Merci pour ces encouragements Gustave; ça fait toujours plaisir de savoir qu'on ne prêche pas dans le désert

  12. #12
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    Pendant que j'y suis, et en espérant que ce sera suffisamment lisible, je montre aussi le verso de cet album (car tout n'apparaît pas au recto) :



    Ce qui est certain en tout cas, c'est que tout ce que Kubrick a pris chez Penderecki y figure. Le cinéaste avait été particulièrement enthousiasmé par ces oeuvres quand elles sont sorties sur disques vinyl, dans les années soixante-dix.

    Comme je vais bientôt "m'éclipser" jusqu'à demain, je souhaite à tous une très bonne nuit et, d'ores et déjà, un excellent dimanche .

    Jacques

  13. #13
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    J'ai découvert Penderecki avec les enregistrements du compositeur chez Emi... Je devais avoir 15 ou 16 ans et cela a été un choc pour moi! c'est la première fois que je découvrais une musique si... moderne! Le choc a été son Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima, j'ai été terrifié, et c'est encore aujourd'hui l'une des musiques les plus insoutenables que je n'ai jamais écoutées. Les nerfs sont soumis à rude épreuve...
    Je ne connais pas du tout les enregistrement de Wit chez Naxos... Je vais me renseigner...

    thierry

  14. #14
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    Citation Envoyé par thierry h Voir le message
    J'ai découvert Penderecki avec les enregistrements du compositeur chez Emi... Je devais avoir 15 ou 16 ans et cela a été un choc pour moi! c'est la première fois que je découvrais une musique si... moderne! Le choc a été son Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima, j'ai été terrifié, et c'est encore aujourd'hui l'une des musiques les plus insoutenables que je n'ai jamais écoutées. Les nerfs sont soumis à rude épreuve...
    Je ne connais pas du tout les enregistrement de Wit chez Naxos... Je vais me renseigner...
    J'ai ressenti la même chose - ce Thrène aux victimes d'Hiroshima est de la pure musique d'horreur, absolument glaçante. Tu la trouves aussi avec la 3ème symphonie et la version de Wit est la meilleure que j'aie entendue.
    Dernière modification par Couack ; 23/11/2008 à 13h28.

  15. #15
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    Moi, ce n'est pas le thrène qui m'a le plus impressionné, mais plutôt Anaklasis et surtout Polymorphia. Enfin j'aime beaucoups les compositions de la premières période, par contre la suite (après 1974) quel ennui !
    Les symphonies, à part la première, ben je trouve qu'il n'y a pas grand chose à retenir. Ca ressembles à du Chostakovitch, en effet (la troisième est pour moi une mauvaise copie de la 5e de Chosta) mais sans inspiration ; c'est creux, conformiste, il n'y a à la rigueur que dans la 7e, le récitant avec le passage d'Ezékiel, c'est prenant, mais le reste... de la boursouflure. C'est dommage, enfin il nous a donné pas mal de très bonnes compositions, c'est déjà pas mal (ça me donne envie de réécouter les Diables de Loudun !). Au fait je crois que sa musique est très présente dans le film de Lynch : Inland Empire.
    Frédéric
    Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes.Proverbe Shadok

  16. #16
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    Citation Envoyé par Zimrilim Voir le message
    Les symphonies, à part la première, ben je trouve qu'il n'y a pas grand chose à retenir. Ca ressembles à du Chostakovitch, en effet (la troisième est pour moi une mauvaise copie de la 5e de Chosta) mais sans inspiration ; c'est creux, conformiste
    Anaklasis par contre j'ai pas vraiment aimé; mais j'y reviendrai.

    Je serais moins dur que vous en général : il est certain que la musique de la période I est une oeuvre très forte et très impressionnante, et qu'ensuite c'est effectivement conformiste (creux pas toujours à mon avis.: je trouve très évocateurs les mouvements lents des symphonies). Mais dans un autre sens, je me dis que Penderecki n'aurait pas pu passer sa vie à écrire des trucs aussi violents que la Thrène, la Passion selon St Luc, Fluorescences ou De Natura Sonoris. J'essaie de m'imaginer ce que ça doit représenter psychologiquement l'écriture d'oeuvres aussi terrifiantes, avec leurs hurlements de spectres et leur cris d'outre-tombe. Dans Les Veuves de Loudun il y a même une scène de torture (la seule qu'on trouve dans un opéra je crois). De quoi devenir cinglé.

    Donc qu'il ait changé de voie, je le comprends: par contre il aurait pu effectivement en choisir une un peu plus originale, ça c'est sûr.
    Dernière modification par Couack ; 23/11/2008 à 03h00.

  17. #17
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    il s'agit des Diables de Loudun ou des Veuves de Loudun ? Je ne connais pas mais on m'en a dit le plus grand bien... j'imagine que cet opéra qui repose sur la sordide affaire de possessions qui a eu effectivement lieu au XVIIème siècle à Loudun ne doit pas respirer la franche rigolade...

  18. #18
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    Les Diables. J'ai déjà fait la confusion quelque part sur le forum; j'ai vu le titre mal traduit un jour et ça me poursuit depuis

  19. #19
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    Citation Envoyé par Couack Voir le message
    Mais dans un autre sens, je me dis que Penderecki n'aurait pas pu passer sa vie à écrire des trucs aussi violents que la Thrène, la Passion selon St Luc, Fluorescences ou De Natura Sonoris. J'essaie de m'imaginer ce que ça doit représenter psychologiquement l'écriture d'oeuvres aussi terrifiantes, avec leurs hurlements de spectres et leur cris d'outre-tombe. Dans Les Veuves de Loudun il y a même une scène de torture (la seule qu'on trouve dans un opéra je crois). De quoi devenir cinglé.

    Donc qu'il ait changé de voie, je le comprends: par contre il aurait pu effectivement en choisir une un peu plus originale, ça c'est sûr.
    Oui, en effet, je l'ai même entendu déclarer que sa production d'avant-garde n'avait plus lieu d'être, venant en quelque sorte, d'une époque révolue ; mais ce virage à 180°, ben je ne vois pas trop ce que cela apporte...
    Frédéric
    Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes.Proverbe Shadok

  20. #20
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    Citation Envoyé par Couack Voir le message
    Anaklasis par contre j'ai pas vraiment aimé; mais j'y reviendrai.

    Je serais moins dur que vous en général : il est certain que la musique de la période I est une oeuvre très forte et très impressionnante, et qu'ensuite c'est effectivement conformiste (creux pas toujours à mon avis.: je trouve très évocateurs les mouvements lents des symphonies). Mais dans un autre sens, je me dis que Penderecki n'aurait pas pu passer sa vie à écrire des trucs aussi violents que la Thrène, la Passion selon St Luc, Fluorescences ou De Natura Sonoris. J'essaie de m'imaginer ce que ça doit représenter psychologiquement l'écriture d'oeuvres aussi terrifiantes, avec leurs hurlements de spectres et leur cris d'outre-tombe. Dans Les Veuves de Loudun il y a même une scène de torture (la seule qu'on trouve dans un opéra je crois). De quoi devenir cinglé.

    Donc qu'il ait changé de voie, je le comprends: par contre il aurait pu effectivement en choisir une un peu plus originale, ça c'est sûr.

    Cependant - mis à part quelques exceptions comme le deuxième concerto pour violon et orchestre ou le concerto pour flûte, et quelques autres - j'ai quant à moi la même impression que Zim: quel gâchis depuis son passage comme prof à la Yale School of Music.

    Les Sept Portes de Jérusalem par exemple, c'est d'une boursouflure avec laquelle j'ai du mal. J'ai lu ta description, et je pense qu'on a entendu la même chose: et ce que tu soulignes m'avait impressionné lors des deux premières écoutes, mais aujourd'hui, j'ai du mal à réécouter, car c'est lourd sur l'estomac.

    Il y a deux disques qui sont intéressants pour illustrer cela:

    - celui des sonates pour violon et piano chez Naxos d'abord. La première sonate d'un jeune homme de 20 ans n'est pas un chef d'oeuvre, mais il y a une fraîcheur, une raucité post bartokienne que je trouve stimulante.

    La deuxième, en revanche, écrite en 2000, est une longue....très longue arche de 5 mouvements qui ressemble à du Bartok ou du Shosta de dixième pression à chaud (contrairement à l'huile d'olive de première pression à froid).

    - idem avec l'excellent (c'est vraiment très bien interprété) disque de musique de chambre autour des Prazak chez Praga: à part quelques belles idées dans le sextuor avec clarinette, écrit en 2000, j'ai franchement du mal à m'enthousiasmer pour les pièces solo et le trio à cordes et à retrouver cette créativité intelligente, sans concessions, de la musique de chambre des débuts.

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