Je me suis aussi posé la question de l'existence d'éventuels disciples ou continuateurs qu'Albéniz aurait pu avoir
... Mais en musique, "tout bougeait" à grande vitesse à l'époque de sa mort (1909), et bien qu'il ait inspiré une admiration profonde à ses plus jeunes collègues espagnols (en particulier à de Falla, qui lui dédia ses
Cuatro piezas españolas d'un style encore assez proche), on n'en trouve pas vraiment parmi les plus connus.
Sauf peut-être Joaquin Turina [1882-1949], qui reçut d'Albéniz à Paris en 1907, à l'issue de "cette mémorable soirée" au cours de laquelle fut donné en première audition son "très franckiste"
Quintette Op. 1 (il avait fréquenté la Schola), un conseil décisif qui changea toute sa carrière et lui fit reprendre avec talent "le flambeau du rhapsodisme ibérique". Manuel de Falla, soit dit en passant, était aussi un ami proche de Turina, et c'est à ce dernier, excellent pianiste, qu'il demanda de tenir la partie de piano d'
El amor brujo à la création de l'oeuvre à Madrid en avril 1915.
Certains esprits chagrins ou mal disposés ne voient encore en Turina qu'un compositeur "de second plan", sans audace ni originalité particulières, qui fut "franckiste" à ses débuts et "franquiste" à la fin de sa vie (
... pardon pour ce jeu d'écritures un peu sournois, mais je l'ai vu une fois quelque part
). Ce qui n'aide pas beaucoup son oeuvre abondante, inégale, mais souvent splendide à être mieux connue hors d'Espagne. L'intégrale de sa musique pour piano chez Naxos en est quand même à son cinquième album, celle d'Albéniz (que Gustave m'a incité à me procurer aussi) ayant un peu moins d'avance car initiée plus tard. Mais toutes deux sont à mon avis d'un très bon niveau.
Enfin, puisqu'il a été question de compositions pour guitare et ce "repreneur de flambeau" en ayant pour sa part composé quelques-unes (essentiellement pour Segovia, entre 1923 et 1932), je montre encore ci-dessous, à côté d'un portrait de Turina à l'époque où Albéniz lui donna en personne cet "électrochoc artistique", un intéressant album Harmonia Mundi où est enregistrée l'intégrale de ces pièces (à savoir
Sevillana Op. 29,
Fandanguillo Op. 36,
Rafaga Op. 53,
Sonata Op. 61 et
Homenage a Tarrega Op. 69 -- les compléments
Tango No 2, extrait de
Tres Danzas Andaluzas Op. 8, et
Cinco Danzas Gitanas Op. 55 n'étant que des adaptations par Turina lui-même de certaines de ses propres pièces pour piano) :
Jacques