Ciel !
Encore une qui se regarde dans le miroir, sauf que Thaïs, elle, ne rit pas de s'y voir si belle, poil aux décibels ! Elle s'interroge, au contraire.
Elle, ladite Thaïs, s'inquiète quant au devenir de ce beau visage, de ce corps parfait. Elle est sans doute rousse aux yeux verts... il ne peut en être autrement.
Mais bon ! Cet air fait un peu penser, donc, à celui de Faust, sauf qu'il est moins nunuche et n'a pas été traité par Hergé.
En passant, je vous conseille la version Milnes/Gedda/Sills/Maazel, malgré quelques scories, notamment madame Sills, par ailleurs cantatrice souvent magnifique vocalement, qui nous hurle là un contre-ut à faire fuir les rides en question, à la fin de son grand air. Mais grâce à elle, la scène finale est émouvante, et elle paraît, par moments, possédée par son rôle, jusqu'à l'hystérie. Il eût mieux valu le grand Bob Massard à la place de Milnes, mais ce dernier est tout de même très bon, crédible. Gedda, lui, semble gêné aux entournures, avec une voix qui commence à bouger dangereusement.
José van Dam est excellent en Athanaël, même sur scène, sauf dans son air "Voilà donc la terrible cité...", comme chaque fois qu'il est sollicité dans l'aigu.
Bref, j'adore cet opéra. Le thème est amusant, sans plus, mais m'interpelle. C'est le jeu des vases communicants, dirons-nous. La musique est parfois sublime, parfois "légère", parfois creuse. Le ballet, presque jamais joué, est joliment oriental. Le tout début, la scène des Cénobites, est longue (parce que musicalement faible) et soporifique...
Le dernier enregistrement en date, avec Thomas Hampson et Renée Fleming, n'a pas fait l'unanimité, bizarrement.
Bon, je dirai à Jules, quand il viendra me hanter avec sa Thaïs, qu'elle est belle, le restera éternellement... mais surtout lorsque la cantatrice est rousse aux verts.
Ah oui, comme pour "Werther", où Albert est un rôle sacrifié, là, c'est Nicias (le ténor) qui aurait dû avoir une musique plus soignée à se mettre sous la glotte, moins "opérette".