+ Répondre à la discussion
Affichage des résultats 1 à 14 sur 14

Discussion: Les "live" de Callas

  1. #1
    Membre Avatar de Alfredo
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Haute Provence
    Messages
    1 679

    Les "live" de Callas

    Beaucoup de grands fans de la diva ont une curieuse manie: ils préfèrent écouter ses enregistrements "live" au son parfois épouvantable que ses bons, disponibles et bien connus enregistrements de studio.
    Il y a parfois un côté "plaisir d'initié" dans cette manie: un vrai fan de Callas doit être capable de renoncer à la HI-Fi et à son confort pour s'offrir le voyage dans le temps qu'offre ces instants miraculeusement préservés de vie et d'échange avec un public enthousiaste ou hostile.
    Plus le son est proche de celui d'une retransmission en ondes courtes sur un vieux postes à lampes, relayée par un téléphone et recaptée au micro sur un vieux magnétophone dont la bande a été ultérieurement machée par une portée de chiots, plus la passion du callassophile qui réussira à jouir en l'entendant est considérée comme profonde!

    Qu'en est-il pour le mélomane de base non fanatique?

    Il faut faire la part des choses:

    Certains documents (comme les Norma de Mexico ou de Trieste) sont réellement proches du rigoureusement inécoutable.
    Certaines interprétations de Callas sont préférables dans leur version studio que dans leur versions "live" (par exemple Rigoletto et "I Puritani")
    Mais heureusement, tous les "live" n'ont pas un son pourri. Certains sont même d'une qualité sonore totalement satisfaisante, tout à fait comparable à celle d'un enregistrement studio.
    C'est le cas par exemple de la célèbre Lucia di Lammermoor dirigée par Karajan ou de la Sonnambula d'Edimbourg récemment publiée (relativement cher!...) par Testament.
    Car le miracle est là: on découvre de temps en temps de nouvelles bandes jalousement conservées dans des collections privées: Testament a aussi publié une bande des "Vèpres Siciliennes" d'une qualité très supérieure à celle qu'on connaissait jusqu'à présent.

    Les "live" de Callas sont indispensables quand il s'agit d'oeuvres qu'elle n'a pas enregistré en studio (ou, en tous cas, pas de façon satisfaisante), ou quand ils perpétuent le souvenir d'instants uniques d'interaction avec le public ou de coups de génie interprétatifs, nés du feu de l'action, et non reproduits ultérieurement dans l'objectivité froide du studio.

    Les mêmes représentations paraissent parfois chez des éditeurs différents avec des qualités sonores très variables suivant les labels.
    EMI, l'éditeur officiel s'est mis aussi à publier des live de sa diva fétiche, et ses coffrets, s'ils sont les plus luxueux au niveau présentation et livret, ne sont pas toujours les meilleurs du niveau sonore, loin de là.
    Par exemple la Traviata de Lisbonne avec Kraus et la "Anna Bolena" de la Scala sont d'une qualité sonore incomparablement supérieure dans l'édition très économique de MYTO (sans livret, mais avec de jolies photos noir et blanc sur la pochette).

    Beaucoup de merveilles dans cette collection MYTO:
    La Traviata de Londres 1958 avec Valleti et Rescigno, (la meilleure de toutes les Traviata de la diva, on en a déjà parlé sur un autre fil).
    La Médée de Dallas.
    etc... (on en reparlera)

    La Norma du 7 décembre 1955 vient de paraître dans cette collection et j'ai pu la comparer à l'édition "Gala" précédemment disponible.



    Rappelons d'abord que c'est la meilleure Norma de Callas qui bénéficie de la présence de son Adalgisa préférée et complice: Giulietta Simionato, qu'elle n'avait pas pu retrouver (Simionato était liée par contrat à DECCA pour un enregistrement avec Cerquetti, jamais achevé ni publié) dans son second enregistrement studio avec Zaccaria et Corelli.
    Pour les discophles, cette rencontre ratée était resté un éternel regret que ce live réussit à apaiser.

    La qualité sonore est dans l'ensemble très correcte, à deux problèmes près: il manque le premier quart d'heure de l'oeuvre (la bande commence un peu avant l'air de Pollione), et l'air "Teneri figli" est perturbé par le passage d'une Vespa d'époque qui avait oublié son anti-parasite.

    Pour le quart d'heure manquant Myto a fait comme Gala: emprunté l'extrait à la version de la RAI datant de la même année 1955 avec le même Mario Del Monaco. C'est donc Giuseppe Modesti et non Nicolas Zaccaria qui chante le premier air d'Orovese, le personnage de Flavio change d'interprète au cours de la seconde scène, et on s'aperçoit que l'orchestre de la Scala sonne beaucoup mieux que celui de la RAI.

    Cette chirurgie passe inaperçue dans l'édition Myto, alors que le collant est plus qu'audible (trou, différence d'acoustique, et bien pire, différence de "pitch", donc de diapason) dans l'édition Gala.

    Pour le second problème technique. Myto a conservé l'intégralité du document, malgré le bruit parasite.
    Gala, par contre, a utilisé à nouveau une pièce raccommodée empruntée à la version de la RAI avec des collants plus discrets que pour le premier raccord.

    Dans l'ensemble: la restauration Myto m'a paru plus confortable à l'oreille que la précédente et confirme la grande qualité de cette collection, très économique de surcroit.
    Dernière modification par Alfredo ; 17/03/2009 à 18h27.

  2. #2
    Membre Avatar de JYDUC
    Date d'inscription
    novembre 2007
    Messages
    2 567
    Je suis personnellement gêné aux entournures lorsqu'il s'agit d'évoquer Maria Callas ; j'ai la même réaction quand il est question de Mozart.
    Tout d'abord, j'ai été un inconditionnel de la cantatrice, et un amoureux de la femme. Ensuite, avec les ans, la passion s'est émoussée et les défauts de la diva m'ont sauté à la gorge, si je puis dire. Depuis, je tousse chaque fois que je l'écoute :o)
    Je demeure toutefois fidèle à deux récitals enregistrés sous la direction de T. Serafin. Dans l'un, elle chante Puccini ; dans l'autre, c'est "La Wally", "Adrienne Lecouvreur"...
    Oui, dans mon esprit, je la compare à Mozart : dans l'effet qu'elle produit sur certains mélomanes. J'ai toujours l'impression - certainement à tort - que l'on se croit obligé soit d'en dire du bien, soit d'en dire du mal, mais toujours dans l'excès et en trichant un peu. Je me méfie toujours des gens qui vous disent "C'est la plus grande, elle ne sera jamais remplacée", et qui ont quelque scrupule à reconnaître ses défauts, comme s'ils étaient sourds ou comme s'ils culpabilisaient de les avoir entendus. Comme s'ils se mettaient à vivre (les défauts) s'ils en parlaient ouvertement.
    Avec Mozart, c'est pareil. Parfois, vous avez peur de critiquer car un skud ne va pas tarder à fondre sur vous ; mais si vous êtes dithyrambique, vous ne faites guère preuve d'originalité. C'est ce que je ressens.
    Quant aux "live" de Callas, depuis que j'ai eu l'occasion d'entendre celui de Mexico, avec une Aïda hurlée, aux côtés d'un Mario del Monaco hystérique, j'ai eu du mal à poursuivre l'expérience. Je préfère les enregistrements en studio - exclusivement pour les chanteurs d'antan. Ce qui est une erreur, il faut bien l'avouer, car la plupart de ceux-ci étaient tétanisés lorsqu'il fallait pousser la note devant un micro.

  3. #3
    Membre Avatar de Alfredo
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Haute Provence
    Messages
    1 679
    Je pense que l'inconfort et la sensation de "risque" vocal font partie des élèments qui rendent Callas fascinante, surtout en live.

  4. #4
    Membre Avatar de JYDUC
    Date d'inscription
    novembre 2007
    Messages
    2 567
    Citation Envoyé par Alfredo Voir le message
    Je pense que l'inconfort et la sensation de "risque" vocal font partie des élèments qui rendent Callas fascinante, surtout en live.
    C'est l'une des raisons qui me font tant apprécier certains ténors.

  5. #5
    Membre Avatar de Alfredo
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Haute Provence
    Messages
    1 679
    Parmi les instant magiques de cette version "live" de Norma, il y a deux notes inoubliables: le "Son Io!" par lequel elle se dénonce et se livre elle même au bûcher au dernier acte.
    Cette simple et courte réplique, cette dernière note qui tremble, s'enfle et s'effiloche est chargée d'une telle émotion, elle pousse tellement au dela des limites du connu et du possible les capacités de expressives de la voix humaine que le public abasourdi pousse un cri et acclame ces simples deux notes comme si c'était un grand air. C'est un effet qu'elle n'a pas osé dans aucune de ses deux enregistrements de studio.

  6. #6
    Membre Avatar de Alfredo
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Haute Provence
    Messages
    1 679
    Il existe un document filmé de quelques secondes qui permet de voir le finale de cette production et les très curieux décors de Salvatore Fiume, entre bande dessinée et héroic fantasy:



    Et voici le fameux "Son io!..." sans équivalent dans ses disques de studio et son effet sur le public. C'est pour ces instants uniques que les live sont si précieux:


  7. #7
    Membre Avatar de JYDUC
    Date d'inscription
    novembre 2007
    Messages
    2 567
    Citation Envoyé par Alfredo Voir le message
    Il existe un document filmé de quelques secondes qui permet de voir le finale de cette production et les très curieux décors de Salvatore Fiume, entre bande dessinée et héroic fantasy:



    Et voici le fameux "Son io!..." sans équivalent dans ses disques de studio et son effet sur le public. C'est pour ces instants uniques que les live sont si précieux:

    Mouais, bon...
    On a tout de même l'impression qu'il n'y a pas d'effet de surprise et que les fans de Callas sont là pour l'applaudir "à tout prix" et à des moments précis, dont celui-ci est un exemple comme un autre, semble-t-il.
    Moi, désormais, ça ne me fait ni chaud, ni froid.
    Ça ne m'impressionne plus.
    Même del Monaco m'agace, avec sa façon de chanter les "a", qui résonnent comme des "o".

    Je préfère Callas dans Puccini, finalement, ou dans certains opéras véristes. Un comble puisqu'elle est surtout réputée pour avoir ressuscité le bel canto.

  8. #8
    Membre Avatar de JYDUC
    Date d'inscription
    novembre 2007
    Messages
    2 567
    Ceci, par exemple :


  9. #9
    Membre
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Messages
    1 054
    [quote=JYDUC;61052]Mouais, bon...
    On a tout de même l'impression qu'il n'y a pas d'effet de surprise et que les fans de Callas sont là pour l'applaudir "à tout prix" et à des moments précis, dont celui-ci est un exemple comme un autre, semble-t-il.
    Moi, désormais, ça ne me fait ni chaud, ni froid.
    Ça ne m'impressionne plus.

    Pardonnez-moi, cher Jean-Yves, mais vous me faites l'effet d'un enfant gâté. Mais peut-être ne suis-je moi-même qu'un inculte? Car il vrai que je ne connais rien à l'art lyrique et à ses exigences formelles. De plus, ma méconnaissance de tout langage musical écrit, et surtout ma fréquentation des chanteurs traditionnels largement ignorants de la gamme tempérée font que je suis largement insensible aux fausses notes, selon la définition classique des intervalles. Maintenant, je me demande si, à vous lire, ce n'est pas un avantage, car quand j'écoute la Callas, rien de ce qui vous irrite ne vient gâcher mon appréciation de son art dramatique. Je reste tant et si bien subjugué par cette artiste que je la reconnais pratiquement à tous les coups lorsque je prends une émission de radio en marche. Tout ce qu'elle chante a du sens, et il est rarissime que je lui préfère une autre, comme Victoria de Los Angeles dans Carmen, qui me semble plus idiomatique dans ce rôle. Mais dans le répertoire de langue italienne, aucune ne me paraît la surpasser.

    Et puis ce visage tragique...

  10. #10
    Membre Avatar de JYDUC
    Date d'inscription
    novembre 2007
    Messages
    2 567
    "Pardonnez-moi, cher Jean-Yves, mais vous me faites l'effet d'un enfant gâté."

    Euh... gâté, moi ? Gâteux, oui, bientôt, comme tout le monde :o)
    Non, blasé, saoulé, fatigué par la répétition des écoutes, sans doute, oui.
    Je l'ai tant aimée, cette dame, que l'aimait encore serait du masochisme.
    Et puis, y'a toujours quelque fâcheux pour vous rappeler que les morts, il ne faut plus les écouter, haha
    On écoute les vivants, qui vont mourir, donc profitons des chanteurs en activité avant que leurs CD ne soient plus que des frisbees. Nous dirons donc que la date du décès correspondra à celle du premier lancer.
    Bref, plaisanterie mise à part... je suis en train (oui, la grève a été écourtée) de me détacher de l'Opéra... pour revenir à mes premières amours, la Musique Classique. Mais je garde quelques créneaux pour Wagner, Strauss prénommé Richard, Korngold...

    Bien l'bonjour chez vous

  11. #11
    Membre Avatar de JYDUC
    Date d'inscription
    novembre 2007
    Messages
    2 567
    "que l'aimer encore..."

  12. #12
    Membre
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Messages
    1 054
    "Euh... gâté, moi ? Gâteux, oui, bientôt, comme tout le monde"

    Hepla*, mon brave! Il n'y a pas bien longtemps, j'ai reçu une lettre manuscrite d'un solide octogénaire quasi-aveugle. Eh bien, en fait de cécité, il demeure l'un des humains les plus intellectuellement lucides que je connaisse, tous âges confondus. Alors, laissez-moi caresser l'espoir de ne point me liquéfier préalablement à mon départ de cette pauvre planète!
    ...Et je vous en souhaite autant, si vous m'entendez bien!

    Kenavo (un jour, je tenterai d'expliquer le sens plein de ce terme)

    *ça se dit, en françouais? (au moins dialectal?)

  13. #13
    Membre Avatar de JYDUC
    Date d'inscription
    novembre 2007
    Messages
    2 567
    Euh, kenavo, kekc'ét-y ksa, vindiou ?
    Moi j'dis kinanveuh.

    Bon, enfant gâté, donc, papa gâteau, pour sûr, et futur pépé gâteux, sans doute...
    Comment peut-il en être autrement alors que, tantôt, je fais écouter la "Symphonie alpestre" à cette vacharde d'Irmah, pour avoir du meilleur lait, et qu'elle me réclame, depuis, des edelweiss en tisane. Et je m'exècute, sans me faire trop de mal.
    Je me vois déjà la canne à la main, tout brinquebalant, chaque col du fémur fermé à la circulation... Vindiou, j'aurai l'air d'un mort-vivant auquel les asticots auront entamé la couenne que d'un seul côté. Ils auront appelé à la rescousse leurs amis termites parce qu'à force de fendre des bûches, mes os seront devenus du bois sec. Et je ne vous parle même pas de mon tronc.
    Quant à mes oreilles et à ma faculté d'écoute, même mes vieux 78 tours me paraîtront avoir un son digital. Mais d'ici là on aura inventé la musique en braille.

    Bien l'bonjour chez vous

  14. #14
    Membre Avatar de JYDUC
    Date d'inscription
    novembre 2007
    Messages
    2 567
    Et maintenant, un peu de culture, bord d'aile :o)




+ Répondre à la discussion

Informations de la discussion

Utilisateur(s) sur cette discussion

Il y a actuellement 1 utilisateur(s) naviguant sur cette discussion. (0 utilisateur(s) et 1 invité(s))

     

Règles de messages

  • Vous ne pouvez pas créer de nouvelles discussions
  • Vous ne pouvez pas envoyer des réponses
  • Vous ne pouvez pas envoyer des pièces jointes
  • Vous ne pouvez pas modifier vos messages