Maurice Ravel

[Alfredo]

Gavroche a dit:

<< pourquoi cette premiere suite n est presque jamais jouée ? >>

D'abord parce qu'elle est moins marquante que la seconde.
ensuite parce qu'il y a un passage normalement écrit pour choeur a cappela, sans orchestre qui sonne de façon bizarre dans son adaptation pour orchestre seul.

De plus quand on joue les deux suites à la suite, l'enchainement sans transition entre le paroxysme de la fin de la "danse guerrière " et le début du "lever du jour" passe mal

Par contre ce qui pourrait se faire, c'est jouer le nocturne seul de la première suite en prélude à la seconde suite. Là les deux morceaux s'enchaînent très bien et le lever du jour ne prend que plus d'impact et de lumière après les frissons fantômatiques et les bruits de vent mystérieux du Nocturne.
Je l'écoute souvent comme ça en utilisant le programmateur du lecteur de CD.

[Jacques]

Bonjour.

Si c'est vraiment ce qui est écrit, la nouvelle revue part d'un bon pied dans la tradition "je sais je n'ai pas besoin de vérifier" de certains critiques: l'enregistrement date de 1959. Tssssss!
(Je le souligne: ma remarque acerbe contient le terme "certains critiques"; je ne souhaite pas faire partir ce fil dans un débat "pour ou contre les critiques" )

Voici ce qui figure dans le numéro d'avril 2009 de Classica-Répertoire :



Or, un seul coup d'oeil sur le verso de la boîte du disque (cf. vers le bas) fait apparaître le "problème" :



L'album contient l'enregistrement par Samson François des deux concertos, des prises qui remontent en effet à 1959, ainsi que l'enregistrement par ce même pianiste de Gaspard de la nuit réalisé en 1966. D'où les mentions 1960 et 1967, années de chacune des parutions initiales.

L'auteur du petit encart s'est donc fait avoir, en confondant l'année de parution de l'enregistrement de Gaspard de la nuit avec celle des concertos. De la part d'un supposé "spécialiste" ce n'est guère pardonnable, et pas de très bon augure pour la suite...

Jacques

[Alfredo]

Pour les concertos, j'aime beaucoup aussi ce disque, moins ensorcelant mais plus fidèle à la partition que la version de Samson François.



De plus, le tombeau de Couperin par Abbado complète à merveille ces deux autres merveilleux disques, pour réaliser une intégrale de référence:

http://www.amazon.fr/Bol%C3%A9ro-Pav.../dp/B00005IB5G

[Gavroche]

cf post #41

Alfredo :

( ... )

De plus, quand on joue les deux suites à la suite, l'enchainement sans transition passe mal
entre le paroxysme de la fin de la "danse guerrière" et le début du "lever du jour".

dans « Interlude » vers 7:25 et dans « Danse guerriere » vers 1:35, j aime bien ce paroxysme

Par contre, ce qui pourrait se faire, c'est jouer "nocturne" seul de la première suite en prélude à "lever du jour" de la seconde suite.
Là les deux morceaux s'enchaînent très bien et le "lever du jour" ne prend que plus d'impact et de lumière après
les frissons fantômatiques et les bruits de vent mystérieux du "nocturne".

dans « Nocturne » a 1:00 et a 2:00, j aime bien aussi les bruits de fantomes et de vent

( ... )

merci beaucoup Alfredo

[Alfredo]

Les bruits de vent sont fait avec un éoliphone: une manivelle fait tourner une roue de bois contre un tissus. Au fond à gauche sur la photo:



(Les deux autres engins sur la photo sont un chariot à tonnerre et une machine à pluie)

[thierry h]

François est à tomber par terre dans l'Adagio du Concerto en sol... Encore une fois j'ai eu la bonne idée de découvrir ce concerto et son frangin avec lui...
Sinon le lobby Boulézien, très puissant par ici, vous informe que la version Zimerman, Boulez avec Cleveland est fort belle... formidable même !
(Le ré majeur avec le LSO)

[Alfredo]

Une autre version de légende: Michelangeli et... Celibidache!

[nico]

Glop:

[thierry h]

Glop aussi ! Merci Nico, je ne connaissais pas !

[Alfredo]

Et sa plus célèbre paraphrase:

[Jacques]

L'oeuvre pour piano de Ravel m'a tellement marqué que je me demande combien d'heures j'ai passées à l'écouter dans mon enfance et mon adolescence, puis à la jouer moi-même (je devrais dire la "massacrer" ... ... car je n'étais pas spécialement doué) ... En tout cas depuis ce lointain jour d'été où mes parents se sont résignés à m'en offrir une intégrale sur disques noirs. J'avais 11 ans et étais en vacances à Barcelone avec ma soeur et mes parents, qui m'avaient demandé quel "souvenir" je souhaitais rapporter en Suisse : "De la musique pour piano de Ravel !" (grosse surprise de la part de ma mère, que je vois encore arpenter avec moi les Ramblas de la ville pour trouver un magasin où on en vendait -- Franco vivait toujours et l'Espagne était loin d'être aussi moderne qu'aujourd'hui). Sur disques, j'ai donc commencé avec l'intégrale Robert Casadesus, achetée à Barcelone, puis j'ai fait mes délices de celle de Samson François, acquise quelques années plus tard .

A côté de divers récitals, j'ai maintenant sept intégrales (chaque fois en deux disques) du piano seul de Ravel, ainsi que des albums de compositions - ou d'adaptations - pour piano à quatre mains ou deux pianos. Ces intégrales sont celles de : Claude Helffer (Harmonia Mundi), Vlado Perlemuter (Nimbus), Paul Crossley (CRD), Anne Queffélec (Virgin Classics), François-Joël Thiollier (Naxos), Alexandre Tharaud (Harmonia Mundi) et Jean-Efflam Bavouzet (MDG). Les enregistrements Helffer et Perlemuter omettent la Sérénade grotesque [1893], tandis que l'intégrale Tharaud est la seule à comporter deux inédits : La Parade [1896], très proche de Chabrier (par moments aussi de Satie), ainsi que le très bref (même pas une minute !) Menuet en ut dièse [1904], un minuscule mais extraordinaire "bijou ravélien".

Ce sont maintenant les enregistrements Tharaud et Bavouzet que j'écoute le plus souvent (surtout Bavouzet, si parfait dans les moindres détails que je ne lui trouve absolument rien à redire). Voici ces deux réalisations relativement récentes (2003), à mon avis "incontournables" et en quelque sorte "complémentaires" :




Jacques

[thierry h]

Ces deux derniers sont des fortiches... Je n'écoute plus qu'eux maintenant...



edit : j'exagère un peu, faudrait voir à ne pas oublier Bob Casadesus !

[Jacques]

Ces deux derniers sont des fortiches... Je n'écoute plus qu'eux maintenant...



edit : j'exagère un peu, faudrait voir à ne pas oublier Bob Casadesus !

Bonsoir Thierry .

Nous sommes "dans le même bateau", à ce que je vois . Je viens quand même de recommencer à écouter les autres pianistes que j'ai cités, et il y a des choses qui ne sont pas mal du tout. En particulier chez Crossley, qui a enregistré des intégrales Fauré, Debussy, Ravel et Poulenc, que je possède. Il a complètement raté son Poulenc (c'est même à fuir), mais les trois autres sont de très bonne tenue .

Quant à "Bob" Casadesus, c'est lui qui, en quelque sorte, m'a fait découvrir Ravel. Alors vous pensez ...

Jacques

[Alfredo]

J'ai l'intégrale de Louis Lortie. Un peu froid parfois, mais les pièces de virtuosité, notamment Scarbo, sont époustouflantes.

J'ai aussi un superbe disque d'Yvonne Lefébure avec un Tombeau de Couperin et des Jeux d'eau à fondre sur place!...

[Jacques]

J'ai l'intégrale de Louis Lortie. Un peu froid parfois, mais les pièces de virtuosité, notamment Scarbo, sont époustouflantes.

J'ai aussi un superbe disque d'Yvonne Lefébure avec un Tombeau de Couperin et des Jeux d'eau à fondre sur place!...

Bonsoir Alfredo .

Je ne possède pas l'intégrale de Louis Lortie, mais je sais qu'elle a une excellente réputation .

Quant à Yvonne Lefébure dans Ravel, c'est effectivement le rêve ... Sur le CD (bonus) joint à l'extraordinaire DVD intitulé "Yvonne Lefébure - Une leçon de vie" (j'ai sauf erreur déjà évoqué ce must absolu), je l'ai dans les Valses nobles et sentimentales (l'une de mes oeuvres fétiches, comme signalé précédemment). Et c'est époustouflant aussi.

J'en profite pour montrer ci-dessous deux images tirées de ce DVD, où on la voit enseigner à un élève la bonne manière d'interpréter Jeux d'eau (c'est bien sûr en français, mais il n'y a que des sous-titres [facultatifs] en anglais, pour ceux qui ne comprendraient que cette dernière langue). C'est le moment extraordinaire où, expliquant qu'il ne faut pas détacher les notes sans que ce soit legato pour autant, elle ajoute : "J'ai même demandé à Ravel pourquoi il avait lié les notes" . Voici ces images :




J'y ajoute deux vidéos trouvées sur YouTube, où Yvonne Lefébure interprète successivement, tirés du Tombeau de Couperin, le Menuet et la Toccata finale (j'ai si souvent joué ces pièces autrefois - j'avais la même passion pour cette suite - que ça me rend tout nostalgique ... ) :






Jacques

[Jacques]

Nouvelle plongée dans mon passé et nouveau petit "coup de blues" personnel : je viens de ressortir mes principales partitions ravéliennes, toutes achetées (avec mon maigre argent de poche) quand j'avais entre 13 et 17 ans . Et bien entendu, c'est celle des Valses nobles et sentimentales qui est la plus abîmée (la Pavane aussi en a pris un coup, j'avais sagement commencé par elle) .

Les voici :






Jacques

[Alfredo]

le prélude du Tombeau de couperin est redoutable parce qu'il contrarie à chaque fois le mouvement naturel des doigts. C'est un superbe exercice d'ailleurs, mais je n'étais pas arrivé au bout!...
Le menuet est plus accessible aux doigts amateurs.
J'avais réussi a jouer une approximation écoutable (les notes répétées sont redoutables!... et les glissandi à la tierce l'oeuvre d'un sadique!...) de l'Alborada dans son entier.

[Jacques]

J'étais pour ma part arrivé jusqu'au bout du Prélude du Tombeau de Couperin, mais avec des doigtés "impossibles" et très peu "orthodoxes", qui faisaient frémir ma prof de piano . Les autres pièces, ça allait (sauf bien sûr la Toccata, qui sous mes doigts était davantage de la frime qu'autre chose -- en revanche, je réussissais mieux la Toccata de la suite Pour le piano de Debussy).

En ce qui concerne Alborada (des Miroirs), je n'y suis jamais parvenu et j'ai laissé tomber . Et ne parlons pas de Scarbo (de Gaspard de la nuit) : j'ai essayé, mais en vain, et n'ai plus osé m'y aventurer . Pour tout le reste, je me débrouillais plus ou moins bien (encore que la prof en question m'ait dit une fois : "Contente-toi de la Sonatine; techniquement, la 3ème partie [Animé] est déjà suffisamment "casse-g****e" ).

Cela dit, que de souvenirs ça me fait ! Et ces harmonies ravéliennes ... Elles me fascinaient tellement que c'était pour moi comme une drogue .

Jacques

[Jacques]

Ces discussions (et ce retour personnel vers l'enfance) m'ont donné des idées.

Pour peu qu'ils soient sensibles à la musique, ou présumés tels, c'est toujours bien d'offrir un disque à ses proches. S'il s'agissait de confiture, je préférerais recevoir une mixture "faite maison avec amour" () plutôt qu'un truc acheté dans un magasin même prestigieux. En matière de musique, l'avantage d'une compilation "maison" c'est qu'on peut y regrouper - sous un thème choisi - ce qu'il y a de mieux. Or je vais m'y risquer avec ma filleule, dont l'anniversaire est proche. Même s'il est probable qu'elle préférerait recevoir le "dernier album" d'un groupe "techno" quelconque ()... Mais peu importe : je serai dans la position du donneur qui se fait surtout plaisir à lui-même, chose plus fréquente qu'il n'y paraît . Et du chocolat en complément fera "passer tout ça" sans trop de problèmes .

Cet album sera une compilation Debussy / Fauré / Ravel telle que j'en rêvais quand j'avais l'âge de ma filleule. Avec des choses faciles évoquant l'enfance, comme Petite Suite et Children's Corner (Debussy), Dolly (Fauré), Ma Mère l'Oye (Ravel) et quelques autres pièces. Ça m'a pris un temps fou, mais j'ai presque terminé . Voici le dessus de la boîte :



Que ne ferait-on pas pour répandre la musique qu'on aime (ou a aimé), même si c'est presque perdu d'avance ?

Jacques

[thierry h]

Jacques vous devriez lui offrir également le Festin de l'araignée en lui suggérant de bien écouter ce qui arrive au papillon aux mantes religieuses et à l'araignée si elle ne mange pas bien son disque le soir... Evidemment si votre filleul est ado et écoute de la musique de bagnole ça va être très très dur...