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Discussion: Aphorismes de Chostakovitch

  1. #1

    Aphorismes de Chostakovitch

    Quelqu'un peut-il me conseiller une version des Aphorismes de Chostakovitch ? Je ne connais pas et je me rends compte que ce que je préfère chez Chostakovitch est ce qu'il a composé avant d'être bridé voire broyé par le stalinisme et le rejet du formalisme. Par ailleurs, si quelqu'un peut m'expliquer ce qu'est ce si grave formalisme. Ce formalisme a t'il un rapport le formalisme linguistique de Jakobson ? Etre formaliste, est-ce s'attacher à la forme ou à la structure d'une œuvre au mépris d'une spontanéité plus compréhensible par les masses ?

  2. #2
    Membre Avatar de thierry h
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    Salut Yves ! Je ne connais qu'une version qui est celle d'Ashkenazy chez Decca. J'aime beaucoup...Evidemment je ne peux comparer avec rien d'autre... Prochainement sur Simplify Media ! Concernant Jacobson je vais me renseigner auprès de mon entourage fortiche rayon linguistique...
    Sinon oui... Attachement à la forme plutôt qu'au fond, entendons par là, l'artiste égoïste claquemuré dans sa tour d'ivoire se fout complètement d'être agréable au prolo soviéticus ! D'ailleurs l'artiste égoïste donc formaliste était toujours petit bourgeois ! Exemple Richard Straussov !


  3. #3
    Membre Avatar de Claude Torres
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    Citation Envoyé par thierry h Voir le message
    Salut Yves ! Je ne connais qu'une version qui est celle d'Ashkenazy chez Decca. J'aime beaucoup...Evidemment je ne peux comparer avec rien d'autre... Prochainement sur Simplify Media ! Concernant Jacobson je vais me renseigner auprès de mon entourage fortiche rayon linguistique...
    Sinon oui... Attachement à la forme plutôt qu'au fond, entendons par là, l'artiste égoïste claquemuré dans sa tour d'ivoire se fout complètement d'être agréable au prolo soviéticus ! D'ailleurs l'artiste égoïste donc formaliste était toujours petit bourgeois ! Exemple Richard Straussov !


    J'ai acheté récemment un CD avec cette oeuvre
    Musica rara - Musica famosa, Vol. III
    Aphorisms
    Hänssler Classic / SWR Music 93233
    2008
    Jascha Nemtsov, piano

    C'est couplé avec Children's Notebooks de Mieczyslaw Weinberg et
    Twenty Sketches de Sarah Nemtsov.

    Je suis un fan du jeu de Jascha Nemtsov.



    Claude Torres

  4. #4
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    Citation Envoyé par vernin Voir le message
    (...) ce que je préfère chez Chostakovitch est ce qu'il a composé avant d'être bridé voire broyé par le stalinisme et le rejet du formalisme. Par ailleurs, si quelqu'un peut m'expliquer ce qu'est ce si grave formalisme. Ce formalisme a t'il un rapport le formalisme linguistique de Jakobson ?
    Je vais peut-être sans doute encore dire une bêtise mais j'ai l'impression que le rejet du "formalisme" reproché à Chosta notamment suite à la représentation de son opéra Lady Macbeth de Mzensk n'a pas grand chose à voir avec la naissance du formalisme en tant que mouvement de critique littéraire sous l'impulsion (entre autres) de Jakobson, qui quitte la Russie très peu de temps après l'avènement du communisme. Le futurisme russe en revanche - inspiré du Manifeste [italien] du futurisme publié en 1909 - se développe à une époque où l'effervescence créative est à son comble et où Lénine, déclarant que "la musique appartient au peuple", est obligé d'encourager les travaux de Glazounov, Gliere, Miaskovsky ou Polovinkine (Stravinski et Prokofiev ayant choisi l'exil, et Scriabine venant de disparaître en 1915). Mais beaucoup de musiciens soutenus par le régime continuent à émigrer (c'est le cas de Lourié en 1922). Face à cette hémorragie, des musiciens comme Chostakovitch ou Roslavets n'ont d'autre choix que de composer avec les velléités ultra-chromatistes de créateurs comme Wyschnegradsky, la reconnaissance de la musique du passé et la valorisation de la musique comme outil de la culture prolétarienne. C'est l'époque des Fonderies d'acier de Mossolov et d'autres productions sensées réconcilier la création musicale et les attentes des ouvriers soviétiques. Ce n'est que lorsque l'Union des compositeurs et musicologues soviétiques est dissoute que Staline fait de Chostakovitch le premier compositeur "authentiquement" soviétique.
    Que l'histoire du futurisme russe soit associée à celle du formalisme russe n'est pas étonnant, car les deux mouvements se sont développés à des époques globalement similaires ; mais j'ignore si les formalistes russes se sont intéressés de près aux travaux des futuristes.
    En revanche, que la menace sur Chostakovitch se fut précisée vers les années 1934-35 (date de la création de Lady Macbeth) soit aussi celle de l'assassinat de Kirov et celle de la proclamation par Gorki d'un art étiqueté de "réaliste soviétique" est sans doute beaucoup plus important




    PS.
    J'espère que ces quelques éléments "plic-ploc" pourront être développés de manière plus structurée par qqun de plus compétent que moi (je viens de relire ce post et c'est très décousu ) ; d'autre part je vais essayer aussi de découvrir ces oeuvres de Chosta que je ne connais pas. Je vois qu'il en existe une version par Geoffrey Douglas Madge, un pianiste que j'aime bien d'habitude mais le couplage n'est pas terrible (sonate n°2 de Mossolov, qui se trouve déjà sur un autre album avec les sonates n°1, n°4 et n°5.

  5. #5
    Membre Avatar de thierry h
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    Je ne dirais pas que tonton Maxime sucrait les fraises à la fin de sa vie, mais il a été je crois habilement manipulé... Et d'ailleurs sous surveillance quasi constante si je me rappelle bien les souvenirs de voyages de Romain Rolland ou Gide ( ou les deux je ne sais plus ) Y'a même des mauvaises langues qui disent que sa dernière tisane avait un drôle de goût...


  6. #6
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    Gorki est bien à l'origine des notions de formalisme appliquées d'abord à la littérature. La définition est très compliquée, et pour cause, l'accusation étant destinée à pourvoir s'appliquer à peu près à n'importe qui. Le formalisme c'est en quelque sorte "l'art pour l'art", donc toute forme d'intellectualisme bourgeois anti-révolutionnaire. Dans les années trente, la seule forme musicale conforme à l'esprit de la révolution c'est le chant de masse (non accompagné) et la musique de plein air à la rigueur. C'est l'époque du grand combat entre la RAPM et les AMC (asociations pour la musique contemporaine) qui vont se faire manger. Mais leurs adversaires aussi se feront éradiquer un peu plus tard.
    Prokofiev a été très surpris de se trouver sur la liste de Jdanov et accusé de formalisme.
    A partir de 1932 toutes les oeuvres symphoniques sont soumises à autorisation préalable des Commissions du répertoire pour connaître une exécution publique, d'où l'abondance de transcriptions à deux pianos qui sont parfois tout ce qui reste de certaines oeuvres perdues ou détruites.
    Le cas de Chostakovich est très compliqué, il ne peut se comprendre que dans les rapports personnels qu'il entretenait avec le pouvoir. Tous ses soutiens politiques (Lounacharsky) ou artistiques (Meyerhold) ont été déportés ou assassinés, ou sont partis (Glazounov).

  7. #7
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    En tête de gondole sur Simplify Media :

    Chostakovitch

    Sonate pour piano n°2 op 61
    Allegretto
    Largo
    Moderato con moto

    3 danses fantastiques op 5
    Allegretto
    andantino-allegretto
    allegretto

    5 Préludes 1921
    Allegro moderato e scherzando
    Andante
    Allegro moderato
    Moderato
    andantino

    Valse lyrique
    Pièce courte
    Danse espagnole
    Nocturne


    Aphorismes op 13
    Recitatif
    Serenade
    Nocturne
    Elegie
    Marche Funèbre
    Etude
    Danse de la mort
    Canon
    Legende
    Berceuse

    Polka

    Vladimir Ashkenazy


  8. #8
    Membre Avatar de Claude Torres
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    Citation Envoyé par thierry h Voir le message
    Salut Yves ! Je ne connais qu'une version qui est celle d'Ashkenazy chez Decca. J'aime beaucoup...Evidemment je ne peux comparer avec rien d'autre... Prochainement sur Simplify Media ! Concernant Jacobson je vais me renseigner auprès de mon entourage fortiche rayon linguistique...
    Sinon oui... Attachement à la forme plutôt qu'au fond, entendons par là, l'artiste égoïste claquemuré dans sa tour d'ivoire se fout complètement d'être agréable au prolo soviéticus ! D'ailleurs l'artiste égoïste donc formaliste était toujours petit bourgeois ! Exemple Richard Straussov !


    J'ai une autre version moins connue chez Stradivarius, par Boris Petrushansky.
    .

    Je crois que Nemtsov est quand même mieux.

    Claude Torres

  9. #9
    Membre Avatar de hideux67
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    Aphorismons un petit coup avec ceci :



    Scherbakov si souvent excellent.... Et puis le prix reste abordable...

  10. #10
    Membre Avatar de Vincent H
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    Citation Envoyé par Fred Audin Voir le message
    Gorki est bien à l'origine des notions de formalisme appliquées d'abord à la littérature. La définition est très compliquée, et pour cause, l'accusation étant destinée à pourvoir s'appliquer à peu près à n'importe qui. Le formalisme c'est en quelque sorte "l'art pour l'art", donc toute forme d'intellectualisme bourgeois anti-révolutionnaire. Dans les années trente, la seule forme musicale conforme à l'esprit de la révolution c'est le chant de masse (non accompagné) et la musique de plein air à la rigueur. C'est l'époque du grand combat entre la RAPM et les AMC (asociations pour la musique contemporaine) qui vont se faire manger. Mais leurs adversaires aussi se feront éradiquer un peu plus tard.
    Prokofiev a été très surpris de se trouver sur la liste de Jdanov et accusé de formalisme.
    A partir de 1932 toutes les oeuvres symphoniques sont soumises à autorisation préalable des Commissions du répertoire pour connaître une exécution publique, d'où l'abondance de transcriptions à deux pianos qui sont parfois tout ce qui reste de certaines oeuvres perdues ou détruites.
    Le cas de Chostakovich est très compliqué, il ne peut se comprendre que dans les rapports personnels qu'il entretenait avec le pouvoir. Tous ses soutiens politiques (Lounacharsky) ou artistiques (Meyerhold) ont été déportés ou assassinés, ou sont partis (Glazounov).
    Je suis foncièrement d'accord avec cette très bonne définition du formalisme vu par les théoriciens des lendemains qui chantent. En fait, le formalisme n'est que la version artistique et développée de la bonne vieille théorie du complot et de l'ennemi de l'intérieur: comment des hommes isolés vont saper, de par leur art et leur pensée, les fondements d'un régime qui prétend diriger à la fois les existences et les consciences. L'accusation de formalisme, infiniment vicieuse mais suprêmement intelligente, permet au régime d'économiser sur ses propres manifestes car c'est à l'artiste de comprendre en quoi ce qu'il a produit est formaliste, d'où autocritique et par la même occasion remise en question. Le formalisme n'est jamais clairement défini et évolue au gré de la lutte des classes.
    Les Soviétiques vivaient une époque formidable...

  11. #11
    Membre Avatar de Jacques
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    Moi, j' "aphorisme" à mon tour () en présentant cette jolie version des dix Aphorismes op. 13 de Chostakovitch (composés en 1927, alors qu'il n'avait que 21 ans !), enregistrée en 1989 par la pianiste Elena Varvarova (le dessus de la boîte s'orne en outre d'une intéressante - quoique assez austère - image de style "constructiviste", où s'intègre le nom du compositeur écrit en russe ) :



    A propos de l'oeuvre, l'auteur du livret, Jacques Di Vanni, conclut sa présentation par la remarque suivante (NB : l'URSS existait toujours), typique de ce qu'on apprend souvent lorsqu'on s'aventure dans le monde de Chosta :

    "(...) La critique stalinienne se déchaîne ultérieurement contre ce cycle, y voyant le comble du «formalisme abstrait», et même actuellement il n'est guère interprété en URSS."

    ()

    Jacques

  12. #12
    Tout d'abord merci pour vos pistes. J'ai écouté le disque d'Ashkenazy grâce à Thierry. Pour les autres, je vais voir ce que ma médiathèque a en stock. Il y a une autre versions des aphorismes dont ClassicsToday dit le plus grand bien, connaissez-vous ?



    Concernant le formalisme, il apparaît clairement que la notion était floue et bien pratique. Khrennikov l'a lui-même presque admis en 1957 en disant que des œuvres de Chostakovitch condamnées pour formalisme n'étaient peut-être pas aussi formalistes que cela et mériteraient d'être rééxaminées. Considérer comme dangereux des artistes qui dépassent, des individus qui pensent ou des intellectuels est une caractéristique des dictatures. Mais je ne comprends toujours pas bien comment le terme de formalisme a été choisi pour désigner ce danger.

  13. #13
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Peut-être l'accusation de formalisme n'était qu'une modalité, particulièrement redoutable dans les circonstances, de l'anti-intellectualisme populiste qu'on observe partout de manière récurrente. C'est "prise de tête" ou "intello" donc pas accessible au peuple ; "trop compliqué" ça aurait voulu dire que le comité central ne comprenait pas, "abstrait" ça ne s'appliquait pas à tout le monde, "formaliste" va assez bien, je trouve, pour dire : ce n'est pas de la musique, ce sont des formules, ce sont des mathématiques, c'est de la pure construction intellectuelle mais il n'y a pas d'émotion/de message/d'édification des masses. On entend ça régulièrement...

    Je n'en sais rien, mais j'imagine assez bien ; le choix de cet adjectif ne m'étonne pas plus que cela, à dire vrai.

  14. #14
    - Avatar de mah70
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    "Formaliste", ça sous-entend "construction intellectuelle", limite "inutile", mais aussi "figé" et "chichiteux", donc contraire à la révolution qui est une force en marche utile à tous, incarnée dans la réalité (et dans le culte du chef, mais ceci est une autre histoire).
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  15. #15
    Modérateur Avatar de lebewohl
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    Le chef est lui-même l'incarnation du prolétariat en marché, donc c'est cohérent.

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