Sur le fil de discussion qui précède, on a évoqué l'une des oeuvres les plus extraverties, frémissantes et optimistes de Benjamin Britten, ainsi que sa discographie.
Un exercice qui a ainsi montré des divergences d'appréciation significatives entre les participants du fil, à la fois sur le caractère de l'oeuvre, et sur la qualité des différentes interprétations.
Si ma mémoire ne me fait pas défaut, la Sinfonia da Requiem n'a pas été évoquée sur l'ancien forum.
La discographie de cette oeuvre est plus riche en quantité que celle de la Spring Symphony.
Le caractère de l'oeuvre est bien différent aussi, et les circonstances de sa création assez ironiques, en un certain sens.
Britten, qui était d'une assez grande naïveté politique, a donc écrit en 1940 une oeuvre commisionnée par le gouvernement japonais pour commémorer le 2600 ième anniversaire de la fondation de l'empire japonais.
Malgré tout - est-ce un hasard? ou la preuve que Ben était un peu moins naïf qu'il en donnait l'impression? - il a donné lui même ce titre à cette symphonie en ré majeur, montrant qu'il souhaitait clairement faire référence à la liturgie chrétienne.
Evidemment, les nutcases autour de Tojo ont considéré cela comme une insulte suprême et ont refusé l'oeuvre, qui a finalement été jouée en première à Carnegie Hall par John Barbirolli et le New York Philharmonic le 29 Mars 1941....juste quelque mois avant l'attaque de la base de Pearl Harbor par....l'empire japonais
C'est une oeuvre en trois mouvements, sans pause entre les mouvements:
Lacrymosa (Andante ben misurato)
Dies Irae (Allegro con fuoco)
Requiem Aeternam (Andante molto tranquillo)
Britten a décrit lui même les trois mouvements comme respectivement "a slow, marching lament", "a form of Dance of Death" et "the final resolution".
Evidemment, si on veut soutenir les pom pom girls à la mi-temps d'un match de basket NBA, ce n'est peut-être pas la musique la plus adéquate
Malgré tout, il est frappant qu'un tout jeune homme de 26 ans soit capable d'avoir un tel sens de la finitude et de l'exprimer avec autant de maturité de moyens artisitiques.
J'ai personnellement 4 versions de cette oeuvre poignante, qui m'apportent toutes quelque chose de différent.
J'ai une profonde tendresse pour l'une d'entre elle, réalisée dans des circonstances très particulières, puisqu'il s'agit, je crois, du dernier enregistrement de ce musicien avant sa disparition.
Mais, avant de vous donner mes propres commentaires, j'aimerais avoir les votres sur ces oeuvres et ses différentes interprétations.