Schumann, Fantaisie op. 17

[Theo B]

Pour cesser de polluer le mqoed...

Et quelle Fantaisie a gagnée cette nuit ?

Difficile... j'en ai écouté 9 pour le moment, dont au moins 6 franchement très bonnes, peut-être une petite préférence pour Annie Fischer.

9 en entier ?
Ça fait plus long qu'un opéra Wagner, ça.
Tu as fini par aimer cette oeuvre ?
Je ne connais pas la version d'Annie Fischer.

Oui en entier!
Le but c'est de l'aimer entièrement! J'ai toujours aimé le troisième mouvement, j'essaye de rembobiner le fil... ça vient, ça vient, à force. Annie Fischer ne l'a pas enregistrée en studio, mais en sessions BBC (donc publié pae BBC Legends), avec Kinderszenen et Kreisleriana, dans sa dernière période, vers 1980. A 70 ans elle n'a plus tout à fait tous ses moyens, mais ça joue surtout sur les Kreisleriana, la Fantaisie, c'est encore très fort.


Les autres que j'ai écoutés sont Andsnes, Pletnev, Kempff/DG, Richter/Praga, Richter/Emi, Gieseking, Egorov, Virsaladze.

Les hongrois sont toujours très bien dans cette oeuvre...

Tu penses à qui d'autre? Je chercher désespérément à récupérer la bande d'un récital de Ranki (op15/16/17!!) à Radio France en 2001, ainsi qu'à numériser son enregistrement 33 tours, mais sinon?

Bah ! J'adore Geza Anda ! Sinon je ne peux pas t'aider concernant Ranki...

9 Fantaisie de Schumann c'est toujours moins long que l'Ouverture de Tannhauser + la partie de castagnettes !

Ah mais j'ai écouté Anda aussi, avant. Sorry, pas aimé du tout, mais je n'aime pas beaucoup Anda en général.

[Theo B]

Je ne pense à personne, je n'ai absolument pas le réflexe d'associer comme presque tout le monde ici une oeuvre à un enregistrement.
C'est une pièce que j'aime vraiment énormément, et je la connais plutôt bien "de l'intérieur", donc je l'écoute rarement.
Egorov, je crois me souvenir que c'est bien.
Je n'ai pas trop aimé la version Kempff qui est présentée pourtant comme une référence.

Egorov, le concert à Carnegie Hall chez Globe (je n'en vois pas d'autre)?

J'ai été fort déçu, moi. Bon, c'est correct, mais par rapport à ses Schumann Emi (Kreisleriana, et Toccata notamment)...

Je n'aime à peu près jamais Kempff, et là ce n'est pas une exception.

Je vais écouter cette version Firkusny dont parle Mah, il se peut que ça me plaise...

[Theo B]

Voici donc:

Et qui m'a presque autant touché (mais comment encaisser cette Fantaisie entre la phénoménale Sonate op 11 qui la précède et l'hallucinant Widmung qui la suit, tout ça dans le même concert?!?!?)

[Chiarina]

Egorov, le concert à Carnegie Hall chez Globe (je n'en vois pas d'autre)?

J'ai été fort déçu, moi. Bon, c'est correct, mais par rapport à ses Schumann Emi (Kreisleriana, et Toccata notamment)...

Ben, en fait je ne retrouve pas le disque et suis en train de me demander si je n'ai pas rêvé cette version presque idéale, car je ne connais pas le concert à Carnegie.

Moi, c'est le premier mouvement qui m'a complètement transportée, dés la première fois que je l'ai entendu quand j'avais 19 ou 20 ans.
J'ai eu longtemps du mal avec le côté retentissant et martial du 2ème, mais sans ça, on n'écouterait sans doute pas aussi bien le 3ème...

[Theo B]

Les autres versions que je viens d'écouter:







Et avant ça:


Il faudrait que j'écoute Pollini et au moins la version BCC d'Arrau...

[Chiarina]

Je reconnais donc le cd Egorov...
Et le Pletnev, très...curieux...
Kempff, j'ai un autre cd avec la 3ème de Brahms, en live je crois.

[thierry h]

Bon... J'ai toujours trouvé Anda formidable là dedans et partout dans Schumann, simple, direct avec juste ce qu'il faut de pathos ! ( Même les Préludes de Chopin sont à peu près audibles pour moi... tous les 10 ans ! )
Pollini ne fait pas dans le sucre non plus, j'adore tous ses Schumann ! La Fantaisie est rééditée chez DG avec une Wanderer à tomber par terre !

[thierry h]

Mais de quoi s'agit-il ?

[co2monamour]

La version de R. Firkusny, actuellement au programme du juke-box, est remarquable, quoique pas tout à fait assez flamboyante à mes oreilles.

En plus des versions déjà citées, j'aime aussi énormément les versions de :
- B. Moiseiwitsch (peut-être ma préférée, disponible chez Testament),
- Y. Nat (dois-je dire pourquoi ?),
- V. Sofronitsky (un schumanien d'exception)

Plus près de nous, l'enregistrement du relativement jeune V. Ashkenazy (1966, je crois) est très impressionnant.

J'aimerais bien avoir l'avis des forumistes ayant entendu l'enregistrement d'avant-guerre de W. Backhaus.

Musicalement,
l'obsédé-des-incunables

[Theo B]

J'ai un problème avec Nat, qui se résoudra peut-être un jour, mais... je ne sais pas trop, en général, je ne le comprends pas, et n'ai pas réussi à écouter attentivement ses Schumann. Je perçois ce qui peut fasciner chez lui, mais pour une raison qui m'échappe, ça ne m'atteint pas.

Sofronitsky, oui bien sûr c'est bien, je n'en ai pas parlé car je ne l'ai pas chez moi.

Moiseiwisch connais pas mais je vais chercher, en général ça me plait. Je vais tenter Askhenazy aussi.

[Theo B]

Le finale par Pletnev en concert: à mon avis, comme son enregistrement en beaucoup plus fort. Bon, d'abord, il est vrai que je trouve que cela fait en soit plaisir de voir Pletnev jouer du piano, en récital, récemment, plutôt que de faire autre chose.

Mais, si on peut désapprouver plein de choses, je ne pense que l'on puisse juste balayer ça en disant que c'est excentrique. On ne peut balayer une vision aussi aboutie et dominée, défendue avec un piano aussi incroyablement beau parfois.

Si encore on croulait sous les pianistes capables de jouer comme ça, avec une telle science de l'harmonie et du chant, tout en proposant quelque chose de plus "classique", on pourrait faire la fine bouche, mais comme ce n'est pas précisément le cas... Et je ne trouve pas non plus que l'on puisse parler de complaisance: au contraire, à la limite, le simple fait de systématiquement sous-pointer le thème lyrique (quoique de façon un peu excessive) est une belle façon, à mon sens, de tourner le dos au pseudo idiome romantique schumannien bien assimilé et propre sur lui...

Autant ses Etudes Symphoniques, encore plus sophistiquées, ne me paraissent pas fonctionner du tout, autant là, je rend les armes...

[Theo B]

Sinon, en réécoutant Sofroniztsky après tout cette livrée, je trouve ça moins bon!

[Theo B]

Moi, c'est le premier mouvement qui m'a complètement transportée, dés la première fois que je l'ai entendu quand j'avais 19 ou 20 ans.
J'ai eu longtemps du mal avec le côté retentissant et martial du 2ème, mais sans ça, on n'écouterait sans doute pas aussi bien le 3ème...

Moi c'est le premier que j'ai mis le plus de temps à écouter de bout en bout! Le second, en revanche, ne m'a jamais fait cette impression, j'ai toujours eu l'impression que c'est là que cela commençait à chanter (je n'exagère pas)! Mais bon, le Schumann symphonique enchainant les grands accords, on ne l'entend manifestement pas pareil, puisque moi je n'entends que du chant, du chant, du chant, encore du chant, et toujours du chant dans le finale des Etudes Symphoniques de Gilels et toi... non!

[Theo B]

Bon, j'ai écouté Moiseiwisch et Pollini.
Les deux m'ont plu, mais sans me transporter.

Moiseiwisch surtout dans les I et II, son III me semble un peu rapide et manquant de gravité, et de la sensation de plongée-lévitation, de rétro-ascension, appelez ça comme vous voulez, que j'aime ici notamment lorsque la poylphonie s'étoffe pour les deux climax.

Pollini... maintenant je sais que s'il jouait comme ça en concert, ça me toucherait certainement, toujours son volontarisme quasi naïf et premier degré, alors que ses moyens lui permettraient quand même de chercher autre chose (genre: ne rien de chercher du tout...), et en même temps (c'est un tour de force ici), si digne et dominé. Mais comme ça, enregistré et avec des conditions d'écoutes minimales, ça fait toujours un peu prosaïque et cogné....

[Theo B]

J'ai écouté Firkusny hier, j'adhère à l'opinion fomurlée par Co2. Je viens aussi d'écouter la célèbre version de Curzon, eh bien! Sa célébrité est plus que justifiée (bien plus que pour ses Schubert, je trouve): c'est un tour de force, il réussit l'exploit d'être extrêmement simple et direct, tout en usant de ce "sain" volontarisme si rare. Je trouve que sa version est une des plus touchante, même s'il manque toujours un petit quelque chose dans le pianisme de Curzon. Une Fantaisie serkinienne, en quelque sorte.

[thierry h]

Je suis tombé sur ce pianiste que je ne connais pas !

[Theo B]

Alors, j'ai donc écouté (et vous, vous n'écoutez personne, hum?)

Firkusny --- comme dit Co2, très beau mais pas assez flamboyant.

Moiseiwitsch --- très bien mais parfois un peu survolé, léger, surtout le finale.

Nat ---- très bien, mais ne me touche pas pour une raison mystérieuse.

Sofronitzsky ---- pas mal avec de grands moments mais des fluctuations de tension et de contrôle.

Gieseking --- très bien, toute la folie y est, manque une dimension d'épuisement, de pesanteur, de densité.

Kempff ---- je n'aime pas, dur, haché, volontariste, surtout le I, rédhibitoire (après c'est un peu mieux, m'enfin...).

Anda ---- une sorte de mélange de Kempff et Nat, donc pour moi ça ne marche pas.

Horowitz ----- Extraordinaire de bout en bout, bouleversant, aveuglant de vérité: je l'ai écouté quatre fois cette nuit: je l'aime rarement, lui, mais quand je l'aime, c'est...

Curzon ---- très bien, touchant de simplicité et d'abnégation à la fois. Manque une dimension grandiose.

A. Fischer ---- superbe, assez proche de Curzon avec plus de respiration.

Richter studio ---- bien, mais trop minéral: ce qui est transcendant chez Schubert n'est chez Schumann qu'impressionnant.

Richter live ---- pareil, plus d'aspérités toutefois, mais pas beaucoup plus d'émotion.

Egorov ----- décevant pour du Egorov, manque de continuité et de contrôle harmonique, malgré de beaux moments.

Brendel ----- pas mal du tout pour du Brendel. Mais c'est un peu un mélange de Nat et Horowitz avec moins de classe.

Pollini ----- dans l'esprit, mélange de Kempff (avec plus de conduite et d'élégance) et de Curzon (avec moins d'émotion mais en plus dominé). Bien, surtout le I, ce qui est rare.

Argerich --- un peu la même chose que Brendel, en un peu moins sophistiqué mais quelque chose ne va pas... Piano parfois fascinant, certes, mais ça ne suffit pas à maintenir la tension.

Virsaladze ---- magnifique dans la tension, l'architecture et le contrôle harmonique. Vraie dimension symphonique. L'abandon met un peu de temps à venir, peut-être....

Pletnev studio ---- sophistiqué mais tellement beau, symphonique et contemplatif. Manque d'aspérités tout de même.

Pletnev live ---- pareil, en plus ressenti et prenant. Et ce finale lunaire!

Andsnes ---- très dominé et symphonique, sans aucune dureté. Manque la folie, mais ça marche presque quand même.


Sur ces vingt versions, si je devais en garder cinq, ce serait Horowitz, Fischer, Virsaladze, Curzon (sûr), et pour la cinquième j'hésiterais entre Gieseking, Pletnev live (mais il n'y a pas de disque, alors...), et Pollini.

[co2monamour]

Ca fait très longtemps que je ne l'ai pas réécoutée, c'est pourquoi je l'avais oublié dans ma liste, mais je vais me pencher sur celle de l'autre Fischer, celui qui se prénomme Edwin, dès que j'aurai un peu de temps.
Comme dans son bouquin il écrit que pour lui Schumann est un compagnon, un ami vénéré, ça mérite qu'on revienne sur cet unique enregistrement de Schumann par le grand Edwin, pas vrai ?

Musicalement,
l'obsédé-des-incunables

[thierry h]

Horowitz ----- Extraordinaire de bout en bout, bouleversant, aveuglant de vérité: je l'ai écouté quatre fois cette nuit: je l'aime rarement, lui, mais quand je l'aime, c'est...

Aveuglant de vérité... Je suis déjà sourd à ce pianiste...ça va faire beaucoup...

[Theo B]

Je n'aime pas Horowitz dans Chopin, ni dans Beethoven, ni dans Schubert, ni dans Prokofiev, assez peu quoique parfois dans Mozart, Liszt, Rachmaninov et Scriabin. Et pendant longtemps j'ai cru que j'étais à peu près hermétique...

Mais... déjà beaucoup plus dans Haydn, et dans Scarlatti et Schumann il se métamoprhose en un des mes pianistes préférés, comme ça, d'un coup... drôle de bonhomme.

J'aimais déjà bien son Arabeske, sa Toccata et son Blumenstück, assez ses Kreisleriana, beaucoup ses Kinderszenen, mais là c'est encore un énorme cran au-dessus. Avant de l'entendre, par exemple, je n'avais jamais vu la parenté entre la fin du II et la coda du finale de la 1ère Sonate. Je ne crois pas qu'il soit encore indiqué ici "quasi pizzicatti", mais c'est tout comme! C'est à ce genre de choses que je pense quand je dis que c'est aveuglant de vérité... Et cette main gauche qui a un pouvoir de diction invraisemblable... ces plans sonores qui apparaissent comme des hallucinations, ces intuitions fulgurantissimes... et tellement d'humanité dans toute cette incroyable démonstration pianistique.