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Discussion: Woodstock : 40 ans (et encore des rêves dans la tête ?)

  1. #1
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    Woodstock : 40 ans (et encore des rêves dans la tête ?)

    Ce mois d'août 2009 marque le quarantième anniversaire du resté très célèbre festival de Woodstock.
    Apogée du mouvement hippie pour lequel cette célébration devait marquer le début d'une ère nouvelle, la plupart considèrent aujourd'hui que cette date marqua l'histoire non parce qu'elle constitua l'annonce d'un renouveau mais parce qu'elle fut en réalité "le dernier souffle de la révolution culturelle des années 60", selon Rich Hanley, professeur de journalisme à l’Université de Quinnipiac. En 1971, tout était fini, selon lui. Les manifestations étaient beaucoup moins nombreuses, la génération Woodstock a dû chercher du boulot et le boulot a mis un terme à la fête, dit-il.
    Pourtant nombreux sont ceux qui estiment que Woodstock a changé l'histoire de la musique. Sans doute pas pour tout ce qui fit sa légende, la génération no war, la contre-culture, la marijuana, le naturisme, l'activisme politique et ses appels à la paix ; mais pour ce que l'industrie du disque retira comme leçon de cet immense rassemblement autour d'un événement musical. Des artistes pouvaient mobiliser les foules ; des foules avec de l'argent ...

    Que cet emblème de la culture hippie eût été récupéré ne laisse aucune place au doute. J'ai quelque peu échangé avec Marc Ysaye - qui a eu la gentillesse de m'autoriser à publier ici ce qui suit, et dont la présence ici est rendue d'autant plus utile - outre le fait que c'est un homme charmant - qu'il est à la fois directeur de la chaîne radio Classic 21 (Quand le rock devient classique ! ) et lui-même musicien : il est le batteur du groupe de rock Machiavel.
    Marc est également l'arrière-petit-fils du compositeur belge Eugène Ysaye.

    Le quarantième anniversaire du festival de Woodstock a été largement commenté par la presse.
    Hélas, l'organisme belge de contrôle de la reproduction des articles presse sur internet m'en a interdit la publication.
    Je me contenterai donc de renvoyer ici aux liens vers les articles remis par Marc au magazine Télépro :
    Il y a quarante ans : Woodstock !
    Peace and love à Woodstock
    Les grands noms qui ont marqué Woodstock



  2. #2
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    Marc Ysaye est aussi comme je l'ai déjà mentionné directeur de la chaîne radio Classic 21.
    Sur son site, Classic 21 a publié une remarquable rétrospective du "plus grand festival musical moderne de tous les temps" - sous la plume de Walter De Paduwa - disponible également en podcast.

    Marc ainsi que Walter m'ont aimablement permis la reproduction sur ce site de ce matériel, ce dont je les remercie évidemment, très très chaleureusement

  3. #3
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    Woodstock, 1er épisode





    Le plus grand festival musical moderne de tous les temps s'est déroulé sur presque 4 jours au lieu des trois prévus c'est-à-dire du 15 au 18 août 1969 sur un terrain magnifique situé à Sullivan County, non loin de New York.

    Le Festival de Woodstock

    C est l'histoire de ce festival, de sa mise en place, des événements qui s'y sont déroulés, de la joie et des tragédies qu'il a engendré que j'ai le plaisir de vous raconter ces jours ci.
    Le plus grand rassemblement humain de la contre culture a coûté plus de 2.4 millions $ et a vu le jour grâce à 4 jeunes gens tous très différents et surtout très jeunes à l'époque.
    John Roberts, Joel Rosenman, Artie Kornfeld et Michael Lang vont se décider au printemps 1969, donc quelques mois seulement avant le début d'un événement dont l'ampleur n'avait pas été prévue, ni par eux, ni par quiconque.
    Pour bien poser les fondations de cette incroyable histoire, il faut impérativement établir un bref portrait de ces 4 très jeunes gens, puisque le plus âgé n'a que 26 ans à l'époque !

    John Roberts est celui qui apporte l'argent. Il est l'héritier d'un empire issu de la fabrication de pâte à dentifrice. En 1969, John Roberts est multi millionnaire mais n'a vu qu'un seul concert dans sa vie, celui des Beach Boys !
    Joel Rosenman, un ami de longue date, est le fils d'un célèbre orthodontiste et dispose également de beaucoup d'argent. Ils se sont rencontrés en 1966 avec l'idée de faire quelque chose d'original et pourquoi pas dans le domaine de la télévision.
    Ils placent une annonce très particulière dans le Wall Street Journal en mars 1968 : "Jeunes gens avec capital illimité recherchent partenaires afin d'investir et de développer un business, quel qu'il soit." Ils reçurent des milliers de propositions dont celle par exemple de fabriquer des balles de golf biodégradables !
    Notre troisième homme s'appelle Artie Kornfeld, vice président de Capitol Records, recruteur de talents, homme respecté dans le milieu du disque, d'allure plus que relax, souvent pieds nus et qui fume du haschich dans son bureau ! Mais c'est aussi un homme charnière pour les rockeurs gros vendeurs de disques.
    Enfin le quatrième homme s'appelle Michael Lang, le plus médiatique des quatre, les cheveux longs, bouclés, celui qu'on peut voir de temps en temps dans le film chevauchant une moto ou un cheval et qui a déjà une expérience dans le domaine puisqu'il a organisé peu de temps auparavant, un très gros festival rock à Miami avec 40.000 spectateurs.
    Lang et Kornfeld habitent le même quartier et rêvent tous les deux d'organiser un événement médiatique ; le projet est flou car ils ont aussi envie de créer un studio d'enregistrement dans la région de Woodstock, qui est une région très prisée à l'époque par de nombreux artistes de renom comme Janis Joplin, Van Morrison et même Jimi Hendrix qui possède une maison dans le coin.
    Leur plus gros problème est évidemment l'argent qu'ils n'ont pas et l'annonce de nos deux autres compères va faire mouche.
    Plus personne ne sait aujourd'hui qui a eu l'idée du festival, mais peu importe; toujours est-il qu'après plusieurs réunions entre les quatre hommes, l'idée de faire un concert rock fut retenue.
    Les quatre partenaires vont créer une corporation du nom de Woodstock Venture et chacun aura 25% des parts. Ils choisirent ce nom car c'est à Woodstock que vivait leur idole : Bob Dylan.

    L'affiche du festival



    Le logo du festival a été dessiné par Arnold Skornik qui était un grand fan de jazz ; c'est ainsi qu'il avait d'abord dessiné une flûte avec une colombe, pour ensuite en faire un manche de guitare sur l'insistance de M.Lang.
L'idée du concert d'un jour est abandonnée et remplacée par un événement d'au moins 3 jours.
    Reste évidemment à trouver un site.... demain je vous raconterai la mise en place géographique de ce qui deviendra le plus grand festival rock de tous les temps.

    Walter De Paduwa

  4. #4
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    Woodstock, 2e épisode



    "Three days of peace, love and music" sont les mots choisis pour annoncer le festival et c'est très bien vu; c'est-à-dire que le mot Peace va immédiatement faire comprendre aux gens qu'il faut s'y rendre par tous les moyens car en ces temps troubles, la guerre du Vietnam et les conflits dans le monde, ce festival pourrait devenir l'occasion unique de faire changer les choses.
    Je vous rappelle, et c'est important, que les organisateurs ont à peine plus de vingt ans en 1969 !
    Nos quatre compères vont d'abord développer l'idée d'organiser leur festival à Walkill qui se trouve à 50 km de Bethel, la petite bourgade qui accueillera le festival le 15 août. Les habitants de Walkill voient d'un très mauvais œil l'arrivée dans leur région de milliers de jeunes chevelus, fumant des joints et à leurs yeux semant inévitablement la pagaille ; donc pour eux, pas question de les accueillir. Un panneau sera même dressé à l'entrée de la ville disant à peu près ceci : "le premier hippie qui entre dans Walkill sera abattu !"

    Il ne faut pas oublier que le film "Easy Rider" vient de sortir, qu'il fait un tabac, mais qui pour une grande partie de l'Amérique profonde qui rejette en bloc l'évolution de leur jeunesse, représente ce qu'elle déteste le plus; d'autre part, Walkill est un site industriel, assez vaste mais terriblement froid et Michael Lang, qui est le responsable artistique du festival, ne sent pas du tout cet endroit, car lui il recherche la nature, les espaces et l'osmose entre le paysage, la musique et le public.

    Le projet Walkill tombe à l'eau et nous sommes déjà le 15 juillet, c'est-à-dire un mois seulement avant l'ouverture du festival.

    C'est à ce moment là que Michael Lang va rencontrer un certain Elliot Tiber qui est propriétaire du Monaco Motel situé sur le territoire de Bethel. Un motel de 80 chambres, presque toutes vides et bientôt en faillite. Tiber va proposer à Michael Lang et Artie Kornfeld d'organiser le festival sur son terrain, d'autant plus qu'il fait partie du conseil communal de Bethel et qu'il possède un permis pour organiser un festival. Mais il y a un problème : son terrain est marécageux, donc pas possible d'accueillir des dizaines de milliers de personnes.



    Peu importe, Elliot Tiber envoie Lang et Kornfeld chez un fermier du coin qui s'appelle Max Yasgur. Yasgur est un homme très dur en affaire, mais honnête et homme de parole. Il propose de louer son terrain pour 75.000 $.
    Dans un premier temps Michael Lang est ravi et soulagé; imaginez un terrain de 300 hectares, avec de grandes prairies, des forêts et un lac ! En plus Max Yasgur est scandalisé par l'attitude des autorités de Walkill car il aime la jeunesse; il sera tellement impliqué émotionnellement qu'il va fournir du lait, des œufs et du pain à tous ces hippies affamés qui passeront devant sa ferme durant toute la durée du festival. Il va même monter sur scène et parler au public... En fin de compte, ils vont se mettre d'accord pour louer le terrain de Max Yasgur 25.000 $.
    Les organisateurs, qui sont tout de même très malins, parlent à qui veut l'entendre de prévisions oscillant entre 40.000 et 50.000 personnes mais ils mentent ; en réalité ils ont déjà vendu 180.000 tickets aux quatre coins des Etats-Unis, donc ils savent que quelque chose d'énorme va se produire.

    En plus, le refus de la ville de Walkill va booster l'intérêt du festival en attirant encore plus de monde pour soit disant soutenir ces pauvres organisateurs. N'empêche, il faut faire vite, très vite. Une armée de bénévoles, menuisiers, charpentiers, électriciens, camionneurs vont s'affairer à partir du mardi 12 alors que les premiers festivaliers arrivent déjà sur le site, 3 jours avant l'ouverture du festival !!!

    Que va-t-on faire de tous ces gens ?

    Demain, je vous raconterai l'arrivée massive du public, les derniers préparatifs et le coup d'envoi du plus grand festival rock de tous les temps.

    Walter De Paduwa

  5. #5
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    Woodstock, 3e épisode





    Le premier gros problème vient du fait que personne n'avait prévu d'accueillir les premiers spectateurs avant le vendredi 15 ; mais en aucun cas le mardi 12 !!!
    Imaginez vous quelques centaines de chevelus débarquant sur le site en s'installant avec famille et bardas, alors que même la sono n'est pas encore tout à fait installée.
    Cette sono au départ a posé d'énormes problèmes puisque personne parmi les soit disant spécialistes n'a accepté et n'était capable de fournir une sono pour 50.000 personnes; ça ne s'était jamais vu.

    Alors c'est finalement quelqu'un de la région, passionné et prêt à relever un défi, qui va construire une sono pour maximum 150.000 personnes. Ce gars qui s'appelle Allan Markoff accepte et s'engage pour construire la plus grosse sono jamais réalisée pour le plus grand show du monde ! Nous sommes à ce moment là au mois de mai et il lui reste 3 mois pour réaliser l'impossible.

    Tout le monde s'affère ce mardi 12 août 1969 ; comme des fourmis, tous les corps de métier passent à la vitesse supérieure et la fièvre monte... Mais toujours avec une certaine naïveté et une certaine insouciance; c'est ainsi que personne n'a pensé aux cabines de billetterie, les kilomètres de clôture ou encore les sanitaires.

    Michael Lang parcourt le site à cheval, cheveux au vent, veste à franches et pieds nus en savourant la naissance de son projet alors que les deux financiers, John Roberts et Joel Rosenman réalisent déjà qu'ils se sont peut-être embarqués dans un projet complètement fou.

    Les jours passent et le monde afflue d'une façon impressionnante. Michael Lang et Artie Kornfeld se rendent compte que les quelques milliers de spectateurs déjà présents viennent des quatre coins des Etats-Unis, ce qui annonce donc beaucoup beaucoup de monde à venir; on leur dit aussi que les routes commencent déjà à être saturées !

    Ce festival va engendrer les plus gros embouteillages de l'histoire des Etats-Unis puisque les routes qui mènent au site ne sont pas larges et peu de parkings ont été prévus. Des gens abandonneront leur voiture à plus de 20 kilomètres du site et il y en aura beaucoup qui n'arriveront jamais.
    La société Woodstock Venture avait annoncé ce festival comme étant un week end à la campagne. L'annonce était parue dans de nombreux journaux et annoncée à la radio, aussi bien à Los Angeles, qu'à San Francisco, New York, Boston, Dallas et Washington DC. Il fallait évidemment trouver une organisation qui veille au bon déroulement des choses pour pouvoir servir les gens, les orienter, les aider et les nourrir.
    On va faire appel à une communauté qui s'appelait Hog Farm. Cette communauté s'était installée sur une réserve indienne au Nouveau Mexique et son leader se faisait appeler Wavy Gravy et se targuait de détenir le titre de Ministre de la Parole ! Mais la mère salvatrice de toute cette organisation est un petit bout de femme d'une trentaine d'année, du nom de Lisa Law; enceinte de 6 mois, elle va tout prendre en charge pendant 3 jours avec une énergie inouïe, sauvant ainsi une bonne partie de la fête.

    Il est 17h 06 très exactement, ce vendredi 15 août et le premier artiste va monter sur scène. Demain, je vous raconterai comment s'est déroulé le début du plus grand festival rock de tous les temps...

    Walter De Paduwa

  6. #6
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    Woodstock, 4e épisode





    Le vendredi 15 août 1969 peu après 17h, presque tout est en place pour accueillir le premier artiste. Les organisateurs avaient compris qu'ils allaient être submergés au niveau des guichets et en plus, de nombreuses clôtures, placées à la hâte avaient déjà cédées laissant un flot humain envahir le site...
    C'est ainsi que deux heures avant le premier concert le remarquable Chip Monk et son calme salvateur, chargé de toutes les annonces de scène, y compris la présentation des artistes, va annoncer aux dizaines de milliers de personnes déjà présentes qu'à partir de ce moment, l'entrée sera gratuite.
    Quand le triple album de Woodstock sortira en mars 1970 et ensuite le film, personne en dehors des Etats-Unis ne pouvait s'imaginer qu'il y avait eu beaucoup plus d'artistes que ceux que l'on découvrait dans le film. Une vingtaine sur les deux albums mais trente deux en réalité. Creedence Clearwater Revival, Greateful Dead, Johnny Winter et The Band feront partie de ces grands noms complètement absents et passés sous silence dans la campagne de presse pour la promotion du disque.
    Michael Lang et Artie Kornfeld avaient décidé depuis le début que la première journée serait consacrée aux groupes folk et artistes plus orientés vers un set acoustique, question de démarrer en douceur. Un groupe beaucoup plus remuant était prévu en fin de soirée ; un groupe dont on parlait beaucoup du côté de San Francisco et qui n'avait pas bonne réputation : Sly & the Family Stone.

    C'est le groupe Sweetwater qui normalement devait ouvrir cette première journée, mais à cause du trafic qui les a bloqué pendant 5 heures, c'est Richie Havens qui va donner un concert marathon de plus de 2 heures et tout seul, rallongeant à plusieurs reprises son set de quelques minutes en attendant l'arrivée d'autres artistes. Sweetwater finira par se produire vers 19h suivi de Bert Sommer qui avait une voix magnifique, assis en tailleur, seul, et livrant un set de toute beauté. Il avait tenu un beau rôle dans la comédie musicale "HAIR". Ensuite Tim Hardin, sérieusement entamé tiendra quelques minutes, le temps d'exécuter deux morceaux.

    La tempête qui a balayé le festival le dimanche après-midi fait partie de l'histoire de Woodstock; mais le temps était très instable durant tout le week end et d'autres petites averses eurent lieu à deux ou trois reprises. Mais une averse, si petite soit elle va transformer le terrain en patinoire en quelques minutes surtout sous les pieds des 150.000 personnes estimées pour cette première journée.

    A 21h30 le vendredi soir le concert de Ravi Shankar doit être interrompu à cause de la pluie et là se pose le problème du manque évident de protection de la scène.

    La chanteuse Mélanie Kafka avait été invitée par Michael Lang. Elle est montée sur scène complètement pétrifiée, suivie par Arlo Guthrie et Joan Baez qui finira son set vers 2h du matin.

    Michael Lang, seul, va décider de programmer Sly & the Family Stone afin de clôturer cette première soirée. Artie Kornfeld, son associé ne voit pas ça du tout d'un bon œil car Sly Stone sait être un agitateur et pourrait prendre le public a parti sans aucune raison ce qui risquerait de ruiner cette première journée extrêmement longue pour un public de plus en plus nombreux, sur un terrain humide et prêt à tout, sauf à dormir.

    Artie Kornfeld fera placer des barrières afin d'éloigner de quelques dizaines de mètres un public plus que jamais décidé à danser. Le concert de Sly & the Family Stone entrera dans les annales et les hauts parleurs se tairont vers 5 heures.... le samedi matin.

    Demain, je vous parlerai notamment du service de sécurité mis en place par les organisateurs du plus grand festival rock de tous les temps.

    Walter De Paduwa

  7. #7
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    Woodstock, 5e épisode





    A l'aube de la deuxième journée, le site de Bethel a déjà l'allure d'une petite ville endormie ; il y a toujours des gens qui s'affèrent, de nouveaux arrivant qui cherchent un emplacement après avoir fait parfois douze heures de route pour accomplir les 50 derniers kilomètres...
    Des milliers de jeunes laisseront leur voiture sur le bas côté de la route, d'autres complètement épuisés mais heureux d'y être viennent de faire 24 heures de stop et il en sera ainsi jusqu'au dimanche après midi !
    En ce samedi matin, le temps est correct, des milliers de tentes sont dispersées sur l'entièreté du site, les occupants heureux et insouciants découvrent l'endroit et prennent possession des sous bois, de tous les accès aux alentours et découvrent le fameux lac, le White Lake qui deviendra un endroit primordial et stratégique durant tout le week end.

    Une odeur de haschisch mélangée à celle des hot dogs se dégage de partout et les plus débrouillards inspectent les lieux afin d'organiser au mieux le ravitaillement qui va s'avérer très problématique dans les heures qui viennent.

    Et le service de sécurité dans tout ça ? Comment fonctionnait-il ? Il était réduit au strict minimum d'après la volonté des organisateurs. Pas question de risquer une confrontation ou de créer une provocation entre les forces de l'ordre et ce public venu si nombreux des quatre coins des Etats-Unis.

    Mais il y avait des policiers durant ces trois jours; 200 policiers New Yorkais avaient été engagés pour se rendre à la campagne afin d'assurer une présence discrète pour un festival de musique dont ils ne savaient rien !Trois bus de transport d'écoliers sont arrivés le vendredi matin devant la ferme de Max Yasgur. La tenue vestimentaire se voulait détendue et discrète et le salaire de 50 $ par jour.

    Mais une fois sur place, le message avait bien changé; pas question de participer ou de collaborer à cette fête sous peine de sérieuses sanctions car une loi interdit aux policiers New Yorkais d'agir en dehors de leur zone. La plupart d'entre eux sont remontés dans le bus et sont rentrés à New York. Mais une dizaine de policiers sont tout de même restés sur place en négociant discrètement un salaire de 90 $ par jour et en prenant un nom de rôle comme par exemple Mickey Mouse ou Donald Duck.

    C'est ainsi qu'une dizaine de policiers seulement se sont confondus à une foule de 400.000 personnes durant les 3 jours !!! A ce niveau là tout s'est admirablement bien passé ce qui est unique, plus jamais vu depuis et sans doute pour toujours.

    La deuxième journée va démarrer ; on entre véritablement dans le cœur du festival. Les grosses pointures sont annoncées et tout le monde sait qu'à partir de ce samedi midi, les choses sérieuses vont commencer, au niveau musique d'abord, avec un nombre impressionnant de groupes électriques et au cœur même du festival avec tous les problèmes relatif à l'organisation de la vie au sein d'une si grande communauté improvisée.

    Dans le prochain épisode, on entrera de plain-pied dans la marmite de Bethel pour vivre la deuxième journée du plus grand festival rock de tous les temps.

    Walter De Paduwa

  8. #8
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    Woodstock, 6e épisode





    Nous sommes le samedi 16 août 1969 dans la cuvette de Bethel, non loin de Woodstock et le festival prend tout doucement sa vitesse de croisière. Le public continue à arriver en masse, le soleil d'été est présent, la fumette et tout le reste circule allègrement en grande quantité...
    La plupart des spectateurs s'imaginent petit à petit au cœur d'un paradis improvisé dans un décor qui s'y prête à merveille avec ses prairies, ses vallons, le White Lake tout proche et les nombreux sous-bois où l'amour est libre, l'insouciance est partout et où tout est permis mais toujours dans un esprit de joie et de douceur. Mais tout ne tourne pas rond; les premiers signes de ce qui va devenir très problématique dans les heures qui vont suivre commencent à apparaître; le ravitaillement et les soins.
    Pendant ce temps là, après l'ouverture en musique du groupe local Quill vers 11h, Country Joe Mc Donald s'apprête à monter sur scène; il n'était pas prévu en solo, puisque programmé plus tard avec son groupe. L'horaire mis en place a été complètement modifié car il y a tellement de monde qu'ils craignent des débordements; donc il faut de la musique et du spectacle.

    Le passage de Country Joe Mc Donald est un des points forts du film, puisque chanteur très engagé, il terminera son set avec le morceau "Fixin' to die rag" dans lequel 200.000 personnes entonneront les quatre lettres F.U.C.K ce qui fera de Country Joe le symbole de la lutte contre la guerre du Vietnam, du moins pendant trois jours...

    Peu après c'est au tour de John Sebastian de monter sur scène, lui aussi, seul avec sa guitare. Il vient de dissoudre son groupe, The Lovin Spoonful. Sa carrière est à l'arrêt et c'est une aubaine pour lui de se retrouver devant cette foule. Peu avant de monter sur scène, Chip Monk lui annonce la naissance du premier bébé du festival ! Il va transmettre la bonne nouvelle au public...

    C'est au tour d'un jeune guitariste de monter sur scène; un jeune guitariste latino qui avec son groupe va lui aussi inscrire son nom dans l'histoire : Carlos Santana. Le premier album fait timidement son apparition dans les bacs de quelques disquaires de San Francisco et son groupe, Santana, va laisser une impression énorme ! Incontestablement le premier tout grand moment du festival.

    Un groupe anglais tout à fait perdu, The Keef Hartley Band va jouer une petite demi-heure, suivi du groupe folk The Incredible String Band.

    Il est un peu plus de 18h lorsque Canned Heat va débouler sur scène sans pour autant donner un bon concert. Ils laisseront tout de même une grosse impression en interprétant ce qui est considéré comme l'hymne du festival : Goin' up the Country. Leur manager, Skip Taylor avait tout fait pour les faire monter sur scène à la tombée du jour, profitant d'une part, d'un restant de lumière naturelle et de l'autre du light show, ce qui est le meilleur moment pour captiver le public.

    Dailymotion - Canned Heat Going up Country Woodstock - une vidéo Amis et Famille
    Canned Heat Going up Country Woodstock
    par Galaxiestarwars

    Une averse va perturber un moment ce début de soirée et sera à l'origine du fiasco complet de la prestation de Grateful Dead. Une situation très dangereuse sur scène, des risques d'électrocution va contraindre le groupe à s'interrompre pendant plus de 40 minutes ce qui va ruiner leur prestation.

    Creedence Clearwater Revival, arrivé en quatrième vitesse, va très bien jouer avec 11 morceaux au répertoire, mais malgré le succès immense qui les attend pendant 5 ans encore, ils vont rater l'occasion de frapper un grand coup suite à la décision conjointe du manager et de John Fogerty de ne pas être filmé.

    Le phénomène Janis Joplin va aussi laisser un souvenir à la mesure de son talent et de sa réputation. D'autant qu'à Woodstock elle va se produire pour une des premières fois avec son nouveau groupe : Kozmic Blues.

    Il est deux heures du matin, une toute grosse pointure venue de Grande Bretagne va monter sur scène : The Who. Seulement voilà, les tous gros problèmes vont commencer à se succéder et le festival à même, pendant une heure, frôlé la catastrophe.

    Demain, je vous raconterai comment les organisateurs ont évité le pire et comment s'organisait tant bien que mal la vie au cœur du plus grand festival rock de tous les temps.

    Walter De Paduwa

  9. #9
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    Woodstock, 7e épisode



    Quelques heures seulement avant la prestation du groupe anglais The Who, personne dans le staff ne sait comment ils vont bien pouvoir arranger les choses car à ce stade le manager du groupe a décidé qu'ils ne monteraient pas sur scène !
    La raison est simple : il veut de l'argent cash ! Les promesses de paiement, l'acompte de 50%, ou même un chèque ne suffira pas à convaincre le manager, d'autant plus que le problème s'aggrave encore un petit peu plus lorsque le groupe Jefferson Airplane, une des stars incontestée du festival, revendique la même chose et eux, doivent normalement passer après The Who. Il est 23h samedi soir au milieu de nulle part, les banques sont fermées et personne ne dispose d'argent cash.

    C'est alors que John Roberts, un des deux financiers fortuné qui a investi l'argent au départ va réussir à contacter son banquier peu avant minuit avec le téléphone du pilote d'hélicoptère et le convaincre de se rendre à la banque en pleine nuit et de lui ouvrir le coffre afin de retirer une somme qui se situe entre 50.000 et 100.000 $. Ensuite, revenir le plus vite possible, en hélicoptère sur le site pour payer les managers et annoncer au public impatient la montée sur scène imminente du groupe The Who. Ce qu'ils feront avec deux heures de retard, c'est-à-dire qu'il est presque 1h du matin lorsque le concert va commencer et Jefferson Airplane attend toujours backstage dans des conditions extrêmement difficile et tout à fait inconfortable.

    Woodstock ne sera pas un paradis improvisé pour les musiciens qui attendent un peu partout dans des conditions indignes pour des artistes. Des caravanes sans confort, les pieds mouillés, peu ou pas de nourriture, l'attente interminable, la promiscuité, la boue, la fatigue et les drogues vont entamer l'énergie et le talent de la plupart des artistes.
    Les Who vont jouer pendant plus de 2 heures en interprétant 24 morceaux dont la comédie musicale Tommy.


    The Who: My Generation

    Michael Lang se trouve sur le côté de la scène avec Abbie Hoffman qui lui est un des responsables de la tente médicale. Comme beaucoup d'autres, pour tenir le coup, Hoffman a avaler beaucoup de tablettes de toute sorte et carbure à l'acide depuis des heures. Il croit voir un type imaginaire avec un couteau en dessous de la scène et Michael Lang décide de la calmer. En plus Hoffman est obsédé par l'arrestation très médiatique de John Sinclair qui vient d'être emprisonné et condamné à une très lourde peine pour possession de deux joints ! Alors il monte sur scène pendant la prestation des Who, s'empare du micro et hurle sa rage à l'encontre des autorités. A ce moment là, Pete Townshend, qui pense avoir à faire à un excité dangereux, le fracasse avec sa guitare et le met KO pour un bon moment...

    La musique s'arrêtera vers 4h du matin. Après 40 heures de festival, le service sanitaire est complètement débordé et les cas les plus fréquents sont liés aux abus de drogue, souvent de très mauvaise qualité; l'herbe et le haschisch circulent librement, mais le LSD est coupé avec de la strychnine et avec de la mort aux rats ! Les nombreux médecins, infirmiers et aide soignants sont débordés mais essaient de sortir les jeunes de leurs mauvais trips. Il y a aussi des coupures de toute sorte car le sol est jonché de détritus et la moitié des gens se promènent pieds nus et puis beaucoup de problèmes de rétine car, sous acide, des centaines de jeunes ont fixé le soleil pendant de longues minutes et ont gravement endommagé leurs yeux.

    Au niveau du ravitaillement, les choses ne se passent pas bien non plus; tout manque et c'est l'armée de l'air qui va aider à débloquer la situation en larguant des vivres.C'est encore l'armée de l'air qui va sauver les organisateurs en amenant les artistes sur le site grâce au seul hélicoptère disponible.

    La deuxième journée s'achève; il en reste une. Enfin, c'est ce qu'on pense à ce moment là.

    Demain, alors que des milliers de personnes continuent à arriver, je vous raconterai comment a démarré la plus longue journée du plus grand festival rock de tous les temps.

    Walter De Paduwa

  10. #10
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    Woodstock, 8e épisode



    Nous sommes le dimanche 17 août 1969 vers 6h du matin et on apprend par la radio que le gouverneur a déclaré la zone de White Lake sinistrée ce qui laissera penser qu'une pénurie de nourriture est imminente.
    Alors les habitants de la région qui trouvent finalement ces jeunes très sympathiques vont se mobiliser à tel point qu'une centaine de familles vont préparer bénévolement des milliers de sandwichs; un hôtelier de Monticello va faire durcir des milliers d'œufs et toute cette nourriture va être acheminée par les petits chemins connus des habitants. La solidarité marche à fond !

    Côté musique, Jefferson Airplane va monter sur scène vers 7h du matin, avec tout de même déjà plus de six heures de retard sur l'horaire. Wavy Gravy, le très fantasque ministre de la parole, va annoncer qu'ils sont désormais en mesure de servir le petit déjeuner pour 300.000 personnes !
    Très peu filmé, Jefferson Airplane va vivre un concert magique au lever du jour, chargé, bien malgré eux de réveiller l'immense dortoir en enchaînant leurs plus grands morceaux.


    Jefferson Airplane - Live Woodstock 69
    par flojoss

    Joe Cocker arrive vers 14h et lui va devenir un des seuls artistes à garder un excellent souvenir de Woodstock. Il a trouvé place dans un hélicoptère qui est arrivé à quelques dizaines de mètres du podium; une demi-heure plus tard il va monter sur scène pour livrer un set de 40 minutes de toute beauté. A ce moment là, 10 minutes après le dernier morceau, le vent va se lever brusquement, le ciel va s' assombrir et un orage violent va débouler sur le site à toute vitesse. Chip Monk demande aux gens de rester calme, de se protéger tant bien que mal et de faire le gros dos. Il organise la protection du matériel de scène dans des conditions dantesques et en quelques secondes, un déluge d'eau s'abat sur toute la région transformant encore un peu plus le festival en zone complètement sinistrée.

    Des scènes extraordinaires se déroulent un peu partout, comme ces immenses patinoires de boue, des dizaines de mètres carrés de grandes bâches en plastique abritant jusqu'à 50 personnes ou ces milliers de hippies détrempés et sous acide qui vivent sur une autre planète.

    C'est alors que va naître un chant, tout à fait improvisé et qui va résonner dans quasi tous les festivals depuis des décennies mais crée à Woodstock pour implorer la pluie de s'éloigner...


    Le chant de la pluie...

    Il faudra attendre 3 heures supplémentaires avant de rallumer les amplis et accueillir Country Joe & the Fish.

    Le groupe de Leslie West, Mountain va monter sur scène vers 21h et va donner un des plus longs concerts du festival.

    Quelques moments immenses de ce week-end sont inscrit à jamais dans l'histoire comme par exemple le morceau I'm Goin' Home de Ten Years After. Le groupe d'Alvin Lee va déferler sur la scène et va électrifier tout le site malgré le danger omniprésent d'une possible électrocution; Alvin Lee avait déclaré qu'il préfèrerait mourir électrocuté sur scène à Woodstock que de renoncer au concert ! 4 longs morceaux suffiront pour laisser tout le monde K.O.

    The Band, Johnny Winter, Blood Sweat & Tears suivront jusqu'à 3h du matin. Le public est toujours présent mais tout a pris énormément de retard. De très nombreux jeunes ne savent absolument pas comment ils vont rentrer ; d'autres doivent travailler le lendemain matin, beaucoup ne savent plus où ils ont garé leur voiture, et puis il y en a tout de même une centaine de milliers d'autres toujours présents et bien décidés à ne pas rater quelques très grosses pointures.

    Demain, je vous raconterai comment la plaine de Bethel va lentement se vider après les derniers accords de Jimi Hendrix, vers 11h du matin, et je vous parlerai aussi des nombreux artistes qui auraient pu se retrouver à l'affiche du plus grand festival rock de tous les temps.

    Walter De Paduwa

  11. #11
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    Woodstock, 9e épisode





    "Parler de Woodstock , c'est comme parler de la seconde guerre mondiale"... Citation de Graham Nash quelques années après le passage de Crosby Stills Nash & Young à Woodstock.
    Eux aussi vont marquer le festival à jamais; deux sets différents, l'un acoustique, mais sans Neil Young et l'autre électrique; ils vont impressionner tout le monde, y compris les nombreux artistes massés derrière la scène qui veulent à tout prix assister à ce concert, tant les performances vocales du groupe sont impressionnantes. Ils vont occuper la scène pendant deux heures pour finir vers 5h du matin.

    Ensuite, le bluesman Paul Butterfield va se produire dans l'indifférence générale et le groupe Sha Na Na qui a pour mission de divertir les quelques dizaines de milliers de téméraires encore présents après 4 jours de musique va bien faire rire les festivaliers complètement épuisés qui n'attendent qu'une seule chose : le concert de Jimi Hendrix.

    En grande forme, heureux d'être là et dans un état de fraîcheur surprenant, Hendrix va se produire vers 8h le lundi matin avec un groupe quasi improvisé et laisser une énorme sensation de bonheur sur la plaine de Bethel, à ce moment là couverte de déchets, recouverte d'une chape mélangeant silence et quiétude avec une impression de fin de bataille.

    Toutes les routes aux alentours seront fluides car le retour va s'étaler sur plusieurs heures et ne sera en rien comparable aux embouteillages historiques provoqués par l'arrivée massive de centaines de milliers de personnes.

    Cette ville improvisée de près de 450.000 jeunes et parfois très jeunes, sans compter les quelques 100.000 autres qui ne sont jamais arrivés, va vivre pendant 4 jours les bonheurs et malheurs propres à ce type de rassemblement.

    Hormis 2 naissances, il y aura aussi 2 décès dont celui de Raymond Mizak, un jeune de 22 ans qui, endormi dans son sac de couchage, va être broyé par un bulldozer chargé de commencer le nettoyage du site.

    Une société spécialisée va être chargée par les organisateurs de tout nettoyer pour 75.000$ et d'enfouir dans un énorme trou les tonnes de déchets de toutes sortes, chaussures, bouteilles, papiers, vêtements, tentes et plastiques pour ensuite y mettre le feu. Les habitants vont être enfumés pendant plusieurs jours; la commune de Bethel va porter plainte et une amende supplémentaire sera infligée aux organisateurs.
    L'affiche prestigieuse du festival de Woodstock aurait pu l'être encore beaucoup plus : Bob Dylan n'est jamais venu alors que son groupe était présent; personne ne saura jamais pourquoi, même pas lui; Jeff Beck a décliné l'invitation, n'ayant plus de groupe à ce moment là; Iron Butterfly et leur morceau d'anthologie, In a Gadda da Vida était prévu mais tout le groupe a carrément été oublié à 20 km de là; Joni Mitchell n'a pu s'y rendre suite à la décision de son manager; John Lennon était prêt à venir mais avec The Plastic Ono band alors que les organisateurs avaient évidemment misé sur la présence des Beatles; Led Zeppelin était mieux payé ailleurs; Jethro Tull, The Doors, Moody Blues et The Byrds ont refusé l'invitation et Frank Zappa ne voyait aucun intérêt à se produire dans la boue pour quelques milliers de paumés !

    Enfin, le plus grand groupe rock du monde, The Rolling Stones n'ont pas été invités car ils véhiculaient à ce moment là, une image assez violente qui ne cadrait pas du tout avec trois jours de paix et de musique. Cette non invitation va leur rester en travers de la gorge et 5 mois plus tard Mick Jagger et son groupe acceptera de jouer à Altamont devant des centaines de milliers de personnes avec toutes les conséquences que l'on sait.
    Demain, en guise de conclusion, je vous parlerai des bénéfices engendrés par le film, de la perte financière colossale des organisateurs, des événements qui ont marqués la planète durant cette année 1969 et de l'héritage laissé par le plus grand festival rock de tous les temps.

    Walter De Paduwa

  12. #12
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    Woodstock, 10e épisode





    Si le festival de Woodstock est entré dans la légende, c'est bien évidemment grâce au film. Deux jours avant le début du festival, Artie Kornfeld a fait une offre à Warner qu'elle ne pourra pas refuser.
    Il engage 100.000$ pour faire le film incluant les concerts, les périodes de transition, de nombreux plans du public dans la cuvette et aux alentours et surtout l'ambiance pour mieux cerner le monde des hippies. Le réalisateur Michael Wadleigh est déjà sur place et attend son jeune assistant, un certain Martin Scorsese pour lancer la machine.
    Le contrat sera signé avec Ted Ashley de chez Warner et Kornfeld lui dit qu'ils attendent des centaines de milliers de personnes et qu'il y a moyen de faire fortune avec le film. Il précise aussi que si par malheur cela devait tourner à l'émeute, alors ils auraient le plus fameux documentaire jamais réalisé ! C'est comme ça qu'il a convaincu les gens de chez Warner.

    Wadleigh va engager une centaine de personnes, bénévolement car sans le sou et insiste pour que le film soit tourné au cœur du festival avec autant de plans sur la jeunesse présente que sur les groupes et la scène. Pour lui, la démarche sociale et culturelle a autant d'importance que l'aspect musical.

    Le festival de Woodstock a indéniablement marqué l'année 1969 de part son importance, son gigantisme mais surtout par l'effet de surprise engendré par l'arrivée inattendue de tellement de monde. Ce sera aussi le dernier rassemblement totalement pacifique de la décennie permettant à tous ces jeunes de prendre conscience qu'il est peut-être grand temps de changer sa façon de vivre. Cette jeunesse rentrera chez elle avec la conviction d'avoir été au bon endroit au bon moment et elle sera consciente d'avoir contribué à faire passer un message de paix aux dirigeants du monde. Un monde qui, en 1969, va connaître des moments importants comme l'élection de Richard Nixon, de Kadhafi, de Georges Pompidou, de Yasser Arafat et de Willy Brandt. Au niveau de la science et du progrès, premier vol du Boeing 747 ainsi que celui du Concorde, premiers pas sur la lune avec Apollo 11, au niveau cinématographique Costa Gravas va réaliser le film Z, Fellini va sortir Satiricon, sortie du film Il était une fois dans l'Ouest et Yellow Submarine des Beatles. Décès de Dwight Eisenhower, Judy Garland, Coleman Hawkins, Jack Kerouac ou encore Brian Jones.

    Sortie de quelques grands albums comme ceux de Led Zeppelin 1 et 2, Let It Bleed des Stones, le premier Yes, le premier Crosby Stills Nash, le premier Santana, Nashville Skyline de Bob Dylan, Goodbye de Cream ou encore Stand Up de Jethro Tull.

    Pendant 4 jours 400.000 jeunes citoyens américains vont vivre en autarcie complète; ils vont découvrir la signification des mots partage, entraide et respect de l'autre; la plupart d'entre eux vont quitter Woodstock complètement transformés. Il a fallu attendre 1970 pour voir arriver chez nous le disque, puis le film qui vont rapporter des millions de dollars. Le seul qui a gagné beaucoup d'argent dans l'aventure, c'est le réalisateur Michael Wadleigh.

    Ce grand rêve des sixties va rapidement se terminer avec le décès de Janis Joplin, Jimi Hendrix, Brian Jones et Jim Morrison. La violence va faire son apparition de façon dramatique 4 mois plus tard au festival d'Altamont en Californie. L'arrivée des seventies marquera un tournant et n'approchera plus jamais le rêve de paix, de musique et d'amour.

    24h après la fin du festival, John Roberts et Joel Rosenman vont déjà devoir affronter leurs banquiers et ils vont payer de leur poche pendant 20 ans ! Woodstock Venture va se retrouver avec une dette à l'époque estimée à 1.3 million de dollars. Le budget promo d'Artie Kornfeld va se chiffrer à 150.000$ et dépasser de 70% le budget initialement prévu, tandis que les frais de production de Michael Lang vont exploser pour se chiffrer à 2 million $ dépassant le budget prévu de ...300% !!
    Enfin, il faut savoir que suite au festival de Woodstock, des lois ont été votées aux Etats-Unis pour que cela ne puisse plus jamais se reproduire. Woodstock restera pour toujours le plus grand festival rock de tous les temps.

    Walter De Paduwa

  13. #13
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    Alors je ne sais pas ce que vous en pensez, mais personnellement je trouve cette rétrospective passionnante

    Je rappelle que cet ensemble d'articles est reproduit ici avec l'aimable autorisation de Classic 21




  14. #14
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    Quelques unes des vidéos parmi les plus célèbres, glanées sur YouTube :





































  15. #15
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    On sent la mer d'ici
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    Woodstock était un très bon festival marketing. Certes, l'entrée était un peu chère (7 dollars en 69, ca faisait bonbon), mais c'était pour la paix et l'amour, donc une bonne affaire, tout compte fait.
    Sinon, la génération Woodstock est celle qui est aux manettes actuellement et on ne peut pas dire qu'elle ait amené un monde de paix et d'amour.

  16. #16
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    Oui bah ... il est de bon ton de critiquer cette génération pour ce qu'elle n'a pas pu accomplir. Les hippies de la génération Woodstock réagissaient contre les outrances et les horreurs d'une guerre meurtrière, seulement 25 après la fin de la Seconde Guerre mondiale ! le rejet de la société de consommation était largement inspiré par une pensée que des Burroughs, Ginsberg ou Tim Leary avaient contribué à façonner. Je continue à nourrir une certaine nostalgie pour les valeurs de cette époque - et suis quasi certain pour avoir la chance de les côtoyer régulièrement dans mon activité professionnelle que les jeunes d'aujourd'hui conservent une vision positive de cette génération même si leur contexte social et économique est bien plus éprouvant que ne l'était celui des jeunes de la fin des années 60 - des valeurs de tolérance et un attrait certain pour un monde plus ouvert, plus humain, plus libre, plus pacifiste, et plus respectueux de l'environnement.
    L'histoire courte est un perpétuel mouvement de balancier ; on sait comment après Woodstock évolua la culture rock : le festival d'Altamont, où eut lieu la célèbre prestation des Stones (qui n'avaient pas été invités à Woodstock car véhiculant alors une certaine image "violente") et qui fut marqué par la violence et le meurtre d'un adolescent noir, est souvent cité comme le "symbole" inexorable de la fin de l'époque du peace and love. Au mouvement hippie succèdent les punks. Ceux de la génération Woodstock qui ont pu échapper à l'embrigadement idéologique et aux tentatives du pouvoir pour mettre fin à cette "dangereuse forme de contestation", ont conservé ces valeurs et continuent à les enseigner à leurs enfants. Que certaines valeurs comme l'importance de l'individu aient pu se muer en valeurs libérales est sans doute incontestable - c'est peut-être une tare en soi pour certains : à chacun ses convictions ! en revanche je ne suis pas certain que l'évolution de l'attitude de l'Amérique blanche envers les Noirs, que l'émergence de mouvements écologistes ou alter-mondialistes ou d'associations humanitaires, ou que l'évolution de certaines formes artistiques radicales, eussent pu se produire de la même manière sans les apports de cette culture.

  17. #17
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    Hendrix !

    Pour en revenir à des considérations plus ... musicales un mot sur celui qui incarna peut-être le mieux "l'esprit" de Woodstock - il devait mourir seulement deux ans plus tard, véritable icone du festival, légende :


    Je veux bien sûr parler de Jimi Hendrix


    Enseigné aujourd'hui dans les écoles de musique - plusieurs de ses morceaux ont fait l'objet d'adaptations, notamment par le Kronos Quartet, c'est un musicien susceptible d'intéresser (du moins je l'espère) certains ici. Son premier "tube" :


    Hey Joe

    Electric Ladyland, réalisé en septembre 1968 (avec Jack Cassady à la basse et Mitch Mitchell et Buddy Miles à la batterie). Une merveille de créativité et de talent.




    Mais l'album que je préfère par-dessus tout, c'est Band of Gypsys, un album live enregistré au Fillmore East le 1er janvier 1970, avec Billy Cox à la basse et Buddy Miles à la batterie.



    Machine Gun, extrait de ce concert, une chanson violemment antimilitariste dont les riffs de guitare évoquent de façon redoutable des rafales d'armes de guerre ...



    Pour terminer, ici avec Buddy Miles, une dernière photo de Jimi que j'aime beaucoup


  18. #18
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    Citation Envoyé par Philippe Voir le message

    Marc Ysaye est aussi comme je l'ai déjà mentionné directeur de la chaîne radio Classic 21.
    Sur son site, Classic 21 a publié une remarquable rétrospective du "plus grand festival musical moderne de tous les temps" - sous la plume de Walter De Paduwa - disponible également en podcast.

    Marc ainsi que Walter m'ont aimablement permis la reproduction sur ce site de ce matériel, ce dont je les remercie évidemment, très très chaleureusement
    Pour ceux que ça pourrait intéresser, j'ai ajouté les podcasts de cette rétrospective (#3 à #12)

  19. #19
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    Passionnant et édifiant comme tout le monde se FOUT voire se CONTREFOUT de ce post !
    Quel bonheur !
    Woodstock... mon premier flirt en visionnant le film circa 1974
    Sans intérêt...

  20. #20
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    Jean-Paul

    Citation Envoyé par Jean-Paul Voir le message
    Passionnant et édifiant comme tout le monde se FOUT voire se CONTREFOUT de ce post !
    Quel bonheur ! (...)
    Oui bah
    Le sujet a été vu par plusieurs je suppose, s'ils ont pris plaisir à revoir ces vidéos ou à écouter le récit de Walter De Paduwa c'était un peu le but ...

    En tout cas en ce qui concerne je suis heureux que ce sujet vous ait plu voire intéressé

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