Envoyé par
Theo B
Oui, mais si je me souviens bien, le contexte dans lequel il le dit est surtout stylistique au sens habituel, et dans ce cas le propos est nettement plus consensuel, et je pense que nous sommes tous d'accord avec cela. Et quand dans une oeuvre de Mozart le schéma diffère, on parle volontiers de dimension pré-beethovénienne (les dernières symphonies, par exemple les fortisimo fulgurants du finale de la Prague).
Je pense que l'on peut jouer des sonates de Beethoven en lissant beaucoup la dynamique et en compensant par la densité de la conduite harmonique (Appassionnata par exemple), mais qu'il est compliqué de faire tenir une manière d'interprétation beethovénienne sur cette option (en gros, qu'il est impensable de faire tenir les 32 comme ça).
Mais donc, non, ce n'est pas exactement à cela que je pensais, mais à la relation de l'écriture au mouvement harmonique, ou encore: la façon dont le compositeur traite la relation entre forme et harmonie. Le génie formel de Beethoven est d'abord un génie de la variété formelle: il se renouvelle tout le temps, ses exposés sont d'une variété insensée d'une oeuvre à l'autre, les relations de ses digressions au développement du matériau initial aussi: de ce point de vue, il écrase tous les autres dans la musique tonale, à toutes les époques: Rosen le montre très bien. Mais il en résulte à mon sens un appel à l'égard de l'interprète qui oblige celui-ci à adpater son jeu à cette forme particulière de nécessité, de logique de l'enchainement: d'une certaine façon, à épouser la structure: le mouvement global, la traversée de l'oeuvre ne suffit pas, ou rarement: d'ailleurs, je suis assez d'accord avec ceux qui disent que le grand héritier spirituel de Beethoven n'est ni Schumann, ni Brahms, ni Mahler, ni Wagner (ils le sont tous mais par petits bouts), mais Bruckner - j'ajouterais Sibelius et éventuellement Tchaikovsky. Jusque là, c'est assez bateau, ce que je dis.