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Discussion: quelle intégrale des sonates de Beethoven ?

  1. #41
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    Citation Envoyé par nico Voir le message
    Bin moi je vais surprendre en conseillant l'intégrale en cours de Ronald Brautigam sur pianoforte...
    Brautigam me tente énormément (j'aime bcp ses Mendelssohnn) j'attends la mise en coffret

  2. #42
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    Je savais bien qu'avec un sujet pareil, on allait revenir un peu gamins.

    Alors je joue aussi. Avec en gras les versions issues d'intégrales.

    N°1: Grinberg, Barenboim I, A. Fischer, Backhaus.
    N°2: Grinberg, Barenboim I
    N°3: Michelangeli (toutes versions, y compris tardive), Grinberg, Richter (Praga ou BBC)
    N°4: Michelangeli (idem), Richter (Olympia)
    N°5: A. Fischer, Gilels
    N°6: A. Fischer, Backhaus live
    N°7: A. Fischer, Richter (Praga, EMI)
    N°8: Gilels (DG et Melodya), Serkin (Sony et M&A), A. Fischer, Grinberg, Lupu, Gulda I.
    N°9: A. Fischer, Barenboim I, II, III
    N°10: Grinberg, Barenboim I & III
    N°11: A. Fischer, Grinberg, Richter
    N°12: Michelangeli, Gilels, Richter
    N°13: Grinberg, A. Fischer, Serkin, Gilels, Ranki
    N°14: Moravec, Neuhaus, Gilels, Lupu, Grinberg I, Grinberg
    N°15: Grinberg, Sofronitzky, Gilels, Ranki, Barenboim I & II, Sokolov
    N°16: Backhaus, Gilels (DG et Melodya)
    N°17:Richter (EMI). Il y en d'autres très bons, mais tellement loin de ça!
    N°18: Richter (Praga), A. Fischer, Grinberg
    N°19: A. Fischer, Barenboim I & III
    N°20: Grinberg, Barenboim I & III
    N°21: Serkin (toutes versions)
    N°22: Richter (Live Classics)
    N°23: Richter (Praga, Decca), A. Fischer
    N°24: Serkin (Sony et M&A), A. Fischer, Neuhaus
    N°25: Backhaus II, Backaus live, A. Fischer, Gulda I
    N°26: Serkin (Sony), Barenboim III
    N°27: A. Fischer, Solomon, Barenboim I, Brendel (Vox)
    N°28: Richter (Praga)
    N°29: Richter (Praga, BBC), Backhaus, Barenboim I
    N°30: Serkin (Sony), A. Fischer, Gilels (DG), Solomon
    N°31: Richter (Praga, Decca), Grinberg, Serkin
    N°32: Michelangeli (toutes versions), A. Fischer, Serkin (Sony), Grinberg, Nikolayeva
    Dernière modification par Theo B ; 04/09/2009 à 20h42.

  3. #43
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    Je suis au moins d'accord avec Théo sur un point : Backhaus dans la 25 est irrésistible !
    Frédéric
    Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes.Proverbe Shadok

  4. #44
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    Citation Envoyé par nico Voir le message
    Bin moi je vais surprendre en conseillant l'intégrale en cours de Ronald Brautigam sur pianoforte...
    J'y pensais justement. D'autant que cela s'annonce comme une intégrale de l'œuvre pour piano de Beethoven, et pas seulement des trente-deux sonates.
    En tout cas le prochain volume, avec la Hammerklavier est annoncé.

  5. #45
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    Citation Envoyé par Gustave Voir le message
    J'y pensais justement. D'autant que cela s'annonce comme une intégrale de l'œuvre pour piano de Beethoven, et pas seulement des trente-deux sonates.
    En tout cas le prochain volume, avec la Hammerklavier est annoncé.
    Je me permets de préciser que Brautigam ( formidable dans les Novelettes de Schumann qui sont sur mon compte Simplify Media ! ) enregistre les sonates sur des machins anciens, en revanche les concertos sont jouer sur des pianos d'aujourd'hui pour des oreilles d'aujourd'hui !

  6. #46
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    MAIS............ Personne n'a mentionné le nom d'un certain Schnabel?

  7. #47
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    Citation Envoyé par Theo B Voir le message

    MAIS............ Personne n'a mentionné le nom d'un certain Schnabel?
    Si mwa , non mais ! (post 8)
    Frédéric
    Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes.Proverbe Shadok

  8. #48
    Citation Envoyé par Gustave Voir le message
    En tout cas le prochain volume, avec la Hammerklavier est annoncé.
    Dispo ici: http://www.jpc.de/jpcng/classic/deta...9/hnum/1829483


  9. #49
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    Merci ! j'ai écouté les extraits, mais ça ne m'emballe pas plus que ça le jeu de ce pianiste ...(enfin ce ne sont que des courts extraits) et ce son, ça fait casserole tout de même ! Non ?
    Frédéric
    Il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes.Proverbe Shadok

  10. #50
    Citation Envoyé par Zimrilim Voir le message
    ce son, ça fait casserole tout de même ! Non ?
    non, ça fait pianoforte

  11. #51
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    Vous noterez que je n'ai parlé, très pudiquement, afin de ne pas relancer un débat vieux comme un piano forte...ment déglingué , que de machins anciens et non pas de casseroles !

  12. #52
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    Personnellement, le commentaire sur classicstoday (version anglaise) m'a un peu refroidi. Si quelqu'un a l'occasion d'écouter ce volume en entier, cela m'intéresserait d'avoir son avis.
    Mais quand Bis sortira l'intégrale en coffret, je me laisserai peut-être tenter.

    Et pour en revenir à ma marotte des intégrales vraiment complètes (pléonasme qui n'en est plus un, quand le concept d'intégrale incomplète a cours chez certains), je signale que Jenö Jandó est un des rares a avoir enregistré les "autres" sonates; cette intégrale offre du reste de beaux moments, comme souvent chez ce pianiste.

    Quelqu'un a-t-il entendu l'intégrale (au sens étroit) de Ian Hobson? Ce pianiste, qui est en train de réaliser une intégrale Chopin par ordre chronologique, a signé ma version préférée des Schubert/Godowsky, ce qui en fait un musicien forcément intéressant à mes yeux!

  13. #53
    Membre Avatar de hideux67
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    Citation Envoyé par Theo B Voir le message

    MAIS............ Personne n'a mentionné le nom d'un certain Schnabel?
    Ses enregistrements RCA oui, ses EMI (l'intégrale) aurait besoin d'un petit passage par les studios Zenph... afin qu'on puisse pleinement l'apprécier

  14. #54
    Membre Avatar de Jacques
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    C'est juste une modeste contribution, en dépit de mon incompétence en la matière ... Surtout au regard des listes figurant aux posts 38 et 42, lesquelles démontrent, de la part de leurs auteurs, une connaissance approfondie et une fréquentation régulière du "nouveau testament du piano". Car depuis de nombreuses années j'écoute pour ma part bien trop rarement ces chefs-d'oeuvre pour oser me risquer dans le détail de chacun d'eux et des interprétations que j'en connais.

    En fait d'intégrales, je dirai donc simplement que j'ai acquis successivement :

    1/ Yves Nat (sur disques "vinyle");
    2/ Daniel Barenboim I (c'était dans les premières années de l'ère du CD);
    3/ Wilhelm Kempff II [stéréo];
    4/ Alfred Brendel III;
    5/ Anton Kuerti (un pianiste canadien peu connu, enregistré dans les années 70 sous le label Analekta);
    6/ Stephen Kovacevich (son coffret EMI paru en 2003).

    Or, les seuls coffrets que je continue à ouvrir de temps à autre (pour écouter deux ou trois sonates que j'ai envie d'entendre) sont les Nos 2/ et 3/.

    Barenboim I parce que cette intégrale n'a jamais cessé de me plaire et que, moi aussi, je trouve qu'elle est beaucoup trop sous-estimée (à l'époque où j'ai acheté le coffret, certains s'étaient pourtant gaussés de moi parce que j'avais eu le "mauvais goût" de ne pas choisir plutôt Brendel; et quand j'ai eu la faiblesse, bien des années plus tard, d'ajouter à ma collection Brendel III, sa tendance à "faire un sort à chaque note" et le manque de naturel qui en résulte m'ont fait regretter amèrement mon achat, au demeurant fort cher).

    Kempff II pour une raison un peu particulière (étant précisé que, contrairement à Thierry, le sommeil ne m'a jamais gagné quand je passe ces enregistrements ). Au cours des années "fin 80/début 90", j'ai en effet suivi à la radio à maintes reprises des "comparatifs avec écoute en aveugle" réunissant les plus "distingués spécialistes" du moment (François Hudry, sauf erreur, les présidait déjà ). Et chaque fois que leur était soumise une sonate pour piano de Beethoven, c'était toujours Kempff II qui s'imposait aux autres interprètes avec une sorte d' "évidence" (on entendait des exclamations du genre : "Quelle aisance, quel naturel !" - "De la puissance aussi, lorsque il le faut, mais pas l'ombre d'un maniérisme comme chez tant d'autres", etc.). Or, j'en étais moi-même toujours convaincu aussi. Je le suis d'ailleurs encore, du moins dans une large mesure.

    Cela étant, puisque c'est un disque de Kempff qui, justement, a déjà séduit l'ami de Jeannot, lui offrir l'intégrale Kempff II ne serait peut-être pas une si mauvaise idée, il me semble ()...

    But this was just my two cents .

    Jacques

  15. #55
    Membre Avatar de Bertrand
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    Jacques,
    Pourriez vous parler un peu de Kuerti? J'en avais entendu la 49/2 et j'avais trouvé la lenteur de la pièce intéressante car la tension était maintenue. je me rappelle qu'une certaine personne m'avait dit que ca tortillait un peu trop du derrière. Venant de quelqu'un d'aussi respectable et ayant pour ma part reçu une éducation bourgeoise, une telle remarque m'avait désarmé.

    Concernant les critiques en aveugles avec Kempff, je pense qu'elles ne le sont pas. Je trouve son jeu assez reconnaissable.
    Dernière modification par Bertrand ; 06/09/2009 à 15h45.

  16. #56
    Membre Avatar de Jacques
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    Bonjour Bertrand .

    Vous avez sans doute raison, s'agissant de Wilhelm Kempff, sur le fait que son jeu est assez reconnaissable (j'ai aussi ses Schubert, ses Schumann et ses Brahms, notamment, et là aussi on reconnaît sa "patte" sans trop de peine). Par conséquent, les écoutes que j'ai évoquées n'étaient plus vraiment "en aveugle", à tout le moins pour les "jurés distingués" présents dans le studio. C'est d'ailleurs aussi le cas de bien d'autres artistes ayant une forte personnalité, tous répertoires confondus (lorsque Gould, par exemple, est inclus dans un comparatif portant sur Bach, ce que j'ai entendu plus d'une fois, je crois qu'il faut être bien novice pour s'y laisser prendre).

    En ce qui concerne le pianiste Anton Kuerti, je suis un peu embarrassé pour avancer une opinion "toute fraîche" : je possède à la montagne un petit chalet où je séjourne de temps à autre, mais assez rarement (je n'y ai plus remis les pieds depuis l'hiver dernier), et c'est là que j'ai entreposé ce coffret depuis plusieurs années (... ).

    Cela étant, je dirai que le Beethoven de Kuerti me paraît "solide", très pensé, puissant et organisé. L'artiste est d'ailleurs animé, si je me souviens bien de ce qui figure dans le livret, d'intentions à caractère quasi "philosophique" (), se faisant une idée à la fois très haute et toute personnelle de la musique qu'il interprète. Son approche est plutôt attachante, à défaut d'être toujours convaincante, et on sent du moins qu'il a "des choses à dire" dans ce vaste répertoire... Mais cela ne va pas, parfois, sans quelque affectation ou excès d'intention, raison pour laquelle je comprends finalement assez bien pourquoi la "personne respectable" que vous mentionnez s'est exprimée comme elle l'a fait (ce n'est après tout qu'une image, que je trouve plus amusante que choquante ).

    En définitive, ce coffret est pour moi un peu marginal, un peu secondaire (je ne l'aurais pas "abandonné sous les sapins", sinon ). Mais je ne regrette pas pour autant de l'avoir acheté, et j'avoue l'avoir écouté avec plaisir lorsque l'occasion m'en était donnée. J'envisage même de le rapatrier chez moi dans quelques semaines ...

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 06/09/2009 à 18h27.

  17. #57
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    Pour autant qu'elles soient "habitées" et émanent d'artistes qui, manifestement, aiment ce qu'ils jouent et connaissent leur sujet, je ne déteste pas m'immerger de temps à autre dans des versions un peu "hors normes". C'est le cas, par exemple, du gros coffret du pianiste autrichien (salzbourgeois) Gilbert Schuchter, qui il y a une trentaine d'années enregistra une intégrale Mozart (pas seulement les sonates mais aussi tout le reste) en se montrant délibérément ennemi d'un certain "jeu perlé" trop souvent pratiqué dans ce répertoire, n'hésitant pas, parfois, à faire "chanter" son Mozart comme si c'était du Schubert (dont il fut aussi un spécialiste).

    C'est donc avec avec plaisir que j'ai retrouvé lundi, dans ma retraite montagnarde où je suis resté deux jours, ce coffret des 32 Sonates de Beethoven (+ les Variations Diabelli) enregistrées entre octobre 1974 et février 1975 par le pianiste Anton Kuerti (viennois d'origine, il étudia aux Etats-Unis, eut comme professeurs, notamment, Rudolf Serkin et Mieczyslaw Horszowski, puis s'installa au Canada où il enseigna longtemps à l'Université de Toronto) :



    J'aime en définitive assez ces versions dans l'ensemble inspirées, que caractérise une incontestable puissance expressive et sonore. Mais je ne les recommanderais sans doute pas en priorité. Car elles me paraissent s'adresser avant tout à des oreilles à la fois "averties" et capables de prendre du recul par rapport à leurs habitudes d'écoute. Un auditeur débutant déjà conquis, sous d'autres doigts, par certaines des sonates les plus fréquentées pourrait aussi déchanter quelque peu s'il écoutait d'emblée, par exemple, la célébrissime "Clair de lune" : il trouverait ici un Adagio sostenuto privé de tout effet romantique ajouté, un Allegretto aussi peu "sautillant" que possible et un Presto pris à un train absolument "d'enfer", véritable "course à l'abîme".

    La brochure jointe au coffret, rédigée comme s'il donnait un cours par Kuerti lui-même, est presque un livre tant elle est copieuse et détaillée. Le pianiste y présente chacune des sonates de façon suffisamment originale pour que je me risque à en montrer ci-après deux exemples (pardon pour leur longueur) :

    "Sonate n° 13 en mi bémol majeur, op. 27, no 1 (Sonata Quasi una Fantasia)

    Pour l'op. 27, n° 1, comme son titre l'indique, Beethoven laisse tomber la plupart des concepts traditionnels de forme et façonne une œuvre dont les mouvements sont inextricablement liés les uns aux autres — ils s'entendent en fait si bien qu'il devient difficile d'en déceler le nombre exact !

    L'œuvre débute avec une de ces fades mélodies que seul Beethoven à l'audace d'utiliser comme thème principal. Il est facile d'imaginer une telle mélodie griffonée dans un de ses cahiers d'esquisses. Et sans doute aurions-nous poussé un soupir de soulagement à la pensée qu'elle ne fut jamais utilisée — peut-être même aurions-nous dit : «Voyez comme ses premières conceptions sont maladroites.» Les cahiers d'esquisses, cependant, révèlent peu quant à l'harmonie, la texture et, plus important ici, l'accompagnement. Si, à partir des ébauches, nous pouvions deviner le cadre dans lequel sera plus tard monté la mélodie, nul doute que ces cahiers trahiraient alors déjà l'empreinte du maître.

    L'op. 27, n° 1 accorde au tissu musical une importance nouvelle et croissante. Le processus musical exige désormais la pleine participation de chaque note, et les motifs d'accompagnement sont de moins en moins arbitraires. L'accompagnement du thème principal est d'ailleurs d'une importance non moindre que celle de sa mélodie et, ensemble, ils créent une ambiance enchanteresse de sérénité. La musique, fermement ancrée dans son mi bémol majeur, s'y blottit, tel un animal qui hiberne, et ne montre nulle intention d'en bouger. Cette qualité statique, intemporelle, est renforcée par l'indication pp, qui apparaît à six reprises sur la première page de la partition. Tout ceci est peut-être un peu trop mielleux, nous agace presque, comme le ferait une personne qui ne saurait arrêter ses civilités doucereuses.

    Mais Beethoven prépare une surprise aussi merveilleuse qu'audacieuse, un accord de do majeur, séduisant, presque sensuel. Son apparition est cependant si brève qu'il n'arrive pas à nous détacher de mi bémol majeur; l'accord appartient vite au passé — merveilleuse tache de couleur comme une sentinelle à l'horizon — et nous sommes libres de baigner à nouveau dans ce ton de mi bémol majeur.

    La répétition du matériau d'ouverture aurait pu être ennuyeuse (et ce de façon irréparable), mais nous sommes plongés à temps dans une nouvelle section, bruyante, joyeuse et pleine d'entrain , qui n'a de commun avec la précédente que le fait que sa tonalité soit celle de l'accord « sentinelle ».

    Cet interlude astucieux passe trop rapidement pour qu'on puisse le considérer comme un mouvement indépendant. Il ne s'agit que d'une distraction passagère, comme les ébats furtifs de deux chiots : nous regardons, esquissons un sourire puis, rafraîchis, retournons à l'humeur méditative du début comme si de rien n'était.

    L'Allegro molto e vivace compense pour l'absence jusqu'ici de tension dramatique. Suit un magnifique et noble Adagio qui, cependant, est interrompu avant qu'il puisse se diriger vers le second thème. Un court passage, semblable à une cadence, conduit à un Rondo enjoué, frustrant notre espoir d'entendre un Adagio complet. L'épisode central du Rondo est un fugato organiquement lié au reste du mouvement (son matériau est tiré des trois premières notes du thème principal).

    Un apogée triomphant présage la fin proche du Rondo, mais une nouvelle interruption ramène le bel Adagio trop intense et personnel pour ne servir que d'introduction au Rondo, mais trop bref néanmoins pour acquérir une véritable indépendance. Il revient donc, non plus dans sa tonalité, mais dans la tonique de la sonate. On peut facilement saisir l'impression créée par ce changement : l'Adagio, ayant perdu l'espoir de devenir mouvement à part entière, n'est plus qu'un paisible souvenir, pleurant de n'avoir atteint le sommet de sa gloire. Un presto bref et fougueux réintroduit le Rondo et sert d'exubérante coda pour l'ensemble de l'œuvre.

    Notez à quel point cette sonate, au parcours bigarré et complexe, est courte par rapport à la richesse de ses éléments. C'est peut-être là le plus bel exemple, avant les dernières sonates, de la dextérité d'un Beethoven qui sait concentrer la musique et rendre une profonde impression sans gaspiller temps ni matériau."

    "Sonate n° 14 en do dièse mineur, op. 27, n° 2 (Sonata Quasi una Fantasia)

    Comment se fait-il que le premier mouvement de la sonate dite «Clair de lune» ait connu tant de succès ? L'énergie contenue dans ce mouvement, un des plus abstraits que Beethoven ait écrit, tire essentiellement sa source de sa texture et d'un développement harmonique subtil et puissant : est-ce là le type d'ceuvre que l'on s'attend à trouver au sommet du «hit parade» ? Nul doute que son succès est en partie attribuable à l'excellent travail de relations publiques effectué par son titre fallacieux.

    Cette sonate est bien l'une des œuvres les plus originales et inspirées de Beethoven, offrant un large éventail d'émotions, qui vont de la complainte hypnotique et solennelle du premier mouvement au tragique passionné du dernier. Malheureusement, parce que trop jouée et vulgarisée par les marchands de musique d'ambiance, sa célébrité même et son exploitation commerciale l'on privée de sa juste place dans les salles de concert. De plus, en exagérant ses aspects dramatiques et en l'insufflant d'un trop grand romantisme, ces profanateurs l'ont rendue si méconnaissable (pas assez, hélas) que l'interprète qui tente une approche plus authentique risque d'être accusé d'un manque d'expression. Or, dans le cas de cette œuvre, plus le jeu est subtil et plus l'émotion est contenue, plus grand est l'impact. Beethoven, qui note pianissimo la majeure partie du mouvement, a de plus écrit à son sujet que «l'Adagio sostenuto doit être joué le plus délicatement possible». L'ambiance de la pièce provient essentiellement de l'accompagnement, dont l'inéluctable procession de triolets nous tient en haleine jusqu'à leur extinction, qui ne survient qu'un peu avant les derniers accords.

    La plupart des pianistes exagèrent le rythme pointé du thème. Je trouve que cela le rend trop saccadé et préfère le jouer tel qu'indiqué dans la partition.

    Le deuxième mouvement est le menuet le plus court qui soit, gracieux et fragile. Son impact est amplifié par la position qu'il occupe, soit entre deux mouvements de grand envergure. Liszt l'avait d'ailleurs surnommé «une fleur entre deux abîmes». Cette «fleur» est cependant d'un grand raffinement, car on découvre, caché sous son apparente simplicité, un canon entre les voix de soprano et de ténor.

    Le finale est l'un des éclats les plus violents et les plus intenses de Beethoven, plein de sonorités rugissantes, de chocs et de mélodies implorantes. Le thème principal commence avec les trois mêmes notes que celles ayant introduit le premier mouvement (de toute évidence, le dernier mouvement tire sa source de ces trois notes, bien que les deux mouvements n'aient rien d'autre en commun). Ce mouvement est écrit en forme-sonate, car il nécessite une forme plus dramatique que celle du rondo en raison de son contenu féroce.

    Le développement est dominé par le deuxième thème (qui semble respirer avec peine), et son effet est à la fois amplifié et assombri lorsqu'il passe des aigus aux graves. Le parfum omniprésent du mode mineur enveloppe tout le mouvement, sauf au seul moment où le second thème effleure brièvement le majeur. Une cadence spectaculaire cristallise le caractère désespéré de toute l'œuvre, pour la clore majestueusement."


    Jacques


  18. #58
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    Merci Jacques ! Je ne connais ce pianiste ainsi que cette intégrale que de nom.... Je vais essayer ! Si ça ne colle pas trop aux doigts ça devrait me plaire ! Et puis ce monsieur semble beaucoup aimer l'une de mes sonates préférées : la 13ème !


  19. #59
    Membre Avatar de guilarth
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    Citation Envoyé par Zimrilim Voir le message
    Ouf je suis rassuré !
    Et puis l'opus 106.... faut tenir la distance. Pollini tu trouves ça comment ?
    Sinon en concert à Cortot (Animato) j'en ai entendu une pas mal avec Guillaume. Je m'en vais rechercher le pianiste !
    J'arrive tard dans la bataille mais tu veux parler de celle du petit américain (dont je me rappelle plus le nom) ? C'est marrant, j'y ai repensé précisément aujourd'hui. Comme quoi, c'était effectivement plutôt marquant !

  20. #60
    Membre Avatar de guilarth
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    Citation Envoyé par Zimrilim Voir le message
    Ca y est j'ai retrouvé le pianiste qui ose jouer l'opus 106 en concert !

    Stephen Beus ! Il me semble que Tahar en pense le plus grand bien !

    [/URL]
    C'est ça : Beus ! J'aurais dû lire le fil jusqu'au bout !

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