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Discussion: Gustav Holst

  1. #1
    Membre Avatar de Jacques
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    Gustav Holst

    "Life and art are to Holst not enemies but the complements of each other" (Ralph Vaughan Williams)

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    Ami très proche de Vaughan Williams, Gustav Holst [1874-1934] fut comme lui très marqué par l'héritage folklorique de son pays, la musique de l'époque Tudor et la poésie de Walt Whitman. Cela n'en fit pas pour autant des "jumeaux en musique" et leurs styles respectifs diffèrent passablement l'un de l'autre. Un peu malgré lui, Holst eut aussi en dehors de la Grande Bretagne une popularité que ne connut pas son ami (ce dernier ne s'en préoccupa d'ailleurs guère, souhaitant d'abord toucher le coeur de ses compatriotes), et cela grâce à une seule oeuvre : sa célébrissime suite pour orchestre The Planets Op. 32 (1914/1916).

    Dans son enfance et son adolescence, Holst reçut quelques leçons de piano, puis de violon et de tuba, mais son père n'encouragea guère sa passion pour la musique et c'est d'abord en parfait autodidacte qu'il se lança dans l'étude de la composition. A dix-neuf ans il finit quand même par entrer au Royal College of Music de Londres pour se perfectionner dans les techniques de celle-ci, ainsi que dans la pratique du tuba. Parallèlement à ses études, Holst s'intéressa aussi vivement à la politique et devint membre de la Hammersmith Socialist Society, un cercle alors "très à gauche" dirigé par le célèbre écrivain, poète, peintre, dessinateur et architecte William Morris et comptant parmi ses fidèles George Bernard Shaw. En 1903, Holst obtint le poste de maître de chant et chef de choeur à la James Allen's Girls' School de Londres (St Paul), dont il devint deux ans plus tard le directeur musical. Il composa ensuite pendant toute sa vie, avec assiduité, de la musique pour ses élèves, notamment.

    L'oeuvre de Gustav Holst est assez abondant et varié. Il est toutefois difficile d'échapper, quand on l'évoque, à cette fameuse suite The Planets, même si la fille du compositeur, Imogen Holst (excellente musicienne et chef d'orchestre), finit elle-même par la prendre en totale aversion tant elle eut tendance à masquer le reste.

    Je commence donc par cette oeuvre, en montrant deux des enregistrement que j'en possède (j'évoquerai plus tard mes autres disques Holst, envisageant de les réécouter au cours du weekend prochain) :



    Le fait que l'incontournable M. von K. s'y soit consacré montre assez la célébrité de cette oeuvre (). Quant au second enregistrement, avec aussi A Somerset Rhapsody Op. 21 (1906), il fit sensation à sa parution en 2005 car la suite The Planets y est complétée par une composition de Colin Matthews [NB: c'est lui qui orchestra récemment, de façon plus ou moins convaincante, tous les Préludes de Debussy pour piano] intitulée Pluto, the Renewer (la soi-disant planète Pluton n'avait été découverte qu'en 1930). Cette composition est ingénieuse et intéressante, mais Matthews n'a pas dû être très content en apprenant plus tard que les astronomes avaient décrété que l'astre appelé Pluton était finalement bien trop petit pour être qualifié de planète (cruelle déchéance ).

    Cela dit, malgré sa longueur, je reproduis ci-après l'analyse que Colin Matthews a faite des Planètes, car elle est très riche en renseignements divers, en particulier sur Holst lui-même :

    "Quelle est l'origine des Planètes? Pour ceux qui connaissent peu d'autres pages de Holst, il est facile de penser qu'il est le compositeur «d'une seule œuvre», car Les Planètes est tellement plus souvent joué (et surtout enregistré) qu'aucun autre de ses morceaux. Et même pour ceux qui en savent un peu plus sur sa musique, Les Planètes donne quelque peu l'impression d'une œuvre sortie de nulle part, car elle a peu d'antécédents, que ce soit dans la propre production de Holst ou dans la musique orchestrale en général.

    Holst avait près de quarante ans lorsqu'il commença à penser aux Planètes, en 1913. Il avait obtenu une certaine reconnaissance en tant que compositeur, mais n'avait pas encore trouvé sa voix propre. Peu conventionnel, il s'était choisi un assortiment d'influences improbables : la poésie visionnaire de Walt Whitman (The Mystic Trumpeter de 1904 est la première œuvre majeure de Holst), l'idéalisme de William Morris (Holst dirigea le Chœur socialiste de Hammersmith dans les années 1890) et une fascination pour la littérature et la philosophie hindoues (il étudia le sanscrit afin de traduire des textes et de les mettre en musique) étaient alliés chez lui à une obsession pour Wagner, qui ne commença à s'estomper que lorsque, avec son cher ami Vaughan Williams, il découvrit la musique populaire anglaise au début des années 1900.

    Il est difficile de réconcilier des éléments aussi disparates, et les œuvres les plus importantes menant aux Planètes — A Somerset Rhapsody (1906), l'opéra Sâvitri (1908), Béni Mora (1908), les deux Suites pour Orchestre militaire (1909 et 1911) et la Suite de St Paul (1913) révèlent un compositeur dont l'assurance s'affirme au fil de ses expériences. La plupart de ces pièces (l'exception étant Sâvitri) sont de proportions réduites, ou construites à partir de petites unités; dans Les Planètes, il tire un immense parti de cette maîtrise du détail ciselé. C'est principalement cette capacité d'écrire de manière succincte et inventive sans freiner le développement naturel de son matériau et de soutenir cette inventivité pendant près de cinquante minutes qui fait de ce morceau un chef-d'œuvre.

    Il n'existe pratiquement aucun précédent d'œuvre orchestrale en sept mouvements à une telle échelle. Les études de caractère des Tableaux d'une exposition de Moussorgsky ou les Variations Enigma de Elgar sont chacune bien plus réduites; ce sont plutôt les mouvements de La Mer ou les Nocturnes de Debussy dont le concept de peintures musicales abstraites se rapproche des Planètes. Holst fut sûrement influencé par la forme des Cinq Pièces orchestrales de Schoenberg, mais seulement de façon marginale par leur contenu; il les avait entendues sous la baguette de leur compositeur en 1914 et il en acquit la partition le titre figurant sur le manuscrit des Planètes est «Sept Pièces pour Grand orchestre». En 1912, il avait découvert la musique de Stravinsky, et même si son influence ne semble pas vraiment directe, lui-même reconnut l'importance qu'il lui attachait. On parle souvent de son œuvre comme d'une «suite symphonique», mais ce terme n'est pas vraiment approprié : l'originalité de ces pages ne repose pas dans le traitement symphonique de leur sujet, mais dans la diversité de formes et dans la spontanéité d'invention auxquelles Holst fait appel dans chaque mouvement.

    Les premières idées de Holst naquirent de son intérêt pour l'astrologie — découlant lui-même de l'étude de la littérature sanscrite qui avait tant influencé ses œuvres précédentes. Il ne s'agissait pas d'un intérêt obsessionnel : Holst écrivit que l'astrologie lui avait seulement «suggéré» les caractères des planètes; toutefois, elle lui permit de structurer sa musique et lui fournit un titre adéquat pour chaque mouvement, l'expression d'une atmosphère particulière plutôt que la description d'une image. Il est bon de souligner que, bien que nous possédions aujourd'hui de remarquables photographies des planètes, celles-ci étaient bien plus mystérieuses et lointaines pour la génération de Holst, et que les images qui nous viennent aussitôt à l'esprit en les évoquant sont fort différentes des caractéristiques que Holst souhaitait dépeindre.

    Lors de récentes interprétations des Planètes dans leur arrangement effectué par Holst pour piano à quatre mains, on a parfois affirmé qu'il s'agissait là de la «version originale», mais c'est inexact. Holst tira de ses premières esquisses des arrangements pour piano à quatre mains, entièrement annotés avec l'instrumentation prévue, afin que ses assistants de l'École de filles de St Paul (où il enseigna durant de nombreuses années et où il disposait d'un studio insonorisé) puissent à la fois jouer son œuvre et l'aider à confectionner la partition complète (une névrite au bras droit le gênait pour écrire). On croit également à tort que Mars fut influencé par le début de la Première Guerre mondiale. En fait, Holst l'avait composé en 1914, mais avant le début des hostilités; dans une conférence donnée en 1926, il s'efforça de préciser que le mouvement sur lequel il avait travaillé plus tard cette année-là était Vénus - «celle qui apporte la paix». Jupiter fut également écrit en 1914; Saturne, Uranus et Neptune suivirent en 1915; Mercure — qu'à un certain moment Holst voulait composer en premier — ne fut pas achevé avant 1916.

    La création se fit à titre privé, cadeau fait au compositeur par son ami Henry Balfour Gardiner, et eut lieu au Queen's Hall le 29 septembre 1918 avec le New Queen's Hall Orchestra dirigé par Adrian Boult. Début 1919, Boult dirigea une exécution de cinq mouvements comme suit : Mars, Mercure, Saturne, Uranus et Jupiter, tandis que Holst dirigeait Vénus, Mercure et Jupiter plus tard cette même année (par la suite, il en vint à détester la fréquente sélection de mouvements qui se terminait toujours par Jupiter). La première création mondiale fut donnée par le London Symphony Orchestra sous la direction d'Albert Coates le 15 novembre 1920. Holst enregistra son œuvre (avec le London Symphony Orchestra) deux fois, pour la Columbia Gramophone Company : un enregistrement pré-électrique en 1922-23, et à nouveau en 1926. Il n'était vraiment satisfait d'aucun de ces deux enregistrements (il n'était pas un chef d'orchestre-né), mais sa fille Imogen se rappelait que Mars et Uranus de 1926 étaient particulièrement proches de ses interprétations publiques des années 1920.

    Les rythmes à 5/4 martelés et les dissonances énergiques de Mars, celui qui apporte la guerre (Holst utilise avec grande efficacité la bi-tonalité — deux tonalités différentes utilisées simultanément) nous sont devenus si familiers (et notamment parce qu'ils ont bien souvent été plagiés par des compositeurs de musiques de films) qu'on en oublierait facilement l'originalité de ce mouvement d'ouverture. Sa férocité est unique dans la production de Holst et ses prédécesseurs sont rares dans l'histoire de la musique.

    Vénus, celle qui apporte la paix nous montre Holst sous son jour le plus détendu et lyrique — encore une atmosphère qu'il eut du mal à retrouver par la suite. C'est le plus long et le plus tendre des sept morceaux, sans aucun moment de malaise ou aucun point culminant. En cela il ressemble à Neptune, mais Vénus déborde de chaleur et Neptune est froid et sans passion.

    Le caractère évanescent, le vif-argent de Mercure, le messager ailé sont obtenus grâce, une fois encore, à l'utilisation de la bi-tonalité, ici aisée et limpide, alors que dans Mars elle avait produit des dissonances grinçantes et que dans Neptune elle évoquera l'éloignement et le mystère. De tous les mouvements des Planètes, Mercure est celui qui a le plus grand nombre de mesures, Jupiter excepté, mais il est de loin le plus bref en durée.

    Jupiter, celui qui apporte la joie regorge de vitalité, de gaîté et de mélodies mémorables. La plus expansive d'entre elles, utilisée plus tard avec le texte de Cecil Spring-Rice «I vow to thee, my country» (Je te fais vœu, mon pays) — à une époque où, selon Imogen Holst, son père était trop fatigué et surmené pour écrire un texte original — a octroyé à ce mouvement une solennité imprévue. Holst souhaitait seulement dépeindre la facette plus mesurée de la bonne humeur.

    Le mouvement préféré de Holst était Saturne, celui qui apporte la vieillesse (il fut déconcerté en lisant les premières critiques, qui trouvaient que c'était le moins impressionnant). Sa triste musique processionnelle est tout à fait caractéristique de son compositeur, bien qu'aucune autre de ses processions ne progresse vers un apogée aussi terrifiant. Le ressac de vagues sonores qui suit est comme un écho serein, se dissipant peu à peu dans une sorte de nirvana.

    Uranus, le magicien est également caractéristique de Holst, dont le sens de l'humour était quelque peu emprunté et balourd. Cette musique est une danse maladroite qui devient de plus en plus frénétique jusqu'à ce qu'un apogée vienne balayer l'ensemble et l'entraîner au loin. Ainsi que l'écrivit un jour Imogen Holst au sujet de la tendance au laconisme de son père, «dès qu'il avait dit ce qu'il avait à dire, il s'arrêtait».

    Neptune, le mystique reprend l'aspect éthéré qui a conclu les deux précédents mouvements et le soutient sans interruption, distant, mystérieux et dénué de toute émotion. Comme émergeant du néant, on entend le son distant et immatériel de voix féminines; elles sont enveloppées de vastes accords en spirale puis achèvent le mouvement, retournant au vide dont elles provenaient."
     

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 02/10/2009 à 20h16.

  2. #2
    Membre Avatar de thierry h
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    Merci Jacques... il me semble, mais je ne suis pas un grand connaisseur de la musique de Holst, que la première version de Monsieur K. chez Decca est particulièrement appréciée !
    Sinon je conseille celle de William Steinberg à Boston c'est prodigieux... quel orchestre et quel chef !
    ( malheureusement faut se taper en complément le gourou Zarathoustra qui raconte des couillonnades)

  3. #3
    Membre Avatar de Couack
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    La création de ce fil suivant de quelques heures celle de celui de R.R. Bennett j'en profite pour signaler très habilement ce disque :



    une manière intéressante et amusante de redécouvrir l'oeuvre pour ceux d'entre nous qui l'ont déjà entendue des dizaines de fois. C'est assez réussi, et ça met à jour les différents plans de l'oeuvre que l'on ne distingue pas toujours dans la version orchestrale.

  4. #4
    Administrateur Avatar de Philippe
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    Si nous parlons (pour l'instant) des Planètes ... c'est une oeuvre que j'ai découverte sur le tard ... et puis je me suis lancé : j'ai commandé et emprunté et écouté toutes les versions qu'il y avait de cette oeuvre à la médiathèque et je me suis fait une sorte d'écoute comparée. Malheureusement (ou heureusement ) je n'ai pas gardé mes notes !
    J'avais alors particulièrement apprécié la version de Karajan (de 61) et celle ... de Gardiner, très claire !

  5. #5
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    Bonsoir Thierry, Couack et Philippe .

    S'agissant de la première version enregistrée par Monsieur K. (pour Decca), Thierry, je crois en effet qu'elle est très bonne, comme l'a d'ailleurs confirmé Philippe. J'avoue toutefois ne pas la connaître (la version DG que j'ai montrée est une "puissante machine" destinée à éblouir le public des débuts de l'enregistrement "digital" ). Et merci pour le conseil concernant William Steinberg à Boston .

    Le fait que vous ayez signalé, Couack, cette réduction des Planètes pour deux pianos dans une version où l'un des interprètes est précisément Richard Rodney Bennett () m'enchante au plus haut point. Ne connaissant pas encore cette réduction mais ayant l'intention d'en acquérir bientôt un enregistrement, je me demandais justement lequel choisir... Je sais donc, maintenant, lequel ce sera .

    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 02/10/2009 à 22h43.

  6. #6
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    En attendant mieux, voici deux vidéos que je viens de trouver sur YouTube où des pianistes d'origine chinoise, semble-t-il, jouent la réduction pour deux pianos de Mars et de Jupiter :

    [/URL]

    [/URL]

    Jacques

  7. #7
    Membre Avatar de thierry h
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    Même pas peur ! ( je parle de ce couillon de Mars )
    Je ne suis pas pianiste... je ne suis peut être pas le mieux placé pour apprécier cette... réduction ! Mais je trouve que la musique en prend un sacré coup derrière la cafetière !


    Au fait cette brave Gaïa ou est elle passée ?

  8. #8
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    il me semble que ce n'est pas une réduction, mais la version originale, la suite pour deux pianos était prête je crois dès 1913 et l'orchestration serait une conséquence de la guerre.
    Il y a chez Holst plusieurs oeuvres absolument fascinantes: je recommande le CD Naxos où David Lloyd-Jones dirige Beni Mora, morceau fondateur de "l'impressionisme" et du minimalisme répétitif, sublimement orchestré, la version pour orchestre d'harmonie de l'ouverture Hammersmith et quelques autres pièces illustrant la tendance "pastoraliste".
    Parmi les oeuvres les plus essentiels il faut se pencher sur The Cloud messenger, oratorio qui fut un cuisant échec, et reste peuit-être le chef d'oeuvre de l'influence indienne de Holst. Les Hymnes du rig-veda dans la série pour baryton et piano sont aussi des sommets.
    Ne pas passer à côté de The Hymn of Jesus, dont on trouve une analyse stupéfiante en anglais ici:
    http://www.gustavholst.info/journal/....php?chapter=1
    (première oeuvre utilisant un texte gnostique et analysant le rapport à la souffrance dans la relation avec un créateur mauvais, musicalement première oeuvre d'envergure utilisant une spatialisation des masses chorales et un orchestre distant, avant Ives).

  9. #9
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    Citation Envoyé par thierry h Voir le message
    Au fait cette brave Gaïa ou est elle passée ?
    Elle sera bientôt à nouveau sous nos pieds ... Les autres oeuvres de Holst que je souhaite évoquer devraient en tout cas nous y faire redescendre sans problème.

    Mais je dois d'abord les réécouter, ce qui pourrait me prendre "un certain temps" (peut-être même tout le weekend et au-delà ).

    Ce qui est sûr en tout cas, vu les noms des orchestres et des chefs qui seront concernés (Boult, Hickox, Lloyd-Jones, etc.), c'est que cette "bonne vieille Terre" aura des senteurs exclusivement British (plus de Monsieur von K. à l'horizon) .

    Jacques

  10. #10
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    Merci, Fred Audin , pour les précieuses indications fournies au post 8. A n'en pas douter, elles sont de nature à beaucoup intriguer ceux qui ne verraient encore en Holst que l'auteur des Planètes.

    Pour ma part, comme déjà dit, je vais réécouter tout ce dont je dispose à ce jour (l'excellent disque Naxos que vous avez signalé, ainsi que cinq autres albums). Puis je reviendrai faire part de mes impressions dès que je le pourrai.

    Jacques

  11. #11
    - Avatar de mah70
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    D'ici là je me permets de recommander cette version qui dépote avec un orchestre superlatif et plein d'idées dans tous les coins:



    On peut l'écouter sur MusicMe en interrogeant par "Holst Levine". Ne mettez pas trop fort parce qu'il est tard...


    mah
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  12. #12
    Membre Avatar de JYDUC
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    J'ai lu quelque part que John Williams, l'auteur de la musique de films comme "Indiana Jones", "ET" ou "La liste de Schindler", se serait inspiré de G. Holst et de ses Planètes pour composer la musique de "La guerre des étoiles".
    Personnellement, j'ai beau tendre l'oreille, j'entends les influences de Prokofiev, de Bartok, de Chosta, mais point de Holst. Suis-je malentendant, dites-moi ?

    Cela dit, ce compositeur ne serait-il pas un chouia surestimé ?
    Dois-je penser que mon ragoût de couleuvres ne se discute pas ?
    S'il y a un détracteur ici, qu'il se montre ; je me sentirai moins seul.
    Je reconnais toutefois que l'orchestration est... comment dire ?... sidérante.

  13. #13
    Membre Avatar de Jacques
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    Merci, Mah , pour le disque que vous avez signalé.

    Et merci également, Jean-Yves , pour l'avis que vous avez exprimé. Je le comprends fort bien et, sans m'impliquer personnellement, vous assure que vous n'êtes pas le seul à l'avoir.

    Cela dit, je passe maintenant à deux intéressants disques du label Lyrita, enregistrés l'un en 1968, 1971 et 1972 (Adrian Boult), l'autre en 1967 et 1970 (Imogen Holst) :



    S'agissant des chefs, c'est presque l'idéal . Sir Adrian Boult [1889-1983] était non seulement un promoteur infatigable de la musique de Holst, dont il dirigea plusieurs oeuvres en création, mais il était aussi le chef préféré du compositeur. Quant à Imogen Holst [1907-1984], fille de Gustav, elle connaissait bien sûr la musique de son père "comme sa poche" (un temps l'assistante de Benjamin Britten, ce fut une figure assez charismatique du monde musical britannique, un "amusant petit lutin virevoltant" [] dont Colin Matthews dresse un portrait commençant ainsi : "Anyone who saw Imogen Holst conducting will have retained a vivid picture of someone who was totally commited to the music. Her small figure literally danced on the podium, conveying an irresistible sense of enthusiasm and an exhilarating rhythmic vivacity").


    Dans l'ordre chronologique de composition des oeuvres, le premier disque présente :

    1/ A Somerset Rhapsody Op. 21 No. 2 (1906/07), une pièce construite à partir de trois anciennes mélodies recueillies dans l'Angleterre rurale par Cecil Sharp, à l'instar de ce que faisait aussi Vaughan Williams à la même époque : "It's a Rosebud in June", "High Germany" et "The Lovers Farewell".

    2/ Beni Mora - Oriental Suite Op. 29 No. 1 (1909/10), une suite "exotique" en trois parties inspirée à Holst par un séjour qu'il avait fait en Algérie. A sa création, dirigée par Holst lui-même au Queen's Hall en mai 1912, l'oeuvre fut accueillie par quelques sifflets, un critique écrivant même : "We do not ask for Biskra dancing girls in Langham Place" (). Indignation vertueuse que le fidèle ami Vaughan Williams balaya plus tard en ces termes : "If it had been played in Paris instead of London it would have given its composer a European reputation" ().

    3/ Japanese Suite Op. 33 (1915), une autre suite "exotique" (cette fois en six parties) qu'une danseuse japonaise, Michio Ito, avait demandé à Holst de composer pour elle sur la base d'anciennes mélodies de son pays. L'oeuvre ne "sonne" pas particulièrement japonais (Holst n'était en rien habitué à de telles mélodies, de sorte que Mme Ito avait dû lui en siffler les thèmes), mais le résultat est charmant.

    4/ A Fugal Overture Op. 40 No. 1 (1922), une oeuvre "piquante" et alerte, écrite dans un style qui s'apparente au néo-classicisme mis à la mode par Stravinsky et Hindemith.

    5/ Hammersmith - A Prelude & Scherzo for Orchestra Op. 52 (1930/31), un morceau remarquable inspiré à Holst par l'attachement qu'il avait toujours eu pour ce quartier de Londres et reflétant toute l'ingéniosité (l'esprit créatif) qui caractérisa sa musique vers la fin de sa vie. Commande du BBC Military Band, il en existe une version pour ensemble d'harmonie (vents uniquement) datant de 1930, et une autre (celle enregistrée ici) pour orchestre complet écrite en 1931, qui fut donnée en première audition le 25 novembre de cette année sous la baguette d'Adrian Boult, lors du concert où fut créé aussi Belshazzar's Feast de William Walton.

    6/ Scherzo (1933/34), une pièce tout aussi remarquable, pleine de vitalité et d'énergie, que Boult (qui la donna en première audition le 6 février 1935, Holst étant déjà mort) trouva "diaboliquement difficile". C'est en fait le seul mouvement composé par Holst d'une symphonie qu'il avait projeté d'écrire.


    Quant au second disque, il comporte, toujours dans l'ordre chronologique de composition :

    1) Two Songs without Words Op. 22 (1906), dédiées à Vaughan Williams. Ces pièces sont l'orchestration de deux mélodies "inventées" par Holst mais dans le style anglais ancien ("Country Song" et "Marching Song"), où se remarquent encore quelques traces - surtout dans la première - de l'admiration que Holst avait pour Wagner.

    2) Fugal Concerto for Flute, Oboe & Strings Op. 40 (1923), une oeuvre lumineuse que ses premiers auditeurs trouvèrent (bien à tort) un peu "sèche" et qu'on peut rattacher, comme la Fugal Overture, au courant néo-classique qui commençait à se manifester à l'époque de sa composition.

    3) Ballet Music from The Golden Goose Op. 45 No. 1 (1926), un arrangement pour orchestre de chambre tiré par Imogen Holst, avec "l'autorisation posthume" de son père car il l'avait lui-même envisagé, d'un ballet avec choeur inspiré d'un conte de Grimm et intitulé The Golden Goose [NB: sur un disque Hyperion, je possède la version originale - bien plus longue - de cette oeuvre de Holst, et j'en parlerai probablement dans un prochain post].

    4) Nocturne from A Moorside Suite (1928), un autre arrangement, cette fois uniquement pour cordes, tiré par Imogen Holst d'une oeuvre de son père (c'est le beau mouvement lent de la Moorside Suite, qui s'adapte bien à cette forme).

    5) Double Concerto for two Violins and Orchestra Op. 49 (1929), une oeuvre intéressante où Holst fait usage, notamment, de la bitonalité et d'inhabituelles structures rythmiques.

    6) Lyric Movement for Viola and small Orchestra (1933), un morceau publié seulement après la mort du compositeur, empreint plus que tout autre, comme le remarque Imogen Holst, de cet "idéal de tendre austérité" qu'avait son père.

    7) Brook Green Suite for Strings (1933), une charmante petite suite - avec successivement "Prelude", "Air" et "Dance" - marquant un retour au folklore cher à Holst et à son ami Vaughan Williams, composée tout exprès pour le "junior orchestra" de la St. Paul's Girls' School in Brook Green (Londres).

    8) Capriccio for Orchestra (1933), un court morceau enjoué dont le manuscrit ne fut retrouvé que bien après la mort de Holst et que ce dernier avait écrit à la demande d'un chef américain (New York) qui voulait "a short radio piece for Concert Band". La qualifiant de "Jazz band piece" (le morceau fait intervenir, notamment, un marimba), Imogen Holst explique qu'en l'adapant à l'orchestre traditionnel elle a confié au cor anglais et à la clarinette basse la partie primitivement destinée au saxophone, et a remplacé les trois cornets à pistons par trois trompettes.


    Jacques
    Dernière modification par Jacques ; 03/10/2009 à 14h37.

  14. #14
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    Cela dit, ce compositeur ne serait-il pas un chouia surestimé ?
    Dois-je penser que mon ragoût de couleuvres ne se discute pas ?
    S'il y a un détracteur ici, qu'il se montre ; je me sentirai moins seul.
    Je reconnais toutefois que l'orchestration est... comment dire ?... sidérante.

    Surestimé ?!!! Pour quelques hurluberlus qui trainent ici et là et qui connaissent et aiment Holst au delà des Planètes : ce n'est que de l'estime !
    Mais quand il ne s'agit que des Planètes ça peut agacer... par exemple ceux qui connaissent pas ou peu Holst, et ceux qui plus généralement détestent la musique britannique de façon posturale ou non...

  15. #15
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    Citation Envoyé par JYDUC Voir le message
    J
    Cela dit, ce compositeur ne serait-il pas un chouia surestimé ?
    Dois-je penser que mon ragoût de couleuvres ne se discute pas ?
    S'il y a un détracteur ici, qu'il se montre ; je me sentirai moins seul.
    Je reconnais toutefois que l'orchestration est... comment dire ?... sidérante.
    Je dirais même sidérale Jean-Yves, si vous doutez toujours, essayez ceci :



    qui contient tout sauf Les Planètes, si j'ose dire, et notamment le superbe Egdon Heath, la Fugal Overture et la suite Hammersmith dont parlait Jacques. Que du bon.

  16. #16
    - Avatar de mah70
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    Cela dit, au risque de briser l'ambiance: tout ce qui est inédit chez Holst ne vaut pas forcément la peine. Il y a entre autres une symphonie de jeunesse, enregistrée en première mondiale par Douglas Bostock, qui ne m'a pas trop attiré l'oreille sous la présentation du haut. Peut-être que sous la présentation du bas....





    Il faut dire que l'orchestre symphonique de Munich sonne très vert et riquiqui, ce qui n'aide pas. Autre œuvre de jeunesse, l'Ouverture Walt Whitman me semble également dispensable. Le Scherzo dont parle Jacques par ailleurs est également sur le disque et ne m'a pas emballé, mais l'interprétation limite doit y être pour beaucoup.
    Par contre, la suite pour orchestre militaire (réorchestrée par Gordon Jacobs) et la suite de "The Perfect Fool" sont bien plus engageantes, même s'il doit être possible de trouver interprétation plus intéressante ailleurs.

    Par ailleurs, suis-je le seul à trouver une grande ressemblance entre Holst et Woody Allen dans "Zelig" ?



    mah
    Dernière modification par mah70 ; 03/10/2009 à 23h49.
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  17. #17
    Membre Avatar de thierry h
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    C'est frappant en effet !

  18. #18
    Membre Avatar de JYDUC
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    On comprend mieux pourquoi (le génial) Woody Allen a l'air tout le temps dans la lune :o)

  19. #19
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    Bonjour Thierry , Couack , Mah et Jean-Yves . Et merci pour vos remarques, précisions et présentations de disques.

    Je poursuis quant à moi mon laborieux parcours de ce que je connais de Holst. Comme j'ai témérairement lancé ce fil, ce ne serait pas très fair-play de ma part de maintenant "filer à l'anglaise" (ce qui, comme chacun le sait, se traduit dans la langue de Shakespeare par "to take French leave" -- c'est de bonne guerre ).

    Avant d'évoquer quelques splendides compositions pour orchestre, choeur et voix solistes (elles figurent sur des disques Chandos et Hyperion que je possède mais n'ai pas encore réécoutés), je passe maintenant à deux albums peu onéreux dont les programmes se recoupent partiellement avec ceux des disques Adrian Boult [cf. le CD Naxos] et Imogen Holst [cf. le CD Arte Nova] que j'ai déjà montrés, tout en proposant d'autres oeuvres :


     

    Vivement recommandable, le CD Naxos comporte, en commun avec l'enregistrement Adrian Boult, A Somerset Rhapsody, Beni Mora, A Fugal Overture et Hammersmith. S'y ajoutent :

    - Invocation for Cello and Orchestra (1911), une pièce d'atmosphère nocturne qu'Imogen Holst n'estimait guère et qui, après quelques exécutions, resta ignorée pendant soixante ans. D'une belle inspiration romantique, mais annonçant par moments certaines oeuvres ultérieures plus personnelles, cette composition ne méritait sans doute pas un pareil oubli.

    - Egdon Heath (1927), une oeuvre dédiée à l'écrivain et poète Thomas Hardy et qui fut fraîchement accueillie à sa création. Holst n'en considéra pas moins que c'était sa meilleure composition. Mystérieuse et en demi-teintes, étrangement envoûtante, elle est particulièrement originale et se laisse difficilement décrire.
     

    Avec une prise de son trop mate et des interprètes nettement moins bons que ceux du disque Naxos, le CD Arte Nova propose quant à lui, en commun avec l'enregistrement Imogen Holst, A Fugal Concerto for Flute, Oboe & Strings, Lyric Movement for Viola and small Orchestra et la Brook Green Suite. S'y ajoutent :

    - In the Bleak Midwinter (1906), une jolie adaptation pour petit orchestre d'une mélodie écrite sur un poème de Christina Rossetti (c'est en fait un "Christmas Carol").

    - Seven Scottish Airs for Piano and String Orchestra (1908), une petite série de mélodies traditionnelles écossaises choisies parmi les plus connues et se succédant sans interruption (l'avant-dernière n'est autre que le célèbre "Ce n'est qu'un au revoir"). C'est sans prétention, écrit à des fins scolaires, mais ça s'écoute avec plaisir.

    - Six Morris Dance Tunes (1910), une autre série dans la même veine (mais les morceaux, dans l'ensemble moins alertes, sont séparés), où divers airs folkloriques anciens ont été "arrangés" pour orchestre.

    - St. Paul's Suite Op. 29 No. 2 (1912/13), qui comprend quatre brefs mouvements ("Jig", "Ostinato", "Intermezzo" et "Finale (The Dargason)" fondés sur divers airs et danses de l'ancienne Angleterre (dans le dernier, un habile entrecroisement de deux airs, dont le célèbre "Greensleeves", produit un effet saisissant). Composée par Holst pour ses élèves, cette suite est un véritable joyau, plein de vie, d'énergie et d'entrain, d'une parfaite maîtrise d'écriture.


    Jacques

     

  20. #20
    Membre Avatar de Jacques
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    Je viens de réentendre la première des sept oeuvres figurant sur les disques que je me propose d'évoquer plus tard (au début de la semaine prochaine, je pense). C'est assez impressionnant .

    Et sans doute parce que la forme s'y prête plus particulièrement (immense orchestre et choeurs, traités avec ce "chic" et cette splendeur si typiquement britanniques), j'ai quand même senti assez nettement, cette fois-ci, se profiler à l'horizon la grande et amicale silhouette de RVW .

    Les deux hommes étaient très proches l'un de l'autre, ne cessant de se soutenir le moral, à leurs débuts, quand ils étaient rongés par le doute (surtout RVW) quant à la valeur de ce qu'ils composaient. C'eût donc bien été "le diable" si n'avaient pas existé quelques photos les montrant ensemble.

    En voici deux, "piquées" sur le site de la Ralph Vaughan Williams Society :



    Les quatre honorables ladies sur le premier cliché sont de gauche à droite : Adeline Vaughan Williams (première épouse de RVW) et trois assistantes de Holst à la St Paul's School, soit Nora Day, Vally Lasker et Dorothy Langman.


    Jacques

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