Donc, Puccini est décédé avant d'achever son opéra "Turandot", sans doute le plus moderne de ses ouvrages, dans sa conception d'ensemble. On sentait déjà l'évolution dans son opus précédent "La fille du Far West". Le personnage de Minnie a dans le gosier quelques notes que l'on retrouvera dans celui de la Princesse de glace. Pourtant, ce sont là deux femmes au caractère complètement opposé.
Pouvait-on imaginer une fin mieux ficelée, sachant qu'Alfano n'a fait que boucher les trous ? Puccini aurait imaginé une fin très wagnérienne qu'il n'a donc pas pu mettre en chantier. Je n'aime pas la fin alfanienne ; je trouve que c'est très mal écrit, surtout pour la voix féminine. Le final est carrément pompeux. J'aurais bien imaginé Leoncavallo sur le coup.
Bon, et vous, êtes-vous satisfait par cette conclusion tirée par les cheveux ? Fallait-il stopper les machines quand Liu passe de vie à trépas ? Bien mélo, comme aimait Puccini.
Je vais vous dire, moi, j'eusse aimé un suicide de Turandot, quand Calaf lui vole un baiser. J'eusse aimé voir rouler la tête du même Calaf, comme dans "Le trouvère" de Verdi.
Allez, je me lance, au risque de choquer les lecteurs amateurs d'Opéra : cet opéra souffre de son inégalité, de son hésitation entre classicisme et modernité. Il y des moments magiques, fin de l'acte 1, trio des ministres, monologue de Turandot, mais d'autres sont encore conventionnels, notamment les deux arias de Calaf, le ténor (comme par hasard).