"Les fées"
"La défense d'aimer"
Quelques tours de chauffe du sieur Wagner, tout jeune et sous l'influence manifeste de Weber, Bellini.
Puis vint "Rienzi". Du grand opéra qu'eût pu écrire Meyerbeer, compositeur que Wagner aimait bien, je crois - nul n'est parfait, surtout pas lui. Quatre ou cinq heures (selon la durée des coupures) de musique chantée dont plus de la moitié n'a aucun intérêt. L'enregistrement avec Théo Adam et René Kollo souffre d'un Chef d'orchestre totalement à côté de la plaque et de voix féminines insupportables. Mais une ouverture superbe qui annonce le Wagner du "Hollandais volant", où il reviendra à une inspiration plus weberienne, alors qu'avec "Rienzi", il s'en était "déjà" éloigné, me semble-t-il.
Il fut un temps où je n'aurais jamais osé le dire, mais je n'ai pas l'impression d'une évolution, plutôt d'un changement de cap dû à la mégalomanie naissante d'un compositeur capricieux et à l'ego démesuré - certains mélomanes sont dans le même cas, arf :o)
Il y a le Wagner de "Rienzi" et celui du "Hollandais volant", celui qui fait dans l'effet facile, à la manière de Meyerbeer, donc, et celui qui s'apprête à grandir au détriment d'un certain esthétisme/classicisme. La véritable cassure viendra à l'occasion de la composition de "La Walkyrie". Il y aura une seconde évolution, moins sensible, après qu'il aura laissé Siegfried méditer dans la forêt de Fafner. Pendant cette méditation, naîtront "Tristan..." et "Les Maîtres-chanteurs...". L'orchestration aura entre-temps pris du volume, se sera alourdie au bon sens du terme parfois. Ce trou dans La Tétralogie explique peut-être pourquoi le deuxième acte de "Siegfried" me paraît si imparfait, si différent vers la fin par rapport au début. L'oiseau, le délicieux oiseau, sans ce long répit, eût été peut-être moins... bavard.
Nul compositeur n'est plus imparfait que Wagner, mais dans ce qu'il a réussi de bien, on frôle le génie absolu, la musique incontournable, fondamentale, surtout dans "Tristan..." et "Parsifal".
Mais j'eusse tant aimé que le Wagner de "Rienzi" se dédoublât, l'un continuant de faire du Meyerbeer amélioré, l'autre se dirigeant vers la modernité.
Bien l'bonjour chez vous