Rapture donc est une pièce de démonstration orchestrale détestable, ayant le goût et la texture d'un mauvais champagne mélangé à un chocolat blanc indigeste.
Une pièce qui a été jouée par de nombreux orchestres depuis 10 ans: pas étonnant du tout en ces temps de superstition, de mega-churches, de chaînes de télévision religieuses en continu, de best sellers écrits par des prédicateurs de plus en plus nombreux et variés, d'ère du Verseau à venir en 2012, de calendrier Maya et tutti quanti.
Il a tout compris le père Rouse, et d'ailleurs, ça marche, puisque sa daube est autrement plus souvent jouée par les orchestres symphoniques traditionnels que les géniales symphonies d'Irwin Bazelon.
Un Irwin Bazelon qui dit fort justement dans l'entretien pour lequel j'ai mis un lien, que :
" Will the symphony orchestra also become a museum?
IB: It already is! Look at all of the tremendous amount of vitality that's going on in performing music, and it's all being done on college campuses! The college campus, the university, has taken over the aegis of the American composer! And many of the performers prefer to stay on the campus because they're free to play what they wanna play and they're free from all kind of conservative managerial control that goes on with the orchestras and the musical organizations that are outside of the campus. Of course, I think that this is a danger for many of the composers. You have to understand something, Bruce: 98 percent of all composers in this country teach in universities or music schools. The IRS, for example, does not call composers "composers"; they are professors of music. Poets are called English teachers. "
Comme d'habitude chez Irwin Bazelon, tous les aspects du problème sont bien abordés:
- Les universités ont permis aux compositeurs de s'affranchir d'un contrôle managérial réactionnaire des orchestres, de leurs trustees, de leurs musiciens, de certains chefs d'orchestre,
- mais, dans le même temps, ce recentrage des compositeurs majoritairement sur les universités est un grand danger de couper les créateurs du mainstream, même si le mainstream a sombré dans un antiquariat perpétuel.
Christopher Rouse, avec Rapture, lui, il a parfaitement compris "how to play the game" pour que les orchestres jouent votre musique.
D'ailleurs, ça marche, cette daube malsaine est bien devenue un vrai tube. CQFD.