oui, gargll, Thiersen c'est Amélie Poulain non ? Déjà il faudrait remettre les choses dans l'ordre chronologique : c'est cette musique qui rappellerait celle de Glass et non l'inverse. Ensuite ce n'est pas du côté de Glass qu'il faut chercher mais de Nyman.
Là encore il y a inversion de l'ordre des choses : les recettes ne peuvent en devenir qu'à condition d'être reprises, mais Glass n'a pas vraiment de précédent, donc il n'utilisait aucune recette. Les recettes en question c'est lui qui les a inventées, ce qui mérite quand même un certain respect. Qu'ensuite il ait été copié et que son style soit devenu une recette, c'est effectivement le cas, mais ça n'ôte rien à son talent; c'est même le contraire je dirais.
Disons qu'aux yeux de quelqu'un qui se passionne pour Zimmermann ou pour Carter, je comprends bien que Beethoven paraisse immédiat, mais pour ceux qui ne sont pas de la partie et qui n'écoutent pour ainsi dire jamais de musique classique, j'en suis nettement moins sûr. Glass est immédiat pour n'importe qui.
Non non, vous ne schématisez pas du tout.
Pour moi la notion d'univers sonore personnel est fondamentale : un compositeur peut toucher à tout et avoir quand même un univers personnel - voyez Stravinsky. C'est indépendant. Par contre, un compositeur dont le langage n'est pas personnel ne m'intéresse pas, puisque ce qu'il fait a déjà été fait ailleurs par d'autres. Et ce n'est pas une question d'affinités esthétiques, je suis perméable à tous les styles (je dis ça pour qu'on ne me colle pas l'étiquette de défenseur des néo-tonaux ou des conservateurs du genre Rodrigo).
Qu'un compositeur répète certains traits caractéristiques dès lors qu'il a un style, c'est probable - son oeuvre étant une exploration de cet univers qu'il s'est forgé. Jules Renart ironisait d'ailleurs en disant "un auteur qui a un style est un auteur qui refait sans cesse la même chose", je cite de mémoire, c'est quelque part dans son Journal. En réalité je crois qu'on ne refait jamais vraiment la même chose. Dans un registre identique, Boulez disait que Vivaldi avait écrit 500 fois le même concerto, mais en fait ce n'est pas le même.
Que l'on soit ouvert aux influences extérieures c'est très bien, après il faut que ces influences soient assimilées au style du compositeur, et c'est là qu'est la clef. Pour moi en tous cas. Glass était tout à fait ouvert : il a utilisé la musique de David Bowie
Sinon je n'ai pas encore écouté O Corvo Branco dont parle Tahar, mais avec tout ce qu'il en a dit, je l'attends de pied ferme !