Puisque je suis lancé sur les compositeurs d'origine africaine, je suis allé faire un petit tour du côté de Samuel Coleridge-Taylor (1875-1912), anglais par sa mère et Sierra-léonais par son père.
Il fut à l'époque le modèle de William Grant Still, qui voulait faire une aussi belle carrière aux USA. Ceci dit, Coleridge-Taylor a sans doute eu la vie facilitée par deux aspects : son métissage d'une part (Still n'était pas métisse), et une société anglaise qui ne pratiquait pas la ségrégation raciale (j'ai vérifié). Il mourut jeune des suites d'une pneumonie.
Coleridge-Taylor eut à l'époque une très grande renommée, renommée qui n'a pas survécu à l'usure du temps, ce qui s'explique aussi par le caractère très conventionnel de sa musique, me semble-t-il. Il fut un protégé et un fervent admirateur d'Elgar en particulier.
J'ai réussi à mettre la main sur 4 cd :
Celui-ci est le plus facile à trouver mais comme l'indique son titre (et accessoirement le nom du chef d'orchestre) il s'agit de "musique légère". Et c'est en effet tout à fait ça. L'ensemble des pièces de ce disque sont toutes très élégantes et gracieuses ou mondaines mais sans réelle personnalité. On y trouve :
- Hiawatha Overture (1899- 11')
- Petite Suite de concert (1910 - 16')
- 4 Valses caractéristiques (1899 - 14')
- Gipsy Suite (1897 - 13')
- The Prairie Lillies (1899 -7')
- Othello Suite (1909 - 11')
Le Concerto pour violon de C-T (1912 - 32') est également une oeuvre plaisante mais complètement téléphonée, dans un style qui rappelle à la fois Spohr et Mendelssohn.
Un disque de musique de chambre qui comprend :
- le Nonet (1894 - 26'), une oeuvre de jeunesse, qui fait fortement penser à Stamitz; c'est très maitrisé pour une première oeuvre, mais on a le sentiment que le style de C-T ne décollera pas de là par la suite.
- le Quintette pour clarinette (1895 - 27') qui comprend de très jolis passages, mais globalement et à peu de choses près c'est du Spohr (si j'ose dire).
- les 4 Danses Africaines (1904 - 18') pour violon & piano. C-T adhérait au pan-africanisme, ce qui est en soit plutôt une bonne chose culturellement parlant, pourtant on n'entend pas grand chose d'africain dans ces danses africaines. Dommage.
Les 24 Negro Melodies (1905 - 1h32') est un long cycle de piano qui m'a paru de loin l'oeuvre la plus intéressante du lot. Ca reste encore trop policé, mais on entend parfois quelque chose qui ressemble fortement à du blues, voire même à du jazz qu'on n'entendra pas aux USA avant les années 40 - précisons qu'en 1905 le jazz n'existe pas.
Cette oeuvre a été inspirée à Coleridge-Taylor par les spirituals afro-américains qu'il entendit lors d'un concert des Fisk Jubilee Singers, dont les mélodies constituent le fonds principal de cette oeuvre. Il s'y trouve également des thèmes plus strictrement africains : il a écrit parait-il un commentaire détaillé de cette oeuvre, j'essaierai de le trouver.