En faisant des recherches sur Gavriil Popov dans le but d’améliorer le texte obscur écrit il y a quelques années sur les premières symphonies, et dans la foulée de l’article sur la sortie de la 2ème symphonie accompagnée de deux musiques de cinéma inédites jusqu’alors,
http://classiqueinfo-disque.com/spip...php?article969
je suis tombé par hasard sur YouTube sur la séquence initiale du film dont la musique servit à la composition de la Suite n°1, Le Komsomol chef de l’électrification : plusieurs surprises en résultent, au-delà du fait qu’il existe encore des copies de ce document de 1932.
Les commentaires qui accompagnent cette séquence, présentée à la gloire de l’utilisation du theremin (qui n’apparaît pas dans la seule version enregistrée de la Suite mais a été restauré lors de la version de concert que Botstein donna aux Etats-Unis) nous apprennent :
-que le theremin avait été utilisé une première fois en 1931 dans la bande originale d’Odna (Alone) musique de Chostakovich : on peut entendre à nouveau dans l’enregistrement récent de la musique de Podrugi (les Amies 1934, toujours Chostakovich, ) un theremin solo auquel est confié une curieuse version de l’Internationale.
-que le réalisateur Esfir Schub était une femme, et même une assez jolie jeune fille à l’époque si comme on peut le supposer c’est bien elle qui apparaît pendant que l’orchestre s’accorde pour appuyer sur les interrupteurs électriques. KCoE était son premier film sonore et elle n’a réalisé que des documentaires, inventant un système de montage de documents d’archives mêlés à des images nouvellement tournés. Dans ce film elle utilise à la fois des cartons mais s’adresse aux spectateurs en allemand, en anglais et en français en plus des discours en russe. Esfir Schub (Esther pour l’occident) vécut jusqu’en 1959, trouvant difficilement du travail car en plus de son sexe, les campagnes antisémites à la veille de la mort de Staline faillirent lui coûter la vie (son second mari disparut mystérieusement dans l’Extrême-Orient par suite, croit-on, de plaisanteries déplacées sur le Chef et Maître.)
-qu’il ne s’agit pas au premier chef d’un film sur l’électrification des campagnes comme le bruit courait, mais plutôt sur l’utilisation de l’électricité dans tous les domaines de l’art et de l’industrie, ce qui permet la mise en abime du début où l’on voit les collaborateurs se préparer à la réalisation du documentaire.
La plus grande surprise de ces images est d’y voir apparaître, environ trois secondes (vers 3’50) Gavriil Popov lui-même tournant les pages de sa partition. Or, il y a quelques mois encore, il était impossible de trouver d’autre photographies de Gavriil Popov qu’une minuscule vignette datant probablement du début des années 60
La plupart des documents iconographiques concernant Popov ont été détruits par ceux qui les possédaient à la suite de Congrès de 1948, donc on pouvait difficilement imaginer voir surgir des images en mouvement :