Une oeuvre forcément immense: la mer de sang

[Faustroll]

Je ne dis pas que tous les compositeurs que je citais sont comparables ou ont un style identique. Je trouve simplement que des gens comme Henze ou Kancheli font une musique qui m'ennuie en raison de leur côté ronflant, souvent lourd et de leurs grosses ficelles. On repproche aussi à des gens comme Schnittke ou Górecki d'utiliser des grosses ficelles, mais leurs personnalités sont si fortes et leur originalité si réelle que cela ne me gêne pas.

J'avoue que je n'ai pas écouté les oeuvres plus anciennes de Yun, les deux symphonies dont je parle sont des années 80.

[Kilgore Trout]

Je ne comprends pas le dédain pour Henze, qui a fait un peu plus que deux-trois choses à sauver.

Mais au-delà des impressions subjectives de chacun, il faut quand même pour classer regarder le système musical et l'esthétique employée. Henze, même dans ses dernières oeuvres, utilise d'assez loin le système le moins immédiatement tonal de tous les compositeurs cités, et même si ses dernières oeuvres tendent à renforcer l'aspect tonal si on compare à ses oeuvres des années 60 et 70, il reste dans le prolongement d'un Karl Amadeus Hartmann, avec une logique qui sous-tend son esthétique depuis ses débuts à aujourd'hui : il ne peut donc rien n'y avoir de néo, il n'y a eu aucun recul ni "retour à" chez lui, mais une progression vers un lyrisme plus immédiat qui ne s'est pas manifesté par des concessions sur le plan du système.

Si on met côte à côte la neuvième symphonie de Henze (que je tiens pour un des rares chefs d'oeuvres des années récentes) et la septième de Penderecki, prétendre que Henze est un post-romantique néo-tonal quand Penderecki serait un grand moderne me laisse plus que perplexe! Même si je peux comprendre qu'on puisse trouver l'oeuvre de Henze lourde.

Quand à qui je garde et qui je laisse, Théo tu t'avances trop : je garde Tüür (au moins jusqu'à la fin des années 90, après l'inspiration se tarit nettement) et une partie du Penderecki post 80's. Schnittke m'indiffère, il y a une personnalité mais c'est souvent assez mal écrit. Par contre, Silvestrov, Kancheli, Bacri ou Gorecki (sauf les débuts)...

[Tahar Mouslim]

Pour revenir aux deux symphonies d'Isang Yun, j'ai beaucoup de mal à y entendre quelque chose de néo.

Dans la quatrième symphonie, Isang Yun suit des principes déclamatoires qui imitent le Shi -jo.



Quant à la deuxième symphonie, je trouve que l'analyse de Walter-Wolfgang Sparer dans le livret du disque CPO est plutôt pertinente, et j'entends parfaitement de qu'il décrit en matière de couches sonores et de l'utilisation du principe de métamorphose, en rappelant que dans la pensée extrême-orientale, la métamorphose est un mouvement circulaire de phénomènes dont chacun prend la place du précédent pour aboutir à nouveau finalement au premier.

Le principe de métamorphose est aussi utilisé par Yasujirō Ozu dans certains de ses premiers films muets.

[Vincent H]

Je ne comprends pas le dédain pour Henze, qui a fait un peu plus que deux-trois choses à sauver.

J'étais ironique, Thomas... Ce que tu dis est largement partagé par moi.

[Faustroll]

Schnittke m'indiffère, il y a une personnalité mais c'est souvent assez mal écrit. ...

Pour résumer, disons que Schnittke écrivait de la bonne musique mal écrite et Henze de la mauvaise musique bien écrite ;-)

[Kilgore Trout]

Moui, super, si vous voulez, génial.