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Discussion: avec des images

  1. #1
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    avec des images

    Quelques pièces maîtresses passées à la trappe...

    Dans l'excellente collection de Wellesz sur youtube figurent quelques pièces majeures qui n'ont pas la reconnaissance qu'elles mériteraient.
    J'ai été particulièrement frappé par le montage utilisant les films expérimentaux
    "Le Retour a la Raison" de Man Ray (1923)
    "Emak-Batik" de Man Ray (1926)
    "Anemic-Cinema" De Marcel Duchamp (1926)
    "La Tour" de Rene Clair (1927)
    pour l'illustration de la Kammermusik n°1 d'Hindemith (1922) qui est à mon avis l'un des sommets du 20ème siècle:



  2. #2
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    Chouette montage... je n'ai pas vu ces films depuis un sacré bout de temps...

  3. #3
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    La sortie annoncée du premier volume Rozhdestvensky chez Brillant
    http://www.mqcd-musique-classique.co...1332#post81332
    promet une réédition du Violon de Rotschild de Fleishman.(La translittération varie de Benjamin Fleischmann à Veniamin Fleishman)
    On ne sait pas encore dans quelle version, puisque Rozhdestvensky l'a enregistré deux fois, avec l'orchestre du Ministère de la Culture de l'URSS, pour Melodya en 1982, et avec Rotterdam plus tard pour RCA. La réédition par Brillant incline à penser qu'il devrait s'agir de la première version, depuis longtemps indisponible et jamais publiée en CD.

    Il existe une autre version parue avec le fragment des Joueurs de Chostakovich, que je ne connais pas.

    Fleishman était entré dans la classe de composition de Chostakovich en 1939; on pense que son professeur lui souffla le sujet de son opéra dont il écrivit lui-même le livret d'après la nouvelle de Tchekov. En août 1941 Fleishman s'engagea dans la défense civile de Léningrad, ce qui équivalait à un suicide, les volontaires sans entraînement préalable n'étant pas armés. Il déposa la partition achevée mais dont un tiers seulement était définitivement orchestrée à l'union des compositeurs. Il disparut fin septembre 1941, ses deux frères furent également tués sur d'autres fronts. En 1944 Chostakovich demanda à Yevlakov de récupérer et de copier le manuscrit s'il existait encore et se le fit envoyer à Kuibyshev (Samara), afin de terminer cette unique oeuvre. Elle fut créée en concert en 1960 à l'union des compositeurs et en 1968 dans sa première production scénique (conçue par Salomon Volkov) sous la direction de Maxime Chostakovich.
    La première remporta un grand succès, et les représentations furent rapidement interdites sous l'accusation de propagande sioniste.

    La musique est d'une grande beauté, notamment la séquence de danse et l'admirable final orchestral, où Bronza, le violoniste et fabricant de cercueils se met à jouer du violon (le Rotschild du titre est le flûtiste et chef d'orchestre dans l'histoire).
    On trouve sur youtube une version donnée en 1998 à la synagogue de Görlitz.
    Dans sa biographie de Chostakovich, Smirnov constate que le violon de Rotschild est sans doute à l'origine de l'intérêt de Chostakovich pour la musique populaire juive, le second trio datant aussi de 1944, avant que Levitin n'envoie à son professeur la première symphonie de Weinberg.




  4. #4
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    Pièce magistrale du courant mécaniste, il semble que le Ballet mécanique (dont la musique accompagnait le seul film de Fernand Léger) n'ait pas été enregistré avant les années 80, après l'échec de son interprétation à Pa&ris en 1924 et à New York en 1926. Le film lui-même n'aurait pas été vu avant la rétrospective de Cannes en 1947, et seulement semble-t-il dans sa version muette.




    ceux qui sont intéressés peuvent le trouver en un seul fichier sur

    http://www.ubu.com/film/leger.html

  5. #5
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    erreur de ma part, je viens de trouver une version audio de Ballet mécanique enregistrée du vivant d'Antheil, sous la direction de Carlos Surinach en 1952, pour laquelle le compositeur présente l'oeuvre dans la notice, confirmant qu'elle correspond à la version originale, sauf qu'il a réduit de moitié les 8 pianos requis, et coupé quelques redites.
    Ce n'est pas que je fasse une fixation sur cette oeuvre ...

  6. #6
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    Est-ce que ça fonctionne aussi avec Google video? (cette video a malheureusement disparu du provider habituel) et c'est une rareté puisque le seul exemple filmé de la créatrice dans le rôle:

    Leontyne does Cleopatra

  7. #7
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    on peut apercevoir ici les seules images (fugaces) en couleur publiées de l'ouverture du New Met et donc de la désastreuse mise en scène de de l'autre abruti en Z qui fit foirer le spectacle... Si mes souvenirs sont bons la pièce montée du salut final est l'oeuvre d'un certain Beni Montrésor (si, si... qui a commis quelques oeuvrettes dans le domaine du conte de fées musical pour enfants). Qu'est-ce que le Met peut en conserver dans ses archives? mystère...

  8. #8
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    Beni Montresor je le connais surtout pour ça:



    Un machin érotico-décadent avec plein de brocart et Maurice Ronet (sans oublier Katia Tchenko). Je n'ai jamais poussé le vice jusqu'à voir ça.
    La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute. (Pierre Desproges)

  9. #9
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    oh j'ignorais qu'il ait versé dans le cinéma... ça m'intéresse.
    J'ai peut-être exagéré sur la musique, en fait il a surtout l'air d'avoir fait des textes et de l'illustration. Je m'aperçois que la musique de The witches of Venice est en fait de Philip Glass.

  10. #10
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    Pean au japon

    I-Luigi Nono : Canti di vita e d’amore : Sul Ponte di Hiroshima



    Ceux-ci
    Nous ne pouvons les laisser gésir
    Et basta.
    Le leur
    N’est pas une mort habituelle.
    Mais
    Un exemple
    Un avertissement.
    Sur un des ponts d’Hiroshima
    Un home
    Pince les cordes d’un instrument
    Et chante.
    Où vous vous attendez à trouver un visage,
    Il n’est pas de visage,
    Mais un rideau :
    Parce qu’il n’a plus de visage.
    Où vous pensez trouver la main,
    Vous ne trouverez pas de main,
    Mais une griffe d’acier :
    Car il n’a plus de main :
    Jusqu’à ce que nous ayons exorcisé le danger,
    Qui, dès sa première manifestation
    Emporta deux cent mille humains,
    Cet automate
    Restera sur ce pont
    Et
    Chantera sa chanson.
    Il sera sur tous les ponts
    Qui mènent à notre avenir commun
    Comme un acte d’accusation
    Comme un messager.
    Faisons qu’arrive le temps
    Où nous pourrons dire :
    Cela n’est plus nécessaire,
    Tu peux laisser ton poste.

    Günther Andres, (re-traduit de Renato Solmi), déclaration finale de la 4ème conférence internationale contre la bombe atomique et les bombes de désarmement, le 20 août 1958 à Tokyo.

    II-« C’était un beau jour d’été à Paris, ce jour-là, j’ai entendu dire, n’est-ce pas ? – Il faisait beau, oui. »




    III-Masao Okhi- Les gens déambulaient en cherchant de l’eau- Soudain la pluie noire dégringola sur eux- Garçons et filles, les enfants moururent




    IV- Tchernobyl-Fukushima



    Je n’en ai rien à faire
    Je ne me mêlerai pas de vos affaires
    Je vais mourir avant que le cancer me ronge
    Le soleil a déjà mangé mon nez brûlé
    Je n’aurai pas d’enfant à qui donner la mort
    Ça c’est votre fortune et l’argent qui vous plombe
    Qui ne protège pas des rayons de la bombe

    Je n’en ai rien à faire
    Je ne me mêlerai pas de vos affaires
    J’ai mangé depuis des années le thym mutant
    Ramassé les sanguins dans les bois à l’automne
    Pourquoi changer la vie quand on est condamné
    Et que nous étouffons dans nos vestons d’amiante

    Le jour où le nuage est passé sur nos têtes
    Il s’est mis à pleuvoir à la récréation
    Les enfants de l’école ont joué dans les flaques
    Le soir ils ont eu soif un peu moins soif que ceux
    Qui couraient dans les rues d’Hiroshima en flammes
    Combien en ont perdu ou la vue ou la voix
    Au printemps mon citronnier fleurit et se chargea
    Des fruits les plus énormes de sa courte vie
    Les gâteaux qu’on en fît nous ont brûlé la bouche
    Il est devenu noir et nos dents sont tombées

    Je n’en ai rien à faire
    Je ne me mêlerai pas de vos affaires
    Vous serez morts aussi quand vos enfants mourront
    Quand ils rejoindront les fantômes du Japon
    Dans la nuit irradiée où ils dorment sans tombe
    Quand vous tracez des plans pour acheter le monde
    En créant des levants qui avalent les âmes
    Dernière modification par sud273 ; 18/03/2011 à 16h38.

  11. #11
    En attente de confirmation
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    Arigato, Fred.
    God, or whoever, have mercy on them all.

  12. #12
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    premier jour du printemps



    L'adieu du cavalier

    Ah Dieu ! que la guerre est jolie
    Avec ses chants ses longs loisirs
    Cette bague je l'ai polie
    Le vent se mêle à vos soupirs

    Adieu ! voici le boute-selle
    Il disparut dans un tournant
    Et mourut là-bas tandis qu'elle
    Riait au destin surprenant

    Apollinaire 1918



    Les saisons

    C'était un temps béni nous étions sur les plages
    Va-t'en de bon matin pieds nus et sans chapeau
    Et vite comme va la langue d'un crapaud
    L'amour blessait au cœur les fous comme les sages

    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu'il était militaire
    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu'il était artiflot
    À la guerre

    C'était un temps béni Le temps du vaguemestre
    On est bien plus serré que dans les autobus
    Et des astres passaient que singeaient les obus
    Quand dans la nuit survint la batterie équestre

    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu'il était militaire
    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu'il était artiflot
    À la guerre

    C'était un temps béni Jours vagues et nuits vagues
    Les marmites donnaient aux rondins des cagnats
    Quelque aluminium où tu t'ingénias
    À limer jusqu'au soir d'invraisemblables bagues

    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu'il était militaire
    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu'il était artiflot
    À la guerre

    C'était un temps béni La guerre continue
    Les Servants ont limé la bague au long des mois
    Le Conducteur écoute abrité dans les bois
    La chanson que répète une étoile inconnue

    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu'il était militaire
    As-tu connu Guy au galop
    Du temps qu'il était artiflot
    À la guerre





  13. #13
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    Newsreel II :Homenaje a la Puerta del Sol

    I De España vengo




    II Garcia-Lorca : Ciudaad sin sueño

    No duerme nadie por el mundo. Nadie, nadie.
    No duerme nadie.
    Hay un muerto en el cementerio más lejano
    que se queja tres años
    porque tiene un paisaje seco en la rodilla;
    y el niño que enterraron esta mañana lloraba tanto
    que hubo necesidad de llamar a los perros para que callase.
    ..
    No duerme nadie por el cielo. Nadie, nadie.
    No duerme nadie.
    Pero si alguien cierra los ojos,
    ¡azotadlo, hijos míos, azotadlo!

    ..

    Haya un panorama de ojos abiertos
    y amargas llagas encendidas.
    No duerme nadie por el mundo. Nadie, nadie.
    Ya lo he dicho.
    No duerme nadie.
    Pero si alguien tiene por la noche exceso de musgo en las sienes,
    abrid los escotillones para que vea bajo la luna
    las copas falsas, el veneno y la calavera de los teatros.

    III ¡ Indignaos !













    IV Pour éloigner les mauvais esprits







    il est deux heures du matin les chiens
    depuis près d’un quart d’heure aboient aboient
    et ça n’en fini pas et les montagnes
    renvoient l’écho de leur sinistre voix

    c’est comme une grande conversation
    où vous crieriez vos récriminations
    barkez ladrez malheureux chiens d’ici
    et nous ne pourrons plus dormir ? tant pis !

    mais à présent c’est un long hurlement
    à quatre tons que je perçois au fond
    du noir celui d’une bête inconnue
    et qui peut-être est la seule raison

    de vos si prolongés appels dans ces
    régions peuplées d’animaux malfaisants
    sans doute en est-il un plus que nous autres
    redoutable vous l’avez cette nuit

    reconnu pendant que nous dormions et
    vous avez donné l’alerte en parcourant
    les rues désertes enjoignant aux humains
    dormeurs de prendre garde à cette bête

    dont les dents salivantes d’infection
    jettent dans l’ombre un effrayant éclat
    chiens réprouvés aboyez aboyez
    je vous en prie ne vous arrêtez pas

    William Cliff (les chiens de Pokhara) in En Orient



    Dernière modification par sud273 ; 20/05/2011 à 14h06.

  14. #14
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    Le Requiem de Weinberg

    Je choisis d’en revenir ici, -même s’il n’y aura pas beaucoup d’images animées-, pour la simple raison que la structure alternant texte et musique, et proposant des « images » des horreurs de la guerre correspond assez bien au type « newsreel » emprunté à Dziga Vertov et Dos Passos.
    Considérons cela comme une sorte de « fantaisie », dont j’aimerais évidemment qu’elle soit un objet construit à plusieurs.

    Le but est de partir à la reconstitution des textes employés par Weinberg dans sa cantate Requiem. Neos a publié l’enregistrement du festival de Bregenz en 2010, où Fedosseyev donnait l’œuvre pour la première fois après la création londonienne de Thomas Sanderling.
    Seul problème, il y manque toute mention des textes, ce qui réduit d’autant la portée de l’ouvrage.

    L’article de David Fanning (2009) accompagnant la captation –qu’on trouve sur Youtube de la création- reste assez allusif : Fanning suggère de se reporter au programme pour la translittération et les traductions anglaises. Ce qui n’aide guère, ce programme étant un document d’archive indisponible. Claude Torrès m’avait suggéré de m’adresser directement à l’intéressé, mais je doute qu’il trouve le temps de me répondre, et je n’ai pas envie de passer par lui, pour cause de différent idéologique. La Orel fondation consultée n’a pas répondu, et Neos avait déjà confirmé à Claude qu’ils ne possédaient pas d’exemplaire du texte, ce qui est d’autant plus regrettable que la version Fedosseyev de Bregenz, dirigée avec une autorité que le jeune Sanderling n’avait peut-être âs, est enregistrée dans un son SACD époustouflant.

    Tentons de nous débrouiller avec les moyens du bord :

    The epigraph printed at the head of the score is an excerpt from a poem by Aleksandr Tvardovsky (1910-71):


    The gun-barrels are still warm,
    And the sand has not yet absorbed the blood.
    But peace has come. Breathe, people,
    For the threshold of war has been crossed…

    L’épigraphe, en tête de la partition imprimée est tirée d’un poème d’Alexander Tvardovsky:

    Les canons des mitrailleuses sont encore chaud
    Le sable n’a pas encore bu tout le sang.
    Mais la paix est venu. Respirez, tous,
    Car la frontière de la guerre a été traversée…

    Mais, si cela précise l’intention, ce n’est pas dans la partition :
    Le « Requiem » composé entre 1965 et 1967, sur la base de la cantate « Hiroshima fine-line stanzas » (Haïku d’Hiroshima) se situe dans la ligne
    -du Requiem op 72 de Kabalevsky (« aux victimes de la guerre) 1964, qui doit forcément quelque chose au War Requiem de Britten (1963)
    -du Requiem d’Anna Akhmatova de Tischenko, exactement contemporain (1966)
    -des 13è (1962 influencée par la 6è de Weinberg) et 14è (1969, portant l’influence des Chants et danses de la mort de Moussorgsky, orchestrés en 1962) symphonies de Chostakovich qui marquent précisément à mon avis le moment du renversement de l’influence entre Weinberg et Chostakovich.

    Pour le premier texte, on trouve avec difficulté sur le web, l’original russe de Dmitri Kedrin :



    Дмитрий Кедрин
    ХЛЕБ И ЖЕЛЕЗО

    Хлеб зреет на земле, где солнце и прохлада,
    Где звонкие дожди и щебет птиц в кустах.
    А под землей, внизу, поближе к недрам ада
    Железо улеглось в заржавленных пластах.

    Благословляем хлеб! Он — наша жизнь и пища,
    Но как не проклинать ту сталь, что наповал
    Укладывает нас в подземные жилища?..
    Пшеницу сеял бог. Железо черт ковал!







    Ce qui devrait donner à peu près en français:


    LE PAIN ET L'ACIER

    Le pain mûrit sur terre, dans le soleil et la fraîcheur
    Sous la pluie sonore et le gazouillis des oiseaux des buissons.
    Mais sous la terre, en bas, près des sous-sols de l’Enfer
    L’Acier dort, couché dans des strates rouillées.

    Nous bénissons le pain,-lui, vie et nourriture
    Mais comment ne pas te maudire toi acier rigide
    Qui nous confine aux régions sous-terraines.
    Dieu sema le blé. Et l’acier fut forgé.

    Le deuxième texte est de Lorca (Il desierto) devenu en anglais
    And Then ~ by Federico Garcia Lorca
    The Labyrinths
    that time creates
    vanish.

    (Only the desert
    remains.)

    The heart
    fountain of desire
    vanishes

    (Only the desert
    remains.)

    The illusion of dawn
    and kisses
    vanish.

    Only the desert
    remains.
    Undulating
    desert.


    Les Labyrinthes
    que crée le temps
    s’évanouissent.

    (Seul le désert
    demeure.)

    Le cœur
    fontaine du désir
    s’évanouit.

    (Seul le désert
    demeure.)

    L’illusion de l’aube
    et les baisers
    s’évanouissent.

    Seul le désert
    demeure.
    Le désert
    ondulant.

  15. #15
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    Le Requiem de Weinberg

    Je choisis d’en revenir ici, -même s’il n’y aura pas beaucoup d’images animées-, pour la simple raison que la structure alternant texte et musique, et proposant des « images » des horreurs de la guerre correspond assez bien au type « newsreel » emprunté à Dziga Vertov et Dos Passos.
    Considérons cela comme une sorte de « fantaisie », dont j’aimerais évidemment qu’elle soit un objet construit à plusieurs.

    Le but est de partir à la reconstitution des textes employés par Weinberg dans sa cantate Requiem. Neos a publié l’enregistrement du festival de Bregenz en 2010, où Fedosseyev donnait l’œuvre pour la première fois après la création londonienne de Thomas Sanderling.
    Seul problème, il y manque toute mention des textes, ce qui réduit d’autant la portée de l’ouvrage.

    L’article de David Fanning (2009) accompagnant la captation –qu’on trouve sur Youtube de la création- reste assez allusif : Fanning suggère de se reporter au programme pour la translittération et les traductions anglaises. Ce qui n’aide guère, ce programme étant un document d’archive indisponible. Claude Torrès m’avait suggéré de m’adresser directement à l’intéressé, mais je doute qu’il trouve le temps de me répondre, et je n’ai pas envie de passer par lui, pour cause de différent idéologique. La Orel fondation consultée n’a pas répondu, et Neos avait déjà confirmé à Claude qu’ils ne possédaient pas d’exemplaire du texte, ce qui est d’autant plus regrettable que la version Fedosseyev de Bregenz, dirigée avec une autorité que le jeune Sanderling n’avait peut-être âs, est enregistrée dans un son SACD époustouflant.

    Tentons de nous débrouiller avec les moyens du bord :

    The epigraph printed at the head of the score is an excerpt from a poem by Aleksandr Tvardovsky (1910-71):


    The gun-barrels are still warm,
    And the sand has not yet absorbed the blood.
    But peace has come. Breathe, people,
    For the threshold of war has been crossed…

    L’épigraphe, en tête de la partition imprimée est tirée d’un poème d’Alexander Tvardovsky:

    Les canons des mitrailleuses sont encore chaud
    Le sable n’a pas encore bu tout le sang.
    Mais la paix est venu. Respirez, tous,
    Car la frontière de la guerre a été traversée…

    Mais, si cela précise l’intention, ce n’est pas dans la partition :
    Le « Requiem » composé entre 1965 et 1967, sur la base de la cantate « Hiroshima fine-line stanzas » (Haïku d’Hiroshima) se situe dans la ligne
    -du Requiem op 72 de Kabalevsky (« aux victimes de la guerre) 1964, qui doit forcément quelque chose au War Requiem de Britten (1963)
    -du Requiem d’Anna Akhmatova de Tischenko, exactement contemporain (1966)
    -des 13è (1962 influencée par la 6è de Weinberg) et 14è (1969, portant l’influence des Chants et danses de la mort de Moussorgsky, orchestrés en 1962) symphonies de Chostakovich qui marquent précisément à mon avis le moment du renversement de l’influence entre Weinberg et Chostakovich.

    Pour le premier texte, on trouve avec difficulté sur le web, l’original russe de Dmitri Kedrin :



    Дмитрий Кедрин
    ХЛЕБ И ЖЕЛЕЗО

    Хлеб зреет на земле, где солнце и прохлада,
    Где звонкие дожди и щебет птиц в кустах.
    А под землей, внизу, поближе к недрам ада
    Железо улеглось в заржавленных пластах.

    Благословляем хлеб! Он — наша жизнь и пища,
    Но как не проклинать ту сталь, что наповал
    Укладывает нас в подземные жилища?..
    Пшеницу сеял бог. Железо черт ковал!







    Ce qui devrait donner à peu près en français:


    LE PAIN ET L'ACIER

    Le pain mûrit sur terre, dans le soleil et la fraîcheur
    Sous la pluie sonore et le gazouillis des oiseaux des buissons.
    Mais sous la terre, en bas, près des sous-sols de l’Enfer
    L’Acier dort, couché dans des strates rouillées.

    Nous bénissons le pain,-lui, vie et nourriture
    Mais comment ne pas te maudire toi acier rigide
    Qui nous confine aux régions sous-terraines.
    Dieu sema le blé. Et l’acier fut forgé.

    Le deuxième texte est de Lorca (Il desierto) devenu en anglais
    And Then ~ by Federico Garcia Lorca
    The Labyrinths
    that time creates
    vanish.

    (Only the desert
    remains.)

    The heart
    fountain of desire
    vanishes

    (Only the desert
    remains.)

    The illusion of dawn
    and kisses
    vanish.

    Only the desert
    remains.
    Undulating
    desert.


    Les Labyrinthes
    que crée le temps
    s’évanouissent.

    (Seul le désert
    demeure.)

    Le cœur
    fontaine du désir
    s’évanouit.

    (Seul le désert
    demeure.)

    L’illusion de l’aube
    et les baisers
    s’évanouissent.

    Seul le désert
    demeure.
    Le désert
    ondulant.

    Dans la version Sanderling, on entend une vague résonnance d'orgue et très mal le clavecin qui devrait dominer.

  16. #16
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    Pas de difficulté pour le texte américain de Sarah Teasdale


    Sarah Teasdale (1920)


    There will come soft rains and the smell of the ground,
    And swallows circling with their shimmering sound;



    And frogs in the pool singing at night,
    And wild plum trees in tremulous white;



    Robins will wear their feathery fire,
    Whistling their whims on a low fence-wire;



    And not one will know of the war, not one
    Will care at last when it is done.



    Not one would mind, neither bird nor tree,
    If mankind perished utterly;



    And Spring herself when she woke at dawn
    Would scarcely know that we were gone.



    Il viendra des pluies douces, l’odeur de la terre
    Hirondelles en rond criant dans la lumière ;

    Grenouilles dans l’étang qui chantent à la nuit
    Et sauvages pruniers en blanc tremblant sans bruit :

    Les rossignols vêtus du feu de plume éteinte
    Sur l’enclos barbelé siffleront des complaintes :

    Personne ne saura rien de la guerre, ici
    S’en moquant quand tout ça sera enfin fini.

    Nul ne remarquera, nul, ni oiseau ni arbre,
    L’humanité vaincue sommeillant sous les marbres.

    Et même le Printemps s’éveillant au levant
    Ignorera que la mort ait pris les devants

    C’est ici que ça se complique… Les textes de Munetoshi Fukagawa ne semblent disponibles nulle part, que ce soit en japonais ou en anglais.
    Tout ce que j'ai pu trouver est cette citation sur la stèle de Fukushima



    As if holding Heaven,
    His arms are open.
    Among the dead,
    There is one who is still alive.


    Munetoshi Fukagawa



    Et même, oh surprise, au début de cette deuxième section qui prend au milieu du poème de Sarah Teasdale, le clavecin (dans la version de la création!) est remplacé par un piano: problème d'amplification? mais ce piano pose à son tour un problème de tempo, précipitant le déroulement de la musique.






    Dernière modification par sud273 ; 15/12/2011 à 16h27.

  17. #17
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    Ces Hiroshima-haïkus pourraient être des candidats, mais je n'en ai pas trouvé l'auteur... et je n'ai pas l'impression que ça raconte la même chose:

    HIROSHIMA HAIKU

    1 Swallows
    coming again and flying
    not forgetting Hiroshima


    2 Swings―
    nowhere are they to be found
    in the A-bomb park


    3 A column of ants
    reminding me of the scene
    after the A-bomb dropping


    4 The sunset glow―
    Hiroshima
    as if still burning


    5 The thunderhead
    looking like
    an atomic cloud !


    6 All alone
    in silence at the dome,
    Hiroshima Day


    7 A-bomb blast center
    no human shadows at all
    the winter full moon


    8 In the window
    of the A-bomb Dome
    full moon


    9 Hiroshima Day―
    I believe there must be bones
    under the paved street


    10 O cherry views !
    never forget where you are
    A-bomb blast center




    curieusement, dans la suite, Sanderling réintroduit bien un clavecin (qu'on n'entend guère sous la mandoline)

    Je ne suis pas parvenu à identifier le poème de Lorca titré "people walked", et j'ai la trouble sensation que David Fanning non plus qui nous en dit:
    A second Lorca setting follows, ‘People walked…’, in which the soprano solo is accompanied largely by harpsichord, mandolin and double bass.

    Pis encore pour le dernier poème de Mikhail Dudin "Sow the seeds" ou selon Fanning This seed!


  18. #18
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    Citation Envoyé par Fred Audin Voir le message
    Le but est de partir à la reconstitution des textes employés par Weinberg dans sa cantate Requiem. Neos a publié l’enregistrement du festival de Bregenz en 2010, où Fedosseyev donnait l’œuvre pour la première fois après la création londonienne de Thomas Sanderling.
    Seul problème, il y manque toute mention des textes, ce qui réduit d’autant la portée de l’ouvrage.

    L’article de David Fanning (2009) accompagnant la captation –qu’on trouve sur Youtube de la création- reste assez allusif : Fanning suggère de se reporter au programme pour la translittération et les traductions anglaises. Ce qui n’aide guère, ce programme étant un document d’archive indisponible. Claude Torrès m’avait suggéré de m’adresser directement à l’intéressé, mais je doute qu’il trouve le temps de me répondre, et je n’ai pas envie de passer par lui, pour cause de différent idéologique. La Orel fondation consultée n’a pas répondu, et Neos avait déjà confirmé à Claude qu’ils ne possédaient pas d’exemplaire du texte, ce qui est d’autant plus regrettable que la version Fedosseyev de Bregenz, dirigée avec une autorité que le jeune Sanderling n’avait peut-être âs, est enregistrée dans un son SACD époustouflant.Le « Requiem » composé entre 1965 et 1967, sur la base de la cantate « Hiroshima fine-line stanzas » (Haïku d’Hiroshima) se situe dans la ligne
    -du Requiem op 72 de Kabalevsky (« aux victimes de la guerre) 1964, qui doit forcément quelque chose au War Requiem de Britten (1963)
    -du Requiem d’Anna Akhmatova de Tischenko, exactement contemporain (1966)
    -des 13è (1962 influencée par la 6è de Weinberg) et 14è (1969, portant l’influence des Chants et danses de la mort de Moussorgsky, orchestrés en 1962) symphonies de Chostakovich qui marquent précisément à mon avis le moment du renversement de l’influence entre Weinberg et Chostakovich.

    Fred,

    Merci pour cette étude approfondie du Requiem de Weinberg.

    Tout d'abord je confirme l'absence de réponse de David Fanning. J'ai rééssayé récemment mais sans résultat.
    Par contre la fondation Orel m'a répondu (j'ai quelques contacts amicaux là-bas, et je suis leur discographe attitré concernant Weinberg). Hélas (3 fois) il n'ont pas l'information. Pas plus que Neos.

    Il me reste à contacter Peermusic Classical.

    La concordance chronologique des compositions de Chostakovitch et de Weinberg est très instructive. Je l'ai fait pour les quatuors et les symphonies. Il y a beaucoup d'oeuvres de chaque compositeur pour réaliser un tableau exhaustif. D'autant plus que beaucoup d'oeuvres ont été laissées dans les tiroirs pour des raisons politiques et jouées plus tard lors de jours meilleurs.
    Je suis sûr qu'il y a là une étude appronfondie à réaliser.

    C'est, par exemple, la symphonie No.6 Op.79 de Weinberg (avec choeur d'enfants sur des textes de Galkin, Kvitko et Lukonin) qu'il faut mettre en face de la Symphonie No.13 "Baby Yar" Op.113 de Chostakovitch (avec les premiers vers de Yevoutchenko et pas les vers révisés pour cause d'antisémitisme d'etat). Le sujet est le même : Le massacre des Juifs du Ravin de Babi Yar dans la ville de Kiev.
    Par un fait du hasard l'opus 79 de Chostakovitch correspond au cycle "De la poésie populaire juive"

    Claude Torres
    Dernière modification par Claude Torres ; 15/12/2011 à 19h22.

  19. #19
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    Citation Envoyé par Claude Torres Voir le message
    Yevoutchenko
    C'est Yevtoushenko et pas Yevoutchenko

    Claude

  20. #20
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    Fascination, c'est le nom d'un célèbre tango...
    Me voilà de nouveau fasciné.
    Erwin Schrott, baryton urugayen n'avait jamais suscité aucun frisson chez moi, et puis je suis tombé sur son album de tango


    voyons? peut-être des images comme le suggère le titre du fil, et d'abord quelque chose qui n'est pas dans le disque



    remarquez la décontraction, la façon de bouger et de produire des sons en se frappant la poitrine... à la manière de Camille

    Ah certes l'album n'est pas bon du début à la fin mais certains titres sont exrtaordinaires.
    Au premier chef Piazzola avec une version inspirée de Los Pajarados perdidos dont la version Youtube est moyennement rendue quant à la qualité du son...


    Rojotango a fourni le prétexte à un spectacle à Vienne, sans doute bien placé pour l'accueillir, dont on extrairait

    la version rappée de Rinascero est une tuerie!


    Rinascerò un'altra volta
    in una sera di giugno
    Con questa voglia di amare
    o di vivere più che mai
    Rinascerò destino
    nell'anno 3001
    Sarò una festa di colori
    nella mia bella città

    I cani randagi
    abbaieranno alla mia ombra
    Col mio modesto bagaglio
    giungerò all'aldilà
    E inginocchiato sulla riva
    del mare trasparente
    Un cuore nuovo di sale
    e fango mi plasmerò

    Verranno un vagabondo
    un pagliaccio un mago
    Immortali compagni
    diranno forza su
    Così! Così! Coraggio fratello
    Nasci che è duro,
    ma difficile il lavoro di morire
    E di rinascere poi

    Rinascerò, rinascerò, rinascerò
    E una gran voce extraterrestre mi darà
    La forza grande pura che mi servirà
    Ritonerò, ricrederò e lotterò
    E un fiore rosso all'occhiello porterò
    E se nessuno e mai rinato io potrò
    Paese mio secolo trenta tu vedrai
    Rinascerò, rinascerò, rinascerò

    Rinascerò dalle cose
    che ho amato molto tanto
    quando le ombre della casa
    diranno piane qui
    io bacerò il ricordo
    dei tuoi occhi taciturni
    Per teminare il poema
    che tralascerai a metà

    Rinascerò dalla frutta
    di un mercato rionale
    E dalla sciocca atmosfera
    di un romantico caffè
    E dalle rovine di un piccolo
    paese terremotato
    E dalla rabbia della gente
    del sud rinascerò

    Vedrai che rinasco
    nell'anno 3001
    Con gente che non c'è stata
    ma che allora ci sarà
    Benediremo la terra
    terre nostri te lo giuro
    che questo paese di nuovo
    insieme si fonderà

    Rinascerò, rinascerò, rinascerò
    E una gran voce extraterrestre mi darà
    La forza grande pura che mi servirà
    Ritonerò, ricrederò e lotterò
    E un fiore rosso all'occhiello porterò
    E se nessuno e mai rinato io potrò
    Paese mio secolo trenta tu vedrai
    Rinascerò, rinascerò, rinascerò

    et

    où il ne chante pas

    L'avantage c'est aussi qu'en fonction de l'audience ce n'était jamais pareil


    Il y a aussi sur le disque des versions de How Insensitive (Jobim en portugais)


    là attention: LA Version, êtes-vous préparés à mourir? Elle oui, quelques mois après...

    et Oblivion (en français, mon tango préféré de Piazzolla, moins bien qu'en live et moins bien que la version de Kremer hélas) mais quand même... 48 heures de grâce pour moi. On ne demande pas non plus au classiqueux d'aimer, le Tango c'est un peu mon Jazz. Un tanguero aussi impliqué ne peut pas être mauvais.

    Comme d'habitude ce message ne remonte pas chez moi, aucune importance, c'est (rapidement) dit, et ça m'aura quitté d'ici que quelqu'un réagisse.
    Dernière modification par sud273 ; 04/03/2013 à 01h01.

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