Mabirose a écrit:
"Pour rebondir très vite fait sur ce que dit The Fierce Rabbit, je trouve ça assez surréaliste que sur un forum qui parle de musique, d'instruments et de concerts, on ne puisse pas dire quoi que ce soit d'un peu "détaillé" sans se prendre des petites remarques mesquines du genre "hin hin, monsieur se la pète", ou autre trucs du style"
Tout à fait d'accord, et je crois avoir dit à peu près la même chose, de façon moins claire sans doute.
"Pour revenir à Volodos, j'ai été l'entendre l'an dernier dans le 3e de Rach au Châtelet, en plaçant beaucoup d'espoirs dans ce que j'allais entendre. La première chose qui m'a bloqué, c'est très superficiel, mais c'est comme ça, c'est son attitude, avachi sur sa chaise avec les jambes croisées sous le piano pendant tous les passages orchestraux, aucune recherche (mais au sens propre du terme, pas une seconde) d'entente ou de coordination avec le chef, ce qui a donné des décalages hallucinants entre lui et l'orchestre qu'il n'a pas cru digne d'essayer de rattraper au moins en partie, etc."
Je peux tout à fait comprendre que ce genre de choses arrivent avec Volodos, qui semble être dans son monde, et me paraît plus fait pour le récital que pour la musique de chambre ou le concerto. Mais je pense que ce problème doit arriver à quelqu'un comme Sokolov (qui ne joue presque plus de concerto). Pour ma part, j'ai entendu Volodos dans le 3ème de Rachma il y a peut-être 7 ou 8 ans, à Genève, avec Zubin Mehta et le Philharmonique d'Israel. L'impression que j'avais eue, et que j'ai déjà décrite, c'était plutôt celle de la facilité excessive avec laquelle il jouait ce concerto terrible, qui pouvait en effet, paraître comme superficielle et gommer l'aspect épique de cette oeuvre.
"Quand un pianiste dégage autant d'amour de lui-même et surtout de mépris du public (c'est vraiment le seul, tous musiciens confondus, qui me donne cette impression là, généralement je me fous éperdument de ce genre de questions), ça rend assez difficile de le juger objectivement"
Je ne me prononcerais pas là-dessus. Horowitz donnait l'impression d'adorer le public alors qu'il le méprisait, tandis que je pense que c'est exactement l'inverse pour quelqu'un comme Sokolov. Et je ne crois pas qu'on juge la valeur d'un pianiste là-dessus: Michelangeli avait l'air très hautain et méprisant, tandis que quelqu'un comme Badura-Skoda ou Rudy sont très sympas mais limités comme pianistes.
"Si on ajoute à ça que le concert a été d'un ennui mortel (et j'adore Rachmaninov, je vénère le 3e concerto), ça donne franchement en en sortant l'impression de beaucoup de bruit pour rien. Et honnêtement j'ai été assez surpris de voir autant de gens crier bravo à la fin tellement je me suis emmerdé".
Pourquoi était-ce ennuyeux? Je comprends qu'on trouve Volodos clinquant, démonstratif, énervant, mais ennuyeux, non. Son disque de transcriptions est dégoulinant de vulgarité, mais très distrayant quand on l'écoute de temps en temps.
"Dernier détail, en bis il a joué ce qui devait être des transcriptions de sonates pour flûte de Bach, dans mon souvenir, avec des pianissimos surnaturels et un son assez époustouflant. Mais il y avait déjà tellement de posture (je sais, ça devient presque tordu), et d'une certaine façon, d'affirmation du style : "Je suis (devenu) un pianiste profond, en bis je joue des morceaux lents qui font réfléchir"
Est-ce qu'une trancription jouée en bis, c'est vraiment fait pour réfléchir? Est-ce que le bis, ce n'est pas de toute façon, soit pour épater le bourgeois, soit pour l'émouvoir? (et d'ailleurs, les pianistes jouent souvent en bis un morceau lent et sentimental, puis un morceau très brillant et tape-à-l'oeil).
Par contre, quand Volodos inscrit à ses programmes et enregistre les Bunte Blätter de Schumann, les pièces tardives de Liszt ou la sonate D894 de Schubert, je ne pense pas que ce soit pour prendre telle ou telle posture, et qu'il mérite d'être écouté.
Bonne soirée...