+ Répondre à la discussion
Affichage des résultats 1 à 6 sur 6

Discussion: Le vieux Gaultier

  1. #1

    Le vieux Gaultier

    Une trouvaille récente et bien agréable, Ennemond Gaultier (1575-1651), luthiste français. Il est ici joué par Hopkinson Smith.



    Je dois cette découverte à Jean-Christophe Pucek et à son blog, je le remercie ici.
    http://www.passee-des-arts.com/

  2. #2
    En attente de confirmation
    Date d'inscription
    février 2008
    Messages
    6 885
    Le CD d'Hopkinson Smith est déjà un peu ancien, mais cela ne fait rien à l'affaire : c'est une magnifique musique magnifiquement interprétée. Il reste encore des choses à enregistrer dans le catalogue des oeuvres d'Ennemond Gaultier qui sont parvenues jusqu'à nous. Mais c'est un créneau 'marketing' étroit, peu vendeur, alors quel éditeur se lancerait là-dedans dans la conjoncture actuelle ?
    Les oeuvres de Denis, son cousin et son cadet, sont également très intéressantes et guère plus enregistrées, hélas.
    Il y a eu un disque de Konrad Junghänel qui rassemblait des oeuvres des deux Gaultier et de Gallot, je ne sais s'il se trouve encore.

  3. #3
    Modérateur Avatar de lebewohl
    Date d'inscription
    octobre 2007
    Localisation
    Paris
    Messages
    9 777
    Alpha et Glossa ont publié récemment des disques sur ce genre de créneau, me semble-t-il ; il faudrait leur souffler!

  4. #4
    En attente de confirmation
    Date d'inscription
    février 2008
    Messages
    6 885
    Alpha a fait des éditions super dans ce genre de musiques. Glossa, je connais peu, si peu qu'autant dire pas. Pour diverses raisons, je ne suis plus l'édition discographique d'aussi près que 'I used to ...

  5. #5
    En attente de confirmation
    Date d'inscription
    février 2008
    Messages
    6 885
    Il me semblait bien avoir cela quelque part, à tenter également, si ce genre plaît, Nicolas Vallet (1583-1642) et son Secret des Muses. J'en ai un vieil enregistrement Astrée, qui ne doit plus être dispo, mais il y en a eu d'autres depuis, Paul O'Dette notamment chez HM.

    (Cela me fait penser, par rapprochement, à un autre contemporain, pus connu certes, Kapsberger : le disque Il Tedesco della Tiorba par O'Dette est époustouflant ...)
    Dernière modification par The Fierce Rabbit ; 30/01/2010 à 19h28.

  6. #6
    Membre Avatar de Jacques
    Date d'inscription
    avril 2008
    Localisation
    Lausanne (Suisse)
    Messages
    2 782
    Je viens de retrouver ce beau récital enregistré en 1977 pour EMI (série "Réflexe") par le luthiste Anthony Bailes, qui notamment interprète quelques pièces du Vieux Gaultier :




    Son programme est le suivant (dos de la boîte) :




    La brochure jointe au CD comporte un long texte de Claude Chauvel, très riche en renseignements divers sur les quatre compositeurs concernés. Je me permets donc d'en reproduire ces quelques extraits, à toutes fins utiles :

    "(...) La connaissance très imprécise que nous avons aujourd'hui des luthistes français du XVIIe siècle reflète assez mal la renommée qu'ils connurent alors. Mais on ne peut ignorer l'atmosphère secrète des salons parisiens de l'époque, le langage quasi ésotérique de ces «luthériens» - comme ils aimaient à s'appeler entre eux -, la mythologique origine de leur instrument, jusqu'aux cryptogrammes que les non-initiés croient voir dans leur tablature.

    René Mésangeau, première personnalité importante de cette époque, ne trahit pas ce silence. C'est dans le Novus Partus (Augsbourg, 1617) que Jean-Baptiste Besard livre aux amateurs les prémices de ce musicien jusqu'alors inconnu. L'inscription latine dont il accompagne cette Courante du Sieur Mésangeau (qui lui fut dédiée à l'époque où lui-même faisait imprimer à Cologne son Thésaurus Harmonicus) est une bien fragile contribution à la biographie de notre luthiste. Tout au plus permet-elle de situer la naissance de ce «très-habile musicien» quelque temps avant l'avènement d'Henri IV (1589), faisant de lui le contemporain des luthistes Robert Ballard, Mercure, Du Fault, Ennemond et Jacques Gaultier. En 1619, au terme de plusieurs années de voyages et d'apprentissage, Mésangeau, nommé «écuyer, suivant ordinairement la Cour» du jeune Louis XIII, épouse la fille de Jean Jacquet, l'un des meilleurs facteurs de clavecins du royaume. Deux années plus tard le titre de «Musicien ordinaire du Roy» consacre la carrière de ce maître recherché et unanimement honoré. Ses pièces - on en conserve près d'une soixantaine - enrichissent les anthologies que Ballard, en 1631 et 1638, consacre aux accords nouveaux. Mais c'est surtout sous la forme de copies manuscrites qu'elles deviennent populaires dans l'Europe entière, au point que certains clavecinistes, ravis par leur beauté, les adaptent à leur instrument. Les pièces de Mésangeau qui figurent sur ce CD seront pour beaucoup une découverte. (...) Lorsque Mésangeau mourut au seuil de l'année 1639, un émouvant hommage lui fut rendu : Le Tombeau de Mézangeau, Allemande «qu'on ne se lassait pas d'entendre», suivie d'une Gigue intitulée Les dernières paroles, ou le Testament de Mézangeau, composées par Ennemond Gaultier, luthiste de Marie de Médicis, peut-être l'élève du défunt.

    Ennemond Gaultier, Sieur de Nèves, nommé Vieux Gaultier pour le distinguer de ses nombreux homonymes dans la profession, naquit près de Vienne en Dauphiné, vers 1575. Sa réputation de luthiste lui vaut d'être appelé vers 1610 au service de la reine mère. Malherbe qui l'entendit à cette époque le tenait déjà pour «le premier du métier». De son jeu ou de ses oeuvres on ne sait qu'admirer le plus. Les plus hautes personnalités recherchent son enseignement : Marie de Médicis, mais aussi, pour lui plaire, Richelieu et bientôt tout son entourage apprennent la tablature. Quant aux luthistes, très nombreux sont ceux qui, même parmi les plus célèbres, sollicitent ses conseils, imitent son jeu et composent selon sa manière. Conscient de son absolue supériorité, cet homme, dit-on, illettré, n'a pas épargné ses sarcasmes à ceux qui prétendaient rivaliser avec lui. Moins heureux que son aîné Mésangeau, le Vieux Gaultier ne connut pas l'honneur d'être publié, bien que ses pièces fussent extrêmement répandues tant en France qu'à l'étranger. C'est seulement quelque vingt années après sa mort, survenue en 1651, en sa gentilhommière de Nèves, que son nom figura auprès de celui de son jeune cousin Denis, avec lequel on l'a bien souvent confondu. Pourtant le style d'Ennemond, vigoureux, précis, charnu, se distingue nettement de celui de son parent et ami, ainsi que l'on pourra s'en rendre compte d'après les trois belles pièces en ré majeur extraites du Livre de Tablature, qui en est la source unique.

    Né une vingtaine d'années après lui, Denis Gaultier «le jeune», ou Gaultier de Paris est, bien plus que son cousin, le chantre de la préciosité musicale. Venu très tôt à Paris, il dut, pour la composition, être l'élève de Charles Raquet, organiste de Notre-Dame de 1618 à 1648, autour duquel se groupèrent nombre de luthistes de la capitale. La disparition de ce maître, en 1664, inspire à Gaultier une longue Pavane qu'il place en tête de son premier livre gravé et, quelques années plus tard, le style polyphonique de sa Fantaisie est comme un souvenir de cet enseignement. Denis Gaultier ne semble avoir bénéficié d'aucun poste officiel; cependant, son nom est attaché au cénacle aristocratrique de M. de Chambré, gentilhomme de M. le Prince, «thrésorier des guerres» et ami des plus célèbres artistes de son temps. C'est au goût de cet amateur que l'on doit la conception, vers 1655, du plus riche monument élevé à la gloire du luth et de son illustre serviteur Denis Gaultier. Ce somptueux petit volume oblong dans lequel doivent s'inscrire les plus belles pièces du luthiste, est orné de gravures d'Abraham Bosse d'après les originaux de Nanteuil et de Le Sueur. Douze scènes allégoriques introduisant les douze modes grecs à l'intérieur desquels évoluent les personnages de la mythologie classique, constituent les chapitres de cette «Rhétorique des Dieux». Un commentaire du plus exquis raffinement accompagne chaque pièce. (...)

    Dernière figure de cette anthologie sonore, Charles Mouton est aussi le dernier représentant de l'école des luthistes parisiens. Après lui, Campion ou de Visée cultiveront un style bien différent qui, sans être contraire à l'esprit de l'instrument, ne saura en exploiter la noblesse gracieuse. Mouton naquit en 1626, peut-être à Rouen, et fut, dit-on, l'élève de Denis Gaultier. Il semble avoir fréquenté les familiers de l'Hôtel de Rambouillet et conserve de ces rencontres le goût des portraits psychologiques et d'un certain badinage musical. Le chromatisme expressif de sa musique, son «cantabile» et ses broderies très particulières, laissent entrevoir une influence italienne, souvenir d'un séjour à Turin où il alla parfaire son art. Le portrait que fit de lui François de Troy «auprès duquel, écrit Mariette, le plus beau tableau de Van Dick ne me paraît pas supérieur», nous présente Mouton dans la force de l'âge : un visage où passent la mélancolie et l'ironie, entouré des lourdes boucles de sa perruque, de riches parements de dentelle qui font ressortir le velours de son habit à ganses, les mains d'un aristocrate du luth, tel est «l'illustre Monsieur Mouton» vers 1670. Parmi ses nombreux élèves, deux au moins occupent une place importante dans l'histoire du luth : René Milleran, grammairien et «interprète du Roi», et le Silésien Le Sage de Richée qui diffuse ses pièces aux confins de l'Allemagne. Deux livres, assez maladroitement gravés, sont parvenus jusqu'à nous, dans lesquels Charles Mouton ordonne ses pièces de luth selon «différents modes» (...).


    Jacques


  7. 04/06/2010 14h44


+ Répondre à la discussion

Informations de la discussion

Utilisateur(s) sur cette discussion

Il y a actuellement 1 utilisateur(s) naviguant sur cette discussion. (0 utilisateur(s) et 1 invité(s))

     

Règles de messages

  • Vous ne pouvez pas créer de nouvelles discussions
  • Vous ne pouvez pas envoyer des réponses
  • Vous ne pouvez pas envoyer des pièces jointes
  • Vous ne pouvez pas modifier vos messages